Le Petit Cephalophore

mardi, juin 23, 2020

L'édito du père Tardy. Juin 2020

Retrouvailles eucharistiques ! Après ce confinement qui fut d’une très grande violence morale, économique et spirituelle sur le corps social et sur nos pauvres personnes, voici venu le temps des retrouvailles… eucharistiques.
Eucharistie signifie « action de grâce », mais qu’est-ce à dire ? On peut traduire par « merci » à condition d’en garder le sens du vieux français : la grâce, la miséricorde, « la » merci ! et non pas seulement l’étymologie latine merces : salaire, prix.
L’action de grâce, c’est ce qui jaillit d’une reconnaissance, au sens où l’on est reconnaissant de quelque chose. Quand on vient de recevoir un signe ou une parole qui nous va droit au cœur, on est physiquement saisi par le besoin irrépressible d’aller remercier. Et je ne crois pas qu’il s’agisse d’un formatage culturel. On voit cela partout, sous toutes les latitudes. Cet élan du cœur serait peut-être même le véritable propre de l’homme avant le rire. La pointe de son âme.
L’action de grâce, c’est aussi la joie de celui qui a compris : eurêka !, la joie sensible d’étreindre ce qui était loin ou virtuel. Et parce que la distance est aussi l’occasion de l’oubli ou au contraire du souvenir obsédant de l’autre, l’action de grâce c’est aussi ce qui jaillit des retrouvailles avec l’autre, présent réellement «  en chair et en os ». L’action de grâce s’approfondit de la joie du pardon donné et reçu.
Nous avons d’autres motifs de remerciements aujourd’hui, adressés au P. Grégoire qui nous quitte trop tôt, sans que nous ayons encore pu ouvrir le champagne pour l’achèvement de sa thèse :  la défense a été repoussée à la rentrée à cause du confinement. Nous rendons grâce pour les 5 séminaristes de deuxième année qui nous quittent : Jason, Antoine, Antoine Ha, Louis-Marie, Nicolas et pour Henri qui s’est ajouté.
Que notre communauté demeure dans cette action de grâce. « La vie attire comme la joie » comme l'écrit Henri de Lubac. 

Retrouvailles eucharistiques

Jennifer
La messe m’a beaucoup manqué. Le lieu, les chants, les paroissiens, les prêtres, les séminaristes… Elle constitue un tout, il n’y a pas que la communion. Tous les sens sont éveillés quand on vient à la messe : l’ouïe, l’odorat, le toucher... C’est une émotion fébrile que l’on peut ressentir dans notre corps. Les transmissions sur YouTube étaient une consolation, mais sans cet éveil très particulier et sans la présence de la communauté. En revanche, le fait d’avoir les laudes, les vêpres et la messe sur YouTube apportait du rite à ma journée. En effet, la prière est très importante pour garder une intériorité. Elle permet de tenir bon. De persévérer. Sans elle, le repli sur soi, l’usure, le découragement, altération de l’amour me guettent. Aller à la messe le plus souvent possible, préserve de ces usures.
Je me souviens du jour où la messe a repris, au terme du confinement. C’était le 24 mai à 9h30. Le père Tardy a dit que c’était comme s’il célébrait sa première messe. Naturellement, il célèbre la messe tous les jours, mais les paroissiens ont dû lui manquer aussi. Véritablement, l’Église forme un seul corps. Pour nous aussi, c’était comme si c’était notre première communion.

Cette année, j’ai commencé le parcours Alpha. Le confinement l’a interrompu alors qu’il restait 3 séances, repoussées en septembre. Avant le COVID, on m’avait confié un topo sur « Dieu guérit-il toujours ? ». Le sujet tombait très à propos. J’ai pu mettre à profit le confinement pour méditer et travailler cette question. Évidemment, la situation sanitaire, les personnes à l’hôpital, la souffrance liée à la maladie et aux conséquences de l’isolement étaient autant de sujets de prière et de réflexion. J’ai beaucoup pensé aux violences conjugales relatées dans les médias et aux femmes qui ont peut-être peur d’être privées de l’eucharistie si elles quittent un foyer dangereux pour elles*. Cela m’a préoccupée.

