Le Petit Cephalophore

samedi, octobre 01, 2011

Octobre 2011. L'éditorial du père Quinson.

Les fruits du KT ?

J’ai souvent interrogé les couples qui se préparaient au mariage sur les souvenirs qu’ils avaient de leurs années de catéchisme. Les souvenirs étaient plutôt bons mais rares et peu précis : une bonne ambiance, telle catéchiste qui les avaient marqués, des copains, une religieuse, un prêtre, une retraite dont ils se souvenaient mais sans pouvoir en dire grand chose… J’ai aussi interrogé les séminaristes : mêmes réponses !
Je l’avoue, j’ai été déçu… Que restait-il de ce temps passé avec ces catéchistes ? Que restait-il de ce contact avec la Parole de Dieu et les sacrements ? Les résultats semblaient misérables au regard du temps et de l’énergie consacrés à cette mission pourtant centrale de la vie de l’Église. Était-ce là les fruits du catéchisme ?
Peu à peu j’ai compris qu’en parlant des fruits du catéchisme nous utilisions une image qui – pour moi - évoquait spontanément une corbeille pleine de fruits variés, colorés et savoureux. Les réponses visaient autre chose et je les trouvais décevantes.

Mais ces personnes parlaient en fait du catéchisme comme on évoque ses souvenirs d’enfance. Le flou vient de là. Qui peut prétendre savoir exactement ce qu’il a reçu de son père, de sa mère, de tel professeur ? Notre famille, l’école, les vacances, les amitiés, la danse ou la musique, tous ces lieux ont tissé la trame d’un contexte éducatif qui nous a façonnés et dont nous ne gardons pas toujours de souvenirs précis. Mystère de nos racines dont nous n’avons pas une claire conscience.
Qui se souvient de l’instant de sa conception ? Qui se souvient de son baptême s’il a été baptisé petit ? Et pourtant nous sommes vivants ! Et pourtant nous sommes baptisés !
La mémoire consciente ne dit pas tout de l’Homme.
Le catéchisme fait partie de ce terreau riche de bien des influences, d’une somme extraordinaire de patience, celle de nos parents, de nos catéchistes…
Une semence a été déposée, celle de la Parole de Dieu. Peu de souvenirs et pourtant une sorte de familiarité, comme une langue maternelle, parfois un peu oubliée et qu’il nous faudrait simplement réapprendre à parler davantage ensemble.

Les fruits du KT ? Des racines !
Père Paul Quinson

Il était une fois… le KT


C’est saint Paul qui invente le terme « catéchèse » (du grec « Katêchein ») qui veut dire « faire écho ». Il prend souvent  la forme d’un verbe qui signifie « enseigner ». Pour saint Paul, le but de l’évangile, c’est de catéchiser !
Aux IIIème, IVème et Vème siècles, les pères de l’Église élaborent des catéchèses pour les adultes qui privilégient une démarche initiatique conduisant au baptême. Redécouvertes au XXème siècle, elles ont inspiré le rituel de catéchuménat pour les adultes.
Au Moyen Age, la catéchèse  disparaît et l’on privilégie le baptême à la naissance. Ce qui fait l’éducation de la foi, c’est la vie liturgique, l’iconographie, les hagiographies, les pèlerinages…
Au XVIème et XVIIème siècles, Luther invente le catéchisme en diffusant ses prêches. Il veut donner à ses contemporains un outil d’intelligence de leur foi. Grâce à l’imprimerie, ses écrits circulent chez les réformés. Les catholiques ripostent. Le jésuite Canisius rédige le premier catéchisme de l’Église catholique avec trois versions : pour les gens simples, de culture moyenne, de haut niveau. Autre nouveauté : après le Concile de Trente, le curé est tenu pour responsable de la connaissance catéchétique de ses ouailles. En 1566, Charles Borromée, évêque de Milan, est chargé d’écrire un catéchisme universel qui servirait d’ouvrage de référence. Dans chaque diocèse, les évêques rédigent des manuels adaptés.
Fin XIXème et début du XXème, le catéchisme se rigidifie. Pie X pense qu’il est un instrument de résistance à la modernité. En réalité, un catéchisme sous forme de questions/réponses ne suffit plus. La société a perdu ses références chrétiennes et il faut repenser le catéchisme pour qu’il permette de vivre une expérience de la foi.
Au XXème siècle, le concile Vatican II permet de débloquer de nombreuses questions théologiques liées à la Révélation. Dans les années 70, on préfère partir de l’expérience mais du coup de nombreuses questions délicates, comme le péché, sont occultées.
Au XXIème siècle, les évêques français passent d’une logique d’entretien de la foi à une logique de proposition de la foi. Le catéchisme devient une forme de l’évangélisation de l’Église. Cette logique nous ramène aux Pères de l’Église et à la nécessité de partir du cœur de la foi, c’est-à-dire du Christ du mystère pascal.
Sylvie H.
Réalisé à partir d’un entretien avec Joël Molinario, professeur à l’ICP.

