Les anciens : "Comment s'est passée cette première année de séminaire à Saint-Denys ?"
Stéphane : "Cette première année a été assez
éprouvante car il a fallu entrer dans le rythme du séminaire et parvenir à
tenir en même temps des activités très différentes, qu’elles soient
paroissiales, qu’elles concernent notre vie de prière ou notre vie de Maison :
service du repas, ménage, cours et travail personnel. Ça m’est tombé dessus d'un coup, après une dernière année en archi plutôt tranquille. En me confiant à Dieu, j’ai pu dépasser ces
épreuves et l’année s’est très bien terminée. Dès le deuxième semestre, j’ai
appris à cerner les priorités et à être plus détendu…"
Un temps fort
sur le plan spirituel ? "Oui,
le temps des vacances, en service apostolique et en retraite. Ce fut l’occasion
de repenser l’année et de discerner la manière dont le Seigneur avait travaillé en moi :
j’ai compris en vérité cet été quel est le chemin sur lequel je m’engage. Je ne
pourrai pas y arriver sans Lui, c’est de Lui que je tiens ma force." Et du côté de la vie paroissiale ? "Les paroissiens ont été un soutien continu pendant toute l’année, par
leur présence affectueuse. On sent qu’on compte pour eux, et cela nous porte
dans les moments difficiles. Ouvrir la porte du 15 [de la rue Saint-Claude] et
croiser toujours quelqu'un, se saluer ou discuter, c’est important."
Et cette année qui s’annonce ? "Je
l’appréhende avec beaucoup de joie et d’enthousiasme, car je sais ce qui m’attend.
Et puis, accueillir les nouveaux, c’est une nouvelle étape, un bel exercice
exigeant car c’est un véritable exercice de charité, dans le souci de ce qu’ils
découvrent au séminaire. L’enjeu, c’est de poser sur ses frères de séminaire le
regard que le Christ a posé sur eux, sans juger de leur place ici. La
fraternité, ce n’est pas l’amitié, pas tout à fait."
Un message
particulier ? "Je suis très
heureux de faire partie des "rescapés" de l’an dernier et de vivre
cette deuxième année à Saint-Denys !"
Cette
année, Stéphane sera en charge du KT CE2 et de la Prépa JMJ de Cracovie.
Sébastien : "J’étais venu sans a priori parce
que je n’avais aucune expérience en paroisse. J’ai découvert l’an dernier le "monde" de l’Église et j’ai été enchanté. Ce fut en particulier une bonne surprise de
voir un grand nombre de paroissiens engagés dans un grand nombre d’activités
très diverses. J’ai découvert qu’une « paroisse », ce n’est pas
seulement la messe dominicale, il y a des choses qui peuvent tourner sans le
curé, je trouve cela très beau. Quant au séminaire, cela m’a beaucoup amusé,
les premiers mois, de redevenir étudiant [après une vie de chercheur enseignant
à l’Université]. Ce fut moins drôle ensuite. Il faut de la dextérité
intellectuelle pour appréhender des matières différentes, Philosophie, Théologie
(Écriture et Tradition) et on ne voit pas tout de suite les connexions entre
elles. Et puis, j’ai souffert de ne pas pouvoir appliquer la méthode de la
recherche, que je connais et qui est la même, par manque de connaissances.
Finalement, être étudiant, ce n’est pas enviable du tout ! Et en tant qu’étudiant,
je me suis permis de faire ce que je déconseillais fermement aux miens, en tant
que professeur… Il faut en outre trouver le bon équilibre entre la vie
paroissiale et la vie à l’école. Par exemple, quand Nomades a lieu pendant les
examens, que faire ? Moitié-moitié ? Du coup, à l’oral, l’ego en
prend un coup ! C’est une école d’humilité de se dire : "non,
je ne peux pas tout faire". C’est aussi un apprentissage du rôle de
prêtre : trouver un équilibre entre les activités, apprendre à renoncer,
souvent. Cet été ? oui, il a été très important pour moi. J’ai choisi de
retourner à Lisieux, pour faire l’accueil, les visites guidées de la Basilique
et le "pèlerinage organisé" : trois heures pour découvrir les
différents lieux thérésiens, trois heures de parole. Il faut donc beaucoup lire
pour faire entrer les gens dans le cœur de la petite Thérèse. Du coup, on est
profondément touché soi-même. L’esprit de sainte Thérèse transforme en termes d’humilité
face au monde. On essaie toujours de briller aux yeux des hommes, mais est-ce
que la quête de Dieu passe par là ? Non."
L’accueil des nouveaux ? "Je ne me sens pas un rôle
particulier. C’est bien d’apprendre à découvrir seul les choses, quitte à se
tromper, plutôt que d’avoir un petit maître qui nous dise quoi faire. Mais bien
sûr, je reste présent "au cas où" !"
Un message
particulier ? "Oui ! Je
suis toujours heureux d’être invité par les paroissiens, et pas besoin de
mettre les petits plats dans les grands !"
Sébastien sera cette
année en charge du KT CM2 et du Ciné Pizza ouvert désormais aux lycéens.
Les nouveaux :
Classiquement, Paul, dans son adolescence, s'était détourné de la foi et de l'Eglise. C'est vers la trentaine qu'il entame un parcours de "recommençant", parcours qui passe par l'oraison (il se sent une spiritualité ignatienne) et un besoin d'engagement paroissial. Il crée donc un groupe de prière avec l'accord de son curé. Puis, "un jour, dit-il j'ai fini par accepter de dire oui" : il entre à la maison Saint-Augustin pour son année propédeutique et le voici aujourd'hui à Saint-Denys.
