Le Petit Cephalophore

vendredi, novembre 16, 2007

Novembre 2007. L'éditorial du père Quinson.

60 ans déjà !

" Et je dis en effet que la jeunesse est le temps des illusions, mais parce qu'elle imaginait les choses infiniment moins belles et nombreuses et désirables qu'elles ne sont, et de cette déception nous sommes guéris avec l'âge."

Claudel, Le Soulier de satin, I, 6.

Savez-vous que les « Journées d’Amitié » dont nous avons fêté les 30 ans l’année dernière ont en réalité... 60 ans ? Les plus anciens nous l’ont gentiment fait remarquer et c’est l’occasion pour nous tous de leur tirer un coup de chapeau ! 1947 – 2007 : 60 années pleines de choses plus «belles et nombreuses et désirables» que ne pouvaient l’imaginer les pionniers de 1947 !

C’est cette histoire que Le Petit Céphalophore a décidé de vous présenter succinctement dans ce numéro de rentrée.

Sans connaître tous les détails de cette aventure et toutes les personnes qui depuis le commencement s’y sont succédées – même si beaucoup sont encore là et bien actives ! - je peux sans peine imaginer la quantité d’énergie, d’inventivité, de fatigue, que cet anniversaire peut cacher. Je me dis qu’il y a là un signe fort de la vitalité de la paroisse qui a cherché de toutes ses forces à se donner les moyens de sa mission. Car si l’objectif premier des ces journées est d’abord financier, cet objectif a toujours été ordonné à une autre fin, qui donne sens à cette collecte d’argent et qui est la véritable raison d’être de la paroisse : assurer dans le quartier une présence chrétienne dont le rayonnement puisse humblement être le signe de l’amour de Dieu pour ceux qui vivent et travaillent autour de notre église. Voilà notre raison d’être, voilà notre «mission».

Aujourd’hui davantage qu’il y a 60 ans sans doute, nous mesurons qu’il nous faut faire un effort d’inventivité pour être ce que nous sommes, c’est-à-dire des témoins chargés de manifester à tous qu’ils sont aimés de Dieu, sans condition. La vitalité extraordinaire qui s’est déployée pendant toutes ces années dans les Journées d’Amitié demande peut-être aujourd’hui à prendre une forme complémentaire. Peut-être le moment est-il venu pour notre paroisse de trouver - sans remettre en cause les Journées d’Amitié ! – une autre occasion et une nouvelle façon de rendre visible, plus explicitement et tous ensemble, notre désir de rencontrer gratuitement, amicalement, les personnes de notre quartier. Le Conseil Pastoral va y réfléchir cette année. Portons d’ores et déjà dans la prière ceux qui vivent et travaillent autour de nous.

Si Claudel a raison, et qu’avec l’âge nous sommes guéris des déceptions de la jeunesse, osons croire que la réalité de la mission de l’Eglise et de ce que nous pouvons en vivre ici à Saint-Denys n’a pas fini de nous apparaître dans toute sa richesse.

Joyeux anniversaire !

Père Paul Quinson

JAM 2007 : essai transformé !

Les JAM ont 60 ans ! C'était en 1947...

C’est le 10 mars 1946, que Renata Martini, une jeune italienne de 23 ans, arrive à Paris pour travailler dans une famille, boulevard Beaumarchais : «Je ne savais pas un mot de français. Je ne comprenais pas la messe», confie-t-elle avec son joli accent chantant. Elle va à Saint-Denys, paroisse à laquelle elle restera fidèle pendant soixante ans. Renata se souvient : « Une petite vente de charité a commencé en 1947 dans la salle Saint-Denys. Sur une table étaient disposés des livres, de la brocante, des serviettes éponge et un peu d’alimentation ». Des décennies qui suivent, elle garde de nombreuses anecdotes. Au début des années 60, le curé demande aux enfants du KT d’apporter un petit paquet avec du thon ou des sardines à vendre ; ce que fait, bien volontiers, sa fille Francine. Mais la pêche n’étant pas miraculeuse, le curé précise que chaque lot doit être déposé avec le nom et l’adresse du donateur, pour confondre les avaricieux. Dans les années 70, Renata vend des fleurs naturelles, puis de la parfumerie, de la lessive, de la laque, sans compter les billets de tombola. «L’épicerie du quartier nous remettait des produits que l’on pouvait lui rendre si on ne les avait pas écoulés», précise-t-elle. En 1975, elle s’enhardit et décide d’aller demander des lots aux commerçants : « On nous donnait beaucoup et le curé allait remercier tous les commerçants, juifs pour la plupart ». Après avoir vendu des tissus, Renata se lance dans la fabrication de châles (« dorés et argentés pour Noël »), d’écharpes, de ponchos en laine. Suivent les coussins décorés de roses. Et depuis six ans, les torchons, serviettes et bavoirs, brodés par ses soins avec amour, toute l’année durant.

