Le Petit Cephalophore

mercredi, mars 23, 2011

Mars 2011 : l'éditorial du père Quinson

Qu’est-ce que le Carême Pourquoi des enfants, après trois années de catéchisme, répondent-ils souvent : « Ne pas manger de chocolat » ou « Se priver de bonbons » ? Nous pourrions bien nous réjouir en nous disant que nous leur avons transmis un certain sens de la privation ou du « sacrifice », mais l’enjeu est-il là ?
Ou encore : le Carême est désormais régulièrement appelé le « Ramadan des chrétiens » ce qui provoque chez certains chrétiens un vague sentiment de culpabilité avec l’impression que c’est moins dur chez nous ! Mais faisons-nous Carême comme les musulmans font Ramadan ?
Sans doute certaines pratiques extérieures (jeûne, aumône, prière) ont-elles des points de similitude quelles que soient les religions, mais la foi qui les inspire n’est pas la même. Autant le Ramadan est un marqueur identitaire pour un musulman, autant c’est la fête de Pâques (et non le Carême) qui devrait l’être pour un chrétien.
S’abstenir de chocolat peut avoir du sens pour celui qui a la foi mais tout le monde conviendra que cela n’a pas constitué le cœur de la prédication de Jésus !

Qu’est-ce que le Carême ?
Historiquement, c’est la Promesse d’une terre qui a mis en route le peuple juif pendant 40 ans. De même c’est la fête de Pâques qui est fondatrice du Carême et non l’inverse. Autrement dit, c’est Pâques - c’est-à-dire la mort et la résurrection du Christ - qui finalise liturgiquement le Carême. Ce sont les baptêmes d’adultes dans la nuit de Pâques qui - dès l’origine de l’Église - ont suscité la nécessité d’un temps de préparation. C’est la perspective d’être renouvelés dans la grâce de notre baptême qui doit chaque année soutenir notre marche vers Pâques.
Cela devrait nous obliger à revisiter profondément ce qu’est le Carême pour mieux en percevoir la dimension baptismale.
Du coup, la vraie question est celle-ci : que signifie pour nous être baptisés ?
Même si nous n’aurons pas assez d’une vie pour la mettre en œuvre, la réponse est simple à formuler : vivre comme le Christ.

Puissent les catéchumènes, qui ont été touchés un jour par la joie de l’Évangile, nous stimuler et nous relancer sur ce chemin.
Père Paul Quinson

Petite histoire du Carême

« Les jours et temps de pénitence pour l’Église tout entière sont chaque vendredi de toute l’année et le temps du Carême », c. 1250 du Code de droit canonique. Temps de pénitence communautaire qui invite les fidèles à « s’adonner de manière spéciale à la prière », à « pratiquer des œuvres de piété et de charité » à « renoncer à eux-mêmes… en observant le jeûne et l’abstinence » (c. 1249). Or, ni Jésus ni ses disciples ne jeûnaient. (« Jésus leur dit : "Pouvez-vous faire jeûner les invités à la noce pendant que l'époux est avec eux ?" » Luc, 5, 34). Alors, pourquoi jeûnons-nous ? L’histoire du Carême est aussi celle du jeûne.

Dès le Ier siècle, les chrétiens ont pratiqué le jeûne, soit un jeûne antepascal unique et ininterrompu les Vendredi et Samedi saints, jours où précisément l’Époux est absent, soit durant la semaine sainte jusqu’au matin de Pâques, à l’image des Hébreux qui, au temps pascal, doivent durant sept jours se nourrir du « pain de misère », sans levain (Ex. 12, 18 et Dt. 16,3).

