Le Petit Cephalophore

lundi, juin 19, 2006

L'"arbre ardent" des enfants du KT

Avec la Pentecôte commence le "temps ordinaire": ce n'est pas celui de la médiocrité mais celui de l'Esprit-Saint, donc de celui de la la sainteté!
Avec les enfants, accueillons les dons de l'Esprit!
"Joie, Gentillesse, Patience, Sourire, Etre bon en foot, en basket, Bien travailler, Jouer..."

dimanche, juin 18, 2006

JUIN 2006 : l'éditorial du Père Quinson

Vous souvenez-vous de ce que nous avons vécu pendant les vacances de Toussaint 2004, alors que tout le diocèse de Paris se mettait en route avec la question posée par le psalmiste : «qui nous fera voir le bonheur ?» (Ps., 4, 7) ? Entre autres choses nous avions vécu ici dans l’église un moment étonnant à l’occasion d’un « concert spirituel » : environ deux cents personnes - pour la plupart étrangères à la paroisse – s’étaient retrouvées pour une expérience de communion musicale. La qualité de la prestation, les quelques textes lus pour faire résonner cette question sur le bonheur, une atmosphère particulière due à l’écoute, à la musique, au chant, à un certain silence... tout cela avait créé une heureuse alchimie. Un moment de grâce pourrions-nous dire. Un nouveau projet est né cette année : proposer le jour de la fête paroissiale un concert spirituel de même inspiration. Est-ce un fruit de cette quête commune du bonheur initiée en 2004 ? Je me plais à le croire, mais qu’importe en définitive. Ce que nous pourrons tous retenir, c’est le désir de proposer en ce jour particulier une nouvelle occasion de dialogue avec le quartier, avec ceux qui passeront, Parisiens ou étrangers, pour faire de notre église paroissiale le lieu d’une rencontre.
Dans tout dialogue, s’il est vrai, la présence de l’autre se dévoile un peu à moi. Je m’en imprègne et j’en suis transformé. Une rencontre s’opère. C’est notre souhait : que ce concert et plus largement toute la vie paroissiale et aussi chacune de nos vies soient l’occasion d’une rencontre, du dévoilement d’une présence, celle du toujours Autre, Dieu. C’est une des modalités de la mission. Paul VI dans sa première encyclique écrivait : « L'Église doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L'Église se fait parole ; l'Église se fait message ; l'Église se fait conversation ». Dans son encyclique de 1975 sur la mission, Evangelii nutiandi, Paul VI développait cette idée. Ce texte est toujours d’actualité. Il est court et facile d’accès. Pourquoi ne pas en faire une lecture de vacances cet été ? Faisons de ce jour de fête paroissiale, placée sous le signe de la présence sacramentelle du Christ en son Église, un temps de conversation, entre nous et avec notre quartier. Qu’il devienne ainsi l’occasion d’un témoignage, modeste mais heureux, rendu à Celui qui est à la source de nos vies. Ce nouveau numéro du Petit Céphalophore donne la parole à des personnes qui de bien des manières ont vécu tout au long de l’année cette conversation : couples ayant participé à la préparation au mariage, André et Simone Soulat qui quittent la paroisse après 60 années de présence et de service, deux séminaristes qui ont vécu à Saint-Denys leur premier cycle de formation, des paroissiens qui tout au long de l’année ou pendant l’été d’une façon particulière cherchent à nourrir leur foi et à en faire le dynamisme de leurs vies. L’été approche avec ses départs, ses ruptures, ses moments de repos et de voyage... Puisse chacun y poursuivre, dans le secret ou avec d’autres, ce dialogue intime dans la profondeur duquel se tiennent cachées la présence et la paix du Seigneur ressuscité. Père Paul Quinson

Dans le secret des cœurs

L’été, le bonheur des retrouvailles familiales… Ça, c’est le discours généralement entendu.
Dans la réalité, les choses ne vont pas de soi. Chacun arrive avec son mode de vie, ses valeurs, ses habitudes, et il n’est pas si évident de garder ses repères, encore moins de partager ces temps d’oraison personnelle qui ancrent la foi dans le quotidien, lui donnent sens et qui permettent de garder le cap dans les moments difficiles.
Suzanne en fait l’expérience chaque été lorsqu’elle retrouve quelques-uns de ses cinq enfants et douze petits enfants dans la maison familiale de Charente-Maritime. « La dispersion de l’été est plutôt un moment aride pour moi côté prière. Je m’éloigne de la paroisse, des personnes avec qui je partage des choses très fortes toute l’année, et je me retrouve seule, en famille. Bien sûr, je porte mes enfants et petits enfants dans la prière, mais je regrette de ne pouvoir partager ma foi avec eux. Ma prière est une prière solitaire, de demande, d’espérance. Je m’appuie souvent sur les lectures du jour, ou les psaumes. Et je vais à la messe le dimanche, bien sûr. Mais je ne connais personne dans cette paroisse du bord de mer. Ma sœur m’encourage à faire une retraite de trois jours. Mais rester des heures en silence, ce n’est pas trop mon style… Finalement, je suis toujours contente de rentrer, de retrouver les proches de Saint-Denys et de partager avec eux. »
Mais ce que Suzanne ne mesure pas, que nul ne saurait mesurer, c’est l’impact que sa présence de mère et de grand-mère, sa prière fidèle et silencieuse opèrent dans le secret du cœur de ses enfants et petits-enfants. Le temps de cette germination-là n’appartient qu’au Maître des moissons ! Entretien avec Suzanne, grand-mère.