Comme Renata Martini, Micheline de Dinechin évoque avec nostalgie l’atmosphère familiale et amicale d’autrefois. Tout le monde se connaissait alors : vendeurs et clients, issus du quartier. Micheline arrive, elle, au début des années 50 : «J’allais chercher de la confiserie chez un grossiste à Bobigny. On vendait des bonbons, des chocolats, de la confiture. Cela partait comme des petits pains!» Entre les stands, beaucoup moins nombreux qu’aujourd’hui, «circulaient des gamins en patins à roulettes ». Elle se souvient aussi « d’un énorme pot-au-feu que faisait Mme Martini le dimanche soir au presbytère… et après on dansait».

Simone Gilles découvre, pour sa part, les JAM en 1976 : « Un jour, le curé demande à mon mari si je pouvais tenir le comptoir des livres. Celui-ci lui répond que j’étais malade, ce à quoi le curé rétorque : « Elle sera guérie ! ». Et je le fus en effet. ». « Je vendais tous les Tintin de chez Casterman. Cela marchait très bien. Je démarchais les éditeurs qui nous offraient des livres. » Puis elle passe à la couture : « Je confectionnais des vêtements pour les petits, cela se vendait mieux qu’aujourd’hui. Maintenant, les enfants et les hommes sont habillés comme des as de pique ! » Elle évoque avec nostalgie l’époque où les petites filles portaient de jolies robes. « J’ai quinze petits enfants et treize arrière, je vois bien que la vie a changé. J’essaie moi aussi d’évoluer ». Cette année, sur son stand, on pourra aussi acheter des sacs qu’elle a confectionnés au "goût du jour".

Pendant les JAM, vous retrouverez nos trois délicieuses vieilles dames, dans la travée droite de l’église : Renata aux torchons et serviettes, Micheline aux fripes et Simone aux vêtements pour enfants et… sacs. Un grand merci à toutes les trois du fond du cœur.

Sylvie H.

Images de la nef et du maître-autel avant Vatican II, ainsi que de la chapelle Sainte-Geneviève, avec ses ex-voto.

Souvenirs, souvenirs...


Deux fois par an ! Aux Journées d’Amitié de novembre succédaient alors les "soldes" des Petites Journées d’Amitié du printemps… Jean Bonanni, arrivé sur la paroisse avec son épouse en 1982, se retrouve bien vite mobilisé dans l’équipe d’organisation que le père Renard souhaite renforcer. Avec leurs 30 000 francs de l’époque, les comptoirs se serrent dans les salles paroissiales. Une paroisse aux faibles ressources à l’aube des années 80, qui est bien grise et triste se souvient Madame Brunau. Il est même question, devant cette désaffection des fidèles, de fermer l’église. Souvenir d’une veillée pascale où « il y avait plus de personnes autour de l’autel que dans l’assemblée ». Tout change avec une visite mémorable de Monseigneur Lustiger qui décidera d’installer ici une des maisons du séminaire de Paris. Avec ces jeunes séminaristes qui rejoignent Saint-Denys, les prêtres et les diacres qui se succèdent et impulsent ce renouveau avec les pères Chatillon, Ponsard, Callies et aujourd’hui Quinson, la paroisse est à l’unisson du souffle neuf qu’apporte Jean-Paul II.

