Le Petit Cephalophore

vendredi, février 15, 2008

Février 2008. L'éditorial du père Quinson (1)


Qu'est-ce que la charité ?

Ouverture, respect, tolérance, solidarité... Beaucoup de nos contemporains accordent de l’importance à ces attitudes. L’injonction biblique les éclaire : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Lévitique 19). Jésus reprend ce commandement ancien et le transforme en un commandement nouveau : "Aimez-vous les uns les autres comme moi je vous ai aimés" (Jean 15, 12). Désormais il s’agit d’"aimer son prochain" comme Jésus l’a aimé. Cette qualité d’amour que Jésus nous révèle est ce que nous nommons « charité » : l’amour comme il n’y en a pas de plus grand, l’amour qui consiste à "donner sa vie pour ceux qu’on aime" (Jean 15, 13).

L’Evangile nous invite à vivre cette forme d’amour envers tous. L’amour des pauvres vérifie d’une manière particulière la vérité de cet amour de charité. Mais la charité ne coïncide pas avec le service des pauvres. Benoit XVI le dit clairement dans son message d’entrée en carême : "porter secours (aux pauvres) est un devoir de justice avant même d’être un acte de charité" . La charité est d’abord cette qualité d’amour désintéressé, cet amour qui cherche le bien de l’autre sans rien garder pour soi, dont le Christ a témoigné par toute sa vie.

Nous pouvons alors comprendre que la charité est le dynamisme même de toute vie chrétienne. Dans un couple, l’homme et la femme sont invités à laisser la charité saisir progressivement l’amour dont ils s’aiment mutuellement. Des parents peuvent apprendre à laisser la charité façonner la relation qu’ils ont avec leurs enfants. Des enseignants pourront apprendre à aimer leurs élèves de charité. Il n’est pas de relation humaine qui ne soit invitée à être transformée par la charité. La charité attire et se configure toutes nos capacités humaines d’amour.

"L’amour du Christ nous presse" (2 Co 5, 14) dit saint Paul. Puissent les témoignages recueillis à l’occasion du « Festival de la charité » et ce temps du carême nous faire presser le pas sur ce beau chemin de l’amour.

Père Paul Quinson


Merci à Marie S. pour cette belle fresque illustrant "La Charité" autour du manteau de saint Martin, rouge et soulevé par le souffle du vent, comme un coeur palpitant.

(1) Ce portrait quelque peu iconoclaste de notre curé a été pris lors de la clôture du Festival de la Charité... C'était Mardi Gras ! (voir ci-dessous)

Dame Charité, qui es-tu ?

La Charité nous est présentée par son allégorie comme une jeune femme, debout, ou plus souvent assise au milieu des colonnes du temple ou au pied d'un arbre qui se perd dans le ciel. Lumineuse, elle s'offre à une multitude de petits enfants nus qui se nourrissent à son sein, quêtent son sourire et se reposent paisiblement dans les plis de sa robe… Son attitude traduit un don de soi sans mesure, mais elle est tout autant dans un état de veille. Cela apparaît dans son rapport à son attribut: un vase sous ses pieds qui déborde sans se vider, un cœur enflammé, une étincelle surgissant du contact de l'index et du pouce de la main, tenue élevée à l'écart de l'agir… Sainte Hildegarde, dans sa vision de la Charité dit qu'elle "tenait dans sa main droite le soleil et la lune affectueusement enlacés...". En regardant cette allégorie, nous nous reconnaissons volontiers dans la foule des enfants. Ne sommes-nous pas d'infatigables chercheurs de l'Amour ? Plus hésitants, nous aimerions aussi nous reconnaître dans l'Amour lui-même. Mais comment faire, pour que notre vase ne se vide pas ? " L'eau que je lui donnerai, dit Jésus, deviendra en lui source d'eau jaillissante en vie éternelle. " La clé consiste à faire passer par nous l'inépuisable don de Dieu... Une fois ce sens de l'allégorie saisi, son image doit s'effacer… Suivons sainte Hildegarde. Elle commente sa vision en affirmant que "la Charité a sa demeure dans l'éternité, qu'elle abonde en tout, depuis les abysses jusqu'au-delà des astres." Elle dit encore que toutes les créatures, espèces et formes, après avoir été créées "reconnurent leur Créateur, car l'Amour était la substance qui les constitua d'abord..." L'Amour se propose ainsi comme l'essence même de la reconnaissance du vrai au vrai. Essence de notre reconnaissance de chacun pour ce qu'il est en Dieu, moyen de prédilection de notre lien avec Dieu et moyen de notre unité en Lui …