Prières d'été

«J’aime à me réciter quelques psaumes.» « Mes vacances commencent… par un tour à La Procure. Car j’aime lire, beaucoup. Ces temps, ce sont les livres de Tertullien. Pour redécouvrir l’héroïsme du quotidien des premiers temps d’Eglise. Avant lui, j’avais découvert l’Epître de Clément de Rome aux Corinthiens, ou la Lettre à Diognète. Des écrits qui renforcent le lien entre les textes canoniques, que nous connaissons bien, et la vie courante. Ils m’aident à mieux situer le bien et le mal dans le monde contemporain : une sorte de direction spirituelle livresque. Auparavant, j’avais lu les pères grecs, Athanase et Clément d’Alexandrie, Evagre le Pontique… tous ces auteurs qui ont contribué à forger tant de pensées d’Eglise. C’est aussi une forme d’œcuménisme, tant certains comptent pour nos frères orthodoxes. Et puis, les réflexions de ces pères de l’Eglise, très pratiques, ou générales, étaient tout adaptées à leur société très sophistiquée (un peu comme notre époque) et de grandes certitudes. Il fallait avoir une capacité d’argumentaire très forte pour faire percevoir toute la dimension quotidienne de la Bible et des Evangiles, pour faire partager cette foi si simple, à des hommes si sophistiqués. Car ce qui est dit dans la Bible peut paraître parfois trop simple, pour nous pénétrer profondément. L’été, c’est aussi pour moi le plaisir de me lever tôt, vers 5h-6h, et de commencer la journée par l’Office des lectures. A Paris, la fatigue est là, et puis, je dois tellement lire pour mon travail. Même si, dans mes trajets, j’aime me réciter quelques psaumes que j’ai appris par cœur, de louange plutôt, pour surmonter les petits tracas et amertumes du quotidien. L’Office, lui, nous met déjà en phase avec le rythme de la nature qui nous entoure ; ses textes portent à la jubilation, l’élévation. Tandis que ceux du soir accompagnent progressivement notre apaisement dans le sommeil. Car en fait, les jours de vacances, j’arrive aussi toujours à dégager un peu de temps – il n’en faut pas beaucoup – pour Laudes, Sexte, Vêpres et Complies. Je trouve beaucoup de bienfaits en ce rythme de célébration des heures qui me dégage du quotidien et me remet en prise sur un rythme plus « naturel », celui d’une simple sagesse. Comme une forme d’écologie. C’est rassurant, aussi. On retrouve le sens du temps. On ne peut certes pas le retenir, mais en le célébrant, on se met dans un état actif, en évitant le poison de la mélancolie ». Christian, 52 ans, haut fonctionnaire

Bénévole à Lourdes

Chaque été depuis plus de dix ans, Monique se rend à Lourdes en tant que médecin bénévole, pour accompagner les personnes âgées, malades et handicapées lors de leur pèlerinage du 15 août. A l’origine, elle s'est laissée entraîner par des amis. Aujourd'hui, c'est elle qui entraîne les autres... Elle aime voir et revoir les visages des malades réconfortés par leur séjour en ce "lieu fort". Ils ont besoin de beaucoup d'aide : accueil, écoute, accompagnement et soins - de la toilette du matin jusqu'au soin médical plus ou moins complexe. Cette attention à l'autre est pour Monique inséparable de sa quête spirituelle. Elle rend ce service, qui ne la repose pas de son travail quotidien, sans se donner un but autre que ce service. Certes, elle en reçoit la joie, mais, aller à Lourdes pour le pèlerinage national, c'est pour Monique tout naturel, comme le fait de respirer... Après quelques hésitations, dues à sa retenue, Monique se laisse aller pour partager avec de plus en plus d'enthousiasme son expérience. Parfois des familles entières viennent s'engager en tant qu'hospitaliers, hospitalières, brancardiers ou petits porteurs d'eau aux malades pour les plus jeunes. Lors de ce pèlerinage, on a toujours une forte perception de convergence des services fraternels multiples, centrés sur les plus fragiles. Monique aime ce visage de l'Eglise. Les liens entre les bénévoles s'en trouvent comme naturellement renforcés. Ceux par exemple, entre les médecins hospitaliers basés à Lourdes et leurs confrères venus d'ailleurs. Enfin, les représentants de l'Eglise font sentir leur présence, des Pères assomptionnistes qui traditionnellement dirigent ce pèlerinage, jusqu'aux évêques. La dernière visite de Jean-Paul II, chef de l'Eglise et pèlerin souffrant auprès de la Vierge, en 2004, reste pour Monique un très grand souvenir. Au fil du temps, le lieu lui-même semble avoir "adopté" Monique. Elle remarque, qu'à chaque visite, Lourdes l'accueille "comme si elle l'avait quittée la veille". D'une certaine manière, par une grâce toute spéciale, son cœur est maintenu en permanence à Lourdes. Et que de plus beau quand on est médecin ! Monique du Pouget, médecin dermatologue, est paroissienne de Saint-Denys de longue date. Elle consacre le temps "libre" que sa vocation et ses obligations familiales lui laissent, à l'éveil et à l'affermissement de la conscience éthique chez ses confrères catholiques d'Ile-de-France, à travers les réunions de prières et de partage dont elle est une des organisatrices. Elle se forme actuellement à l'Ecole Cathédrale auprès du Père Michel Aupetit, pour se préparer au mieux à cette mission née à Lourdes. Katarina Kralova

Kayenta, terre de Mission.

En vacances dans l'Ouest américain, Dominique, Philippe et leurs amis ont rencontré le Père Jerry à l'issue de la messe pascale et l'ont interrogé sur sa mission pastorale: un témoignage inattendu!
Kayenta, le nom sonne comme celui d’un village africain, d’une terre de mission. C’est bien cela ; une terre de mission. Mais nous sommes ici en Arizona, au cœur de la «nation navajo», à quelques miles des paysages majestueux de Monument Valley qui ont servi de toile de fond à tant de westerns.

La paroisse de Kayenta s’étend sur plus de 26.000 kilomètres carrés, c’est plus de deux fois la superficie de la région Ile-de-France ! Un territoire à cheval sur l’Arizona, l’Utah et le Nevada ; une telle étendue qu’on y change même de fuseau horaire… de quoi perdre un peu le visiteur de passage qui veut se rendre à la messe de Pâques…

Le frère Jerry Herff, ancien supérieur des Lazaristes de Los Angeles, (ou «congrégation de la mission» fondée par saint Vincent de Paul), réside auprès des Indiens navajos à Kayenta sa terre de mission depuis neuf ans. Depuis lors, il a célébré quatre mariages : c’est peu, pire encore lorsque l’on sait qu’un seul de ces couples était navajo. En six ans, le père Jerry n’a baptisé que deux enfants… mais célébré vingt-et-un enterrements ! Ce chiffre relativement élevé s'explique selon lui par un attrait certain des Navajos pour le rite funèbre mêlant fumée d’encens et eau bénite… La première religion pratiquée sur ces terres reste le culte traditionnel chamanique navajo. La foi catholique vient ensuite, fruit d’une longue histoire missionnaire, puis la kyrielle d’églises protestantes caractéristique de ces villes de l’ouest.