Qu’est ce qui a changé dans ma trajectoire spirituelle ? Sans doute le confinement a t-il renforcé ma certitude que pour le reste de ma vie, dans la peine ou dans le bonheur, je ne pourrai me passer de la recherche de la présence du Christ. Je partage avec vous une phrase de Kafka : « L’Homme ne peut pas vivre sans une confiance constante en quelque chose d’indestructible en lui ».
Il y a en effet quelque chose d’indestructible en moi. C’est le Christ. 
Propos recueillis par Agathe R. 

* NDLR : Ce n'est pas le divorce qui remet en cause l'accès au sacrement eucharistique, mais le remariage après divorce. Aux yeux du droit canonique et de L'Eglise, en effet, le mariage, qui est lui-même un sacrement, est indissoluble et rend par conséquent impossible un second mariage du vivant du conjoint. Ce remariage constituerait alors une atteinte au sacrement. C'est la raison pour laquelle une procédure en nullité du mariage est possible devant le juge ecclésiastique. Une fois le "premier" mariage déclaré nul, un mariage est à nouveau possible devant l'Eglise.

Cyril
Est-ce qu’être privé de messe durant le confinement a changé quelque chose dans ma vie spirituelle ? La messe m’a manqué, mais j’ai vécu ça sereinement car je suis resté connecté de multiples  manières. D’abord, par la lecture de la mystique Maria Valtorta : « L’Évangile tel qu’il m’a été révélé ». On m’a offert cette œuvre magistrale en… 10 tomes (!) avant le COVID et cela m’a beaucoup plu, car il s’agit d’une révélation qui illustre la vie du Christ de détails inédits dans les Évangiles. L’écoute de Radio Notre-Dame et les retransmissions de Radio Vatican m’ont également aidé à rester en communion avec l’Église. Et puis, je pouvais me rendre à l’église Saint-Paul qui était ouverte toute la journée. Enfin, j’étais en contact avec plusieurs paroissiens par téléphone. Mais ce qui m’a réellement manqué, c’est l’adoration du Saint Sacrement que les paroissiens de Saint-Denys peuvent habituellement pratiquer le matin. J’ai connu des épisodes de jeûne eucharistique dans ma vie, en particulier lors de voyages. Ce n’était donc pas une situation inédite. J’ai beaucoup pensé à des pays, notamment la Chine, où l’on vit comme une habitude le fait d’être privé de messe. 
C’est véritablement une chance d’être libre de vivre sa foi.
Propos recueillis par Agathe R.


La famille M.
Anciens paroissiens, les M. sont restés très attachés à Saint-Denys. Caroline confie : « Notre premier enfant a été baptisé en 2004 par le père Quinson, et nous avons beaucoup apprécié l’accueil et l’élan de Saint-Denys. La présence des séminaristes a particulièrement marqué nos deux aînés, Charles et Raphaël, qui ont été très heureux de les rencontrer au catéchisme et dans la vie paroissiale, ainsi que le père Tardy. Ayant dû déménager dans un autre quartier de Paris, nous sommes demeurés très proches de cœur. » Le confinement ? « Un temps lumineux, familial… après des débuts prudents nous avons pu vivre de bons moments d’échange et d’amitié avec les familles de notre immeuble. Le premier mois s’est vraiment bien passé, et nous avons plutôt bien accepté les frustrations. Nous avons vécu avec patience l’absence d’Eucharistie – c’était ainsi… J’ai partagé avec nos garçons le beau parcours spirituel que leur école leur proposait, et prié chaque soir avec Diane, notre petite fille de huit ans. L’approche de Pâques a été plus difficile, ne pas pouvoir vivre intensément la Semaine Sainte m’a manqué. Nous avons suivi à la télévision la messe de Pâques célébrée par le pape, et cela m’a serré le cœur de le voir seul dans cette immensité, si fatigué. C’était poignant, et j’ai ressenti une vraie tristesse de ne pas être entourée pour Pâques...
Quand le retour à la messe dominicale a été possible, nous avons désiré fêter l’événement… et nous sommes partis tous ensemble avec nos vélos à Saint-Denys ! Accueillis chaleureusement dans le respect des contraintes, nourris par la parole tellement juste du père Tardy et portés par l’ambiance sympathique de la paroisse, nous avons été vraiment comblés. » 