Qu'as-tu fait de ton KT ?

Il peut sembler parfois que les enfants du catéchisme, en grandissant, s’éloignent de l’Eglise, voire se désintéressent de la foi. Mais le KT laisse peut-être des traces plus profondes que cela – trop profondes, justement, pour pouvoir s’exprimer dans une société peu disposée à les écouter ! Tout le monde n’a pas la foi d’un missionnaire chevillée au corps, mais cela ne veut pas dire que Dieu est totalement oublié… Sarah, 24 ans et ancienne du KT de Saint-Denys, nous raconte : « Je me souviens que j’étais très concentrée au KT, par exemple quand on nous parlait de la confession, et du fait de se faire pardonner par Dieu. Mais j’ai parfois du mal aujourd’hui à croire encore. Je ne sais même pas si c’est à cause des positions de l’Eglise, qui me semblent parfois éloignées des réalités que je vois autour de moi. Je pense que c’est surtout à cause d’une indifférence ambiante à la question de la foi, au fait que les gens ne parlent jamais de Dieu au quotidien… Du coup, j’oublie tout simplement de me poser la question « est-ce que je suis croyante ? », parce que je dois penser à tout un tas d’autres choses ! Je ne sais pas trop ce que ce serait, au fond, de se dire « chrétien » aujourd’hui. Je pense que si  on me posait la question, pour un sondage, je dirais plutôt que je suis athée, parce que je ne pense pas assez à Dieu pour me dire catholique. Mais en fait, je me pose vraiment la question, et j’aimerais pouvoir avoir un rapport plus proche à la foi. »
Parfois, ce sont des expériences ultérieures qui entrent en résonance avec les souvenirs d’enfance ; nombreux sont ceux qui redécouvrent l’Eglise à l’âge adulte. Pour beaucoup de parents par exemple, c’est en inscrivant leurs enfants au catéchisme qu’ils reprennent vraiment contact avec l’Eglise. C’est donc aussi que l’importance du catéchisme leur est soudain réapparue comme essentielle ! « Quand j’étais petite, l’enseignement de l’Eglise insistait beaucoup sur la souffrance – le péché, la douleur du Christ en croix, la pénitence… – à tel point que je me suis écartée de l’Eglise, raconte Bénédicte. Mais malgré cela, j’ai inscrit mon fils dans une école catholique, en me disant qu’il était important qu’il entende parler de Dieu. En voyant ses copains aller au KT, il a voulu y aller aussi et a demandé le baptême. Aujourd’hui, je suis heureuse de retrouver une atmosphère de prière, que j’aimais vraiment étant petite, et de pouvoir prier avec mon fils comme j’ai pu prier avec mon grand-père ».
Le rapport de chacun à la foi est si mystérieux qu’il est difficile à comprendre, et souvent même à repérer. Il reste peut-être enfoui dans le cœur de chacun, et ne se manifeste pas toujours dans une fréquentation régulière de la paroisse. « C’était ma mère qui nous faisait le catéchisme quand j’étais petit, raconte Martin. Elle avait un livre, La Miche de pain, qui était surtout un enseignement moral, et très peu théologique ! Elle cherchait surtout à nous donner une conscience de ce qui était bien et de ce qui était mal. Cela m’a donné mauvaise conscience pour le restant de mes jours… mais aussi une habitude du retour sur moi-même et du recueillement. J’aime toujours autant entrer dans une chapelle silencieuse, mais je dois avouer que je fuis un peu l’agitation des grandes messes… Je préfère la prière intime de quelques personnes dans une église vide… ». Dieu agit dans le secret des cœurs !
Propos recueillis par Laetitia C.