Certaines allégories nous présentent la Charité dans son entourage " familial ", avec ses petites sœurs, la Foi et l'Espérance, et leur mère, la Sagesse. Sagesse ouvrière de toute chose avec Dieu, elle dont la Vierge est le trône, elle qui demeure toute dans le Christ. La Charité est sa fille de prédilection, son Cœur même, elle est le fruit de son premier labeur et comme elle, sans fin. Son mystère est d'être à la fois toujours jeune, au sommet de la fécondité et sans cesse croissante…

Reconnaissons-nous en Elle. Aimons-nous comme Elle nous aime. Allons dans la joie qu'elle donne à la rencontre de l'Epoux, prêts au baiser de reconnaissance d'Amour à Amour…
Katarina K.

Illustration : bas-relief de la Charité à admirer... rue de Sévigné !

Le Festival de la charité à Saint-Denys : compte rendu

C’est par l’Adoration, car tout amour vient de Dieu, que s’est ouvert le Festival : une trentaine de personnes d’abord, dans l’élan de la messe du soir, puis cinq à six paroissiens et séminaristes se sont relayés pour veiller avec le Seigneur jusqu’à minuit. "Une ferveur palpable" a dit le curé.
L’émotion était vive aussi mardi après la projection de La Vie est belle de Franck Capra : une véritable « parabole » sur la charité, une source de jubilation, en noir et blanc.
Mercredi, c’étaient les enfants du KT qui se faisaient témoins de charité, tant par leur contribution à la fresque autour de la figure de saint Martin que par leur visite aux personnes de la maison de retraite de la rue Amelot. (voir article ci-dessous)
Jeudi soir, dans l’église des Blancs-Manteaux (voir article ci-dessous), une petite assemblée écoutait d’autres acteurs de la charité à l’occasion d’une « table ronde » réunissant cinq membres de diverses associations : un moment de grâce. Oui, nos cœurs sont en fête devant la charité débordante des autres. Inquiets aussi : « Et moi, qu’est-ce que fais pour mon frère ? »

Dimanche, la fête battait son plein. Elle a commencé à 11h par la messe KT (« Pourquoi il n’y en a pas plus ? » a demandé Emma, 7 ans). Ensuite quelques non-paroissiens ont été invités à déjeuner : un banquet de roi, puisqu’outre les classiques bons petits plats de nos cordons bleus, un chasseur (sachant chasser) venait de rôtir à la broche un délicieux marcassin ainsi sacrifié à l’autel de l’amitié.

Puis ce fut un festival de couleurs tournoyant au son de l’accordéon grâce au groupe folklorique de Santa-Marta de Portuzelo, dont l’entrain est communicatif.

Enfin, la journée s’est achevée magnifiquement avec un concert itinérant (voir article ci-dessous), de la nef aux chapelles, autour des différents "Visages de l’amour", donné par « nos » deux chanteuses lyriques avec guitare et orgue (notre organiste nous gratifiant à l’occasion de sa belle voix de baryton).

Lundi matin, sept paroissiens ont prêté main-forte aux Missionnaires de la Charité (de mère Térésa), rue de la Folie-Méricourt dans le XIème (1), pour distribuer repas et café aux SDF, avec lecture d’évangile suivie d’une homélie-éclair du père Ségui. Une énergie débordante en cuisine pour servir beaucoup de monde (200 personnes environ) en trois heures et cinq services, des hommes surtout, parfois prostrés mais souvent encore assez sociables, et joyeux, pour échanger une plaisanterie.
Le Festival a été clos au soir du Mardi Gras, dans le cadre du doyenné, par une large distribution de crêpes ("plus de mille" a dit soeur Paul, "deux mille" affirment les organisateurs) aux passants, sur le parvis de Saint-Paul et dans la bonne humeur générale, malgré une bruine légère... Les enfants du KT ont rivalisé d’ardeur avec les séminaristes pour régaler leur prochain et annoncer le Carême. Sous les déguisements les plus divers (notre curé et doyen arborait fièrement les couleurs andines), perçait la Charité. Pas si mal, ce Festival…
Dominique T.
(1) Chacun peut, dans le secret, se lever assez tôt un matin pour se présenter à 8h30 précises au 60 rue de la Folie-Méricourt, dans le XIème (pas besoin de prendre rendez-vous) et aider en cuisine comme en salle jusqu'à midi, tous les jours sauf le jeudi. Mieux vaut venir en semaine, car le samedi et le dimanche les volontaires abondent... et c'est tant mieux ! Allez-y, c'est un beau moment qui ouvre aussi les yeux.