Une paroissienne          
L’absence d’eucharistie ne m’a pas tellement pesé au départ car j’ai trouvé énormément de soutien dans tout ce que l’Église et de nombreuses personnes ont mis en place. Tant d’initiatives extraordinaires m’ont offert un ressourcement beaucoup plus important que d’habitude. Pas de présence physique, pas de rencontre réelle du Seigneur et de la communauté, et pourtant abondance de nourriture, certes virtuelle, mais profondément spirituelle. Oui, l’absence, oui le jeûne de l’eucharistie, irremplaçable, qui m’a manqué. Mais plus que le manque j’ai vécu un renouvellement de ma vie spirituelle. Allant le plus souvent possible à la messe quotidienne, j’ai également suivi la messe du Saint Père à Sainte-Marthe et j’ai été très touchée par ses homélies profondes reliées au présent, toujours par rapport aux textes liturgiques : je peux dire que j’ai redécouvert le pape ! Privée de l’assemblée, je m’y suis sentie vraiment unie par la Communion des Saints. C’est pour moi un lien très fort, exprimé avec plus de foi encore à travers le confinement. Et avec cela une faim, un désir de l’assemblée, du partage de la messe, de la consécration, de la présence réelle. Nécessité vitale de retourner à la messe le dimanche de Pentecôte, et grande joie de nous retrouver tous ! Le père Tardy nous a remis les rameaux de buis bénis, comme une résurgence de Pâques en cette fête essentielle… C’était très beau, on sentait un courant qui passait, dans la simplicité. Durant ce temps de confinement, j’avais médité cette parole chez saint Jean « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour ». Amour pascal, enjeu du salut, Christ victorieux, don de son corps, de son sang, transformation, nouvelle vie octroyée, devenir ce que l’on reçoit !
Ce mûrissement qui rend les retrouvailles eucharistiques plus importantes encore, je l’accueille comme un fruit spirituel. Et par-delà les moments de nuit, de doute, face à la maladie depuis plusieurs années, au fond de moi-même je me sens assez sereine… Je suis portée par la prière autour de moi.
Propos recueillis par Isabelle M.                                  
 

                                                                                                                             

Le père José, notre nouveau prêtre "étudiant"

Le père José est un aventurier de la foi, toujours prêt à répondre « oui » aux appels de Dieu, sans trop savoir où son « oui » l’emportera. Une sorte d’Abraham brésilien, amoureux de Jérusalem… et de Saint-Denys !