Les parents du KT témoignent

Christophe P. : « J’attends déjà du « KT» qu’il donne à nos enfants, Martin et Rémi, de la liberté. Et que tout à la fois il sacralise, et désacralise, l’Église, pour que Saint-Denys devienne un peu leur maison de jeunes croyants qui ont compris quelques grands messages qui vont les porter toute leur vie.
Pour moi, papa, c’est aussi l’occasion de venir quatre fois l’an aux « dîners KT » des parents et catéchistes, pour savoir comment est perçu l’éveil à la foi de nos enfants et comprendre quels rapports ils entretiennent avec la foi ; mais aussi pour bénéficier des remises à niveau du père Paul, en connaissance et compréhension de la foi, en sorte de parcours Alpha de rattrapage, bien utile !
Et puis, les enfants nous disent parfois si peu de ce qu’ils font et apprennent… Pour nous parents, c’est aussi en partageant des actions de communautés comme celle-ci, ou les activités scouts de nos enfants, que nous pouvons ensuite échanger avec eux.
Le KT doit faire partie d'un ensemble qui leur permet de venir à l'église en étant contents… pas seulement quand il y a apéro à la fin de la messe ».
Propos recueillis par JLBB


Jeanne M-A. 
Tous les mercredis, Jeanne amène sa petite-fille Juliette au catéchisme. « Les parents sont de plus en plus absorbés par les problèmes matériels, alors l’encadrement spirituel revient aux grands-parents par la force des choses ! ». Pourtant, Jeanne insiste pour dire que sa fille est bien plus croyante qu’elle, plus pratiquante, aussi. « Je ne suis pas très pratiquante, je ne suis pas dans la fréquentation de l’Eglise – tout en étant croyante, profondément. Il existe certaines personnes, qui croient profondément mais sans forcément venir à l'église. Elles ne peuvent sauter le pas. Ce n’est même pas une réticence contre l’Eglise, simplement une difficulté ». Jeanne se présente comme quelqu’un qui a « du mal à pousser les portes », et se dit particulièrement encouragée par notre église. « La première personne que j’ai vue en venant inscrire Juliette au caté, Dominique, était dynamique et chaleureuse. C’est déterminant ! Cette église m’a pas mal réconciliée avec la foi ; avant les dames du caté étaient de vieilles bigotes habillées en noir… »
Lorsque Jeanne compare le caté d’aujourd’hui avec celui de son enfance, elle est la première surprise. Le souvenir qu’elle garde de la catéchèse de son enfance est austère et pénible. « Les séances se déroulaient dans la très belle basilique gothique de Chaumont – avec l’abbé Clavier, le même qui s’est plus tard occupé des prisons. Je me souviens de la nef haute et poussiéreuse, abîmée par la guerre, très impressionnante pour la petite fille que j’étais. Mais, plutôt que du contenu des enseignements, je me souviens des trajets en galoches de bois, dans l’hiver glacé, quand je m’amusais à tirer sur les sonnettes dans les rues, protégée par l’obscurité du soir !... »
Ce n’est que bien des années plus tard, en venant à Paris et en parlant avec un ami, Bernard, que Jeanne approfondit sa foi. C’est aussi cet ami, lui-même converti à l’âge adulte, qui soutient sa fille Ibéa lorsque celle-ci, à 20 ans, demande le baptême. « Le choix du baptême à l’âge adulte est à la fois très beau et difficile à vivre, nous dit Ibéa. Il était important pour moi d’être accompagnée par quelqu’un qui comprenne ce que cela signifie de franchir ce pas une fois devenu adulte ». Et Jeanne de renchérir : « les convertis ont nécessairement une foi particulièrement profonde, ils ont un attachement de cœur à la foi et à Dieu ».
C’est en voyant sa maman communier régulièrement que la petite Juliette demande à en faire autant. Devant son désir d’entrer dans la communauté chrétienne, Ibéa la fait baptiser à l’âge de 5 ans, puis l’inscrit au catéchisme. « Juliette y va joyeusement ! Les choses se sont bien améliorées depuis ma jeunesse ! » nous dit Jeanne. « Il règne dans cette église une atmosphère joyeuse, très favorable pour les enfants. Lors d’une célébration, les catéchistes ont organisé un lâcher de ballons dans la chapelle Delacroix. C’était illuminé, gracieux et touchant ! Et cela a fait la joie des enfants, mais aussi des adultes !!»
Ainsi, Jeanne voit partout des signes d’ouverture de l’Eglise, et s’en réjouit. « Juliette m’a raconté qu’en CM1, il y a une équipe d’enfants non-chrétiens qui se préparent au baptême. Pour moi, c’est une révolution ! Qu’il y ait un groupe de non-baptisés au catéchisme était pour moi inconcevable. Je n’aurais jamais osé présenter mon enfant au caté s’il n’avait pas été baptisé ! Et puis, cette année, Juliette est au caté avec plusieurs enfants de sa classe. C’est très beau que les enfants d’une même école puissent partager ensemble à la fois des expériences en classe, et un enseignement religieux. Ça aussi, pour moi, c’est nouveau : ceux qui allaient au caté quand j’étais petite étaient dans le privé. Ici, la vie de la paroisse est vraiment adaptée à la vie du quartier. »
Photo : Juliette le jour de son baptême.
Propos recueillis par Laetitia C.