Au IVème siècle, dans l’Empire désormais chrétien, le jeûne devient universel (on pratique la xérophagie : pain et fruits secs), s’allonge et prend le nom de Quarantaine (Quadragesima, qui donnera « Carême ») à l’imitation des quarante jours de Jésus passés dans le désert ou par Moïse sur la montagne sainte, ou des quarante jours de marche d’Élie vers l’Horeb, la montagne de Dieu.  Saint Augustin en donnerait deux autres justifications[1]. Ce serait, d'une part, parce que saint Matthieu énumère quarante générations pour la généalogie de Jésus. "Le Seigneur est descendu à nous en passant par quarante générations, afin que nous montions vers lui par quarante jours de jeûne". Ce serait d'autre part, en ajoutant un dixième au quadragénaire, pour pouvoir arriver au terme de la cinquantaine, de la même manière que "pour arriver au bienheureux repos, il nous faut travailler pendant tout le temps de la vie présente : aussi le Seigneur est-il resté quarante jours avec ses disciples et le dixième jour suivant, il envoya le Saint Esprit consolateur". La première attestation de cette quarantaine est égyptienne et date de 330. A Rome, à la même époque, le jeûne est de six semaines, excluant les dimanches, jour de la Résurrection. Le Carême commence alors le dimanche, appelé "jour de la quadragésime". Une quarantaine qui ne compte donc en réalité que 36 jours de jeûne réel, soit un dixième de l'année. Pour obtenir le bon compte, on rajoutera quatre jours au cours des Vème et VIème siècles, le mercredi ouvrant désormais le jeûne. L'évènement est signifié par l'imposition des cendres aux fidèles.
Ce Carême antique est donc vécu comme un temps de préparation. Préparation baptismale d'une part : c’est un temps d’instruction pour les catéchumènes adultes qui seront baptisés dans la nuit de Pâques. Préparation à la réconciliation d'autre part : c’est le temps de la penitentia publica pour certains pêcheurs ayant commis un acte grave (adultère, idolâtrie, crime de sang), qui ont publiquement demandé pénitence à l'évêque le mercredi des Cendres et qui seront publiquement réconciliés par l’évêque le Jeudi saint. Or, à partir de la fin du Vème siècle, le baptême pascal des adultes diminue pour faire place au baptême des enfants à Pâques ou à la Pentecôte, mais qui peut être administré dans l'urgence toute l'année (C'est à partir du XIème siècle que le baptême des enfants sera administré quelques jours après leur naissance). Quant à la penitentia publica, elle disparaît progressivement en même temps que la confession privée prend de l’ampleur.

Au VIème siècle, le carême devient alors un temps de pénitence et de jeûne pour tous les chrétiens, invités à une messe quotidienne avant l’unique et frugal repas de none (15h). A Rome se développe un liturgie stationnale, intransposable ailleurs faute de moyens. Les fidèles, réunis dans leur église, partent en procession vers l'une des basiliques romaines bâties par l'empereur Constantin (Saint-Pierre, Saint-Jean de Latran, Sainte-Marie-Majeure, Saint-Paul) et en chemin entraînent les passants invités à participer à la messe qui va suivre. Cette eucharistie quotidienne est particulièrement remarquable, car en temps ordinaire, elle est rare. Il s'agit bien de jeûner pour se nourrir du Christ.

Au XIIème siècle, la pratique du jeûne connaît des assouplissements : le repas (sans œufs ni viande[2]) est avancé à midi, le (mauvais) vin autorisé[3], et l’usage s’instaure d’une légère collation le soir (pain, légumes bouillis, miel). Pour mieux les supporter, ces quarante jours d’ascèse sont alors précédés par les fêtes profanes du Carnaval (l’adieu à la viande : carne) qui, lui, autorise tous les excès, jusqu'au sommet du Mardi gras…

Au XVIème siècle, la Réforme critique avec virulence et le Carnaval, qui disparaîtra dans les états protestants, et la pratique du jeûne. Elle prône une démarche purement intérieure. La Contre-Réforme menée par l’Église maintiendra la liturgie rituelle du carême (qui ne doit manifester aucun signe de joie : pas d'Alléluia ni de Gloria, pas de célébration de mariage) tout en assouplissant le jeûne (lait, œufs, puis café et chocolat sont autorisés, la collation du soir devient repas léger, des dispenses sont accordées en fonction de l’âge ou de la santé des fidèles). Ce mouvement, initié au Moyen Age, en faveur d'une ascèse moins rigoureuse, se poursuivra jusqu'à Vatican II : depuis 1969, l’abstinence (c'est-à-dire la privation de viande) est réservée aux seuls mercredi des Cendres et Vendredi saint.