Les Journées d’Amitié ne sont pas en reste. Souvenir des équipées en camionnette Peugeot dans les montagnes vosgiennes pour dénicher dans les magasins d’usines des jouets en bois, des textiles, des bonbons et jusqu’à des herbes séchées. Souvenir des expéditions chez les faïenciers de Salbris pour y acheter au poids la porcelaine qui fera le bonheur des Parisiens. Longtemps bibliothèques et appartements ont pris le chemin des Journées d’Amitié, avec quelques perles comme cette édition Hetzel d’un Jules Verne, ou ce Benjamin Rabier (un des premiers auteurs de BD dans les années 20 avec son héros Gédéon le canard) et des objets improbables comme cette dent de narval sculptée qui restera longtemps sur les tables de la brocante d’Antoinette et Claude Moulier. Souvenir de ces photos des tranchées de 14-18 sur plaques de verre qui feront le bonheur d’un historien de passage. Les Journées d’Amitié se concentrent sur novembre mais prennent de l’ampleur… et sont accueillies dans la travée droite de l’église. La générosité des donateurs est grande et fait voyager nos visiteurs, les cadeaux « professionnels » des visiteurs de la Cité des Arts ou encore d’un ambassadeur de France prennent généreusement le chemin des comptoirs de Saint-Denys ; parfums de luxe, cristallerie. Une des grandes difficultés auxquelles sont confrontés nos « vendeurs amateurs d’un week-end » est de «donner un prix» aux marchandises si diverses qui s’étalent sur leurs stands à l’aménagement soigné. Souvenir de ces brocanteurs qui se prirent d’amitié pour la paroisse et nous ont longtemps aidé à estimer livres et objets. Souvenir d’un brocanteur qui revient quelques semaines plus tard pour ajouter 400 francs à son prix d’acquisition d’un bel ouvrage de planches de cavalerie qu’il avait revendu dans d’excellentes conditions. Souvenir des nombreuses idées testées avec ou sans succès au fil des années pour vivifier les JAM : pêche à la ligne pour les enfants, traditionnelle tombola, idée d’une caisse centrale, gourmand mais coûteux foie gras, luxueuses pièces de tissus, installation des crêpes sous le porche de l’église…

Au cœur du succès toujours renouvelé des JAM : les visiteurs. Des paroissiens des origines nous sommes peu à peu passés, avec les affichettes des années 80, puis les invitations postées et, depuis quelques années, l’afflux des visiteurs conduits jusqu’ici par le site et la publicité sur Internet, à un nombre croissant de visiteurs plus habitués des brocantes que des messes dominicales. Mais c’est aussi cela la Mission, créer l’occasion de la rencontre.

Philippe Th.

Micro-parvis : j'aime les JAM !

Les JAM, c'est trop. On y trouve toutes les nourritures. Divines, bien sûr, l'Eucharistie. Terrestres aussi : celles du resto, pour humaines qu'elles soient, ne sont que succulence. Sans oublier les nourritures de l'esprit, avec tous ces bouquins que l'on peut glaner pour occuper les frileuses soirées hivernales. Ce serait d'ailleurs bien de pouvoir aménager un coin salon de thé ou chocolat, garni de profonds fauteuils club (même moelleusement défoncés... avis aux généreux donateurs) pour feuilleter ses littéraires achats. Et puis les verres, ça se casse si vite. Ici, je fais le plein de ces enivrants (enfin, avec modération) gobelets de verre ou de cristal. Et je renouvelle ma déco du salon. Bon, kitsch un zeste, mais groovy tout plein. Jamais sans mes JAM.

Quand je suis arrivé, quel étonnement de voir transformée la Maison du Seigneur ! Aujourd’hui, il y a certaines choses que je n’achète plus en magasin et dont je m’approvisionne aux JAM.

Les JAM ? Pour moi, c'est un rassemblement de la communauté qui se retrouve pour donner des moyens supplémentaires à l'église. Cela nous resserre. Le fait de travailler ensemble sur les stands et d'avoir de bons résultats financiers renforce notre amitié.


Les JAM ? J'ai essayé d'y participer en aidant sur un stand mais sans succès. "Je suis jeune, donc je ne sais pas faire", paraît-il. Ce n'est pas grave. Je continue à venir mais pour acheter seulement.