Manhaz A.

« Je  vis en France avec mon mari, libanais, depuis 1984.  A Téhéran où je suis née, ma famille chiite m’a transmis la foi. Nous avions un accueil très ouvert aux croyants. C’est ainsi que quand nous nous rendions à Paris avec ma mère il nous arrivait de prier ensemble dans une église… ». Une vision singulière de la foi, qui unit dans un même cheminement les fils d’Abraham. « C’est ainsi que quand à l’école Sainte-Geneviève, où nous avions inscrits nos trois enfants Alexandre (12 ans), Dimitri (10 ans) et Mathias (6 ans), on nous a posé la question de leur inscription au KT, nous avons pensé que, puisque nous vivions en France, leur ouvrir l’accès au catéchisme leur donnerait la possibilité de grandir dans la foi. » Il ne s’agit pas de renier les racines familiales : « Tous les ans, nous allons au Liban et en Iran, mes enfants côtoient aussi le monde musulman. Ils sont conscients des réalités et des différences du monde. » Un éveil donc, à la foi et au monde. Mais aussi un cheminement en famille : « J’ai participé pendant trois ans avec une autre maman à l’éveil à la foi. Bien sûr, n’étant pas chrétienne moi-même, mon rôle était particulier : j’accompagnais les enfants dans une approche artistique à travers sept tableaux de la création du monde que nous avons réalisés ensemble ». Un engagement donc, profondément réfléchi, ce qui en fait la force : « On m’a proposé de baptiser les enfants assez tôt. J’ai refusé car je voulais être sûre de leur chemin à eux. Puis Alexandre, un jour, m’a expliqué qu’il disait sa prière tous les soirs. Cette année il recevra la communion. Tandis que Dimitri à son tour sera baptisé aux vigiles pascales et que Mathias va découvrir le KT ». Le KT ? « Mes enfants y sont attachés. Ça leur donne une force formidable. Même mon mari agnostique le sent bien quand, en plaisantant, il les taquine : ils ont du répondant ! »
Propos recueillis par PhTh

La rentrée des séminaristes 2011-2012

Une rentrée pleine d’entrain qui fleure bon la mer, le trèfle irlandais, la route, la musique. Nous accueillons cette année quatre nouveaux séminaristes, tous d’une vingtaine d’années, tous « appelés » dès leur enfance, tous issus de la Maison-Saint-Augustin dite « MSA » où ils ont passé une année propédeutique, mais aux personnalités très diverses :



Charles-Antoine F. : 25 ans, fils unique né à Paris de parents immigrés, sa mère est irlandaise, son père juif polonais, il doit son baptême à l’influence de sa grand-mère, une catholique irlandaise. Il fait toutes ses études à Saint-Jean-de-Passy puis, après Khâgne, entre à l’École des Chartes. Pendant deux ans, il enseigne avec bonheur le latin et la littérature aux Premières et Terminales d"un lycée du Val d’Oise : « C’est une bonne expérience. Le contact avec les jeunes est stimulant, non parce qu’ils sont bons en latin, mais parce que les jeunes, ça met de l’ambiance. » Il s’occupe du Club sportif du lycée. Pourtant, il sait déjà qu’il va partir, car son appel au sacerdoce remonte à l’enfance. A cette époque, ses parents, de confessions différentes et peu soucieux de lui transmettre une culture religieuse, le laissent libre de « choisir ». C’est donc lui qui demande à aller au KT. Il fait sa première communion à 10 ans et sa confirmation en 6ème. Mais c’est surtout dans les livres que le futur chartiste découvrira le Christ. Dans la Bible, bien sûr, mais aussi à travers l’Histoire. Le voilà à Saint-Denys, heureux, et au sein d’une paroisse qu’il pressent « jeune, dynamique, avec beaucoup de gens engagés ».
Il sera cette année en charge du KT CM2.