La charité des autres

Une cinquantaine de personnes se sont retrouvées le 31 janvier dans l’église des Blancs-Manteaux pour échanger sur l’aide apportée aux personnes démunies. Après un mot d’accueil du père Géry (www.notre-dame-des-blancs-manteaux.org), les associations et personnes présentes ont expliqué en quoi consistait leur action :

* Célia a exposé comment Secours emploi (01 44 54 92 12), une association fondée en 1987 par le Secours catholique, aide des chômeurs à trouver du travail. Dans son bureau, situé dans le presbytère des Blancs-Manteaux, elle reçoit des personnes qui viennent pour la plupart d’obtenir un titre de séjour. Grâce à Secours emploi, 370 d’entre eux ont pu travailler l’an dernier (100 ont trouvé un emploi stable). Nettoyage, manutention, peinture, petits bricolages pour les hommes, aide à domicile, ménage, pour les femmes, sont proposés. Avis aux employeurs potentiels…

* Bagagérue (8 rue des 2-ponts, 4è arr.) fonctionne depuis juin 2006. 30 casiers ont été installés sur l’Ile Saint-Louis pour que des sans-abri puissent y déposer leurs sacs-à-dos (pendant 2 mois maximum). Située à l’intérieur de bains-douches de la Ville de Paris, cette bagagerie ouvre une heure le lundi matin et une heure le mercredi matin. Une boisson chaude est proposée aux usagers et un médecin bénévole effectue une permanence les mercredis de 10h à 11h.

* Martin habite dans le presbytère des Blancs-Manteaux avec six comparses, dont trois personnes qui ont connu la précarité. C’est un beau projet fraternel, porté par le père Géry qui a mis à disposition des locaux occupés autrefois par des religieuses. Martin travaille par ailleurs dans un foyer du Secours catholique du 10è arr. (01 42 00 31 34, lieux d’accueil de jour) qui reçoit des personnes sans domicile fixe.

* Augustin Legrand a raconté comment est né à son initiative le mouvement Les Enfants de Don Quichotte (site : http://www.lesenfants/dedonquichotte.com). L’idée de départ : inviter les bien-logés à passer une nuit sous une tente avec les SDF pour faire bouger les pouvoirs publics.

* Bruno Dardelet, président de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul (01 44 90 71 22), a rappelé que la Conférence unit la charité, la spiritualité et la prière.

Pour tout savoir sur l’entraide à Paris, il faut consulter le Guide Solidarité publié par la Mairie de Paris, avec ses six chapitres très utiles : S’orienter, Chercher un hébergement, Se nourrir, Se soigner, Vivre au quotidien, Se réinsérer.
Sylvie H.

KT : CARITAS !

Les enfants du KT ont montré, à l’occasion de ce festival, la beauté de leur cœur : un cœur aux couleurs vives et généreuses, à l’image de la fresque sur la Charité qu’ils ont contribué à parachever. Avec un enthousiasme débordant, ils ont dessiné au crayon saint Martin, son cheval, un village ou, plus inattendus, un poisson, des tortues… , après quoi les plus soigneux ont peint les espaces vides de vert, de bleu, de rouge. « L’amour est joyeux, l’amour est gratuit, l’amour a besoin d’être partagé » ont-ils inscrit en lettres arc-en-ciel.
Cet amour-là, joyeux et gratuit, ils l’ont en effet partagé mercredi après-midi, sur leur temps libre, avec les personnes âgées de la maison de retraite. Une vingtaine d’enfants et leurs catéchistes de CE2, CM1 et CM2 sont partis les bras chargés de cadeaux : des compositions florales (préparées par les élèves d’une école d’horticulture dirigée par un fidèle paroissien) et des cartes de vœux dessinées par les enfants du CE1, trop petits pour être présents.