La petite communauté qui vient aujourd’hui de célébrer Pâques et dont les enfants courent maintenant à travers le jardin dans une sympathique chasse aux œufs, se prépare déjà à regagner ses imposants pick-up et repartir sur les routes. L’église n’est qu’une brève étape dominicale. En semaine c’est seulement au hasard de son passage à l’épicerie ou à la poste que le frère Jerry peut croiser l'un de ses paroissiens. "Une année !" : c’est le délai qu’on lui avait prédit à son arrivée avant que quiconque le salue… et à deux jours près c’est bien ce qu’à vécu le frère Jerry. Un pasteur que ses «brebis» maintiennent dans une solitude très rude (« C’est si difficile de vivre ici pour un blanc, parce que vous n’êtes jamais accepté »). Le Navajo apprend en effet dès son plus jeune âge à ne se fier à personne en dehors de sa famille. « You’re always an outsider » et le prêtre, comme tout autre que son chemin aura conduit jusqu’au township de Kayenta, demeurera, dans cette société matriarcale, un étranger. L’étranger que l’on ne convie jamais à sa table, même pour Pâques ou Noël ; l’étranger auquel on ne s’adresse que pour lui raconter ses propres soucis sans chercher à l’accueillir, lui. Aujourd’hui pourtant, la petite église était pleine (nous étions une bonne cinquantaine), mais beaucoup parmi nous n’étaient pas baptisés. Pas de chant de communion ni de chant de sortie, navajo ou pas !
Jusqu’à ce jour aucun Navajo n’a été appelé à la prêtrise. Les Etats-Unis comptent cependant deux évêques issus d’autres nations indiennes dont l’évêque du diocèse de Gallup auquel est rattachée Kayenta. Le diocèse est engagé depuis plusieurs années dans une action missionnaire associant clergé et laïcs intitulée « disciples en mission ». Le diocèse de Gallup (144.000 km²… 80.000 catholiques) est l’un des plus pauvres des Etats-Unis. La quête dominicale du dimanche des Rameaux à Kayenta représentait seulement 7 $ 80 cents (environ 6 euros), ceci dans un pays où l’Etat comme en France ne participe pas au financement des Eglises. Ce sont les autres diocèses plus favorisés, et notamment celui du Nouveau-Mexique voisin, qui soutiennent dans son existence quotidienne ce territoire si défavorisé. Une pauvreté qui n’est cependant pas le reflet de la situation de la nation navajo, la plus riche de toutes les nations amérindiennes grâce à l’exploitation d’abondantes ressources naturelles et au tourisme. Pour tenir dans cet environnement difficile et continuer à annoncer la Bonne Parole, le père Jerry s’appuie sur quelques rares paroissiens, avec un oecuménisme qu’appelle la situation. L’un d’eux est un pharmacien épiscopalien (proche des Anglicans) sans église ici et qui de ce fait est devenu le lecteur des messes dominicales. L’autre est une jeune femme revenue récemment à la foi catholique et qui se débat avec courage pour lancer le catéchuménat. Quant au catéchisme, c’est l’ «école du dimanche » : rares sont les présents à cet enseignement qui précède la messe. Hélas ! Ces deux précieux paroissiens ne resteront pas longtemps à Kayenta et le noyau de la communauté paroissiale devra se reconstituer.
Au cours de nos voyages, nous avons eu la joie de rencontrer diverses figures de prêtres et d’Églises, dont beaucoup étaient en difficulté, pour des raisons politiques, religieuses, linguistiques ou simplement économiques. Mais ces difficultés semblaient décupler l’énergie et la foi de ces petites communautés. Nous ne pensions pas, en venant aux États-unis, trouver une telle misère spirituelle ni croiser la détresse d’un curé à la paroisse pourtant démesurée.
Le père Jerry est la voix qui crie dans le désert d’Arizona. Notre mission à nous est de prier pour lui.
Philippe