José est né en 1981, deuxième d’une fratrie de six enfants, le jour de la Sainte-Jeanne-d’Arc, à Gonçalves, un village de montagne (il y fait –5° l’hiver !) à 230 kms de São Paulo, au Brésil. Ses parents sont  fermiers éleveurs de vaches, de cochons, de poules. A quinze ans, il songe déjà à devenir prêtre et prend contact avec les Rédemptoristes pour approfondir sa vocation. C’est là que vient le chercher le filleul de sa grand-mère, qui lui propose de rejoindre le petit séminaire de la congrégation de Notre-Dame-de-Sion. « Rien que le nom, j’ai dit "oui" tout de suite. Je n’avais pas compris que c’était à 700 km au sud, dans une ville de 70 000 habitants. Pour moi, c’était immense ! Et il n’y avait pas de montagne : comment vivre là ? Avec mon accent montagnard, en plus ! » Il y reste jusqu’au bac. Puis il est envoyé, pour faire ses études de philosophie, dans une faculté de la banlieue de São Paulo. Au bout de deux ans, il est appelé au noviciat (2001), puis prononce ses vœux le 20 janvier 2002. Aussitôt il est envoyé à Paris, pour apprendre le français, « parce qu’il s’intéresse à l’histoire de sa congrégation », fondée en 1842 par deux frères Juifs alsaciens convertis au catholicisme. « J’étais hyper content. Je suis arrivé en février. C’était la première fois que je voyais des arbres sans feuilles. Il faisait encore nuit à 9 h du matin et déjà nuit à 5 h du soir… J’ai appris mon premier mot de français à la Catho. Au bout de six mois, on m’a dit : « Tu as l’air heureux. Tu vas commencer des études de théologie. » J’ai dit « oui », sans trop mesurer la suite. Mais j’ai eu la chance de rencontrer des séminaristes et des laïcs qui m’ont accueilli de manière très fraternelle et ont permis mon intégration dans le pays. Après quatre ans de théologie, on m’a proposé de faire un master en Écriture Sainte. J’ai dit « oui ». Mais j’étais tombé amoureux de Jérusalem, où j’avais séjourné pendant les vacances de Pâques 2004. J’avais demandé à partir, on me faisait attendre. Durant mon master, je suis ordonné diacre par Monseigneur Beau... et je découvre le partenariat de la Catho avec l’École Biblique de Jérusalem. En 2009, après avoir été ordonné prêtre dans mon village de Gonçalves, auprès des miens, je pars pour un semestre à Jérusalem… et j’y passe deux ans ! En 2011, je rentre au Brésil, croyant y rester définitivement, heureux de mieux connaître l’Église brésilienne. Je suis chargé des vocations à São Paulo et vicaire dans une paroisse d’une grande ville pauvre de la banlieue de São Paulo. Cela m’a façonné en tant que jeune prêtre : je me retrouvais soudain devant plus de 600 personnes à la messe, avec un nombre incroyable de messes, baptêmes et mariages à célébrer… et de longues heures de confession. En 2013, je suis nommé directeur d’une école privée à São Paulo et découvre le monde de l’éducation, qui me rend pleinement heureux et fait certainement partie de ma vocation. J’ai beaucoup appris auprès des élèves, des profs. Pourtant, je me dis prêt à repartir. En 2017, je suis renvoyé à Paris pour y être responsable de la communauté de N-D-de-Sion, où vivent ensemble trois prêtres et autant d’étudiants, français ou étrangers : la vie religieuse ne doit pas être un entre-soi confortable, il faut s’ouvrir au monde ! » Le père José reprend alors ses études de master. « C’est un gros défi. On ne reçoit pas les choses de la même manière quand on a acquis de l’expérience. » Dans le sillage du père Blanchard, son ancien professeur, le père José pense à consacrer son mémoire à saint Jean, en particulier aux noces de Cana, à travers le prisme de la tradition juive. Il cherche en même temps à « donner un coup de main. » Il est partout : à N-D-du-Travail (14ème) d’abord, puis au Sacré-Cœur de Saint-Ouen pour aider la communauté brésilienne et travailler avec elle les questions d’intégration. Il aide aussi dans le cadre de la Pastorale du lycée Notre-Dame-de-Sion.
Et il lui reste encore du temps pour Saint-Denys ! « J’ai été tellement bien accueilli par les pères Roger et Grégoire, les séminaristes et les paroissiens... ».
Avant le confinement, il célébrait la messe du samedi soir  et de deux matins, « touché de voir ces personnes qui viennent à la messe avant de partir au travail, qui pratiquent de manière sincère. C’est une grâce profonde de prier avec elles. » L'emploi à venir reste à déterminer, selon le contexte de la rentrée...
Venez le rencontrer : sa joie est communicative !
DTh.

Henri, le séminariste qui venait de Zambie


Nous l’avons découvert à la télé, sur la chaîne du Petit Céphalophore, jouant de l’orgue pendant les messes. On nous l’a aussi décrit comme un excellent cuisinier, spécialement doué pour les gâteaux au citron. Mais qui est donc Henri, ce séminariste de 22 ans arrivé à Saint-Denys en plein confinement, un jour de fête de l’Annonciation ?
Henri est le quatrième d’une famille pratiquante de cinq enfants, installée dans les Yvelines. Après un an de prépa scientifique, il entre au séminaire de Paris, à la Maison Saint-Augustin (où il fait la connaissance du père Grégoire), puis achève son premier cycle après deux ans à Saint-Séverin. Il est alors envoyé en stage inter-cycles en Zambie, au village de brousse de Chikowa, où il devient directeur adjoint d’un centre de formation de jeunes de 18 à 36 ans, qui viennent apprendre les techniques de l’agriculture, la menuiserie, la mécanique, la maçonnerie ou de la cuisine : un cours ouvert spécialement pour attirer les filles ! Lui s’occupe de la gestion matérielle de l’école, du suivi et du recrutement des 70 étudiants, des RH avec les professeurs.
Et c’est la pandémie. Mgr Aupetit décide de rapatrier les cinq séminaristes parisiens en stage et voilà Henri à Saint-Denys, en « vacances » forcées, occupé par son tuteur à rédiger une fiche de lecture de Philo. Aujourd’hui déconfiné, il peut rendre aussi quelques services généraux, comme le tri d’une bibliothèque ou la participation à l’opération Booz auprès des plus démunis.
Parti pour deux ans, il devrait retourner en Zambie, économiquement très affaiblie par la crise du coronavirus, en septembre : « J’ai hâte de replonger dans le bain ! J’aime beaucoup les gens de là-bas, leur façon de s’identifier à leur village qui est aussi leur famille, leur simplicité. Même les profs sont cultivateurs : ils ont tous leur champ de maïs. » Depuis le déconfinement, il est aussi heureux de découvrir les paroissiens, en particulier les habitués aux messes de semaine, ainsi que « ceux qui passent et repassent autour du presbytère ». Tu es le bienvenu Henri !
DTh.                                                        

