Le Petit Cephalophore

dimanche, février 18, 2007

Février 2007. L'Editorial du Père Quinson

La Foi des jours ouvrables
Les 35 heures n’y ont pas changé grand-chose : le travail reste une part importante de nos existences. A gauche comme à droite, les candidats à l’élection présidentielle ne s’y sont pas trompés qui cherchent à lui redonner du prix. Nous passons beaucoup de temps à travailler, que notre activité soit rémunérée ou non. Nous y passons nos journées, nos semaines, nos années, nos vies. Le travail nous enthousiasme ou nous fatigue, nous use ou nous stimule, il est subi ou ardemment désiré, il est alimentaire ou correspond à une passion, il est manuel ou intellectuel, besogneux ou joyeux... Si nous avions une idée de tout le travail accompli par l’ensemble des paroissiens en une année nous serions sans doute surpris par la quantité et la variété des tâches effectuées. Mais nous en parlons finalement peu. Le travail est pourtant une activité importante non seulement par le temps qui lui est consacré mais aussi parce que le travail nous caractérise en tant qu’être humain (à proprement parler les animaux ne travaillent pas) et en tant que créature créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.
C’est ce que développe Jean-Paul II dans l’encyclique Laborem exercens publiée en 1981 : «Lorsque l’homme, fait «à l'image de Dieu», entend ces mots : «Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la», même si ces paroles ne se réfèrent pas directement et explicitement au travail, elles y font sans aucun doute allusion indirectement comme une activité à exercer dans le monde. Bien plus, elles en démontrent l'essence la plus profonde. L'homme est à l'image de Dieu notamment par le mandat qu'il a reçu de son Créateur de soumettre, de dominer la terre. En accomplissant ce mandat, l'homme, tout être humain, reflète l'action même du Créateur de l'univers.» Nous voilà donc à l’image et à la ressemblance de Dieu jusque dans le travail !
Mais Dieu travaille-t-il ? De la Genèse à l’Evangile, la Bible nous le laisse entendre... "Dieu conclut au septième jour l’ouvrage qu’il avait fait et au septième jour il chôma, après tout l’ouvrage qu’il avait fait". (Genèse, 2, 2). "Jésus leur répondit : «Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’œuvre moi aussi»". (Jean, 5, 17) Dieu travaille. Nous aussi. Nous lui ressemblons.
Une question s’impose : y aurait-il une façon spirituelle de vivre son travail ? Quelle place la foi peut-elle avoir dans une activité professionnelle ? Comment témoigner de la foi aux heures ouvrables ? Nous avons voulu donner la parole à quatre personnes sur ce sujet. Que leurs témoignages puissent nous stimuler tous et nous aider à prendre conscience davantage, sans naïveté et sans idéologie, que le travail n’est une activité anodine ni pour la personne humaine, ni pour la société, ni pour le projet de Dieu sur l’humanité. Bon labeur de carême.
Père Paul Quinson

Foi et raison

Après avoir longtemps « baroudé » autant pour son plaisir que pour France-Culture, Anne-Marie s’est fixée voilà vingt-cinq ans à l’université, son doctorat en poche. Elle enseigne l’anglais à Paris aux étudiants en médecine, sociologie, sciences sociales et communication. L’endroit n’est guère agréable. La saleté le dispute à l’amiante dans des locaux exigus : un « milieu concentrationnaire » peu propice à l’épanouissement des jeunes esprits et au bien-être de leurs professeurs. Quant à Dieu, il n’est pas toujours le bienvenu dans un monde universitaire qui peut lui être hostile et véhiculer sur l’Église des a priori indignes d’une pensée scientifique. Il est si difficile de se dire chrétienne dans ces conditions, qu’Anne-Marie a d’abord tu sa foi, par discrétion, par prudence, sans doute aussi par manque d’assurance. Mais le temps permet de « grandir dans sa foi », de mûrir spirituellement et intellectuellement, car il n’est pas de « foi » sans « raison » pour cette enseignante dont la vocation a toujours été de « communiquer un savoir ». Certes, elle a reçu enfant une éducation religieuse, solidement étayée par les Sœurs du pensionnat. Adulte, elle a aussi vécu avec bonheur l’enseignement de pères dominicains qui lui ont transmis la soif du Verbe. Mais c’est dans ces quinze ans de vie paroissiale à Saint-Denys qu’Anne-Marie a puisé l’assurance qui lui manquait encore : « Le fait de se reposer sur une communauté solide (et non un communautarisme) m’a renforcée. Cela me permet d’être, à l’extérieur, qui je suis vraiment ». Aujourd’hui, ni ses collègues ni ses étudiants n’ignorent plus qu’elle est chrétienne. Aux uns, elle tient le langage vrai qui permet d’argumenter dans des débats où elle rencontre souvent une oreille attentive ; aux autres, elle donne beaucoup de son temps, plus qu’elle n’en doit. Un double témoignage, en parole et en acte, rendu en partie possible grâce à la confiance et à la reconnaissance mutuelles vécues en paroisse : armée pour la Mission !
D.T (Illustration: Raphael, Ecole d'Athènes.)