La paroisse et les séminaristes

Qu’est-ce que la vie paroissiale pour un séminariste ? Luc Reydel et Paul racontent leurs deux années passées à Saint-Denys.
Entretien avec Luc : Avant d’entrer au séminaire, Luc était déjà un paroissien actif, engagé dans le catéchuménat et toujours volontaire pour s’occuper de la logistique, porter les cartons et accueillir les paroissiens qui suivaient avec lui la catéchèse des adultes, tous les quinze jours. Il connaît donc bien la vie paroissiale et en vit même au point de se revendiquer avec force comme "paroissien lambda", un baptisé parmi les baptisés, en chemin vers la sainteté. Qu’est-ce qui a changé alors ? Le regard qu’il pose sur son implication. "Je suis davantage "dans" et à la fois "en dehors" de la paroisse. Davantage en elle, car suivre le Christ c’est se donner concrètement, toujours plus. Davantage hors d’elle, car cette suite est aussi un chemin intérieur du Totus Tuus (tout à Toi) vers le "tout à tous". Ce chemin invite à se détacher de son propre désir dans la rencontre avec l’autre, afin de tendre vers Dieu pour servir gratuitement, à l’imitation du Christ. Je mesure combien, pendant ces deux ans, j’ai été aimé gratuitement par Dieu ; un amour qui passe par les actes gratuits des paroissiens, les sourires, les mots, les petits et même les grands gestes… Cette gratuité de l’amour des paroissiens m’invite à me donner moi-même. La paroisse, c’est le quotidien de ma vie parce qu’elle est le lieu de l’Eucharistie". Luc aime en particulier la messe dominicale de 11 h, où se dévoile, à travers les membres rassemblés du Corps du Christ, la vérité du mystère de l’Église. Comme beaucoup d’entre nous, Luc est donc un paroissien heureux ! Comme nous, donc ? Pas tout à fait, pourtant. Nous voyons déjà en lui le futur prêtre, nous projetons en lui l’avenir de l’Église : voilà la relève ! Notre espérance s’incarne dans ce "paroissien lambda" que nous imaginons déjà ordonné… Or cet élan peut être une épreuve pour celui qui en est l’objet. Que devient, face à cette anticipation, la liberté du séminariste ? Luc accueille ce regard comme un appel à poursuivre le don de lui-même sous le regard le plus déterminant : celui du Christ. Luc quittera l’an prochain Saint-Denys pour gagner une autre Maison de Séminaire : comment accepter ces continuels départs ? "Le départ est significatif de l’appel : un appel à se détacher de l’homme ancien pour "s’attacher" au Christ. Suivre le Christ, c’est l’essentiel de la mission. Un chrétien qui suit le Christ ne peut pas faire autre chose qu’ouvrir son cœur au cœur de son prochain, au cœur de celui qui est aimé de Dieu et qui ne le sait pas. Plus je connais Dieu, plus je le découvre comme source de bonheur et plus je veux le partager."
Témoignage de Paul :
Phénomène original à Paris et plus encore en France, la présence d’une communauté séminaristes ne manque pas, semble-t-il, de toucher les paroissiens de Saint-Denys. Pourtant, la paroisse est peut-être ce qui a pris pour moi les apparences du plus grand invariant dans ma nouvelle vie. Ancien paroissien et animateur d’aumônerie à Sainte-Elisabeth, qui jouxte le territoire de Saint-Denys, j’ai retrouvé ici un quartier et un engagement paroissial somme toute assez proches, puisque j’ai hérité des servants d’autels puis d’une équipe KT de CE2. En terme de temps, la paroisse ne me prend pas davantage qu’autrefois, la majeure partie de mon énergie de séminariste étant employée dans les études et la vie communautaire. Comme beaucoup de paroissiens, c’est donc essentiellement à l’occasion de la messe dominicale mais aussi des « pots » qui lui succèdent fréquemment que j’ai pu vous rencontrer, et c’est surtout avec ceux qui ont une activité en commun avec moi ou ont des enfants catéchisés ou servants d’autel, que j’ai pu nouer des relations d’amitié. Autant de rencontres fraternelles qui sont un véritable bonheur et m’ont permis de me sentir encore l’un de vous, paroissien presque ordinaire, et de prendre quelques bains de « vraie » vie, hors du petit monde séminaristico-clérical. Pour autant, une somme de petits décalages témoignaient de la mue progressive de ma vie, y compris comme paroissien. Spatialement d’abord. Logeant au presbytère, j’ai eu la joie de croiser fréquemment quelques paroissiens peu ordinaires, qui s’activent au chevet de l’église : Marie-Hélène au jardin, Jacques à la liturgie, Denise aux fleurs et à la bibliothèque…. Surtout, contrairement à beaucoup d’entre vous, je n’entre presque jamais dans l’église par la façade mais toujours par la sacristie, et reste dans le chœur, en aube, le dimanche à la messe. Temporellement ensuite, la pratique religieuse des séminaristes est parfois un peu décalée par rapport à celle de la plupart des paroissiens ; nous chantons par exemple les laudes et les vêpres presque chaque jour dans l’église, mais à des horaires peu chrétiens pour qui ne vit pas sur place ! A plus long terme, je sais de façon certaine que, contrairement à vous, il me faudra bientôt quitter pour toujours cette paroisse après deux ans passés ici. Et c’est ce détachement qui est finalement le plus difficile, signe concret du don de ma vie. Car pour le reste, le climat paroissial est tellement chaleureux et familial à Saint-Denys qu’il est à la limite de la publicité mensongère en faveur des vocations sacerdotales ! Paul

La préparation au mariage : un temps pour donner sens au "oui"

Chaque année, une vingtaine de couples se prépare au mariage à Saint-Denys, un mariage qui sera dans la grande majorité des cas célébré en province voire à l’étranger. Car le monde entier semble converger ici à travers ces jeunes gens venus d’Italie, d’Irlande ou d’Inde et qui pourtant ont entendu la même Parole. Ils ne viennent pas au mariage par tradition sociale mais par choix, exerçant une liberté qui les conduit au Christ. Beaucoup font leurs premiers pas sur le chemin de la conversion.
La préparation au mariage s’organise en deux temps, ce qui permet d’en concilier deux aspects sans doute complémentaires : l’intimité de la demande personnelle et la confrontation avec d’autres histoires vécues. Le jeune couple est d’abord accueilli par un prêtre ou notre diacre pour un temps de rencontre et de discernement : deux rendez-vous nécessaires à chaque fiancé pour mesurer au mieux ses motivations profondes et partager d’éventuels doutes ou difficultés. Puis, durant quatre samedis matin successifs, vers avril/mai, tous les couples se réunissent pour vivre ensemble un temps de détente et de réflexion dans la paroisse. Il s’agit de réfléchir, par petits groupes, à quatre thèmes, au côté d’époux plus «anciens» témoins d’une vie conjugale heureuse et susceptibles d’entendre des remarques qu’on n’oserait pas faire à un prêtre. Le premier thème porte sur la « déclaration d’intention » et ses quatre piliers : liberté, fidélité, indissolubilité et fécondité. Le samedi suivant est consacré à l’étude des textes bibliques relatifs au mariage : la création et les évangiles synoptiques sur le lien matrimonial ; la troisième rencontre invite à réfléchir aux sacrements, en particulier au sacrement du mariage ; le dernier samedi permet de faire le point sur les questions de morale familiale (sexualité, contraception, avortement) et de montrer que l’Église ne condamne pas l’amour mais l’absence d’amour ! Enfin vient le week-end de clôture, où se retrouvent les couples qui désormais se connaissent bien. Le samedi soir, c’est la fête autour d’un dîner suivi d'un petit "topo" du père Quinson autour de la question difficile "Qui est Dieu?"
Le dimanche matin, deux époux témoignent tour à tour, avec «sensibilité et humour», de leurs vingt ans de mariage. L’après-midi, après un dernier partage en ateliers thématiques sur la foi, l’éducation des enfants ou encore le pardon, chaque couple est invité à un tête-à-tête dans un coin de l’église autour d’une bougie représentant la lumière du Christ pour «se dire quelque chose d’important»… Un moment fort.
Deux jeunes couples témoignent:
Delphine et Nicolas, ingénieurs, se sont rencontrés il y a neuf ans, au cours de leurs études. Ils vivent ensemble depuis quatre ans. Hier encore, Delphine ne croyait guère au mariage et Nicolas n’y voyait que l’occasion d’une fête et le moyen de perpétuer un modèle familial heureux. Une nuit de 15 août, alors qu’ils viennent de gravir avec peine un haut sommet de montagne, Nicolas fait sa demande. C’est une «libération» pour Delphine qui se découvre «choisie pour elle-même». Ils pourront construire ensemble «leur propre modèle». C’est elle qui l’entraîne à l’église, une église que d’ailleurs elle ne fréquente plus guère depuis qu’elle l’a rencontré. Nicolas, lui, n’a pas appris à connaître Dieu. Parce qu’ils ont besoin de réfléchir au sens du mariage, pour n’être pas noyés dans la «logistique», ils choisissent de faire une préparation, sachant qu’ils ne se marieront pas religieusement par respect pour Nicolas. Leurs tête-à-tête avec le Père ? «Génial ! Hyper accueillant ! Cela fait du bien de raconter sa vie, de raconter son couple, pourquoi ce choix.» Nicolas se trouve confronté aux notions de liberté, de fidélité, d’indissolubilité : «cela donne un sens au mariage qui m’a vraiment bouleversé». Quant au partage avec d’autres couples, il permet une «dynamique positive» et rassurante, dans une ambiance joyeuse. «La « prépa » nous a beaucoup rapprochés. C’est un moment clef où on se pose des questions. Elle a donné un sens à notre engagement». C’est parce qu’aujourd’hui Nicolas adhère pleinement aux fondements du mariage qu’ils se diront «oui» à l’église…
Anne-Sophie et Louis, respectivement avocat et opticien, se sont connus il y a sept ans en Normandie et leurs amours de vacances sont devenues «un amour durable et unique». Le soir de Noël, il fait sa demande, sur la plage de leur rencontre. Le choix du sacrement s’impose à ces deux croyants en raison de leur foi et parce que la pratique religieuse correspond à leur identité. Hélas ! Leur premier entretien auprès d’un prêtre normand déçoit leur attente. Aussi ne se font-ils guère d’illusions lorsqu’ils frappent à la porte de Saint-Denys, pour une nouvelle tentative. C’est un nouveau choc, mais inverse: «un super accueil, une écoute, des tranches de vies racontées, des émotions partagées. Sa foi, sa compréhension, il rayonne !» Leurs échanges avec notre diacre leur permet d’approfondir la vision catholique du mariage, mais aussi de réfléchir plus concrètement à «la foi dans la vie» , un aspect de «modernité» inattendu. La rencontre avec d’autres couples est également enrichissante : «c’est une confrontation à des histoires différentes, à des degrés de foi différents : on ouvre les oreilles, les yeux, on s’ouvre...» Heureux, Anne-Sophie et Louis veulent surtout remercier. Remercier tous ceux qui ont permis cette «prépa» qui les a «enchantés». Ils veulent aussi dire combien elle est utile. «C’est vrai que la perspective de quatre samedis de suite paraît peu engageante. Mais aujourd’hui, je serais heureuse d’assister à une cinquième séance ! La « prépa », c’est important de la faire. Il faut savoir prendre du temps pour la faire. C’est bénéfique ». A tous, nos meilleurs vœux de bonheur.
Dominique T.