Il sera en charge cette année du KT à Charles Péguy . "C'est capital de participer à la vie paroissiale: c'est le service de la paroisse qui fait céder les digues".
Guillaume L. est l’aîné
d’une famille de deux enfants : son père est ingénieur, sa mère architecte
et son petit frère chiffreur aux Affaires Étrangères. A 37 ans, il est en même temps,
en tant que séminariste, "tout neuf
et déjà expérimenté." Avant d’entrer au séminaire, en effet, il a été moine durant cinq ans à Saint-Wandrille, chez les Bénédictins, où il a prononcé
des vœux simples (obéissance, stabilité, conversion). Il y accueillait
régulièrement les groupes, (peut-être a-t-il déjà croisé les enfants du KT de Saint-Denys !) et animait le groupe biblique. C’est là qu’il a été
profondément marqué par l’Écriture, devenue "très vivante" pour lui. Avant de choisir la vie consacrée,
Guillaume avait "bourlingué": à l’Assemblée nationale, d’abord,
au sortir de Sciences Po et d’une école de commerce, puis en Inde où il a
enseigné l’anglais, la culture générale et le dessin aux enfants intouchables
du Karnataka. Rencontres inoubliables avec les plus pauvres, "leur joie, leur humour, leur grand sens du
sacré". En tant que croyant, il est "fasciné par l’hindouisme, son mélange peur et de sacré, son sens
de l’hospitalité." L’appel au sacerdoce, il l’a entendu au monastère :
l’appel à devenir prêtre dans le monde, l’appel à franchir la clôture de la vie
monastique. "Quand j’étais enfant,
j’étais chasseur de trésors » dit-il. « Mon trésor, oui, je l’ai trouvé, et je le cherche encore." Cette aventure a commencé à Paris, où, petit, il découvrait la ville avec son
grand-père. C’est ainsi que, partant du faubourg Saint-Antoine, il a arpenté les
rues du Marais et appris à aimer le quartier. Né la veille de la Saint-Denis (le
8 octobre), il aime déjà notre église et ses paroissiens : "Je suis ravi de rencontrer une paroisse très
vivante, très accueillante : j’ai déjà été invité à déjeuner !"
Il sera cette année en charge du KT CM1 et animera le groupe biblique du
dimanche matin, ce dont il se réjouit.
Propos recueillis par Dominique Th.
Benoît,
20 ans, Parisien, et aîné d'une fratrie de 8 garçons. C'est à la fin du lycée,
puis pendant ses études (prépa littéraire à Louis-le-Grand) qu'il entend l'appel
de Dieu. « Je veux transmettre Dieu
aux autres à travers les sacrements, et notamment l'expérience de la
miséricorde. » Il se sent guidé sur le chemin de la prêtrise par les
figures de saint Jean Bosco et saint Josémaria Escrivà, qui ont trouvé leur
force missionnaire dans la contemplation, et dans une dévotion toute
particulière à Marie, mère du sacerdoce : « Jésus confie Jean à sa mère. Le prêtre est appelé à donner le Christ,
et il ne peut le faire que par Marie qui L'a donné à toute l'humanité ».
Benoît sera cette année chargé du catéchisme aux CE2, et des séances Ciné-pizza
avec les collégiens.
Gabriel,
26 ans, originaire des Yvelines, vient d'une famille non-pratiquante d'origine
espagnole de 4 enfants. « Jusqu'à 18
ans, je ne croyais même pas en Dieu. J'avais beaucoup d'amis musulmans qui
devenaient de plus en plus religieux, et je ne les comprenais pas, mais du coup
je me suis intéressé à l'Islam. C'est comme ça que je me suis mis à chercher
Dieu ; j'étais passionné, j'avais soif de Dieu, et j'ai cherché un peu
partout. Puis, finalement, après longtemps, j'ai lu les Évangiles. Ça n'a pas
été évident tout de suite d'adapter ma vie à l'Évangile, mais j'ai voulu être
confirmé. Et quand on a soif de Dieu, on est parfois un peu excessif, on ne
sait pas mettre de limite entre suivre Dieu, chercher la sainteté, et devenir
prêtre... parce qu'au fond je ne me vois pas faire autre chose dans ma vie que
continuer à chercher Dieu. »
Jean,
27 ans, originaire des Yvelines, vient d'une famille franco-américaine de 6
enfants. Après une école de commerce et quelques années comme consultant,
pendant lesquelles il ne « faisait
pas beaucoup de place à Dieu », il part aux JMJ de Madrid, puis
s'engage à la Casa Anuncio à Montmartre, où il vit un engagement missionnaire,
et une formation à l'évangélisation joyeuse. « Évangéliser, c'est transmettre quelque chose qu'on ne maîtrise pas
totalement. Il faut savoir accueillir les gens, avec leurs blessures, avec ce
qui les empêche d'aller vers Dieu, puis leur transmettre Dieu, c'est-à-dire
aussi les laisser modeler à leur manière ce qu'ils reçoivent. » Il prend
pour modèles saint Dominique, et Louis et Zélie Martin, les parents de sainte
Thérèse de Lisieux, qui ont su transmettre la foi de manière incarnée, par leur
vie et leur travail. « être prêtre, c'est aussi ne pas avoir peur de
bousculer, et savoir mettre les gens en face de la vérité (sans nécessairement
passer par la philosophie !). Il faut avoir le zèle du salut des âmes ! »
Propos
recueillis par Laetitia C.