L'Art... de garder le cap !

« Mon rôle est de garder le cap dans un univers mouvant, parfois agité ! » plaisante Marie-Noëlle Saint. Depuis six ans, cette habitante du XVème se trouve plongée au cœur du monde artistique du Marais, pour raisons professionnelles. Il en faudrait davantage pour perturber cette femme solide et chaleureuse. Ancienne attachée de presse, à quelques années de la retraite, elle assiste le jeune directeur de la galerie. « Il me faut écouter, rassurer les artistes. Ce sont souvent des personnes de tempérament inquiet, peu sûres d’elles-mêmes, et sans trop de sens pratique ! Ils arrivent souvent angoissés à la galerie. Je dois les aider à reprendre pied avant d’aborder avec eux les questions pratiques. »
Cette attitude d’écoute de Marie-Noëlle amène parfois des confidences douloureuses. « Il m’arrive de recommander à une personne de ne pas rester seule avec sa souffrance et d’aller rencontrer un prêtre. Ou je donne l’adresse d’une église... Il est important que chacun reparte avec un peu d’espérance...» Marie-Noëlle vit sa foi chrétienne sans complexe. « Quand j’ai été engagée, j’ai demandé à mon patron d’avoir un mercredi sur deux, pour continuer la catéchèse dans ma paroisse. Cela n’a pas posé de problème. En revanche, il m’a demandé de prendre un pseudonyme plus neutre pour la galerie ! » « Ce travail n’est pas de tout repos, confie Marie-Noëlle. Le rythme est très soutenu avec des expositions qui changent toutes les deux semaines. Nous n’avons pas le temps de nous poser. Quand les tensions deviennent trop fortes, je m’appuie sur la Croix (elle fait le geste de s’appuyer sur le dossier de son fauteuil) et je dis au Seigneur : ‘Soutiens-moi !’ Je m’appuie aussi sur mon groupe de prière, à qui je confie parfois des intentions particulières pour des personnes rencontrées à la galerie. » Marie-Noëlle sort de son sac son Magnificat. «Regardez ce texte*, je le trouve bien adapté à notre rencontre : "Soyez le Christ l’un pour l’autre... Portez sur l’autre et sur le monde qui nous entoure un regard positif, comme le regard même de Dieu... En n’oubliant jamais que Dieu est désarmant de miséricorde. Saurons-nous l’être comme lui ?"»
* Méditation de Roger Bichelbelger pour le 22 janvier Propos recueillis par Cécile L-V.