Des nouvelles des Scouts

Jean-Marie et sa femme Isabelle quittent cette année la direction du groupe Scout, après neuf ans de bons et généreux services. Ils cèdent la place à Ludovic et Nathalie du Bot, à qui nous souhaitons bon courage ! Le groupe Scout, c’est quatre unités principales bien connues des paroissiens : les Jeannettes, les Louveteaux, les Eclaireurs et les Guides, composées chacune d’une trentaine d’enfants et d’adolescents. C’est aussi deux unités Aînées, les Routiers et les Guides Aînées, composées de jeunes adultes de plus de 17 ans. Ils forment la Communauté des Aînés, un joyeux et bruyant mélange de garçons et filles heureux de se retrouver une fois par mois le soir pour manger, prier, rire, partager les problèmes propres à chaque Unité et se former sur des sujets divers comme cette année « choisir la vie ». Qu’il neige ou qu’il vente, les Unités se réunissent tous les 15 jours ; une régularité qui permet une bonne application de la méthode pédagogique propre à chacune. Ainsi, les Louveteaux jouent dans la jungle (car l'histoire de Mowgli est à la base de leur pédagogie), les Jeannettes s’en vont régulièrement sur les sentiers de la forêt (sur les traces de Jeanne d'Arc, dont la vie et surtout la spiritualité servent de modèle pédagogique, et de son amie Guillemette, laquelle donne son nom à la cheftaine), tandis que les Guides et les Eclaireurs font de la nature (parisienne...) leur terrain de jeu et de pratique des techniques du scoutisme, même par temps de pluie afin de respecter l’adage selon lequel le scout « n’est pas soluble dans l’eau. » Puis arrive Pâques et le temps des premiers camps, d’un premier contact avec la nature encore froide et endormie, camp redouté parfois (par les parents aussi !), mais toujours riche en apprentissage, en jeux, veillées, feux et froid, et en approfondissement des connaissances, y compris de soi-même. On y part parfois avec des pieds de plomb mais à la fin du séjour, on ne veut plus se quitter ! Enfin viendra le temps des grandes vacances et des camps d’été pour toutes les Unités. D’ici là, certains Chefs auront suivi une formation théorique et pratique pour obtenir le droit de camper, formation que certains auront complétée par l’Attestation de Formation aux Premiers Secours, obtenue cette année auprès de la Croix Rouge. Alors, entre visites de musée, jeux dans les bois de Vincennes ou de Boulogne, aux Tuileries ou aux Buttes-Chaumont, week-end en forêts ou camps et formation personnelle, quel est donc « ce grain de folie », comme disait Thérèse d’Avila, qui fait que cela marche ? Comme tout groupe qui essaye de vivre harmonieusement, le groupe Scout est naturellement saisi par l’imprévisible de ce qui va se vivre ensemble, et cela lui permet de révéler ce que, profondément, il est. Jean Paul II, s’adressant aux jeunes, leur disait : «J’ai confiance en vous parce que là où le Christ est présent, il y a générosité, capacité de sacrifice, persévérance dans le bien, attention au prochain, dévouement concret». Notre paroisse, par son accueil fraternel et chaleureux, les accompagne en ce sens.
Jean-Marie W.

Club Saint-Denys au Marais : qui reprendra le flambeau ?