Le départ du père Grégoire


« Je ne m’attendais pas à partir si vite ! »  Le père Grégoire pensait rester encore quelques années à Saint-Denys, sa première paroisse, mais l’évêque en a décidé autrement. Après deux années,  l’heure est déjà au départ... et au bilan.

Ces deux années ont été bien remplies pour le père Grégoire qui, outre la rédaction de sa thèse, occupait trois fonctions : vicaire, formateur au séminaire, ce qui suppose la direction spirituelle des séminaristes et prof. de théologie dogmatique aux Bernardins devant un auditoire largement composé de séminaristes du deuxième cycle, sans compter la direction de mémoire pour ceux qui continuent leurs études après leur licence de théologie. Et en ce moment, il fait passer les oraux !  Malgré cet emploi du temps chargé, il a fini sa thèse, « en deux ans au lieu d’un ! », intitulée « L’homme, image de Dieu chez Thomas d’Aquin », qu’il soutiendra à l’automne à Toulouse à l’Institut Saint-Thomas. Pourquoi saint Thomas ? « C’est lui qui a les réponses aux questions difficiles, surtout en morale. »
Le père Grégoire a été heureux d’être en paroisse, après plusieurs années à la Maison Saint-Augustin où il ne voyait les paroissiens que le dimanche. Or, dit-il, « la vocation du prêtre diocésain est de connaître les gens. Il faut être généreux de son temps, avoir du temps gratuit à donner. Dans les études, on cherche plutôt à en gagner. En étudiant, on fait marcher sa tête, mais en paroisse, on sait pourquoi on a fait marcher sa tête... » 
Pour quoi ? Pour le KT d’abord, avec les CE2 et les CM2 : « J’en avais déjà fait en tant que séminariste. Comme prêtre, ce n’est pas la même chose. Il faut connaître les enfants pour comprendre ce dont ils ont besoin. Pas si simple. On a aussi décidé de passer au mercredi midi : on a perdu beaucoup d’enfants, mais on a maintenant des enfants ouverts, prêts à discuter et non exténués après six heures de classe. »
Pour les scouts également, en particulier les chefs avec lesquels le père Grégoire dîne régulièrement, pour resserrer les liens et les amener à réfléchir et à approfondir leur foi. « C’est un rapport de confiance, avec une grande liberté de parole. Je n’ai jamais été scout, mais c’est une sagesse éducative et chrétienne excellente. »
Pour les couples de la « prépa mariage » encore : « Un ministère qui m’a pris un peu de temps. Je n’en avais jamais fait. Ce n’est pas si facile : on est à la fois joyeux de voir venir des jeunes gens pour parler de l’Évangile, mais d’un autre côté on sait qu’on passe souvent après le traiteur et qu’on n’est contacté qu’en dernier ! La méthode Alpha m’a beaucoup détendu par rapport à ça : j’ai amélioré la prépa en impliquant davantage de paroissiens, pour que les jeunes couples se sentent véritablement intégrés au sein d’une communauté. »
Car il y a eu aussi Alpha, « la grande aventure » promet l’affiche. « J’ai beaucoup aimé faire quelque chose de nouveau et de gratuit au sens où les gens ne viennent pas demander à recevoir un sacrement. Et c’était l’occasion d’une collaboration avec des paroissiens qui ont donné beaucoup de temps. Alpha, c’est vraiment une communauté qui reçoit, une petite armée de paroissiens qui préparent la nourriture, décorent la salle, animent les équipes. Quand on ne voit que le prêtre, pour un sacrement, les gens ne peuvent pas comprendre ce qu’est l’Église. »
Pour les lectures de saint Thomas enfin : « J’ai adoré ! Thomas est très éclairant pour la vie chrétienne. Et je trouvais que l’église était un peu vide le dimanche après-midi... » Et le père Grégoire conclut : « Je n’ai pas beaucoup baptisé, peu enterré. Confessé. Ce n’est pas un quartier très pratiquant. »

A Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, où il sera en septembre, il n’y a qu’un curé (qu’il a connu à la Maison Saint-Augustin et qui arrive en même temps que lui) et deux vicaires. Cela va le changer, après neuf ans d’ambiance communautaire ! « Comme disent les séminaristes, je quitte enfin le séminaire... » Son ministère paroissial sera plus lourd : le taux de pratique y est de 10 %, contre 1 % ici ! Triste de quitter les séminaristes ? « Je continuerai à les voir aux Bernardins... » Un dernier mot sur Saint-Denys : « C’est une paroisse qui a des liens de fraternité assez forts. On peut s’appuyer sur un tissu de personnes qui s’aiment bien pour faire entrer les gens de l’extérieur. C’est une image attirante de la vie chrétienne. »

Un grand merci pour ces deux années données à Saint-Denys. Nous vous souhaitons bonne route, père Grégoire, et surtout, un très bon anniversaire pour vos 10 ans de sacerdoce !
DTh.                                                                     

L'accompagnement spirituel à Saint-Denys


« De même que le commencement de notre amour pour Dieu consiste à écouter sa Parole, de même le commencement de l'amour du prochain consiste à apprendre à l'écouter. »
Dietrich Bonhoeffer

Annie, accompagnatrice spirituelle

Six paroissiens de Saint-Denys ont été formés pendant deux ans à l’accompagnement spirituel par le père Roger Tardy. Parmi eux, Annie. Témoignage. 

« Bretonne d’origine, j’habite le quartier depuis trente ans. Je travaille à l’Hôpital Saint-Joseph dans le XIVème arr., où je suis cadre de santé. J’ai suivi autrefois la Formation des responsables de l’École cathédrale. Après un discernement avec le père Deurbergue, le père Tardy m’a proposé de me former à l’accompagnement spirituel. J’ai accepté car j’ai le désir de rendre ce que j’ai reçu et d'entrer  humblement dans cette longue tradition de l'Église. J’ai moi-même été accompagnée par des personnes remarquables, dont le père Olivier de Cagny et actuellement une femme. Je n'ai jamais ressenti d'emprise, de volonté de puissance ou de fusion, mais au contraire ces personnes m'ont respectée, aidée à devenir plus libre, plus vivante. Il s'agit d'une alliance à trois - l'accompagné, l'accompagnateur et l'Esprit Saint. L'accompagnateur aide l'accompagné à faire mémoire, à relire sa vie sous le regard de Dieu. C'est différent d'une psychothérapie. Nous débutons d'ailleurs par une prière. Le regard toujours bienveillant, sans jugement, l'écoute profonde de l'accompagnateur aide l'accompagné à se sentir enfant bien-aimé de Dieu. L'accompagné peut progressivement entrer dans une relation de confiance, être vrai, dire ses peines, ses joies, ses difficultés, ses choix, les discernements à faire.  Avec un petit groupe de paroissiens, j’ai suivi avec joie et reconnaissance la formation donnée par le père Tardy plusieurs samedis matin de suite, puis celle délivrée par les Jésuites au Centre Manrèse de Clamart. Ce parcours m’a confirmée dans mon désir d’accompagner les frères et sœurs que le Seigneur mettra sur mon chemin. » 

Saint-Denys, laboratoire de l’Église
Le diocèse de Paris a décidé de former des laïcs à l’accompagnement spirituel.
Premier temps fort : la journée diocésaine organisée le 7 mars dernier dans la crypte de Notre-Dame-des-Champs sur le thème : « L’accompagnement spirituel - Quel accompagnement ? Quels accompagnateurs ? ». Formateurs de prêtres, coachs, psychologues…, se sont succédés pour expliquer aux 200 représentants de toutes les paroisses présentes ce qu’est l’accompagnement spirituel et en quoi il diffère de l’accompagnement psychologique. Mgr Benoist de Sinety a conclu cette journée de réflexion en soulignant que les besoins sont nombreux : « catéchumènes, fiancés, jeunes et moins jeunes doivent trouver quelqu’un de disponible dans l’Église ». D’où la nécessité de s’appuyer sur des laïcs pour seconder les prêtres. 
Pionnière dans le diocèse, notre paroisse a déjà formé deux hommes et de quatre femmes susceptibles d’accompagner ceux qui en font la demande. Une expérience suivie de près par Mgr Alexis Leproux qui est venu les rencontrer l’an dernier à Saint-Denys et échanger avec eux. À suivre. 
SH              

Vous souhaitez être accompagné spirituellement ? C’est possible !
Parlez-en à un prêtre de la paroisse. Il saura vous diriger vers la bonne personne.