Timothée M. : 24 ans, benjamin d’une famille de trois enfants, fréquente (lui aussi !) Saint-Jean-de-Passy de la Maternelle à la 5ème, puis l’Institut de l’Assomption dit « Lübeck » jusqu’au bac. À Rennes, il suit le cursus d’ingénieur agronome puis rentre à Paris pour se spécialiser en « nutrition humaine ». Grâce à son stage de fin d’études dans une entreprise de plats pour bébés, il connaît tous les secrets du petit pot surgelé ! Et évidemment il aime faire la cuisine. Mais ce n’est pas là son seul talent : il manie aussi bien la raquette de tennis que le fleuret ou l’épée ; il aime la musique, joue du piano ; avec sa voix de baryton basse, a chanté au lycée du Gospel avec les Pèlerins de l’Espérance (une expérience d’évangélisation à travers des concerts), mais est revenu depuis à plus « classique » au sein de la Maîtrise de Saint-Christophe de Javel ; il s’est même essayé à l’orgue à la MSA. Il a également fait du scoutisme, a été assistant chef de troupe aux SUF, il a marché sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, participé aux JMJ de Cologne. Né au sein d’une famille pratiquante, il s’est mis dès l’enfance dans une « disposition d’ouverture et d’accueil de l’appel »  avec cette prière : « Si Tu m’appelles, je suis disponible. Fais-le moi savoir. » Au cours du temps, l’appel se fait de plus en plus clair. Lors de son année de « prépa », il peut dire : « Je veux être prêtre. » A peine achevé son stage de fin d’études, il entre donc à la MSA et le voici un an plus tard, arrivant enthousiaste à Saint-Denys. Il est ici depuis fin août, « très agréablement surpris de la chaleur de l’accueil et de la jeunesse de l’assemblée. » Il sera chargé cette année de l’enseignement religieux auprès des CP et CE1 à l’école Sainte-Geneviève.

Pierre-Marie L. : 24  ans, il est né au sein d’une famille d’agriculteurs (cadet de cinq garçons) de Pléneuf-Val-André, station balnéaire réputée des Côtes d’Armor. Ses parents sont producteurs laitiers et vendent leur fromage, de la tomme. Mais aucun des garçons ne reprendra, semble-t-il, la ferme. Son bac en poche, le voilà parisien, en prépa à « Stan ». Il passe deux ans en internat. « C’était très sympa ». Reçu à Centrale Nantes, il repart pour l’ouest : à Nantes d’abord, où il passe deux belles années, nouant de « bonnes amitiés et ayant suffisamment de temps pour la vie associative, auprès des aumôneries des Grandes Ecoles » puis un an au Brésil, à Sao Paulo, où il est immergé dans un foyer d’étudiants brésiliens. « Magnifique ! » Il apprend le portugais et voyage à travers le pays. Il revient alors à Paris pour son stage de fin d’études et travaille dans une Start-Up sur des technologies de recherche visuelle sur Internet. Il entre alors dans la vie professionnelle, pour une courte durée de huit mois : il réfléchit à des projets liés à Internet pour la Conférence des Évêques de France. Puis il entre au séminaire. Sa vocation est née alors qu’il était enfant, au bord de la mer. Chaque été en effet, débarquait sur les plages un groupe de prêtres et de séminaristes parisiens, qui évangélisaient les vacanciers lors de missions « KT Plage » ou « Keroubim (chérubins en hébreu) ». En fréquentant ces prêtres, toute sa famille a grandi dans la foi. Il estime aujourd’hui qu’il a acquis suffisamment de maturité pour répondre à cet appel entendu il y a longtemps, ayant compris qu’il « ne faut pas attendre d’être parfait pour se lancer ». Il découvre Saint-Denys lors de sa première messe dominicale : « Ce qui me plaît beaucoup, c’est la diversité des âges. Ce n’est pas juste une communauté qui se rassemble sur de mêmes critères de générations ».
Il sera cette année en charge du KT CE2 à Charles-Péguy.