Simone et André, deux piliers de notre paroisse, vont bientôt, après soixante années à Saint-Denys, quitter les rives de la Seine pour rejoindre celles du bassin d’Arcachon. Là-bas, une grande maison leur permettra d’accueillir leurs huit enfants et bientôt vingt-six petits-enfants. Ici, ils vont laisser de nombreux souvenirs d’une vie de dévouement au service du prochain; du plus jeune (Simone a longtemps enseigné le KT) au plus ancien. C’est en effet en répondant à l’appel du Père Hubert Vallet, qu’ils ont offert amitié, temps et énergie à ce groupe, qu’avec Louise Annick en 1991, ils allaient baptiser "Club Saint-Denys au Marais".
Le Club Saint-Denys ? Il est parfois méconnu des paroissiens. Pourtant panneaux d’affichages et bulletins sont là pour en rappeler l’action. Depuis 1991, plus de 130 personnes ont participé à ses activités. Sous la forme d’une association loi de 1901 à la cotisation annuelle modeste (20 euros), subventionnée par la paroisse et par la ville, le Club propose à chacun de rompre la misère de la solitude dans laquelle place trop souvent le grand âge.
«La vieillesse fait peur ! Pourtant chaque fois je voyais la joie de ces personnes, dans les sorties à Thoiry, Chantilly, La Malmaison… , au repas de Noël, pour les après-midi goûter et les jeux de société un vendredi sur deux, dans les conférences et les sorties théâtrales, ou encore dans les centaines de couvertures tricotées pour la Bosnie...». «Tous nos prêtres ont été très accueillants, chacun à sa façon». «Quand j’y allais c’était toujours au nom de ma foi».
Et si c’était à refaire ? La réponse fuse aussitôt à l’unisson : «Oh là là! Ah mais on le referait ! … On en retire tant de joie….». Alors ? Qui d’entre nous répondra à l’appel de ces 15 à 30 personnes qui deux fois par mois se retrouvent dans les salles paroissiales ? Qui entretiendra le foyer de l’amitié, en inventant peut-être de nouvelles formes d’actions, en unissant les forces des divers mouvements paroissiaux (Mouvement Chrétien des Retraités, Conférence Saint Vincent de Paul…), en partageant le temps au sein d’une équipe d’animation renforcée avec Odette, Odile, Roger, Jean-René ? En quittant Simone et André cet après-midi je repensais à l’appel à la Mission dans la Ville que nous lançait Mgr André Vingt-trois, le 8 décembre dernier, et je me disais «Saurons-nous y répondre ?»
Philippe Th.

Prier avec les Psaumes

Synthèse de la présentation faite par le Père Quinson, lors de la recollection paroissiale du Dimanche 19 Mars.
(Psaume 34 : "Je bénirai le Seigneur en tout temps". Manuscrit du XIIIème siècle.)
Prière paradoxale, les Psaumes sont constitués de mots humains que nous recevons de Dieu comme sa propre Parole. En nous donnant ces mots, Dieu nous apprend à dire ce que nous ne savons pas ou n’osons pas dire. Nous sommes ainsi mis à nus, invités à voir ce que nous ne voulons pas toujours voir. Lire les Psaumes c’est accepter d’être dérangé. Retenons trois étonnements provoqués par leur lecture.
Premier étonnement : les Psaumes nous éduquent à redécouvrir la prière comme un cri. Les Psaumes sont remplis de cris : appels au secours, demandes d’aide, cris de désespoir, cris de joie aussi... Le mot revient avec insistance au point qu’il faut bien admettre qu’il est significatif de ce que sont les psaumes. Le cri peut paraître primaire, on parle de « cri primal » ! Ce sont les enfants qui crient, pas les adultes ! Le cri peut suggérer un manque de maîtrise de nous-mêmes et nous renvoyer ainsi à une déficience... Pourtant Jésus a crié (Hébreux, 5, 7). Ainsi le cri n’est pas juste le fait des enfants ou d’adultes déficients. Le cri est une marque de notre humanité. Les Psaumes sont chargés de tous ces cris. Saint Paul aussi fait allusion à cette réalité du cri. Il évoque un triple « gémissement » (Romains, 8, 22 sq). Dans le Christ, tous nos cris sont assumés. Mais si les Psaumes se font l’écho de tous ces cris ce n’est pas simplement par réalisme. Il y aurait des cris dans la Bible parce qu’il y a des cris dans la vie humaine. Non : ces cris sont l’occasion d’une révélation sur Dieu. Dieu écoute le cri des hommes : « j’ai entendu le cri de mon peuple » dit Dieu à Moïse (Exode, 3, 7). De même Jésus est présenté dans l'Épître aux Hébreux (5, 7) comme « ayant été exaucé ». Ainsi le cri, assumé à l’intérieur de l’histoire d’Israël, nous renvoie non seulement à notre humanité mais désormais à l’histoire du salut. Dieu entend les cris des hommes et veut venir les sauver. Les Psaumes donc présentent à Dieu le cri des hommes. Par Israël et l’Église, tous les cris du monde deviennent prière. Et parce que Dieu écoute le cri de son peuple nous sommes invités à les présenter dans l’Espérance de les voir exaucés.
Deuxième étonnement : une vision souffrante de la vie. La lecture des psaumes donne une vision un peu lourde, grave, souffrante de la vie. La vie n’est-elle que cela ? Pourquoi cette insistance ? Le projet de Dieu est que nous vivions heureux. C’est dans une sorte de « bonté originelle » que tout est créé à l’origine (Genèse,1). Pourtant l’histoire nous le montre : les hommes ne vivent pas en permanence dans l’harmonie, la bonté et le bonheur. Notre capacité à vivre selon le projet de Dieu est « blessée ». Dans cette situation historique que l’Église nomme « péché originel » (Genèse, 2-3) nous risquons d’être mis devant deux tentations. La première consiste à désespérer ; la seconde à nous surestimer. Les Psaumes en nous invitant à un regard lucide sur l’humanité veulent nous faire découvrir le bon chemin : Dieu est la seule puissance de vie capable de traverser toutes les forces du mal et d’en être vainqueur. Voilà ce que nous montrent les Psaumes. Face à tout ce mal, le psalmiste se perçoit parfois comme étant l’« accusé » d’un gigantesque procès. La Bible va jusqu’à personnaliser l’accusateur : c’est "Satan" (en hébreu, shatan = l’accusateur). Les Psaumes nous éclairent : devant l’accusation, la tentation est de nous mettre nous-même à accuser. Si nous entrons dans cette logique, "Satan" a gagné, nous nous mettons à lui ressembler, à notre tour nous accusons. Pour briser ce cercle infernal de l’accusation, il faut s’appuyer sur Dieu et l’accusateur sera mis à mal par ses propres accusations car Dieu est notre défenseur. Dans l’Évangile de Jean, Jésus se présente comme notre «défenseur» et nous promet encore un autre «défenseur», le «paraclet» (l’avocat) c’est-à-dire l’Esprit Saint. Ainsi Dieu est vraiment présenté comme venant au secours de l’homme.
Troisième étonnement : les versets imprécatoires. On maudit dans les Psaumes ! « Je les hais d’une haine parfaite » (Ps., 138, 22) Par prudence pastorale Paul VI a fait retirer du bréviaire trois psaumes et a permis, pour les autres psaumes, d’omettre les versets qualifiés d’imprécatoires. Cette prudence pastorale ne doit pas nous empêcher d’affronter ce que les Psaumes veulent mettre devant nos yeux. Les Psaumes nous montrent la violence qui est en nous. Une puissance animale habite en nous, à la racine de notre être. Ne croyons pas trop vite en être libérés. C’est une consolation de recevoir des Psaumes des mots pour dire ce que nous n’oserions pas dire de nous-mêmes, pour reconnaître cette force qui est en nous et que nous ne maîtrisons pas bien. Mais le spectacle de cette violence n’est pas juste un rappel de la violence qui est en nous. Il nous remet devant la question du salut de Dieu. Nous ne « réglons » pas le problème de la violence par l’éducation ou une politesse raffinée. Les Psaumes obligent à poser la question du salut comme libération donnée par Dieu seul. Le Christ est l’unique sauveur qui, en traversant lui-même la violence des hommes sans qu’elle trouve en lui aucune complicité, nous ouvre un chemin, celui de sa mort et de sa résurrection, duquel nous recevons l’Espérance d’être un jour totalement libérés, « guéris », de la violence. Les Psaumes nous éduquent, en nous disant : « ne nous laissons pas absorber par ce mal extérieur mais aussi intérieur à chacun de nous : le mystère du mal est déjà habité par la présence de Dieu ».
Une Parole d’Espérance. En conclusion, les Psaumes apparaissent comme une école de l’Espérance. Dieu entend le cri des hommes. Il veut nous sauver du mal et de la mort. Il veut nous libérer de la violence qui sans cesse menace de prendre le dessus. Dieu est sauveur, les Psaumes l’attestent.
(Illustration du Psaume 37. Livre des Heures XVème siècle.)