Ils ont été accueillis par Florence, l’animatrice, et une vingtaine de pensionnaires. Le courant est passé, tout naturellement, des deux côtés. Des regards, parfois éteints, se sont rallumés et ont brillé au contact de cette joyeuse jeunesse. Ensemble, jeunes et vieux ont formé un cercle, et le cercle est allé s’agrandissant au fur et à mesure que rires et chants résonnaient dans la maison, invitant les plus hésitants à rejoindre la fête. Florence avait fort bien préparé les choses et relié cette rencontre célébrant « la solidarité, le partage, l’amour et la charité », à l’anniversaire de trois pensionnaires octogénaires. On a pu offrir d’autres cadeaux encore et souffler les bougies ornant le gros gâteau d’anniversaire. Les trois élus ont désigné chacun un enfant pour les aider à les éteindre d’un coup. Il y avait aussi du chocolat, des jus de fruit et même du champagne ! Une galette des rois (la dernière de l’année) : dame Paulette et le petit Raphael ont eu les fèves et ont formé le couple royal.



Les enfants ont chanté "Comme un souffle fragile, Ta Parole se donne..." et chacun s'est retiré, cette parole d'amour gardée au fond de l'âme.

Dominique T.

Le concert " Visages de l'amour" : un succès !


Grand succès dimanche pour le concert itinérant, chantant les visages de la charité.
Au son de la guitare, Isabelle et Béatrice nous ont régalés d'un répertoire éclectique, car toute note chante l'amour, allant d'Offenbach à Perlogèse : beau et nouveau.
Merci au guitariste Patrick, venu en ami nous réjouir de ses accords, et à notre organiste Yann, qui a consenti pour l'occasion à descendre de sa tribune pour nous offrir la surprise de sa belle voix de baryton.


Une pluie... de crêpes pour annoncer le Carême

Trois raisons au moins de se réjouir :
la clôture d'un Festival de la Charité réussi,
Mardi Gras...
et l'anniversaire du doyen ! Tous nos voeux, Paul !

Les "petites mains" du Seigneur

Tous ceux qui sont passés un jour par le jardin du presbytère connaissent la « jardinière du Bon Dieu », appliquée, par tous les temps, à faire fleurir les couleurs des plates-bandes et acharnée, l’automne venu, à ramasser les feuilles mortes. Marie-Hélène aime quand le jardin est beau. «C’est pas un jardin pour un prix, c’est pour le coup d’œil...» Elle est heureuse de recueillir un compliment, un encouragement ou une bonne blague, quelquefois tombée de la fenêtre d’un prêtre ou d’un séminariste un instant distrait de ses pieuses études. Jusqu’au merle voisin qui l’a apprivoisée et vient lui siffler de temps à autre un petit air aigu.
Entre deux arrosoirs, Marie-Hélène apporte son aide au couvent des Petites Sœurs des Pauvres de la rue de Picpus. Longtemps, elle y a visité son amie Geneviève, qui avait là une chambrette où elle a fini ses jours. C’est « en sa mémoire et aussi pour dépanner sœur Thérèse-Monique que j’aimais bien », qu’elle y est retournée ces dernières années, deux fois par semaine, pour accomplir cette activité, à la fois insoupçonnable et combien banale !, qui consiste à plier le linge. Voilà Marie-Hélène bien campée sur ses deux jambes (car « il faut que ça bouge ») derrière deux grandes tables où s’amoncellent torchons, serviettes, gants de toilettes et autres mouchoirs. Elle s’attelle à la tâche, seule, « remarque, comme ça, on va plus vite ! », bercée par les conversations des couturières de la pièce voisine et deux heures plus tard, elle a devant elle des piles de linge bien dressées. C’est tout. C’est fait.
Dans les murs ou hors les murs, savons-nous toujours reconnaître ce que nous donnent ces « petites mains » fraternelles ?
Dominique T.

"J'étais un étranger et vous m'avez accueilli"



Laurence était Secrétaire Générale d’une entreprise quand elle a mis fin à son activité professionnelle pour motifs familiaux. Depuis quatre ans, elle œuvre au Secours catholique, à l’accueil des migrants.

« J’étais disponible - d’autant que nos quatre enfants grandissent - avec la volonté de mettre en œuvre l’enseignement du Christ. Une parente, active au Secours catholique de Paris, m’appelle à la rejoindre et me voilà embarquée… Cinq entretiens plus tard - pour discerner mes domaines d’action - mes compétences juridiques me conduisent à l’accueil des migrants. Pour vivre, en somme, la parole du Christ : "J’étais un étranger et vous m’avez accueilli" (Matthieu, XXV, 35 ).