Que devient le Carême dans notre société contemporaine largement déchristianisée ? De manière remarquable, il renoue avec la tradition de l'Eglise primitive au sens où il retrouve son orientation baptismale grâce au retour du baptême des adultes lors des vigiles pascales. Avec les catéchumènes, les fidèles sont donc invités à se mettre en route, dans le renoncement à eux-mêmes, vers la mort et la résurrection du Christ. Tous en marche vers Pâques !         
Dominique T.

Illustration :  Pieter Brughel l'Ancien, le Combat de Carnaval et Carême, 1559.


[1] Selon la Légende dorée de Jacques de Voragine, archevêque de Gênes, au XIII° siècle (1230-1298),
Sur l'histoire du carême, voir notamment Jean Chelini, Le Calendrier chrétien, Paris, 2007 et le Dictionnaire de théologie catholique, Paris, 1902-1950.
[2] Le poisson, parce qu'il sort de l'eau, n'est pas considéré comme ayant de la chair (carne, viande).
[3] Saint Thomas écrit que la boisson n'est pas nourriture, "même si elle nourrit un peu", Somme, II à II ae, q. CXLVII, a. 6 ad 2.

Projet paroissial de Carême n°1 : les protégés du père Aduel

Avec l’aide d’un couple de la paroisse, j’ai commencé à soutenir quatre enfants d’une habitation qui s’appelle Bas-Quartier, dans la commune de Port-Margot, située à 45 kilomètres à peu près du Cap-Haïtien. J’ai grandi dans ce coin, ma mère, mes sœurs et frères, mes tantes et oncles y vivent encore. Très souvent, beaucoup d’enfants n’arrivent même pas au bout du cycle du primaire, car les parents ne peuvent pas assurer le coût. Ces temps-ci, les choses deviennent de plus en plus difficiles. La situation de ces quatre enfants illustre bien la dure réalité à laquelle sont confrontés de nombreux enfants haïtiens surtout dans les zones les plus reculées. Je vous présente ici les enfants, tel que je l’ai fait pour le couple bienfaiteur auquel j’ai déjà adressé un rapport.

Kensia et Woodson C. :
Ils sont frère et sœur. Leurs parents ne s’étaient pas mariés. Après la naissance de Woodson, le dernier, ils se sont séparés. Le père, après avoir été touché par la maladie, est devenu comme hébété. Il ne peut même pas identifier ses enfants. Il faut dire, qu’avant même sa maladie, il n’aidait déjà pas leur mère à répondre aux différentes charges. La maman, sans emploi, comme plus de 80% de la population, ne peut pas assumer le poids des trois enfants. Elle est obligée d’aller régulièrement en République Dominicaine, espérant trouver un mieux être.
Mieux être ? À preuve, à la fin du mois de décembre elle s’y rendait. Ainsi, elle n’a pas pu célébrer les fêtes de fin d’année avec ses enfants. Quand je suis arrivé, la scolarité des enfants n’avait pas été payée. En fait, c’est moi qui la soutenais et la somme que je lui avais envoyée au début du mois d’octobre avait été utilisée pour payer les dettes de l’année précédente (2009-2010) et pour acheter les fournitures de travail pour l’année en cours. Il y a une troisième enfant dans cette fratrie qui s’appelle Kettelie, je décide de l’aider à partir de mes maigres revenus. Kensia est en 6e Année fondamentale, ce que vous appelez CM2 en France.

Emmanuela et Wekenson L. :
Ils sont frère et sœur d’une fratrie de trois enfants. Leur maman est décédée quelque temps après l’accouchement de sa petite dernière, Emmanuela. Ils ont été abandonnés par leur papa. Leurs grands parents les avaient récupérés. Le grand-père est décédé il y a de cela deux ans. Démunie, perpétuelle chômeuse, veuve, la grand-mère essaie comme elle peut de faire face à la situation. À mon arrivée au pays, elle m’a expliqué en pleurant ses peines et ses misères. Je lui ai dit : « voilà qu’il y a un couple français qui m’a donné une somme, je vais vous aider à couvrir les frais ». Elle était toute heureuse.
Dans les deux cas, vous comprendrez chers amis qu’il s’agit des gens qui sont réellement en difficulté. Vous comprendrez aussi que votre don sera utile à quelque chose. Si je reçois d’autres fonds, je tâcherai d’aider d’autres enfants de cette même habitation. Je vous promets un rapport régulier et détaillé de la gestion de vos dons comme je l’ai fait pour le couple dont j’ai parlé au commencement. Je veux vous faire savoir qu’il ne s’agit pas d’une association que je dirige, c’est une œuvre de compassion qui n’a pas de titre et je suis heureux de la réaliser dans la plus grande discrétion.