Croyant et commerçant

Laurette et Guillaume B. sont Aveyronnais, originaires de deux lieux séparés par une vingtaine de kilomètres. «C’est lors d’un pèlerinage à Lisieux que nous nous sommes connus», se souvient Guillaume. Le jeune couple arrive à Paris en 1960. L’opportunité de reprendre une quincaillerie-droguerie les amène rue Amelot et dans notre paroisse. Ayant grandi dans l’Aveyron qui dans le premier tiers du XXe siècle avait été «une pépinière de prêtres», dont les quatre cousins germains de son père, Guillaume pose un regard de foi juste et délicat sur l’Eglise dans son contexte politique et social en France. Le couple reste attaché à la paroisse, ils suivent son actualité, ils conservent sa mémoire. «Nos clients viennent surtout des IIIe et XIe arrondissements», remarque Guillaume, «c’est une population cosmopolite, aussi, il nous est impossible d’afficher notre foi...» Le quotidien La Croix, auquel les époux sont abonnés depuis une trentaine d’années, est lu en dehors de l’espace commercial de la boutique. Et pourtant, les habitués les savent chrétiens… «Nous essayons de vivre notre foi au contact de dizaines et parfois jusqu’à 150 clients par jour», poursuit Guillaume. La compétence, conjuguée à la courtoisie, l’écoute et la discrétion, leur attirent le respect, la confiance et même l’amitié des clients, chrétiens, juifs ou autres. Edgar Morin, proche voisin du quartier, a invité Laurette et Guillaume à sa remise de décoration de la Légion d’Honneur…
La « Quincaillerie Guillaume » vient de rouvrir après 6 mois de fermeture, due à un souci de santé du patron, mais le couple commence à songer à la retraite… Si le temps ne pressait pas, on aurait envie de s’attarder, en cherchant un objet rare parmi des centaines de produits, d’outils et d’électroménager sagement disposés sur d’innombrables étagères… Et comme il faut quand même partir, voici que je me vois offrir, avec une gentillesse débordante, une savonnette à l’églantine…
Propos recueillis par Katarina K.

Missionnaire en affaires

Olivier, 44 ans, directeur juridique et immobilier d’une société d’ingénierie du BTP, et entrepreneur en immobilier.
«Même dans ma vie professionnelle, je revendique le prosélytisme. Tant mes patrons que mes collaborateurs savent que je suis catholique. Pour moi, être chrétien au travail, c’est s’efforcer d’être au mieux un exemple, donner une image de soi en harmonie avec ses convictions. Lorsqu’on revendique être chrétien, on se donne encore moins le droit à l’erreur, ou d’être pris en défaut. C’est dire que professionnellement, tout n’est pas permis. Dans mes fonctions je suis amené à engager et mener des négociations. Mais quoi qu’il arrive je m’efforce à ce que le deal soit toujours équilibré. C’est ainsi que, pour moi, s’incarnent mes convictions de foi, et de morale. C’est ce même message de sincérité et d’attention à l’autre que je fais passer à mes collaborateurs, lorsqu’on monte, par exemple, une opération immobilière. Si, dans mon travail, je n’ai jamais eu de choix délicat à faire… c’est qu’il n’y a jamais de choix délicat : on ne transige pas avec certaines valeurs, tout simplement. Sans doute aussi parce que je suis plutôt entier, tant avec ma famille et mes quatre enfants, qu’au bureau. Il en va de même dans mon activité d’entrepreneur immobilier, où j’achète pour valoriser, louer, ou revendre. Je prends garde à toujours négocier en franchise. Reste que je n’aime pas, mais pas du tout, que l’on vienne me marcher sur les pieds. Mais cela relève sûrement de la, tout aussi chrétienne, correction fraternelle. C’est enfin vrai qu’au bureau, mais également dans les réunions et soirées professionnelles, je suis d’un naturel plutôt convivial et rieur. Nombre de mes collaborateurs en ont souvent été très surpris, s’attendant sans doute à ce qu’un chrétien affirmé vive la tête sous la cendre et l’air compassé. Mais notre religion catholique n’est surtout pas triste, elle est totalement joyeuse, non ?»
Propos recueillis par Jean-Louis B. B.

Les Echos du Conseil Pastoral Paroissial

Le premier conseil pastoral 2007 de notre paroisse s’est tenu le 17 janvier dernier. Cela nous a permis d’accueillir notre nouveau vicaire général, Mgr Patrick Chauvet qui succède à Mgr d’Ornellas nommé évêque coadjuteur de Rennes. Ce conseil a été l’occasion de lui faire part de l’état d’avancement de la réflexion qu’ a entreprise notre paroisse sur la Mission, suite à la lettre de notre archevêque sur ce sujet en 2005. Il lui a donc été présenté un compte rendu des différentes visites effectuées par les membres du conseil pastoral au sein des différents groupes existants à Saint-Denys, suite aux réponses collectées à l’aide du questionnaire remis aux paroissiens les 23 et 24 septembre 2006 et à la journée du doyenné du 1er Octobre 2006. Le père Chauvet s’est inscrit dans le droit fil de la précédente visite de Mgr d’Ornellas, et après avoir rappelé le sens qu’il entendait donner à cette visite (meilleure connaissance de la paroisse en général, des ses activités, de son environnement, de son développement, soutien aux orientations prises par la paroisse, conseils) il nous a informés qu’il s’attacherait à passer une semaine au sein de notre paroisse. A cette occasion il rencontrera quelques-uns de ces groupes mais souhaite aussi être à la disposition de l’ensemble des paroissiens qui souhaiteraient le rencontrer, les modalités de ces temps de rencontres restant à définir. Cette visite pastorale sera étalée sur plusieurs mois sur l’année 2007/2008.
Jean-Marie W., membre du CPP