Guy Baret : un journaliste à Saint-Denys

Ancien paroissien - de 1977 à 1989, ce qui n'est pas rien, les souvenirs comme les visages amis ont afflué -, c'est avec un plaisir non dissimulé que Guy Baret a retrouvé Saint-Denys-du-Saint-Sacrement, lors des Journées d'Amitié. Venu dédicacer son dernier ouvrage, Jésus, reviens ! Pourquoi je suis chrétien et pas fâché de l’être*, l'écrivain, éditorialiste et ancien journaliste du Figaro et de Madame Figaro, a répondu très amicalement aux questions de sa consoeur, avec humour et conviction !
Le Petit Céphalophore : Avec un tel titre, vous ne vous embarrassez pas de préambules... Vous y allez carrément !
Guy Baret : En tant qu'écrivain, j'aime me servir de l'humour pour aller à l'encontre des idées reçues. Auteur de pièces de théâtre, et même dernier parolier de Thierry Le Luron, malheureusement décédé avant d'avoir pu prononcer mes textes, je sais que par l'humour, on peut faire passer bien des choses... Et puis, la religion, le pape, le Christ sont tournés en dérision par certains humoristes. J'ai voulu justement renverser la vapeur !
L.P.C. : Oui, justement... Pourquoi les chrétiens se font-ils autant taper dessus ?
G.B. : Parce que c'est facile ! Le grand problème, c'est celui de la morale. Et de la morale sexuelle. Les gens considèrent que la religion nous empêche de nous épanouir, de vivre en rond. Et le nez sur la sexualité, ils en oublient de réfléchir sur le fait que le Christ est ressuscité au troisième jour ! Discutons sur l'essentiel : est-ce que l'Evangile est un mythe ou non ? Si vous découvrez la voie chrétienne et le bonheur qu'il y a à croire, vous vous rendez bien compte que la sexualité n'est pas l'unique lieu de l'accomplissement, même si la religion reconnaît que ce que Dieu a créé est beau et bon. Cela relativise toutes les questions ! Quand on a trouvé la Vérité du Christ, tout pâlit. Y compris la sexualité.
L.P.C. : Comment offrir en partage ce type de réflexion dans une civilisation du plaisir immédiat ?
G.B. : Dans la société de consommation et de liberté sexuelle qui est la nôtre, subsiste toujours la quête du sens. On vit dans une communication croissante, mais sans communion. Donc dans une certaine solitude, à la faveur de laquelle certains redécouvrent la religion comme une réponse possible. Ceux qui ont été élevés chrétiennement ont reçu la réponse avant de s'être posé la question. Quand ressurgit la question -à la faveur d'un deuil, d'une rupture, d'une crise dans leur vie- du sens de l'existence, ils se reposent la question.
L.P.C. : Vous-même, vous vous l'êtes posée ?
G.B. : Avant de me convertir au catholicisme, j'étais protestant. Etudiant à la faculté de Théologie protestante pour devenir pasteur. Et peu à peu, je me suis rendu compte que le protestantisme avait innové en dehors de la foi et de l'Eglise primitives. Ensuite a suivi tout un cheminement, pas très facile...
L.P.C. : Dans notre monde matérialiste, comment voyez-vous l'avenir du religieux ?
G.B. : Je suis optimiste ! On ne peut que l'être, c'est l'Evangile qui nous le dit. Oui, la foi subsistera sur la terre. Il y aura toujours des croyants ! Aux personnes qui affirment : « Je ne suis pas croyant », je demande : « Avez-vous lu les Evangiles ? Vous n'êtes pas non-croyant, vous manquez d'informations ! » Parole de journaliste.
Propos recueillis par Marie-Christine Delacroix
(*) Edition Ramsay, Paris, 2005, 274 p., 19 euros.