Au nom de tous ces enfants, je vous dis merci. Je vous souhaite un bon Carême. Union de prière.

Père Aduel Joachin

Chèque à libeller à l’ordre de Saint-Denys en portant au dos du chèque la mention "Port-Margot"
et à déposer au secrétariat paroissial ou à envoyer à : 
Paroisse Saint-Denys du Saint-Sacrement, 15 rue Saint-Claude, 75 003 Paris

Illustrations : Michaëlle et Henri-Claude Obin, peintres haïtiens.

Ci-joint le lien vers l'article qui avait été consacré au père Aduel lors de son arrivée à Saint-Denys :

Projet paroissial de Carême n°2 : nourrir 792 enfants malgaches

L'association Esperanza, joie des enfants, que je préside, a vocation à financer un repas quotidien, servi à des enfants malgaches. L'association est modeste (une cinquantaine d’adhérents) mais précieuse puisqu’elle nourrit aujourd'hui près de 800 enfants, demain 1000, tant la situation du pays est mauvaise et la demande grandissante.
Nous avons deux atouts : d'une part, la garantie que notre aide financière est bien employée, puisque ce sont des religieuses (Sœurs Trinitaires, de Notre Dame de Fatima ou du Cœur de Marie) qui l'utilisent : elles font les courses au marché, préparent le repas, composé principalement de viande et de riz, et le servent dans leurs cantines, à des enfants qu'elles connaissent bien. D'autre part, l'attrait fiscal : l'association (loi de 1901) vous fournit un reçu qui permet de déduire de votre impôt 75% du montant de votre don. Ainsi, un don de 50 € ne vous coûtera après déduction fiscale que 12,50 €.

Or, avec 50 €, nous pouvons nourrir un enfant pendant un an…

Nous espérons donc votre soutien pour nous aider à poursuivre notre mission, portée par la prière des sœurs.
Comment aider ? En donnant ce que vous pouvez !
- Soit en devenant membre d'Esperanza, grâce au bulletin d'adhésion disponible sur le panneau dans l'église,
- soit par un don ponctuel, en faisant un chèque à l'ordre d'Esperanza, à déposer au secrétariat.
Pour tout renseignement, en particulier si vous n'êtes pas paroissien de Saint-Denys, n'hésitez pas à écrire à :
le_petit_cephalophore@yahoo.fr

A tous, merci de votre générosité. 

Philippe Th.

Le Carême, ma route vers le baptême. Témoignages


Cinquante ans d’attente...
Catherine, 59 ans, sera baptisée la nuit de Pâques :
« Je suis née d’une mère allemande catholique non pratiquante et d’un père algérien musulman pratiquant. Ma sœur aînée a été baptisée mais pour moi, mon père a dit : « Elle décidera plus tard ». Il espérait peut-être que je choisirais sa religion. Mes parents se sont séparés quand j’avais neuf ans et je suis partie vivre avec ma mère en Allemagne. Quand nous sommes revenues à Paris, ma sœur fréquentait une bande de blousons noirs. Le curé de la paroisse de la Trinité, Marc Oraison, était proche d’eux et il hébergeait celui qui allait devenir le mari de ma sœur. Le père Oraison m’a inscrite dans une école catholique. J’assistais aux célébrations sans pouvoir communier et j’en ressentais une grande frustration. Je demandais régulièrement à être baptisée mais l’abbé Oraison me répondait : « Je te baptiserai quand tu auras vingt ans. » Un été, en Espagne, ma mère m’a offert un Christ en pendentif. Quand mon père l’a vu, il m’a dit : « Tu crois au Bon Dieu maintenant ? » Je lui ai répondu : « Comme toi ! ». Mais cela s’est mal passé. Par la suite, j’ôtais ma chaîne avant de le rencontrer et cela me peinait. A vingt-deux ans, j’ai redemandé au père Oraison à être baptisée mais il n’avait jamais le temps. Il m’a fait entrer au journal La Croix où j’ai travaillé pendant quatre ans entourée de catholiques pratiquants. C’était une souffrance de devoir répondre que je n’étais pas baptisée. Et puis le père Oraison est mort. Je n’ai pas renoncé pour autant à mon projet mais à chaque fois, des obstacles nouveaux surgissaient. J’ai fini par me convaincre que le Bon Dieu ne voulait pas de moi jusqu’à ce que je rencontre Brigitte à mon travail. Grâce à elle, je suis entrée au catéchuménat de Saint-Denys. Je serai enfin baptisée, après cinquante ans d’attente, dans la nuit de Pâques. » 
Propos recueillis par Sylvie H.