Grâce aux JAM, on arrive à se connaître. Des personnes reviennent chaque année me voir à mon comptoir. On échange ainsi des nouvelles. On parle de nos vies. Je n'ai qu'un regret, mon comptoir fait un peu vieillot.
Une paroissienne de 80 ans.

Les JAM, c’est très convivial. Ca permet de rencontrer des gens qu’on ne voit pas aux messes ; ça réunit plus largement.

C’est toujours « l’amitié ». On se sent bien tous ensemble. On est si bien accueilli dans cette paroisse !

Une ambiance sympathique ; toujours des choses à y trouver !











C’est sympa parce que tous les paroissiens se retrouvent. On y respire la bonté et la joie de donner.

Les JAM, c’est l’église hors-les-murs : elle devient un autre lieu, on y fait autre chose, et cela donne une autre occasion d’entrer dans une église.

Je m’achète plein de bouquins pas cher !

C’est un moment de communion entre paroissiens. Les JAM permettent de révéler des personnes qui d’habitude restent un peu dans l’ombre.

L’année passée, j’ai eu la chance de tomber sur un très bel objet vendu par Antoinette. Chaque fois, je fais une petite découverte, comme un Racine d’une édition de 1830. C’est un lieu que tout le monde peut s’approprier. Quel plaisir de voir l’église ouverte et le mal que l’on a à circuler entre les stands !

C’est un vrai beau lieu d’ouverture et de retrouvailles de notre communauté. Je suis impressionné par l’engagement de tous ces volontaires, ajoute notre vicaire...

Le vide-grenier des JAM est l’un des plus sympas dans le quartier. Une bonne occasion pour faire circuler des tas de choses devenues inutiles et qui vont dépanner d’autres personnes.

Ce qui m’a plu l’année dernière c’est le petit coin bar-restaurant installé sur place. L’occasion de rencontrer des gens du quartier qu’on ne connaît pas. C’est bien plus qu’un vide-grenier classique.

C’est la seule fois de l’année que je mets les pieds dans une église. En arrivant de bonne heure, il y a de super affaires à faire !


Parfum de JAM

J'aime cette image des abeilles, du « bourdonnement actif de la ruche pour que la paroisse ait sa ration de miel ». Car du travail, tous sont unanimes, il y en a ! Beaucoup de travail… «beaucoup de bavardage » aussi pour soutenir l’effort. Selon les stands, toute l’année ou durant quelques jours, il faut trier, ranger, laver, repasser, saisir les opportunités, étiqueter («les prix, quel casse-tête!»), mesurer, déplier, replier, assurer l’accueil, le ravitaillement, la plonge, commander, porter, transporter, tricoter, coudre, peindre, coller, couper, déguster, cuisiner et toujours «améliorer les résultats».

Car ce qui motive ces « ouvrières », c’est l’amour de la paroisse. C’est pour elle que se révèlent les talents (« en vingt ans, j’ai essayé d’évoluer avec les besoins… et j’ai vécu plusieurs expériences ! »), c’est pour elle que l’on se « donne », c’est pour elle que l’on compte, le soir, pièces et billets patiemment gagnés dans la journée, avec une jubilation pas toujours «très catholique»: «Je veux de l’oseille ! C’est une joie fantastique d’accumuler le fric. Comment arrivons-nous à faire des sommes pareilles ? Pour moi, c’est miraculeux!»