Je reçois les migrants une matinée par semaine, mais je leur consacre au moins deux journées, tant ce bénévolat est prenant, tant il prend aussi au cœur.
Il y a, bien sûr, beaucoup d’assistance administrative - migrants en situation irrégulière, ou régulière mais égarés dans les difficultés professionnelles, familiales ou de logement… Souvent, on ne peut pas faire grand chose, de moins en moins même. Mais nous offrons notre écoute, quand personne ne leur parle. Et les plus égarés ne sont pas forcément les plus récemment arrivés, mais ceux qui sont là depuis 10-15 ans, qui vont de foyer en foyer, de petit boulot en petit boulot, déracinés et sans plus d’espoir…
Plus que d’aide directe, il s’agit de faire rayonner la charité du Christ, pour les aider à se remettre debout, à trouver une issue pour leur vie, une espérance. Nous les suivons souvent 2 à 3 ans, en les accompagnant dans leurs démarches auprès des différentes administrations pour leur trouver un avocat, rédiger des courriers, obtenir des rendez-vous…

On peut toujours dire des généralités sur la fermeture protectionniste des frontières et les expulsions… mais quand tu es face à un migrant, il est avant tout un homme ! En tant que chrétienne s’efforçant de vivre sa foi, ce n’est pas à moi de juger. Juste de l’aider.

Un étranger, tout homme, de toute culture ou religion, l’accueillera bien sûr, par humanité. Mais pour nous, chrétiens, c’est un véritable devoir, un élan du cœur qui découle de notre fidélité à l’enseignement reçu du Christ
».


Propos recueillis par Jean-Louis B.B.
Photo : Laurence, dignement drapée dans la Charité, offre des crêpes aux passants pour fêter Mardi Gras.

« J’ai été 4 ans bénévole à Jeanne-Garnier »

Jean-Abel L. a été bénévole dans une unité de soins palliatifs (voir ci-dessous). Il y a accompagné des personnes en fin de vie. Son témoignage.

« En 2000, j’ai été tiré au sort pour être juré d’assises. Il s’agissait de juger des hommes qui avaient tué deux convoyeurs de fonds. Cela m’angoissait. Un médecin auquel j’en ai parlé, m’a lancé comme une boutade : « Pour comprendre ce qu’est un crime contre la vie et ce qu’elle a de précieux et d’irremplaçable, vous devriez faire des soins palliatifs ! » J’ai été tellement surpris que je l’ai pris au mot et me suis engagé à assurer une permanence d’une demi-journée par semaine à la maison médicale Jeanne-Garnier. Et c’est vrai, j’ai pu expérimenter combien la vie a du prix, jusqu’au bout, dans ses moments les plus simples et les plus fragiles. J’y ai beaucoup appris aussi sur la relation d’aide. Il faut savoir que dans cette maison, les bénévoles sont très entourés : des réunions régulières entre bénévoles et avec l’équipe soignante, des groupes de parole avec un animateur psy, des formations... Le bénévolat y est vécu en équipe. On peut y arriver avec de bons sentiments, mais j’y ai découvert que celui qui aide n’est pas forcément celui qu’on croit et que souvent, si on veut bien l’accepter, on reçoit plus qu’on ne donne ! Dans les groupes de paroles, l’animatrice nous demandait régulièrement de réexaminer les raisons pour lesquelles on était là. Il est vrai que la motivation peut évoluer au fil du temps. Pour moi, c’était de vivre des choses même difficiles en commun, de partager les bons et les mauvais moments. J’ai découvert que se relier aux autres rend heureux. Avec les malades, tout prend une autre dimension, la messe par exemple… Accompagner une personne à la chapelle, c’est vivre l’eucharistie à travers elle et être heureux du bonheur que cela lui procure. J’ai appris aussi à communiquer avec des gens dans le coma. On peut penser qu’il ne se passe rien, mais un contact attentif avec la main permet de ressentir une présence, une rencontre avec l’être qui habite cette personne. Cette expérience de bénévole m’a transformé : je crois être plus sensible aux autres et à moi-même désormais. Beaucoup de choses dans ma vie me sont apparues tout à coup anecdotiques et superflues. Cet accompagnement contribue à élargir le cœur. Curieusement, je n’ai pas trouvé que cela était dur, sans doute parce que les difficultés étaient vécues en communauté. Toutefois, j’ai arrêté quand j’ai constaté que la mort prenait de plus en plus de place dans ma vie. Elle s’immisçait dans ma relation aux vivants. J’interprétais trop les relations en terme de dernier moment. Maintenant que je suis à la retraite, j’ai décidé de reprendre une activité bénévole : j’ai pris contact avec « Les petits frères des pauvres » qui accompagnent vers plus d’autonomie des personnes dans la précarité ou âgées et isolées. Ils font un travail magnifique ! »
Propos recueillis par Sylvie H.