Entraînée par la foi des autres
A quelques semaines de son baptême prévu pour la nuit de Pâques, JooHee, jeune femme sud-coréenne, retrace son chemin vers Dieu :
« Mes parents m'ont laissé le libre choix de croire. » La famille du père de JooHee était protestante et celle de sa mère était bouddhiste. « J'ai été marquée par la conversion de ma grand-mère maternelle, après le mariage de mon oncle avec une catholique. Ma grand-mère est devenue catholique comme sa belle-fille pour contribuer à l’entente familiale. » En disant cela, JooHee montre une petite médaille bouddhiste que sa grand-mère lui avait offerte en ce temps-là. « J'ai été touchée par les témoignages de charité des paroissiennes qui venaient voir ma grand-mère pendant sa maladie et à sa mort» Bien des années plus tard, à son arrivée en France pour terminer une thèse de didactique, JooHee s'achète une Bible. Elle côtoie pendant quelques temps un cercle de jeunes femmes protestantes, au cours de soirées de lecture biblique. Mais cela reste une expérience culturelle. C'est avec son fiancé Xavier que JooHee va commencer à découvrir l'Église. Xavier est catholique pratiquant. JooHee désire comprendre sa démarche. Elle l'accompagne régulièrement à la messe dominicale. « Pendant longtemps je suis restée observatrice. J'entendais ce qui était dit sans vraiment comprendre. Xavier, lui aussi, me laissait libre mais j’ai bien vu l'importance de la foi dans sa vie. » La rencontre décisive fut celle de Mina, une compatriote protestante et collègue à l'Ambassade de Corée. « Mina m'a donné le témoignage de la prière. Elle prie tout le temps. Elle trouve en tout une occasion de prière. » Mina est toute frêle mais très solide. Elle entraîne JooHee dans la vie intérieure. Un soir, à l'église Saint-Paul, JooHee décide de demander le baptême. Et voici que les deux années de sa préparation arrivent à terme. « Après le baptême, ce sera notre mariage avec Xavier. » JooHee attend avec impatience ces évènements.  « Je me sens déjà chrétienne, mais bientôt je le serai "officiellement". Je pourrai le dire à tous ».
Propos recueillis par Katarina K.                                                                                                                                                                                                           

L'intendance ou les anges gardiens de Saint-Denys


Jean-Abel et Jean-Marie : un tandem de choc ! Ils accomplissent dans l’ombre la tâche ingrate mais vitale pour notre Église, d’être « attentifs à tout ce qui cloche », d’écouter les doléances des uns et des autres, et d’assurer ainsi la « cohérence de tout le bénévolat. » Il faut « beaucoup écouter » pour pouvoir « coordonner les énergies ». En même temps, « la plus grande difficulté est de parler avec les gens, qui ont trop souvent le réflexe de ne s’adresser qu’au curé ! » Or, l’essentiel de leur travail consiste à soulager le père Quinson des soucis matériels, pour lui laisser le soin des âmes... C’est à nos deux intendants, donc, qu’il convient de signaler les petites choses qui ne vont pas : la chaise branlante, le clou qui dépasse, l’ampoule défectueuse, le bureau instable, l’étagère menaçante, le radiateur de guingois, le gond de travers et mille autres détails dont il faut bien que quelqu’un s’occupe !