Les Echos du Conseil économique

Quelques mots sur les principales ressources financières de la paroisse, dans l’attente des résultats définitifs de 2006 qui ne seront connus qu’en mars*.

362 foyers ont apporté l’an dernier leur contribution au Denier de l’église. Le nombre de donateurs est globalement stable depuis trois ans (364 en 2005 mais il n’était que de 215 il y a 10 ans.) Quant au montant total des dons, il a atteint en 2006 la somme de 121 211 euros (contre 99 391 euros pour 2005). Enfin, et c’est ô combien important, même si notre objectif des 100 n’est pas encore atteint, 64 foyers (contre 44 l’année précédente) ont choisi le moyen du prélèvement automatique, essentiel pour assurer un financement régulier (alors que les ressources de la paroisse sont très variables selon les mois : de 2 600 à 24 000 euros !). Quant à nos Journées d’Amitié, deuxième ressource de la paroisse, elles ont cette année encore grâce à la mobilisation de nombreux volontaires et à l’afflux de visiteurs (dont 83% sont extérieurs à la paroisse ! ), fortement contribué à notre équilibre budgétaire avec un résultat net de 40 720 euros (+3, 3% par rapport aux JAM 2005).

Grâce à tant de générosité, et malgré la baisse importante des dons du casuel (baptêmes, mariages…) nous avons pu en 2006 maintenir un équilibre fragile et financer les charges de la paroisse, tout en poursuivant les actions au service de la mission. Or, pour 2007, les projets abondent (une grande action missionnaire au printemps, la réfection nécessaire de certaines salles…) : poursuivons donc notre effort !

Ph.Th.

* Ils seront alors publiés sur ce blog.

Groupe biblique

Il est dix heures du soir rue Saint-Claude et dans la nuit glacée, des paroissiens sont encore là, sur un bout de trottoir, à échanger quelques mots. Claude, Viviane, Zette et les autres ont bien du mal à se quitter. Car ce qui caractérise le groupe biblique de Saint-Denys, c’est en premier lieu l’amitié. Alors on y vient pour la Parole de Dieu, certes, mais aussi pour ces moments partagés qui font oublier la lassitude d’une journée. Autre point commun à tous : un goût très vif pour les Ecritures, et ce, depuis le passage à Saint-Denys… d’un certain père Michel Guéguen. C’est lui qui a su allumer ce feu en commentant la Bible pour les paroissiens, lors de voyages en Terre Sainte. Un feu nourri ensuite par deux années de cours, suivis par une vingtaine d’entre nous à l’Ecole cathédrale. Restait à imaginer une suite possible à cet enseignement remarquable. Ce fut la mise en place d’un groupe se réunissant deux fois par mois pour étudier les lectures d’un dimanche (une réunion entre paroissiens avec une grille de questions remise par le père Guéguen, suivie d’une réunion animée par lui pour reprendre les points les plus difficiles). Trois ans et demi plus tard, le groupe fonctionne toujours, malgré le départ de son inspirateur, aujourd’hui supérieur du séminaire de Paris.
Au père Guéguen ont succédé le père Dufour, puis le père Ségui depuis la rentrée. Les paroissiens sont, eux, restés fidèles. Ils sont une vingtaine à préparer ces rencontres. La mise en commun des idées, lors de la première réunion, est toujours d’une grande richesse. Quelles que soient les "trouvailles" faites sur les textes et que l’on est heureux de partager, ce qui domine, c’est la surprise devant ce que… les autres ont trouvé. Et l’on s’émerveille de cette Parole adressée personnellement à chacun. A l'issue de ces réunions, où chacun s'exprime comme il le souhaite, en respectant temps de parole et les idées des autres, une synthèse est rédigée et envoyée à tous par mail (ou déposée à l'accueil pour ceux qui n'utilisent pas Internet). Elle sert de point de départ au père Ségui qui peut ainsi préparer sa "reprise" en partant du travail déjà effectué. Une reprise qui fait l’objet d’un deuxième compte rendu. Le sérieux est donc une autre caractéristique de ce groupe. Et les questions sont parfois arides car il faut étudier le temps des verbes, le vocabulaire, élucider les références historiques. Pas de place pour le "spirito-gazeux", comme aurait dit le père Guéguen ! Alors on regarde le texte de près, la structure, l’organisation de la péricope et l’on se penche même sur la version grecque, grâce à France, quand on a des doutes sur la traduction. Mais attention, le groupe n’est pas composé d’érudits ! Chacun peut entrer dans la Parole de Dieu avec ce qu’il est : sa sensibilité, son expérience de la vie, ses connaissances. Et chaque personne nouvelle apporte un éclairage nouveau, pour le bonheur de tous.
Alors si le cœur vous en dit… parlez-en au père Ségui !
Sylvie H.