La maison médicale Jeanne-Garnier
Cet établissement privé de soins palliatifs est géré par l’association des Dames du Calvaire, fondée en 1842 par Jeanne Garnier. Son but ? Hospitaliser et soigner des personnes atteintes de cancer, à un stade avancé de la maladie, jusqu’au stade terminal de la vie. Les bénévoles assurent une présence attentive auprès des malades et de leur famille. Chacun d’eux vient une demi-journée par semaine. Une formation est exigée pour s’engager dans cet accompagnement. L’équipe actuelle a besoin d’être renforcée.

Association des bénévoles, 106 av. Emile-Zola, 75015 Paris.
Tél./Répondeur : 01 43 92 21 54
Site : www.jeanne-garnier.org

Jean L., sur les pas de Vincent


A Saint-Denys, tout le monde connaît sa haute et élégante silhouette auréolée de cheveux blancs, son sourire jovial, son accent fleuri témoignant de son appartenance au terroir bourguignon et son enthousiasme à faire découvrir, lors des Journées d'Amitié, les vins exquis des moines de l'abbaye de Lérins. On sait moins que le paroissien œnologue préside depuis 2002 la Société Saint-Vincent-de-Paul au niveau paroissial : une douzaine d'hommes et de femmes visitant chacun, fidèlement, une à quatre personnes dans la solitude. "Souvent, précise Jean, lorsque nous leur portons le colis de Noël, nous nous entendons dire : vous êtes ma seule visite et c'est le seul cadeau que je reçois."

Ce que l'on ignore, c'est l'histoire de Jean, qu'il s'étonne lui-même de raconter pour la première fois. « Mon premier métier, à 22 ans, c'était la réinsertion d'adultes sortant de prison et de vagabonds à la rue. Dans les années 60, le titre d'éducateur n'existait pas encore, mais moi je l'étais sur le terrain ! Après cela, toutes mes activités professionnelles m'ont paru faciles. Du gâteau ! Avant la guerre d'Algérie, à 20 ans, j'avais fait partie de la Légion de Marie : ce fut la révélation d'une vocation, m'occuper des plus pauvres. Après 28 mois d'armée, j'ai été embauché dans une société, la Dijonnaise d'Assistance par le Travail. Ceux qui m'avaient sollicité travaillaient aux côtés de l'abbé Pierre à Dijon, durant l'hiver 56, après le décès d'un enfant mort de froid. L'aide au logement s'est faite tout de suite, avec des prisonniers qui, volontairement, sortaient le dimanche et venaient donner aux sans-logis un coup de main pour construire leurs maisons. On était dans la pratique, l'action ! Il y a 50 ans que j'ai fait çà, et je n'en avais jamais parlé... Dieu t'appelle à un moment : "Occupe-toi des plus pauvres". Ensuite, j'ai travaillé dans le domaine socio-culturel, auprès de Maisons des jeunes et de la culture. A 40 ans, après des études d'œnologie, j'ai complètement basculé et créé ma propre entreprise de sept salariés, et je pense travailler encore très longtemps. De même qu'on ne peut demander à un peintre de s'arrêter de peindre, on ne peut s'arrêter de recevoir et de donner. »


Propos recueillis par Marie-Christine D.
Photo : Jean sur son stand de dégustation de vins lors des JAM


La Société de Saint-Vincent-de-Paul


Création en 1833 par Frédéric Ozanam (photo ci-dessus), né en 1813. Initialement un cercle de jeunes gens réunis en une société littéraire et historique, qui allaient écouter Lacordaire à Notre-Dame avant de s'engager sur le terrain, à la suite des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, les seules à le faire alors, notamment dans les hôpitaux.
Actualité : mille groupes locaux de bénévoles ont visité et aidé plus de 250 000 personnes en 2006. Comme la France n'est plus dans la situation de 1833, la Société s'est ouverte à la solidarité internationale.
Partage : le maître mot des bénévoles. Partager temps, amour et action.