Mais l’argent ne doit pas tromper : le souci de réussir financièrement n’entame en rien, ou si peu!, la joie première de célébrer ensemble cette « sorte de fête de famille » que sont les Journées d’Amitié. « Pendant trois jours nous allons retrouver des visages connus, des paroissiens d’hier, des prêtres d’avant-hier, des amis de toujours et puis ceux de demain. » «Ah, ces Journées d'Amitié ! Que d’angoisse de les voir arriver de nouveau ; mais aussi que de plaisir à la perspective de passer trois jours avec des personnes que l’on retrouve à cette occasion, et d’autres, fidèles à notre stand, qui sont devenues au fil du temps de vraies amies.» «C’est une bonne occasion d’intégrer les catéchumènes : ainsi Gérard, toujours fidèle à notre stand depuis dix ans ; et Eric, récemment baptisé, qui vient en tant qu'expert» «Une grande richesse d’échange et de partage : je me souviens d’un paroissien, muté dans le Pacifique, venu se ravitailler en livres et cassettes pour soutenir sa prière loin de Paris et de ses coutumes... » Qu’en disent nos jeunes recrues ? «Les JAM sont, je pense, une très bonne chose pour la paroisse car elles permettent de rapprocher les paroissiens.» «Participer à la vie paroissiale m’a fait très plaisir et permis de rencontrer du monde autour d’un lieu convivial comme le stand de crêpes. C’est une expérience très intéressante. Nous avons beaucoup ri, beaucoup discuté… et loupé quelques crêpes!»

Le souci est constant enfin d’accueillir le visiteur, « le mieux possible », « avec le sourire ». «Mon message : c’est un témoignage d’amour, un lien de charité.»

Les JAM… M pour « mission » ?

Dominique T.

Dans les yeux de Baptiste

Baptiste a deux ans. Ce samedi soir il est aux JAM de Saint-Denys. Cette église est chère aux yeux de sa Maman: elle y a reçu adulte sa première communion et sa confirmation. Depuis, elle aime y revenir pour la nuit de Pâques. Et pour les JAM. Baptiste observe les grandes personnes. Elles parlent toutes à la fois. Leurs visages baignent dans une atmosphère multicolore. Il me distrait de mon stand et nous allons tous prendre le thé. Une grande personne reconnaît Baptiste et lui sourit: le père Quinson. En découvrant le stand de jouets, Baptiste devient une heureuse petite note de la symphonie qui se joue à cet instant. Un peu plus tard, confiant, il me prend par la main. " Où allons-nous, Baptiste ? " Il me fait sortir derrière le rideau rouge, dans l’église. Il s'arrête, écoute, hésite... Nous allons vers l'autel. Nous tournons... L’intimité grandit en direction de la chapelle dédiée à saint Denis. Il y fait nuit. Presque, car il y a la petite lumière rouge... « Baptiste, il y a Jésus. » Il regarde et essaie de saisir la présence indiquée. Puis il s'avance, s'accroupit et me fait m'accroupir. Il montre du petit doigt et chuchote : « Jésus... » Près de nous, le père Amasio prie, avant la messe du soir. Un bonheur nous saisit. Les parents de Baptiste se tiennent à distance, en souriant. Le temps s’est arrêté... « On y va, Baptiste ? » La décision enfin prise, un baiser spontané part de la petite bouche par la main vers le tabernacle: « Au revoir, Jésus »... Nous sortons de la chapelle retrouver les parents. Brusquement, Baptiste se retourne et m’entraîne... Quelque chose le pousse à revenir en arrière, au fond de la sombre chapelle où il fait bon... Encore une fois...
Katarina K.

Le resto des JAM


On connaissait La Bougie du sapeur, quotidien du 29 février, qui ne paraît donc que tous les quatre ans. Un collector, comme est assurément degustor le bistro de Françoise et Jacqueline, qui ne fait table ouverte que… deux jours par an, pendant les JAM. L’une, venue d’Inde via La Réunion, nous fait partager, revêtue d’un chatoyant sari, les secrets et saveurs d’une « cuisine familiale héritée des grand-mères ». L’autre, sa complice, a longtemps tenu, dans le quartier, un restaurant familial « aux couleurs du monde ». Et des couleurs, il y en a, dans les salles de la paroisse en apprêt de fête, où toute une brigade inter générations d’une vingtaine de volontaires sert une centaine de couverts au déjeuner. C’est que « pour que la fête soit réussie, il faut que chacun se sente accueilli » et que notre église soit à la hauteur des fraternelles agapes d’évangiles. Car après tout, il est tant question de repas, dans les évangiles, que l’on pourrait bien parler d’un apostolat de la fourchette. Ici donc, une déco chaude de murs tendus de saris flashy et de tables nappées de vifs coloris. Des couleurs qui sont aussi dans l’assiette. Celles des raïtas (crudités au yaourt), currys ou samoussas (friands à la viande) épicés de gingembre, coriandre, fenouil, cannelle et girofle… Ou encore, tagines, assiettes charcutières, salades et viandes froides… Et aussi tartes, quiches et pizzas pour les appétits plus impatients. Le tout « fait maison, de produits frais exclusivement». Pour 10 € le menu complet, verre de vin inclus, comment se priver de tels bienfaits ? Et puisque, glisse, malicieuse, Françoise, le père curé aime les innovations, cette année nombre de spécialités sont aux couleurs et saveurs de La Réunion, relevés donc de vanille, cardamome et autre anis étoilé, accompagnés de lentilles ou haricots rouges. Oui mais, comment accompagner ces mets succulents ? Non loin de là, Jean à la barbe fleurie saura vous conseiller, d’un sourire averti, le cru de choix qui comblera - et apaisera - vos papilles.