La Paroisse immobile : communier en maison de retraite

Jacqueline et Danièle sont de ces paroissiennes que l’on ne voit pas et qui pourtant sont en communion avec nous chaque dimanche. Jacqueline, du haut de ses 91 ans, et Danièle, handicapée depuis sa naissance, ne se déplacent pas facilement et ne peuvent assister à la messe à Saint-Denys : c’est donc le Christ qui vient à elles, Hostie consacrée qui leur est portée par quelques femmes de la paroisse le dimanche matin, dans la chambre qu’elles occupent à la maison de retraite -EHPAD (1)- de la rue du Chemin-Vert.
Jacqueline nous dit sa «joie» de recevoir ainsi régulièrement la communion. Elle qui a toujours œuvré activement dans l’Eglise (ancienne Bernadette de Paris(2), elle a longtemps enseigné le catéchisme), sa foi l’aide à vivre sa retraite. Elle assiste, avec une trentaine de résidents, à la messe qui est dite une fois par mois par un prêtre de Saint-Denys dans une salle commune de l’établissement. Mais sa paroisse de Saint-Honoré-d’Eylau lui manque. C’est là qu’elle a grandi, a fait sa première communion, s’est mariée, a fait baptiser ses enfants. La vie paroissiale lui manque aussi, mais elle sait bien qu’elle ne supporte plus guère aujourd’hui trop de bruit et d’animation autour d’elle. Jacqueline ne demande rien, elle reçoit avec bonheur. Pour Danièle, communier chaque semaine est une «nécessité». Encore toute jeune (72 ans !), elle est pleine d’entrain malgré son fauteuil roulant. Elle aussi a eu une vie spirituelle active : ancienne catéchiste et Guide handicapée, elle est membre de la Fraternité catholique des malades et handicapées et part pour Lourdes (où elle vient depuis ses quinze ans) dès que cela lui est possible grâce à l’Association des Brancardiers et Infirmières d’Ile-de-France. Alors, aller une fois ou deux à la messe à Saint-Denys, partager un repas avec les paroissiens ou participer à une manifestation paroissiale, elle est partante ! Il suffit pour l’y emmener de pousser son fauteuil un jour de beau temps... Aujourd’hui, nous sommes six pour porter la communion à Jacqueline, Danièle et quatre de leurs voisines de chambres. Notre petit groupe, récemment constitué, a rencontré mi-janvier, en présence du Père Quinson, le directeur, la responsable de l’équipe médicale et Cécile, l’animatrice de l’EHPAD. Cette rencontre a permis aux uns et aux autres de mieux se connaître, signe manifeste du bon accueil qui nous est fait à l’EHPAD. Cet établissement laïc, soucieux de lutter contre un «bénévolat sauvage», cherche à instaurer un bénévolat organisé et responsable, dans le respect de la volonté et de la liberté de chacun. Cela suppose la liberté de conscience et de culte des résidents. Cécile nous dit combien la messe mensuelle est «attendue» ici, même par ceux qui ne sont pas «particulièrement croyants». Pour les responsables de cette maison ouverte en 2004, qui accueille 89 personnes dont 16 sont atteintes de la maladie d’Alzheimer, ce bénévolat d’ordre spirituel est une nouveauté. Qu’importe ! «Ici, c’est la vie qui prime». C’est pourquoi l’équipe propose spontanément de nous faciliter la tâche. Notre demande de mieux faire connaître auprès des résidents cette offre eucharistique est entendue avec bienveillance, comme celle de rencontrer les personnes désireuses de recevoir des visites, ne serait-ce que pour parler de la pluie et du beau temps. Ces paroissiens immobiles, invisibles et silencieux nous attendraient-ils ?
D.T.
1) Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes.
2) Les Bernadettes de Paris était avant-guerre un groupe de jeunes filles dont l'une des missions était de vénérer les saints patrons des paroisses parisiennes. En 1938 et 1939, les Bernadettes de France ont fait deux pélerinages à Rome, puis à Lourdes.