Les Echos du conseil paroissial

Lors du Conseil pastoral paroissial du 29 mars, Mgr Pierre d’Ornellas, évêque auxiliaire de Paris et vicaire général de notre paroisse, est venu présenter les objectifs de sa visite pastorale de la rentrée prochaine, qui se déroulera sur trois mois. Il a déjà observé qu’avec 142 scouts (dont les 2/3 habitent sur le territoire paroissial) et 120 enfants au catéchisme, notre paroisse dépasse de loin le « ratio » parisien habituel (nombre de jeunes par rapport aux pratiquants) : c’est tout à fait exceptionnel par rapport aux autres paroisses, et représente pour nous une belle responsabilité. Une particularité à retenir, sans doute, pour répondre à l’objectif assigné par Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, de définir pour chaque paroisse une "visée missionnaire" particulière. D’ici à l’été, le conseil pastoral paroissial devra proposer à Mgr d’Ornellas un programme de travail précisant les modalités de mise en œuvre de la visite pastorale. Celle-ci aboutira, en décembre, à une réunion de doyenné, permettant d’envisager des complémentarités entre ses quatre paroisses : Saint-Denys du Saint-Sacrement, Saint-Paul/Saint-Louis, Saint-Louis-en-l’Ile et Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux. Mgr d’Ornellas a aussi présenté ce qui lui semble être trois caractéristiques de la mission à Paris : Le « clocher » ne parle plus : La mégapole parisienne crée l’anonymat, comme toute cité. Dans un village, le clocher porte en lui-même une signification affective pour les croyants comme les incroyants. Il en va tout autrement à Paris : le rayonnement d’une paroisse s’exerce dans un rayon de quelque 300 m autour de l’église. Seuls la qualité et le dynamisme d’une communauté chrétienne peut redonner un sens au « clocher ». Une Eglise en dialogue : Un quartier regroupe des croyants et des incroyants. Ces derniers peuvent avoir le même souci d’humaniser la ville, sans pour autant partager notre foi. L’Eglise a le souci de l’Homme, elle est « sacrement du salut » : comment leur faire goûter ? Comment entrer en dialogue ? Comment travailler aux mêmes objectifs dans le respect des consciences ? Une ville de culture : Il est crucial de comprendre la culture actuelle, tout comme il est urgent de se donner une formation chrétienne solide pour affronter les grands débats éthiques et sociaux, qui trouvent tous une immense caisse de résonance dans la capitale. En bref, il convient d’avoir l’intelligence de ce qu’est la présence chrétienne dans la cité, dans le contexte culturel actuel. Le bureau du conseil.

L'arbre de Carême des enfants du KT

Chaque enfant a cette année apporté sa feuille au figuier pour présenter au Seigneur son offrande de carême.
"Aider Maman à mettre le couvert, être gentil avec mon petit frère, prier Dieu chaque soir, aimer Jésus, bien travailler à l'école, peindre le tableau de Jésus, rendre service à mes parents sans le dire et avec le sourire, ne plus se fâcher avec personne, choisir de sourire" : autant d'engagements qui peuvent être tenus toute l'année!
Merci les enfants pour ce témoignage en couleurs...

Rubrique littéraire : Pentecôte amérindienne

Jean MATHIOT, L’Indien Juan Diego et Notre-Dame de Guadalupe, éd. Téqui, 2003, 222 p., 24 euros.
1519 : Cortès découvre les richesses de Mexico -Tenochtitlan, mais aussi les sacrifices humains offerts par les Aztèques à leurs dieux. Il abat les statues, les remplace par la Croix et invite fermement les populations à adopter le christianisme. Mais les conversions sincères sont rares : cette religion paraît bien étrangère aux Indiens et la conduite des conquistadores qui, dans leur soif de l’or, torturent et massacrent, est peu conforme au Dieu d’amour annoncé par leurs missionnaires ! Décembre 1531 : sur une colline proche de Mexico, la Vierge, sous l’apparence d’une jeune fille indienne, apparaît plusieurs fois à Juan Diego, paysan baptisé, et demande, en langue nahuatl, qu’un sanctuaire lui soit construit. A sa dernière apparition, elle laisse son image « imprimée » dans le manteau de l’Indien. Noël 1531 : l’image sainte est installée par l’évêque de Mexico dans un petit ermitage, lieu des premiers pèlerinages à Notre-Dame de Guadalupe. 1532 à 1537 : 7 à 8 millions d’Indiens demandent spontanément le baptême.
1979 : Jean Paul II célèbre la messe dans la nouvelle basilique, devenue le plus important pèlerinage marial mondial avec 20 millions de pèlerins chaque année pour prier l’image sainte de la patronne des Amériques. 2002 : Juan Diego est canonisé.
Ce livre nous raconte cela avec beaucoup de simplicité. Il s’appuie sur des documents contemporains, décrit le cheminement de foi du grand évêque espagnol auquel le pauvre Indien illettré est chargé de transmettre le message de la Vierge et nous donne aussi les résultats étonnants d’analyses scientifiques sur l’image sainte miraculeuse. Il explique l’importance décisive dans l’évangélisation de l’Amérique latine de cette apparition, véritable Pentecôte pour les populations indiennes.
Pierre Laurent

Catholiques sur le web

Le 2 mai, des représentants des paroisses parisiennes - dont Saint-Denys- se sont retrouvés à l’invitation du diocèse pour partager l’expérience de leurs 76 sites Internet, dont notre blog. Nous avons été conviés à investir cette nouvelle terre de mission et à saisir cette opportunité pour soutenir le dynamisme des communautés paroissiales tout en s’ouvrant par ce moyen aux internautes non croyants.
L'association Eklesia a ainsi été crée il y a déjà plusieurs années pour constituer un lieu (virtuel) de rencontre des initiatives des chrétiens francophones; partager les expériences et l'apprentissage de ce nouveau media en évolution constante pour ainsi mieux faire connaître le Christ.
Si nous n’avons pas encore de site Internet paroissial (hormis celui des Journées d’Amitié), nous sommes parmi les pionniers du blog puisqu’il n’existe pour l’instant que trois blogs paroissiaux recensés à Paris ! Pour répondre à l’invitation de l’évêché nous avons un projet de site qui complètera d’ici à la rentrée notre présence sur le Web. Toutes vos idées et bonnes volontés sont les bienvenues. C'est le moment de vous manifester et d'ajouter un commentaire à la fin de cet article !
Encore un mot pour signaler à l'approche de l'été aux voyageurs qui s'en iront peut-être vers de lointaines contrées un site remarquable qui vous donnera une bonne porte d'entrée vers les églises catholiques et la présence des catholiques francophones autour du monde :
Philippe


 

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