Jean-Louis B.B.

Le banquet final : l'ultime épreuve, toujours réussie, de Jacqueline et Françoise.

Les dédicaces des JAM

L'Art contemporain en question, par Aude de Kerros
Qui a caché l’art ? Un certain « Art contemporain » (qui s’abrège en AC) devenu l’art officiel d’une France médiatique et bureaucratique.

Aude de Kerros dresse un vaste panorama de tout ce que l’AC occulte à l’extérieur de lui-même : tel un trou noir, l’AC eut l’ambition de plonger dans l’invisibilité peintres, sculpteurs, graveurs… comme si l’heure des installations, des performances et du Design sonnait le glas des créateurs d’œuvres uniques et singulières où la main transfigure la matière pour incarner l‘idée dans l’accomplissement d’une forme. De là naît « l’aura » si caractéristique d’un art de la présence puisque « représentation » signifie rendre à nouveau présent. L’AC apparaît, au contraire, comme un art de l’absence.

Un des apports du livre est de déployer la toile de fond américaine pour comprendre comment nos intellectuels ont cautionné un «art» qu’ils croyaient révolutionnaire et qui s’avère en fait outrageusement mercantile. Face à une politique culturelle française qui, croyant rivaliser avec New York, joue systématiquement contre son camp, c’est, paradoxalement, l’Amérique qui sort grandie. Si en France, le soutien officiel à l’AC a délégitimé l’Art-art, outre-Atlantique l’AC est une expression parmi d’autres, qui assume la cause de la diversité culturelle dont New-York se veut la capitale : Paris a raté le coche, devenir le pôle complémentaire, celui qui consacre l’Art, au sens originel du mot.

Dans la vaste littérature sur l’AC, rares sont les ouvrages (comme celui-ci) écrits par un artiste et donnant le point de vue des exclus de l’art officiel. Si Aude de Kerros parle de l’Amérique, elle y est allée, si elle évoque les dissidents de cet art contemporain, c’est qu’elle les fréquente. Au milieu du scepticisme et du découragement, une poignée de résistants a essayé de tenir le pinceau ou le burin d’une main et la plume de l’autre.

A lire ce livre, on se convainc aisément que le travail formel, qui est le propre de l’artiste véritable, est un antidote à la pensée totalitaire, celle qu’ont développée les sociétés libérales à leur insu.

Christine Sourgins

Aude de Kerros, L’Art caché, éd. Eyrolles, 2007.

Aude de Kerros en compagnie du poète Frank Widro, auteur du recueil "Les Premiers jours d'un converti" (éd. Frank W., ), qui nous ont fait l'amitié de venir dédicacer leurs ouvrages.

-------------------------------------------------------------------

Madeleine Riffaud, héroïne de la Résistance et fidèle paroissienne de Saint-Denys, a également eu la générosité de venir nous présenter le DVD de Jorge Amat sur "Les Héros de la Résistance" et de dédicacer son livre "Les Linges de la nuit" (éd. Presses de la Renaissance, 2005).

La "Vie cachée" du séminariste

Chaque soir
un gamin passe
sous nos fenêtres.

Il va chercher de l’eau
dit-on
à la fontaine municipale
au bout de la rue.

Quand il revient je sais
qu’il a encore laissé ouvert
le robinet de la nuit.



