Des nouvelles de notre séminariste Henri !
Chers tous,
chères toutes,
Après déjà plus de trois
semaines passées au Caire, voici des nouvelles toutes fraîches de mes premiers
pas dans cette ville et dans ma mission :
Après
ma descente d’avion, j’ai été remarquablement bien accueilli par le frère
George, religieux Lasallien et directeur du grand collège De la Salle, où je
réside désormais, avant de commencer les cours, le 21 septembre. Le collège se
situe au milieu d’un quartier bruyant et dynamique, à proximité des grands axes
qui conduisent au centre du Caire. Lorsqu’on veut circuler à travers ces
derniers, on est d’abord frappé par l’absence de régulation (de passage clouté, de
flic, de panneau de signalisation… enfin de code de la route quoi). La
traversée de ces derniers, pour un jeune Parisien, semble une mission
impossible quand on comprend qu’il faut se frayer un chemin à travers la jungle
motorisée, surtout quand les Cairotes daignent à peine ralentir à votre
passage, au mieux vous contourner pour vous raser les orteils ou les talons.
Mais hamdulillah ! on finit tous
vivants. De toute façon, c’est ça où on reste sur le trottoir. A un moment il
faut se lancer.
La
poussière des rues, l’accumulation des ordures où se nourrissent chiens et
chats errants, l’odeur des étalages de viande et de poisson au soleil, enfin le
comportement des voitures et des scooters, nonchalants dans leur conduite et
agressifs sur leur klaxon, ont rendu mes premiers pas dans la ville quelque peu
éprouvants ! D’ailleurs ça n’a pas manqué : dix jours après mon arrivée, au
moment d’un gros coup de fatigue et après un dîner pas très équilibré dans un
petit restaurant touristique avec deux autres volontaires de l’Œuvre d’Orient,
me voilà malade et cloué au lit pendant deux jours avant de me remettre sur
pied, immunisé (espérons-le) pour la suite de mon séjour.
Au
milieu de tout ça, j’ai cependant eu la joie de découvrir une communauté
chrétienne bien vivante autour des « collèges des frères », c’est à dire des
écoles tenues par les Lasalliens et celle de la Sainte-Famille tenue par les
Jésuites. De nombreux Égyptiens chrétiens et francophones, ayant fait toute
leur éducation chez les frères ou les sœurs, eux-mêmes professeurs ou parents
d’élève, sont engagés d’une façon ou d’une autre dans leur communauté. La
pratique chrétienne est cependant vécue de façon très fermée, et leur minorité
est bien visible.
Dans une église, on sent si on
est un membre de la communauté ou si on ne l’est pas. Des policiers, censés
protéger les chrétiens depuis les derniers attentats, gardent systématiquement
l’entrée et décident s’ils vous y admettent ou non. A la cathédrale copte Saint-Marc,
j’ai dû présenter mon passeport et assurer que j’étais chrétien. A l’église Saint-Joseph
des Franciscains, j’étais extrêmement suspect de vouloir assister à la messe
qui pourtant était célébrée en français ! Le policier qui m’a pris mon
passeport m’a affirmé qu’il ne me le rendrait qu’à ma sortie. Une fois à la
messe, ça m’a paru très clair ; je
n’étais pas des quatre Égyptiens qui y viennent habituellement, et il n’y avait
aucune raison que je le devienne.
Le
couvent des Dominicains de l’IDEO (Institut Dominicain d’Études Orientales) est
en quelque sorte un repère pour les quelques volontaires de l’Œuvre d’Orient
que nous sommes, ainsi que pour les jeunes Français sur place. Le projet de
faire revivre l’aumônerie des jeunes est déjà en marche ! D’un autre côté, la
paroisse des expatriés, dans le quartier de Maadi, fonctionne bien plus comme
une niche de cathos à la mode de chez nous. J’ai eu l’honneur d’être introduit
auprès de la communauté paroissiale à la messe du samedi soir par le curé, le
père dominicain Emmanuel. C’est peut-être le début d’une collaboration
fructueuse dans cette paroisse qui a tant besoin de petits services et surtout
de beaucoup de dévouement !
Vos enfants sont peut-être déjà
rentrés à l'école depuis 3 semaines, mais pour nous la rentrée est demain, et
le travail s'annonce déjà difficile ! La responsable du français au collège,
pour me mettre à l'aise, a décidé lors de notre première entrevue, de se
lamenter avec moi de la baisse généralisée du niveau de français et de
l'intérêt que lui portent les élèves. Et tous de me mettre en garde sur le
manque de discipline des jeunes qui profitent des séances d'oral (que je vais
donner) pour allonger un peu le temps de la récréation. Il va falloir s'armer
de patience ! Mais l'avantage de cette vertu, c'est que plus on s'en sert
plus elle s'accroît. Comme toutes les vertus d'ailleurs. J'en ai déjà un peu
usé avec les scouts et les enfants du KT, et déjà je peux dire combien ils me
manquent et ce que je leur dois !
Et de toutes façon, si je ne
sais pas à quoi m'attendre, je peux vous dire que les élèves non plus !
J'ai toujours une certaine
émotion quand je repense à la paroisse Saint-Denys et à tout ce que j'ai
partagé avec sa communauté pendant ces deux dernières années. Comment ne pas
penser à vous tout particulièrement en envoyant ce petit bulletin de nouvelles
?
B.R.A.V.O et M.E.R.C.I aux F.
qui acceptent de reprendre le groupe scout ! C'est un beau service que vous
rendez aux jeunes et je suis sûr que ce sera une belle aventure pour vous aussi
!
Je porte chacun d'entre vous
dans ma prière, et je vous confie tout particulièrement à la Vierge Marie dans
le pays de l'exil de la Sainte Famille. J'espère vous revoir sur le sol de
France !
مع السلامة
Henri