En relation permanente avec le curé, et dans le respect des décisions budgétaires du Conseil Économique,  ils veillent aussi au suivi des entreprises, qu'elles soient mandatées par la paroisse ou par la mairie, qui effectue sa visite annuelle et décide des travaux à réaliser dans l'église comme le presbytère. Il faut être là pour les recevoir, les accompagner, les guider, les éclairer sur telle ou telle difficulté, les conduire jusque dans les recoins insoupçonnés. Il faut être « tre toujours disponibles, nsoupçonnés.ner, les guider, les éclairer sur e la paroisse ou par la mairie, qui effectue une visitetoujours disponible », c’est-à-dire consacrer en moyenne deux jours par semaine à la bonne marche de Saint-Denys. L’audit de l’électricité, par exemple, a duré une journée entière : il a fallu aller partout, des salles paroissiales en passant par l’église jusques aux cloches et au paratonnerre ! Puis il faut étudier le rapport, prendre contact avec un électricien compétent, comparer les devis, contrôler les opérations effectuées. Et c’est vrai pour tout : les travaux de menuiserie, de plomberie, le rempaillage des chaises, la mise en place d’un tronc sécurisé côté « Fatima » pour déjouer les astuces des pilleurs (bientôt aussi côté « saint Antoine »), la réfection du plancher de la salle Saint-Tarcisius, la réparation de la porte cochère (en coordination avec la municipalité qui doit elle-même prévoir le budget nécessaire), la négociation des meilleurs prix pour la photocopieuse (dix contrats étudiés en trois mois !), l’installation, cet été, de doubles vitrages aux fenêtres du presbytère donnant sur la rue, ainsi que la peinture de toutes les boiseries extérieures. Il s’agit, toujours, de prendre du temps pour trouver le meilleur coût, agréé par le Conseil Economique auquel ils appartiennent (ce qui facilite la prise de décision), pour dépenser au mieux l’argent de la caisse, c’est-à-dire les dons des paroissiens. Faire rempailler soixante et une chaises : 3 000 €, installer une meilleure sono dans l’église : 8 000 €, un lourd travail qui a demandé déjà six mois de mise au point et qui n’est pas achevé.

A eux aussi les gros rangements, auxquels il faut bien qu’un (que deux !) courageux s’attelle : propre comme un sou neuf, la cabane du jardinier (de la jardinière !) ; dépoussiérés, vidés, nettoyés, les combles de l’église, sur trois étages au-dessus de la sacristie...


Un beau « travail d’équipe, en osmose avec le père  » entre deux personnalités si différentes qu’elles se complètent bien, pour atteindre un même but : « que tout le monde soit satisfait ! ». Ils apprécient aussi les coups de mains, et se souviennent par exemple de l’aide efficace de Bernard L. pendant les JAM. Quelquefois, il suffirait de presque rien : « aller au bout du geste quand on fait quelque chose », être attentif aux autres, tout simplement.

Pour l'oeuvre accomplie.... et pour tout ce qu'il reste à accomplir, chapeau bas, Messieurs les super Intendants !
Dominique T.

Le cauchemar des grands travaux

« Dans un pays lointain, un homme fit un cauchemar si terrifiant qu’il en perdit le sommeil. Fatigué de ne pas retrouver la paix, il se décida à demander conseil au Sage de la Montagne. Il se mit en route, priant le ciel de lui donner l’éloquence nécessaire pour se faire comprendre. A sa grande surprise, parvenu à l’ermitage où vivait le Sage il fut reçu sans tarder. « O sage, dit-il, les gens de la vallée disent que tu es entendu des dieux et que tu sais lire dans les cœurs, aide-moi ! j’ai fait un affreux cauchemar, aide-moi à en trouver la signification ! ».
Le Sage l’invita à raconter son cauchemar et l’écouta attentivement :
« Voici, dit l’homme : je m’étais endormi quand tout à coup je fus transporté dans un cirque où se jouait un spectacle merveilleux. Des enfants, des hommes et des femmes de tout âge se trouvaient réunis dans une harmonie parfaite, bénéficiant d’une nourriture céleste inconnue des humains, ils se rendaient service les uns aux autres dans un grand amour… C’était le Paradis sur terre… ».
Le sage l’interrompit : « Homme, tu m’as parlé tout à l’heure d’un cauchemar, n’est-ce pas ? »
« Ô vénérable Sage, je comprends ton impatience, voici la suite ».
« Je t’écoute », lui répondit le Sage.
L’homme reprit : « J’étais donc ravi par ce spectacle quand mon attention fut attirée par une petite porte que je n’avais pas aperçue jusque là. Je la regardais quand tout à coup je fus emporté par un esprit et entraîné à travers cette porte jusque dans les coulisses du cirque. C’était terrifiant : un homme était là, tout seul. Très vite je compris qu’il était le responsable du lieu. Il devait faire face, seul et à une cadence effrénée, aux attaques de monstres ailés qui cherchaient à le détourner de son travail. 
Je découvrais que les coulisses était le théâtre d’un spectacle ignoré de tous ceux qui étaient de l’autre côté. Deux mondes étaient là, séparés par une porte et s’ignorant l’un l’autre. Et je me disais : « mais comment prévenir les spectateurs ? Comment faire entrer le monde merveilleux de l’amour dans les coulisses ? ». Tout à coup deux anges surgirent, et vinrent au secours de l’homme seul. C’est là que je me suis réveillé mais depuis je ne dors plus »…