Entretien avec Edgar Morin

Le doit-il à ses origines latines (italiennes, espagnoles et portugaises) ? Toujours est-il que la notoriété du philosophe et essayiste Edgar Morin est plus vive en Amérique latine, où son œuvre est beaucoup lue et appréciée, qu'en Europe. Ainsi s'est fondée sur ses principes l'Università du Monde réel - Edgar-Morin à Hermosillo, capitale de l'état de Somora au Mexique, où il a sa statue ! C'est néanmoins avec beaucoup de simplicité et de gentillesse, qu'accompagné de son épouse, Edgar Morin, directeur de recherches émérite au CNRS et docteur Honoris causa d'une douzaine d'universités dans le monde, a répondu à notre invitation. Sous la caméra du cinéaste mexicain Angel Pardo, qui réalise un film sur sa vie pour l'Amérique latine (qui sera diffusé sur Arte), l'écrivain a dédicacé -sur un sujet brûlant qui ne peut qu'intéresser chacun d'entre nous- son ouvrage Le Monde moderne et la question juive (1) lors de nos Journées d'amitié. En voisin !
Le Petit Céphalophore : Le sujet de ce livre, c'est la tolérance ? Edgar Morin : C'est l'ouverture d'abord. L'ouverture conduit à la tolérance.
L.P.C. : Malgré vos analyses, pertinentes donc douloureuses, de l'histoire et de l'actualité, gardez-vous une part d'espoir ? E.M. : Dans ma vie, j'ai vu beaucoup de situations apparemment désespérées. Quand l'Allemagne nazie a envahi l'Europe, il n'y avait plus aucune raison d'espérer... Rien de plus improbable que d'envisager la moindre issue. Et pourtant le nazisme a été anéanti. Actuellement, les probabilités d'avenir sont très sombres. Mais j'ai toujours l'espoir dans l'improbable. Si l’on a conscience des maux terrifiants qui peuvent arriver avec les nouvelles armes de destruction massive d'une part, et tout ce qui attaque la biosphère d'autre part, il y a peu de raisons d'espérer... Mais c'est la prise de conscience de ces maux, notamment de la part du Moyen-Orient, qui peut provoquer le sursaut vers une solution. A travers toutes les différences, de culture, de religion, il faut prendre conscience de ce qui est commun à tous : l'humanité. Seuls ceux qui s'attachent à reconnaître et faire valoir l'humain en chaque être pourront apporter la paix, et non la guerre.
L.P.C. : Le pape Jean-Paul II puis le président Chirac, chacun à leur manière, ont exprimé leur repentance vis-à-vis de la Shoah. Un pas de géant ou un pas de souris en matière de réconciliation ? E.M. : Il est très important de reconnaître le mal. Tel qu'il a été. Le pape Jean-Paul II a levé l'hypothèque de deux millénaires d'antijudaïsme en Europe, au cours desquels les Juifs ont été considérés comme déicides. La démarche de Jacques Chirac, plus circonstanciée, est liée à Vichy et à la collaboration. Il faut admettre que Vichy n'a existé qu'à cause de la défaite. Mais reconnaître aussi le rôle très nocif joué par l'Administration française. Cela dit, des personnes qui sont nées après tous ces crimes ne peuvent être considérées comme responsables. Elles ne doivent pas se repentir de crimes qu'elles n'ont pas commis, mais en prendre conscience pour éviter de reproduire les mêmes demain. Il y a encore trop de préjugés. Notre culture n'a pas apporté que des lumières, mais aussi beaucoup d'oppression (2). L.P.C. : Le dialogue inter-religieux peut-il être un vecteur en faveur de la paix ? E.M. : Pour l'envisager, il faudrait faire un test : le test de l’entente des trois grandes religions monothéistes sur le sort d'une ville qui leur est aussi chère à chacune ! Il y a encore un énorme chemin à parcourir...
Propos recueillis par Marie-Christine D.
1. Le Seuil, Paris, 2006. 2. Lire à ce sujet du même auteur Culture et barbarie européennes, Bayard, Paris, 2005.