Le catéchuménat à Saint-Denys : un chemin de vie


Pour le catéchuménat du Marais le confinement s’est annoncé à un moment délicat de l’année, précisément au temps prévu pour le week-end de récollection annuelle chez les sœurs bénédictines de Sainte-Bathilde à Vanves. Cette récollection est un temps privilégié de recueillement, d’enseignement, de convivialité et de partage de la vie de prière de la communauté religieuse qui nous accueille. Pour les catéchumènes comme pour ceux qui cheminent vers les autres sacrements de l’Église, c’est le moment le plus intense de l’année. Pendant la messe du dimanche, les catéchumènes reçoivent leur troisième scrutin, dernière étape avant leur baptême. Le père Roger et les accompagnateurs qui se préparaient pour intervenir activement pendant la recollection ont enregistré les sujets prévus sous forme de fichiers audio qui ont été distribués à tous. La même approche a été adoptée pour la dernière rencontre du groupe en mai autour du sujet de l’Église, avec notamment un très bel enseignement par le père Jean-Baptiste Arnaud (Saint-Louis–en-l’Ile). Les baptêmes prévus pour Pâques ont tous déjà pu être célébrés dans les paroisses aux moments jugés favorables. Quant aux confirmations, elles sont décalées au 12 septembre. Un nouveau catéchumène nous a été donné en pleine période de confinement. Et quelle était notre joie de pouvoir nous retrouver « en vrai » le 3 juin dernier pour clore notre année, dans la cour du presbytère autour d’un apéritif dînatoire suivi de complies dans l’église !                                                                
Pour rappel, dans notre diocèse le catéchuménat est organisé en doyennés, le nôtre incluant notre paroisse, Saint-Paul-Saint-Louis, Saint-Louis-en-l’Ile et les Blancs-Manteaux. Tous ensemble, accompagnateurs, accompagnés, et quelques néophytes, nous formons un groupe qui oscille autour de 40 personnes. 


Le baptême de Célia, ancienne catéchumène


Le baptême de Célia s’est déroulé, en plein confinement, le 25 avril dernier, dans la plus grande intimité, le père Roger ayant estimé qu’il y avait « urgence » sur le plan spirituel, afin qu’elle puisse recevoir prochainement le sacrement de mariage. 
Notre petit groupe admis pour l’entourer, sa marraine, son fiancé et moi-même, son accompagnatrice au catéchuménat, est entré dans une église fermée, en passant par les salles paroissiales. La chapelle du baptistère avait été préparée pour l’événement par le séminariste Louis-Marie. Notre attention a été attirée par une magnifique rose attachée au cierge pascal que le séminariste Édouard avait cueillie pour l’occasion dans le jardin du presbytère.
Après un temps d’attente qui nous a permis de nous recueillir, le père Roger nous a invités à nous rendre à l’entrée de l’église pour les rituels de l’accueil et de l’Ephata (« Ouvre-toi », Mc 7, 34) qui consiste à ouvrir le futur baptisé à l’écoute de la Parole et à la proclamation de la foi. Ce rituel fait partie des scrutins que Célia n’avait pas pu recevoir en raison du confinement.
Nos pas se sont dirigés ensuite vers la chapelle du baptistère. Célia a tenu à intégrer à la liturgie de la parole le psaume du Bon berger, car c’est sous cette figure que le Seigneur lui est apparu, dès leur toute première rencontre en catéchuménat. C’est Édouard, son fiancé, qui a rempli d’eau la cuve baptismale.
Après le baptême, nous avons suivi le père Roger vers l’autel principal en chantant le Magnificat. Célia a été ensuite confirmée, puis elle a reçu sa première Communion.
Après la signature des registres, nous avons quitté l’église joyeux et en toute discrétion.
KK           


 

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