Houlà, j’ai dû m’assoupir… Quel rêve étrange… Bon, au travail ! L’équipe du Petit Céphalophore me demande la liste des travaux effectués depuis 2003 : rénovation presque totale du presbytère (2004-2006) ; bras de fer avec la ville pour le changement de la chaudière (hivers 2004, 2005, 2006) ; changement de toutes les serrures (2006) ; toilettage des salles paroissiales (étalé sur plusieurs années) ; réfection de la cheminée du presbytère (écroulée pendant l’été 2008) ; placards et plancher de la salle Saint-Tarcisius (été 2009) ; peintures et double vitrage des fenêtres du presbytère (été 2010) ; changement de la sonorisation de l’église (2010) sans compter tous les menus travaux d’entretien, de réparation (fuites des gouttières, mise aux normes de l’électricité de l’église…)…. Mais que ferais-je sans Jean-Abel  et Jean-Marie ?

… « Le Sage resta un long moment en silence, les yeux fermés. Lorsqu’il les rouvrit une joie mystérieuse se lisait dans son regard. Il prit la parole :
« Homme, voici le sens de ton rêve : le spectacle merveilleux c’est la paroisse Saint-Denys du Saint-Sacrement, les monstres des coulisses, ce sont les travaux incessants auxquels le curé doit faire face, les deux anges sont deux paroissiens providentiellement envoyés par Dieu pour le soulager… »…

Driiiiiiiiiing ! « Allo ? Père Quinson ? Oui, ici Jean-Marie… Jean-Abel vous a dit ? Non ? La tribune d’orgue s’est effondrée… Mais non ! Poisson d’avril ! ».
P. Quinson
Illustrations : le curé combattant un monstre aîlé avec aux lèvres le sourire de l'Espérance ; les anges, venus à la rescousse, terrassant ledit monstre.

UNE RÉALITÉ EN QUELQUES COÛTS

Les dépenses de fonctionnement, c’est 22% des dépenses de la paroisse :
18 000 euros de chauffage, 8 500 euros d’électricité, selon les années et les travaux en moyenne 21 000 euros d’entretien courant qui recouvrent des opérations multiples, 11 000 euros de frais de reprographie, 3 000 euros de téléphonie, 3 200 euros de contrats de maintenance, 4 000 euros d’assurances… et au-delà de ces quelques chiffres plusieurs dizaines de fournisseurs, de devis, de contrats à suivre avec attention tout au long de l’année.