Rubrique littéraire : La vie de Marthe Robin

Comment et pourquoi une petite paysanne de la Drôme totalement invalide, souffrante et grabataire a-t-elle pu jouer un rôle décisif dans les orientations spirituelles de milliers de personnes (dont des évêques) et donner naissance à des dizaines de Foyers de charité, de Taipeh à Bogota ? C’est ce que nous explique le père Peyrous, postulateur de la cause de béatification de Marthe Robin, de manière très claire, approfondie et objective sans jamais se laisse emporter par son admiration pour Marthe.
Dans un récit chronologique, il mène en parallèle la vie de Marthe et l’évolution de sa spiritualité, la naissance et le développement des Foyers de Charité ; à partir d’exemples concrets, il montre l’influence de Marthe durant sa vie sur ses amis et visiteurs ainsi que sur l’Eglise. Au-delà des phénomènes « surnaturels » du comportement du corps physique de Marthe, l’auteur évoque surtout l’extrême simplicité et rayonnement de ses contacts avec la centaine de milliers de visiteurs qu’elle reçut durant sa vie et souligne la profondeur de sa pensée spirituelle et la fécondité présente et à venir de son œuvre.
Ce livre est certainement le document le plus complet écrit à ce jour sur la vie de Marthe Robin et les fruits qui en sont issus. Très approfondi tant sur le plan des faits que de la spiritualité, il décrit en détail l’évolution de Marthe : dégradation physique de plus en plus intense et souffrances constantes, maturation spirituelle parallèle, union de plus en plus étroite avec le Christ allant jusqu’à vivre dans sa chair une Passion hebdomadaire depuis le jeudi soir, entrée en agonie, puis le vendredi avec un sommet de souffrance à 15H, enfin un retour progressif à la «normale» qui, à la fin de sa vie, se prolongeait jusqu’au lundi et s’accompagnait souvent d’extases mariales. C’est pendant ces Passions que Marthe, unie au Christ souffrant, priait intensément pour l’œuvre des Foyers de charité, pour des intentions particulières et, plus généralement, pour le monde. L’auteur évoque bien sûr l’inédie de Marthe, c'est-à-dire l’absence de toute alimentation solide ou liquide, hors l’Eucharistie quotidienne et ce depuis 1930 jusqu’à sa mort en 1981, tout en soulignant que cet «arbre» surnaturel et mystérieux ne doit pas occulter la « forêt » de sa vie spirituelle et l’exceptionnelle richesse de ses entretiens avec ses visiteurs.
Il présente aussi tout l’entourage de Marthe : ses premiers prêtres accompagnateurs rapidement dépassés voire effrayés par ce que vivait Marthe ; le Père Finet, son accompagnateur jusqu’à la fin de sa vie, à la fois Père spirituel et serviteur, « courroie de transmission » pour agir, fonder les Foyers de Charité et les faire vivre ; les personnes qui participèrent aux débuts modestes de l’école de Châteauneuf puis du premier foyer et celles qui furent par la suite des acteurs actifs ; ses milliers de visiteurs dont certains devinrent des amis fidèles, comme Jean Guitton (quelques exemples sont aussi donnés de grandes personnalités religieuses ou laïques dont la rencontre avec Marthe marquera durablement les choix ultérieurs). Un chapitre enfin est consacré à l’expansion importante de l’œuvre des Foyers, du vivant même de Marthe, sans cacher les difficultés de toutes natures qui furent rencontrées, y compris au sein de l’Eglise. Au-delà de la France, on assiste aussi aux premières fondations en Europe (Belgique), en Amérique (Colombie), en Afrique (Togo), en Asie (Vietnam). Il existe aujourd’hui 75 foyers dans le monde.
Le livre s'achève avec la mort de Marthe en 1981 en soulignant l’importance pour aujourd’hui, mais aussi pour demain, de la spiritualité qu’elle nous a laissée.
P.L.
Père B. PEYROUS, Vie de Marthe Robin, éd. de l’Emmanuel, Paris, 2006, 350 p., 20 euros.