Le ton est donné avec « Eté » qui ouvre le recueil de poésies de Paul Guillon intitulé La Vie cachée. La langue est toute simple, limpide et mystérieuse comme « l’eau du robinet de la nuit ». Mais quelle est-elle cette « vie cachée », que cet ancien séminariste de Saint-Denys, aujourd’hui en formation à Bruxelles, nous dévoile ? Elle est présence au monde, celle du poète qui se nourrit de ceux qu’il rencontre : dans la rue, les musées, les hôpitaux ou sa chambre. Avec l’envie de traquer « partout la Vie, en particulier là où elle se cache profondément : dans son contraire, le délaissement, l’ignominie, la mort », précise Jean-Pierre Lemaire dans sa préface. Et pourtant, c’est la lumière qui domine dans La vie cachée, sans doute parce qu’il s’agit aussi de celle du Christ, humble artisan de Nazareth, « avec ses mains criblés d’échardes, le regard jeté de temps à autre sur les blés qui lèvent ». C’est ainsi que les poèmes de Paul Guillon, « nous font redécouvrir l’Incarnation (…) en nous la montrant comme une aventure, un risque à courir pour le disciple et pour le maître avant lui », écrit encore Jean-Pierre Lemaire. Paul Guillon évoque avec une infinie délicatesse un monde fragile où il y a « peu du bonheur au malheur » : « l’étoile d’une cigarette mal éteinte, rien ».
Un jeune poète à découvrir.
Sylvie H.

Paul Guillon, La Vie cachée, Ad Solem.

Le séminaire, rentrée 2007

Ils sont sept, ils ont entre 23 et 37 ans. Tous portent le même amour à l’Église ; tous ont la même gratitude vis-à-vis du chemin qui les a conduits au séminaire et dans notre communauté paroissiale de Saint-Denys du Saint-Sacrement, «particulièrement familiale et chaleureuse» assurent plusieurs d’entre eux.

Parmi les trois nouveaux, il y a Pierre Nguyen, 23 ans, envoyé par l’évêque de son diocèse, au sud d’Hanoi, Vietnam, pour se former en France. Il a déjà passé un an au séminaire de Paray-le-Monial et un autre à étudier la philosophie. Pierre prévoit de retourner dans son pays après son ordination. «C’est grâce à mes parents et à ma grand-mère que s’est révélée ma vocation», dit-il avec reconnaissance.

Philippe Néouze, également 23 ans. Après une maîtrise en finances, ce Parisien passe une année à la Maison Saint-Augustin « pour fonder sa vie spirituelle ». Quinze ans de scoutisme enracinent son goût pour l’engagement et le service. «J’avais charge d’âme. Il fallait donner le meilleur à ces petits frères qui m’étaient confiés, pour les faire grandir spirituellement.» A Saint-Denys, Philippe exerce ses talents d’éducateur auprès des 18-23 ans qui se préparent à partir aux JMJ en Australie. «A l’autre bout de la vie», il «porte le même Christ» aux personnes âgées de la maison de retraite voisine. Et trouve encore un peu de temps pour se remettre au violon.

Frédéric François est l’aîné des « nouveaux » (33 ans). Il y a onze ans, une conversion forte oriente sa vie vers un désir de s’engager dans la mission. C’est à travers des initiatives à la fois artistiques et humanitaires, entre la France et le Gabon, que ce banlieusard trouve sa voie. Devenu architecte, il contribue en 1998 à la fondation de l’Institut Edith-Stein, d’inspiration carmélitaine. (www.edithstein.fr)

A 23 ans, Robert Sabak est le benjamin des « anciens ». Né d’une famille chaldéenne du sud de la Turquie (aujourd’hui installée en région parisienne), Robert est sensible à l’unité fraternelle qu’il perçoit à Saint-Denys. «La communauté paroissiale, je la reçois comme j’ai reçu ma famille d’origine, dans un sentiment de communion qui n’a pas à voir avec les lieux géographiques». Il étudie la Bible en hébreu, araméen et syriaque, et s’occupe de l’éveil à la foi à l’école Sainte-Geneviève.