Martin D. : 25 ans, cinquième d’une famille de six enfants (quatre garçons, deux filles), dont l’aînée, Marie-Madeleine, sa marraine. Elle a joué « un rôle important sur mon chemin de foi, par la force de sa prière, mais aussi parce qu’elle a les pieds sur terre ! ». Son père est un New-yorkais d’origine irlandaise, professeur de guitare classique, sa mère est lorraine, professeur d’anglais. Vous l’aurez deviné, Martin est bilingue. Il a grandi en Champagne, à Saint-Dizier, qu’il a quitté pour la capitale où il a fait Sciences Po., section Gestion des Ressources Humaines. Puis il a rejoint Toulon pour une année d’apprentissage à la DCNS, une entreprise qui commercialise entre autres choses des sous-marins nucléaires. Spontanément, il égrène ses « centres d’intérêts » : le chant grégorien, la musique, la lecture (qu’il s’agisse d’histoire, de l’histoire de l’Eglise, d’art, d’archéologie, de recherche sur l’oralité évangélique, cf. les travaux de Marcel Jousse). Sa « couleur fétiche » est le vert (irlandais, bien sûr !) et sa « devise » : "Affermis tes frères". « Ma vocation ? Elle était en jachère depuis mes huit ans. Et puis un jour je me suis dit : tu ne peux pas laisser ta vie en friche, Martin, il faut que tu te décides. » Le voilà parti pour Saint-Jacques-de-Compostelle. Sur le chemin, il fait une rencontre décisive. Quelqu’un lui pose la question : « Avez-vous pensé à devenir prêtre ? » « Je ne dis rien mais en moi, je jubile : j’ai ma réponse ! ». C’était en août 2010.  Arrivé à Saint-Jacques, il remercie le saint pour son intercession. En septembre, il entre à la MSA. Un changement de vie brutal qui étonne ses proches. « C’était difficile de faire le pas. Mais j’avais envie de m’élancer, envie d’embrasser la vie, envie d’inconnu. J’ai appelé le Service des vocations ». Un an plus tard, il arrive à Saint-Denys, lui aussi, pour sa première messe dominicale, et remercie les paroissiens, grâce auxquels « il s’est senti accueilli », il remercie aussi pour l’invitation à déjeuner et la « tranche de vie partagée ».
Il enseignera cette année le KT aux CE2.

Et nos anciens ? Pensent-ils avoir changé en un an ?

Paul : « Oui, j’ai changé. Je me réjouis d’être là pour la troisième année : plus on avance, plus on reçoit la richesse de la paroisse ». Il progresse dans sa recherche de « l’équilibre » entre les deux cultures, chinoise et française. Des détails ont pu l’intriguer : « Nos réactions ne sont pas les mêmes. Par exemple, je pose une question et vous répondez par un haussement d’épaules : ce n’est pas toujours compréhensible ». Des différences plus fondamentales doivent aussi être apprivoisées : « Pour aller vers Dieu, les Occidentaux passent par la raison ; les Orientaux par l’affection et la compassion. Maintenant, j’évolue vers la synthèse. J’ai été envoyé en France, pour moi c’est très important. Je sens l’Eglise universelle, catholique. Au fond de mon coeur, je garde contact avec le directeur du séminaire, en Chine. Il faut s’engager. Le chemin vers le sacerdoce est le même qu’en Chine. La volonté de Dieu sur moi se fait par les formateurs. Je suis dans l’Eglise dans cette hiérarchie. Je tiens beaucoup à la Justice dans l’Eglise. Apprendre à être juste les uns envers les autres. Savoir rendre ce qui est dû est nécessaire pour aller au-delà, vers la charité. »  Plus à l’aise, mieux intégré, il a vaincu une part de réserve : « J’ai appris à prendre l’initiative pour aller vers les gens, je parle aux réunions de la communauté ». Mais il se sent toujours étranger, « un petit peu dans les activités paroissiales, et puis, je sens que ce n’est pas facile de m’inviter. » Quelques mots sur les « nouveaux » ? « Ce sont de bons chanteurs ! »
Il sera cette année aux côtés du club Saint-Denys.

Charles : « Cette année s’est très bien passée. Avec la philosophie, j’ai de nouveaux outils pour comprendre, analyser, mieux prier, mieux aimer. J’ai envie de continuer : on aime mieux quand on comprend mieux. J’ai été très heureux à Saint-Denys. Je me suis fait souvent inviter le dimanche, grâce à ma technique du "pied dans la porte". J’ai rencontré beaucoup de familles pour partager très simplement avec elles. » Il lance un appel : « N’hésitez pas ! Il me suffit d’une tranche de jambon et de coquillettes sur la table en formica de la cuisine ! » Son programme cette année : les servants d’autel et les scouts. Et les « nouveaux » ? Comment sont-ils ? « Joyeux et dynamiques ! »

Bruno : « J’ai fait la découverte de la vie paroissiale, de ce sentiment d’appartenir à une famille. On sent une cohésion, une vie fraternelle. Au séminaire, on redécouvre sa foi, on se la réapproprie pour la mettre en pratique dans la paroisse. Je suis heureux de continuer une année ici. Mais deux ans, c’est court. Je me sens plus assuré du point de vue de ma participation aux activités paroissiales, grâce aux contacts que j’ai noués l’an dernier avec les paroissiens, notamment lors des JAM, de Nomades, des barbecues. Côté études, j’avais une petite appréhension sur la philo, mais mettre un peu de raison dans sa foi, c’est très formateur ! ». Cette année, il sera en charge du KT CM1.