Catholiques sur le Web

Existe-t-il une foi des jours ouvrables ? Avons-nous deux vies ? Sommes-nous enclins à une schizophrénie : profanes et laïcs en semaine, catholiques le dimanche matin ? Ou sommes-nous un seul être, dans sa plénitude et sa cohérence n’ayant pas peur de témoigner, assumant, osant même un devoir de témoignage ! Aujourd’hui, quand une "Foi d’adhésion" remplace peu à peu ce qui fut souvent dans les siècles passés une "Foi portée par le conformisme social et culturel", nous sommes l’église en marche, nous devons comme aux premiers temps prendre notre part pour délivrer hors les murs de Saint-Denys le message d’amour et d’espérance des évangiles.

Pour ceux qui douteraient encore de la déchristianisation de la France, quelques clics vous sont proposés ainsi que des éléments tirés de l’enquête du Monde des Religions de janvier-février.

Ph.Th

CHORALE WELLS : La "Crucifixion" de John Stainer

A vos agendas !
La Chorale Wells
donnera, le dimanche des Rameaux 1er avril à 16h00
à Saint-Denys,
un concert liturgique pour la Semaine Sainte.

Il s’agit d'extraits de The Crucifixion de John Stainer (1887), oratorio chanté par les solistes et les choeurs d'enfants et d'adultes de la Chorale Wells, auxquels toute l'assistance est invitée à se joindre (de manière facultative et dûment munie de la partition...) :
une heureuse et originale perspective à ne pas manquer !
En première partie, nous entendrons de manière plus classique des oeuvres de circonstance tels les Lamentations de Tallis, ou des extraits du Stabat Mater de Pergolèse.
Une corbeille recueillera votre obole à la sortie...
Quelques précisions sur l'oeuvre et l'auteur:
L'oratorio The Crucifixion est l’œuvre la plus célèbre du compositeur britannique Sir John Stainer (1840-1901) Ecrit pour être chanté par des amateurs avec l'orgue pour seul accompagnement, il est néanmoins composé comme les Passions de Bach, avec des airs pour solistes, des morceaux pour grand chœur, des passages chantés par "l’Evangéliste" et des chorals (hymns) sur des airs simples à mémoriser, auxquels toute l’assemblée (congregation) est invitée à se joindre. La vie de Stainer ressemble à celle de nombreux musiciens anglais : début comme petit choriste dans une maîtrise – en l’occurrence la Cathédrale Saint-Paul de Londres- avec formation à l’orgue, carrière d’organiste – l’un des plus célèbres de son temps- avec ce que cela suppose de compositions liturgiques, motets, oratorios (Gédeon, Sainte Marie-Madeleine et La Crucifixion). Anobli en 1888, Stainer a été décoré de la Légion d’Honneur lors de la grande Exposition de Paris en 1880. Durant un demi-siècle, les compositeurs victoriens furent méprisés et mis à l’écart. Depuis quelques années on les redécouvre avec bonheur.
Venez nombreux les écouter... et chanter avec eux !
(Illustration : la chorale Wells à Saint-Denys)

dimanche, février 04, 2007

Dimanche 4 février : Grande journée des couples, enfants, parents, grands-parents et célibataires!

"Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras" (Luc, 5, 11)
Programme en images: Après avoir partagé un excellent buffet "sorti du sac" (!) , l'assemblée rassasiée a reçu le très beau témoignage de Marie-Christine M. sur sa rencontre récente avec Dieu, puis s'est séparée pour rejoindre différents ateliers de réflexion ou écouter d'une oreille attentive l'instructive conférence de Nadine Grandjean sur le thème Communiquer dans le couple. Merci à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette journée dans la grande famille qu'est l'Eglise.

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La journée avait commencé par une "messe KT", elle s'est achevée en milieu d'après-midi par une adoration du Saint-Sacrement. Un beau dimanche avec, en tant qu'invités d'honneur, les jeunes couples qui avaient reçu l'an dernier le sacrement de mariage et les jeunes baptisés. Une expérience à renouveler !


 

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