A lire : « Les Rêves du possible. Rénover la Société de St-Vincent-de-Paul ? » par Bruno Dardelet (15 euros. 120 av. du Gal Leclerc, 75014 Paris).
Selon Jean, «
une feuille de route pour des chrétiens déjà engagés ou qui ont envie de l'être en 2008 ».
Lien : 01 42 92 08 10 ou
contact@ssvp.fr. Infos sur http://www.ssvp.fr/

La banque alimentaire

En 1984, face à la montée de la pauvreté, plusieurs associations caritatives se réunissent pour créer, selon le modèle des Food Banks américaines, la première Banque Alimentaire française à Paris. Aujourd’hui, en France, les Banques Alimentaires, départementales ou régionales, couvrent pratiquement la totalité du territoire. Sur le même principe, des Banques Alimentaires se sont développées dans plus de 12 pays d’Europe. Elles collectent, gèrent et partagent des denrées pour aider l’homme à se restaurer. Leur action se fonde sur la gratuité, la lutte contre le gaspillage, le don, le partage, le bénévolat et le mécénat… de multiples visages de la Charité. En 2006, en France, elles ont distribué 71 700 tonnes de denrées, ainsi tout au long de l’année, environ 760 000 personnes ont pu bénéficier de cette aide alimentaire représentant l’équivalent de 143 millions de repas. A Saint-Denys, nous sommes, à notre petite échelle, un miroir de cette action. Fréquemment nos équipes de volontaires de l’accueil doivent puiser dans le trop petit stock de denrées non périssables pour venir en aide à des visiteurs en situation très précaire et à la quête bien matérielle. Ils sont une poignée chaque semaine, souvent des réguliers qui vont d’un organisme d’assistance à un autre et puis nous rendent visite. Sans nous transformer en « Restau du cœur » nous vous rappelons l’existence du panier près de l’accueil qui reçoit en permanence vos dons de produits variés non périssables, plats cuisinés en conserve, petits pots pour enfants, fruits en conserve... Un des visages de la Charité agissante dans notre paroisse.
Philippe Th.

Frank Widro ou la conversion d'un poète

PRIÈRE AU SAC-CŒUR

O mon Frère,
mon Ami,
Lumière s'élevant sur l'Univers,
chemins de Vie et de Prière,
je t'implore, en mon intime,
de m'offrir en plénitude
une Foi,
Espérance sans fin
plus forte que le soc du chagrin,
plus vivante que l'espoir trop humain.


Sur le stand librairie de nos Journées d'amitié, Franck Widro, poète catholique, dédicaçait son ouvrage Les premiers jours d’un converti.

Le Petit Céphalophore : Êtes-vous venu à la poésie par la prière, par les mots ?

Franck Widro : C'est plutôt le contraire. J'étais déjà poète. De la poésie contemporaine abstraite. J'ai complètement changé de style ! D'abord j'ai reçu la Confirmation, puis j'ai étudié la théologie deux ans à l'Institut Catholique de Paris, et deux ans à la Faculté dominicaine sur Internet. J'ai ensuite cherché des ateliers d'écriture chrétiens, j'ai suivi deux ans durant ceux de l'Ecole cathédrale, animés par François Bansard. J'ai animé moi-même par la suite des ateliers à la galerie Bansard, sur la préparation de la liturgie des Evangiles du dimanche. J'écris actuellement chaque dimanche, avec un prêtre, deux quatrains sur l'Evangile du jour, qui passent à la radio, dans la presse écrite et sur des sites Internet.
L.P.C. : Vous cherchez à obtenir avec la poésie un effet de loupe sur les textes sacrés. Comment procédez-vous?
F. W. : Je cherche le dépouillement. Je n'utilise pas de termes philosophiques, ni théologiques, ni psychanalytiques. Simplement des mots de tous les jours, des images archétypiques, compréhensibles par tous. Les grands poètes mystiques ne sont souvent compréhensibles que par des initiés. J'ai d'ailleurs eu une émission à Radio Saint-Louis, en Martinique, pour des jeunes, et j'ai publié pour eux aussi dans Terres Lointaines. Ce que j'écris est accessible aux pré-ados ! Je m'efforce, comme disait Jean-Paul II, de lier l'intelligence de la Foi avec la Foi du cœur. Le ressenti, le vécu. Il n'y a que de la théologie, de la philosophie et de la psychanalyse, mais il ne faut pas que cela se voit ! Quand les gens me disent qu'après m'avoir lu, tout leur semble évident, cela me fait plaisir…

Marie-Christine D.

Illustration : la fresque de la Charité (détail)


 

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