Jérémy Rigaux, 26 ans, est également en deuxième année. Ingénieur en économie statistique, ce fils unique a le sentiment d’avoir reçu à Saint-Denys, «un accueil très personnel et de faire partie de la famille». «Porté par la communauté», il a le souci de «transmettre à son tour la qualité particulière de l’élan missionnaire qui se vit ici».

Après six ans passés chez Peugeot-Citroën comme ingénieur, une expérience qui le nourrit aujourd'hui, Arnaud Mongin, 33 ans, est heureux de reprendre une nouvelle année à Saint-Denys. Arnaud a le "désir de partager une vraie charité avec les paroissiens". Il trouve «très beau de se rencontrer autour d’un repas» et se dit «ouvert à toute invitation fraternelle, dans la simplicité»!


Cyrille Novi, l’aîné du clan (37 ans). A douze ans, alors qu’il visitait la Trappe de Soligny, il perçut la grâce «à travers un visage, dans le silence…» En 2000, Jean-Paul II «agenouillé à Jérusalem devant le Mur des Lamentations» finit de réconcilier ce responsable informatique avec l’Église. Baptisé à 33 ans, Cyrille approche les personnes polyhandicapées dans un foyer de l’Arche. Aujourd’hui, il fait le KT pour les CE2.
Cécile L.V.


Les séminaristes attelés aux "basses" œuvres dans la cave de la salle Saint-Tarcisius, à l'issue des JAM. Ce n'était pas prévu au cursus ! Mais puisque le curé et le vicaire donnent l'exemple...

Portrait du père Aduel Joachin

Pas d’exubérance caribéenne, selon l’image que l’on s’en fait, chez notre nouveau prêtre étudiant. Le sourire plutôt timide et l’approche réservée - mais certes pas renfermée – il nous arrive des chaudes mers d’Haïti, tout près du légendaire repère corsaire de la Tortue. S’il a grandi protestant évangélique - ses parents n’étaient guère pratiquants, mais un de ses grands-pères était prédicateur -, il découvre la foi catholique en entrant en 6ème dans le collège de la Congrégation Sainte-Croix, à la «spiritualité ancrée dans la confiance en la providence, d’abandon radical à Dieu», traduite en une devise : «Crux, spes unica» (la Croix, notre unique espérance). Bien vite baptisé catholique, il entre après son bac en postulat dans la congrégation. Suivent deux ans de philo à Port-au-Prince, puis quatre de théologie, avant des vœux perpétuels en 2002 et une ordination presbytérale quelques mois après. C’est à Paris qu’il poursuit, depuis 2005, sa formation en théologie morale - il vient d’obtenir sa maîtrise, il est aussi assistant documentaliste à la Catho - avant de rejoindre Saint-Denys, le temps de faire aboutir une thèse sur «la souffrance et la vieillesse». Si son souhait le plus vif est de «repartir ensuite rapidement en Haïti», c’est bien sûr parce que, dit-il, «c’est seulement chez moi que je suis heureux. Ici, je suis un étranger, sans amis ni frères et sœurs» (il en a quatorze…). Mais aussi parce qu’il y a « tant à faire en Haïti. Je suis très attaché à tous ces pauvres, isolés, de mon île, qui ne peuvent compter que sur des laïcs. Que je voudrais former, pour la catéchèse, les préparations au mariage… » Une surprise, en découvrant Saint-Denys ? "Je m’y attendais, mais c’est vrai que chez nous il y a une tout autre vie à la messe, de chants et d’expression de joie".

Nul doute qu’il saura aussi nous transmettre tout à la fois la profondeur de sa spiritualité et l’expression confiante d’une foi, plantée tout là-bas dans l’incompréhension jamais résignée des plus extrêmes pauvretés.

Jean-Louis B. B.



Site des oeuvres pontificales missionnaires en Haïti : mission.cef.fr/article541.html

Dessin d'Emmanuel Gervais Ducasse




 

Le référenceur des meilleurs sites catholiques francophones
Blogues_Catholiques
Rejoindre la chaîne | Liste | Précédent | Suivant | Hasard | Paroisse francophone St-Blogue
Joindre | Liste | Précédent | Suivant | Au hasard