Paul (Yong -Sok) : "J'ai changé, et je n'ai pas changé. J'ai un peu de difficulté : je ne parle pas très bien français. Quand tu rencontres quelqu'un, c'est difficile, le contact. Plus difficile avec les paroissiens qu'avec les séminaristes. Oui, la culture française est différente, mais ce n'est pas grave pour moi. Certaines choses sont plus naturelles ici qu'en Corée, par exemple, il n'y a pas de niveau [hiérarchique] entre les gens, comme prêtre/séminariste ou professeur/élève. C'est bien. Je fais encore une année de français, jusqu'à l'été. Je pense que je dois, le semestre prochain, faire quelque activité dans la paroisse parce que j'habite ici. Quoi ? Je ne sais pas. Je cherche avec le père Quinson ce que je peux faire. [Peut-être auprès des Soeurs de Mère Térésa.] Je remercie tous les paroissiens parce qu'ils sont très gentils avec moi et je leur demanderais de parler un peu plus lentement, s'il vous plaît, avec des mots simples."  Et les nouveaux, ils sont comment ?  "Ils sont sympas!"  dit-il... après huit mois d'apprentissage du français !!! Bravo !

Et le plus extraordinaire, c’est qu’ils ont tous hâte de commencer les cours... Ils sont quand même épatants, ces séminaristes...
Propos recueillis par Dominique T.

Les jeunes paroissiens de Saint-Denys aux JMJ de Barcelone

Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi. Ce verset résonne en moi depuis la fin de ces dix jours passés entre Barcelone et Madrid. Verset au sens peu clair, offert par le pape il y a quelques mois, qui s’est illuminé au fur et à mesure des journées passées avec tous ces jeunes du monde entier !
C’est ce qui me plaît tant aux JMJ : découvrir que la Bible est résolument moderne et fait vivre des millions de jeunes. Cette phrase qui ne m’évoquait pas grand chose au départ m’a finalement aidée à grandir dans la foi et lui donner un nouvel élan.
Ce qui m'a permis d’en arriver là, ce sont avant tout les catéchèses. Nous avions choisi d'assister aux conférences des lumineux et passionnants  Mgrs Lalanne, de Moulins-Beaufort et Barbarin mais aussi d’organiser nos journées autour de temps de réflexion en groupe avec le père Florent. Pouvoir redécouvrir les enjeux de la vocation sacerdotale et monastique lors d’une journée au monastère de Poblet et les grands enjeux de la messe dominicale avant de la célébrer avec le pape, m’a donné l’opportunité de vivre peut être plus intensément les grands évènements qui ont ponctué ces JMJ.



Ces JMJ m’ont aussi donné l’occasion de redécouvrir la force de la communion ecclésiale et son importance dans ma vie de chrétienne. Je pense que cela m’a particulièrement touchée lors de la messe des Parisiens présidée par le cardinal André Vingt-Trois à la Sagrada Familia. C’était une messe particulièrement joyeuse et recueillie. J'ai alors réalisé à quel point la messe était un rendez-vous impératif pour vivre pleinement sa relation avec le Seigneur et l’ensemble de la communauté catholique.
À Sydney, j’avais été impressionnée de découvrir l’universalité de l’Église. À Madrid, cette réalité était moins frappante car les Européens étaient plus nombreux et notre façon de vivre notre foi est somme toute assez proche.
C'est la concentration extraordinaire de pèlerins qui a rendu nos rassemblements si singuliers... Il n’était pas toujours facile d’entrer dans la prière à cause du manque d'organisation, de la chaleur, du bruit constant… Mais lorsqu’on y parvenait, la prière n’en était que plus miraculeuse. J’ai ressenti cela particulièrement en deux occasions :
- Lors du chemin de Croix célébré par le Saint Père : les organisateurs avaient choisi de confier les prières et le choix des jeunes portant la croix aux Petites Sœurs des Pauvres. Nous avons prié avec elles pour les jeunes en grande difficulté ou exclus dans leurs pays au nom de leur foi. C’était un chemin de Croix à la fois très simple et très fort. Pour la première fois de ces JMJ le bruit ambiant n’était plus un frein à ma prière mais en faisait vraiment partie.
- De la même façon, lors de la veillée de prière où nous avons été consacrés au cœur de Jésus par le pape, une véritable tempête a éclaté alors que la cérémonie avait à peine commencé. Malgré ça, tous les jeunes ont décidé de prendre cette expérience plutôt désagréable avec philosophie ! Nous étions trempés, le pape nous remerciait et nous soutenait et juste au moment où ils ont choisi d’exposer le Saint Sacrement, la pluie s’est arrêtée. Bon ce n’était pas un véritable miracle puisque les organisateurs guettaient l’accalmie, mais le silence qui a régné à cet instant était incroyable. Se recueillir à un million constitue une expérience de prière inouïe et extrêmement émouvante. La présence du Christ parmi nous devient une évidence !
Je suis donc repartie heureuse d’avoir partagé ces moments avec notre groupe où régnait une très bonne ambiance. Je suis fière de faire partie de cette Église jeune et dynamique. Et surtout j’ai été une fois de plus conquise par notre pape. C’est un homme qui a un vrai don pour parler aux jeunes. Ce qu’il dit est toujours profond et brillant mais jamais inintelligible. L’écouter est toujours une vrai expérience d’humilité. Il nous a rappelé à quel point l’Église a besoin de nous comme «missionnaires joyeux de la Bonne Nouvelle». Grâce à ce que je viens de vivre, j’espère être capable d’être à la hauteur de cette belle mission !
Pauline J.
Photo : au monastère de Poblet 