Un nouveau séminariste venu d'Orient


Yong -Sok Yang, séminariste de 26 ans, vient d'arriver dans notre paroisse depuis la Corée du Sud. Il fait partie d'un petit groupe de séminaristes envoyés à Paris par leur évêque pour la poursuite de leurs études. Enthousiasmé, il confie : « J'ai toujours été impressionné par l'histoire de Paris. Au fil de mes premières promenades, j'ai pu contempler son unité architecturale et sa beauté ». Tout d'abord, c'est le français qu'il lui faut apprendre, condition indispensable pour reprendre ses études. Yong a déjà fait connaissance avec quelques prêtres de son pays résidents à Paris et a bénéficié de leurs conseils. Ainsi, il ne se sent pas isolé. « J’ai été baptisé à deux ans, en même temps que tous les membres ma famille, petits et grands, suite au baptême de mon grand-père peu avant sa mort », se souvient-il. La famille de Yong est restée pratiquante. Dans son enfance, Yong rêvait parfois d’être prêtre un jour, mais c'était quelque chose de très caché, jusqu'au jour où l'évêque, de passage dans leur église, lui posa la question de ce qu'il souhaitait devenir. Il s'entendit alors répondre : "prêtre", à sa propre surprise. Il devint enfant de chœur, entraînant toute sa famille dans une plus grande ferveur. Mais au lycée, il oublia son premier appel. Il se posa moins la question de son devenir et s'intéressa davantage aux filles ! Néanmoins, il continua d’aller à l'église tous les dimanches. Puis il commença des études d’ingénieur du son. Et c’est durant son service militaire que sa vocation s’est affirmée. Un jour, pendant la prière à l’église, une chaleur forte l'envahit de manière inattendue, il ressentit une joie intense, une plénitude indescriptible. Il savait alors qu’à son retour à la vie civile, il allait commencer une vie nouvelle…
Katarina K. avec l'aide de JooHee qui a joué les interprètes.

Maylis de Kerangal, Prix Médicis 2010, était aux JAM !



Quelques jours après avoir remporté le prix Médicis pour son roman «Naissance d'un pont»*, Maylis de Kerandal était accueillie pour une séance de signatures sur le stand librairie des JAM. Amie de la paroisse Saint-Denys où ses enfants ont été baptisés par le Père Quinson, et ont suivi le catéchisme, elle livre au Petit Céphalophore quelques clés sur son ouvrage, récompensé dès le premier tour et à l'unanimité du jury !

Le Petit Céphalophore : Du point de vue d'un Chrétien, l'univers de votre livre peut-il être perçu comme le microcosme de notre univers ?
Maylis de Kerandal : J'ai effectivement conçu le chantier comme un microcosme, une caisse de résonance du monde contemporain. Une fenêtre sur sa violence mais aussi sa grâce et sa fragilité. Je ne peux pas dire que j'ai eu une vision chrétienne, mais des choses dans ma culture chrétienne ressortent fortement dans le livre, on me l'a fait souvent remarquer. J'ai réfléchi à la place de l'homme devant son destin. Et à la possibilité d'un accomplissement dans une entreprise plus grande que soi-même, plus grande que l’être humain. Des thématiques liées à une optique chrétienne qui est la mienne. Les premiers mots du livre sont : « Au commencement...».  Comme une genèse... Le chantier est le point de convergence entre les humains. Je trouve çà tellement important !

L.P.C. : Avez-vous envisagé vos personnages comme des archétypes -du bien, du mal- ?
M.K. : Pas vraiment. L'idée qui m'a guidée est celle de la réconciliation entre les hommes, dont l'antagonisme se concrétise à travers ces deux territoires. Est-elle envisageable ? L'idée du lien entre ces humains, et de la tension qui existe entre eux. Est-il possible de les réconcilier par ce moyen, réel, qu'est le pont ? Malgré les péripéties, les oppositions, le pont avance. Je n'ai pas voulu livrer une vision idéaliste, ni matérialiste. Mais celle de la puissance de la nature, un matérialisme enchanté. Le style s'efforce d'enchanter la prise directe avec la nature. Diderot , le philosophe athée, un pragmatique qui retrousse ses manches, tombe amoureux de Katherine, une femme représentant le panthéisme à l'américaine, à travers le prisme de la Création. Ces deux conceptions qui s'opposent se rencontrent au cours d'une démarche très transcendantale. Tandis que Diderot tire sa force de l'action, de la spéculation, Katherine affirme : «On peut se réinventer.» Elle lutte contre le malheur, se fraie un chemin vers une certaine réalisation à travers une vie très difficile. Et aspire à l'amour.

L.P.C. : Et l'amour, justement, quel rôle joue-t-il ?
M.K. : Sur ce chantier, avec son lot de fureurs, s'insinue quelque chose qui lui ressemble, à travers le rapport à l'autre, les regards. La question du visage de l'homme est abordée, essentielle. L'amour dans mon livre ? Pas des projets de vie à deux, mais des instants. La part sensuelle et gracieuse de l'amour.
Propos recueillis par Marie-Christine D.
(*) Éditions Verticales.


 

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