Notre Dame de la rue de Turenne



Ainsi couchée, et nettoyée de la noirceur de la pollution, ma statue préférée de la Vierge à l'Enfant me semble grave, plus proche du modèle antique que ne l'était, avant restauration, la jeune fille rieuse et couronnée qui me saluait depuis sa niche, au 58 rue de Turenne, à chacun de mes passages. Pourtant, la finesse de sa robe en mouvement et surtout son attitude vis-à-vis de l'Enfant, qu’elle protège et offre à la fois, me confirme que c'est bien elle. Sa restauratrice, Maylis de G., m'accueille dans son atelier. « A l'origine, elle ne portait qu'un simple voile. La couronne est un ajout du XIXème », m'explique-t-elle en me montrant de multiples interventions antérieures pour consolider la statue. « L'architecte de l'immeuble, moi-même et la copropriété avons été fort surpris de constater qu'il s'agissait d'un plâtre. Son original se trouve peut-être dans un lieu plus ou moins proche. »
La belle niche du XVIIème, elle aussi toute rafraîchie, attend sa Dame. « Le plâtre est un matériau fragile, explique Maylis de G., et celui-ci est particulièrement usé. Il serait préférable d'exécuter une nouvelle réplique à partir de l'original ou, à défaut, une copie de ce plâtre en pierre reconstituée. Mais cela demanderait un coût supplémentaire », conclut-elle.
Espérons déjà que celle qui a veillé sur plusieurs générations d'habitants de notre quartier, revienne…
Et si nous décidions de partir à la recherche de l'original ?
Katarina K.

Les échos du conseil pastoral paroissial

Pour la troisième année, notre évêque a envoyé les paroisses en mission. C’est l’opération « Paroisses en mission » qui, en 2011-2012, se concentrera sur le thème « Éthique et solidarité ».
Lors du lancement à Notre-Dame en mai dernier, trois axes ont été proposés par l’équipe diocésaine chargée du projet : la solitude, le logement, l’immigration.  Après réflexion, il est apparu au conseil pastoral que la question de la SOLITUDE était l’axe à privilégier pour Saint-Denys. Elle a dans le quartier plusieurs visages : vieillesse, maladie, familles éclatées.


Cinq types d’actions ont été envisagés :
1/ Informer les paroissiens de ce projet.
2/ Renouveler et fortifier les actions existantes (Club Saint-Denys et Saint-Vincent-de-Paul et visites/communion à la maison de retraite de la rue Amelot).
3/ Développer une plus grande attention à la question de la solitude dans toutes les activités paroissiales (accueil, parents KT, etc.)
4/ Susciter dans les immeubles des paroissiens une mission de « veille » sur cette question pour signaler toute forme de solitude.
5/ Imaginer un « temps fort » paroissial sur cette question.

Par ailleurs, au niveau du doyenné un objectif a mûri : créer un « comité caritatif » chargé de développer des liens entre nos paroisses sur ces questions, de permettre un partage d’expérience et d’éviter d’inutiles dispersions. C’est un vaste chantier qui commence. L’année qui vient n’entend pas tout résoudre d’un coup mais plutôt ouvrir un chemin permettant de réorganiser de façon adaptée la question de la solidarité dans notre paroisse et dans le doyenné.
« La charité nous presse » dit saint Paul. Puisse-t-elle cette année nous rendre inventifs !                         
Paul Quinson 


 

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