Le Petit Cephalophore

vendredi, octobre 09, 2009

Octobre 2009. L'éditorial du père Quinson



« Les catholiques ne vont pas supporter de rester sans rien faire jusqu’à la fin des temps… Un grand prélat auquel je disais il y a bien des années que les laïcs avaient besoin d’être (…) traités avec tendresse et considération, m’a dit : ‘vous ne les connaissez pas, nos laïcs sont des gens paisibles’. Il voulait dire, à ce que je comprends : ‘ils sont d’une ignorance crasse, peu intellectuels, et nous n’avons pas besoin de les consulter’ ». Voilà ce qu’écrivait John Henry Newman en 1865 (lettre 104)…

Après le Concile Vatican II la tendance s’est parfois inversée au point que des discussions enflammées ont pu saisir des chrétiens qui, soucieux de donner aux laïcs toute leur place, en venaient à s’interroger sur celle des prêtres...

Quarante ans après le Concile, le principe de la collaboration entre prêtres et laïcs est acquis, la pratique ecclésiale manifeste un nouvel équilibre et nous pouvons réfléchir paisiblement à une juste articulation entre le sacerdoce baptismal et le sacerdoce ministériel. L’année sacerdotale initiée par Benoît XVI s’inscrit dans ce contexte : le Pape nous invite à vivre une année centrée sur la question des vocations sacerdotales.

Pour fortifier les prêtres dans leur mission propre.

Pour aider les communautés chrétiennes à mieux saisir le rôle des prêtres.

Pour que la question des vocations soit portée par le plus grand nombre.

Pour susciter une culture de « l’appel ».

C’est dans cet esprit que ce numéro de « rentrée » du Petit Céphalophore s’est préparé. Il vous propose un ensemble de témoignages de laïcs et de prêtres sur le sujet.

J’en profite pour vous exprimer à tous ma reconnaissance. Par vos engagements et vos activités, par votre prière et votre présence, vous faites vivre la paroisse. Vous n’êtes pas une force d’appoint pour faire des choses. Vous témoignez de la vie du Christ rendu présent à tout son peuple par la puissance de l’Esprit. Nous, prêtres, sommes là pour reconnaître et soutenir les laïcs dans leur vocation propre. Jean-Paul II nous invitait à le faire « comme frères et amis ». C’est ma joie d’avancer avec vous sur ce chemin !
Père Paul Quinson

John Henry Newman (1801-1890) : prêtre anglican converti au catholicisme en 1845. Son procès en canonisation est en cours. JH Newman a eu une prédication et une oeuvre théologique puissantes.

La rentrée des séminaristes : pourquoi ils espèrent être prêtres



Revoilà la rentrée, et avec elle, le millésime 2009-2010. La "petite classe" accueille cinq nouvelles têtes :

Arnaud, 40 ans, l'aîné de la bande, est aussi celui de sa famille, deux frères, une sœur et sept neveux, tous des garçons ! Après un DEA en finances à Dauphine, il a exercé quinze ans dans le financement d'entreprise à Paris. « La prêtrise ? Quelque chose de présent en moi depuis la seconde. Quinze ans de scoutisme, et surtout la venue de Jean-Paul II au Parc des Princes m'ont beaucoup marqué. Et la lecture de Michel Quoist, prêtre ouvrier. » Des centres d'intérêt liés à la philo, la psychanalyse, la rencontre de personnes handicapées ou SDF ont jalonné son cheminement, « l'interrogation par le Christ qui vient à moi à travers la spiritualité, et m'invite à marcher. » Sportif (tennis, squash), il fait le catéchisme aux CM2.

Yannick, 29 ans, né à Nancy, a vécu avec son grand frère en Alsace, dans la Nièvre, en Loire-Atlantique, avant de gagner Nantes et Paris pour étudier l'histoire de l'art. Suite à un Master 2 à Paris IV, il est chargé de T.D. en histoire de l'architecture à l'Ecole du Louvre. Il prend conscience de sa vocation lors de la messe d'installation de Mgr Vingt-Trois, archevêque de Paris, le 5 mars 2005. Fou de musées, il enseigne le KT à Charles Péguy.

Narsay, 24 ans, d'une nombreuse famille (5 frères, 2 sœurs) est chaldéen, comme Robert (à la Maison Saint-Denys de 2006 à 2008) dont il est un lointain cousin. Né dans le Val d'Oise, il entre à la maison Saint-Augustin après quatre ans de droit à Cergy-Pontoise. « Mais la première fois que j'ai parlé de l'appel à un prêtre, j'avais 16 ans ! » Il enseigne le KT aux CE2.

D'une famille de quatre garçons, Stanislas, 27 ans, est né et a vécu à Paris. Après ses études de Lettres Modernes, il a travaillé un an dans une société de production avant de se porter volontaire près des Missions étrangères de Paris puis d’enseigner l'anglais un an en Thaïlande. « Mon sentiment d'être happé par la Foi et son exigence de vérité, après m'en être éloigné longtemps, a coïncidé avec mon départ là-bas. Une année de discernement…» Il enseigne le KT à Sainte-Geneviève.

Paul, 22 ans, le benjamin, nous arrive de Chine où vivent ses parents et sa jeune sœur. Il a mis le pied pour la première fois en France le 11 septembre 2009, envoyé par son diocèse, après avoir appris le français en Chine durant un an et demi ! Après l'université, il a fait le séminaire de Baoding, au sud de Pékin. Il date son appel de ses dernières années de lycée : « J'ai été malade. Dieu m'a aidé, et j'ai beaucoup réfléchi au sens de ma vie. » Sportif (natation, course à pied), il aime le chant et joue de la flûte. Il participe une fois par semaine à l'œuvre de Mère Teresa.

Quant à nos anciens, ils abordent la seconde année forts de leur expérience à Saint-Denys :

Après khâgne et une école de commerce, Quentin, 25 ans, a découvert de nouvelles matières dont il n'avait pas toujours apprécié tous les enjeux, comme la métaphysique. Confronté aux questions l'an passé, il est heureux de pouvoir approfondir les réponses en seconde année. « Et j'ai découvert que la dimension paroisse/vie en maison apportait autant que les études à notre formation ! ».

Et Michaël, 31 ans, cannois d'origine, a fait HEC Paris, l'Ecole du management à Lyon, puis travaillé dans une entreprise de jeux vidéo avant d'être rattrapé par l'idée du sacerdoce. De beaux moments de fraternité en 1ère année, il garde en mémoire l'animation du catéchisme pour les CM1, et la pièce de théâtre sur saint Paul. Il se réjouit de passer un an encore à Saint-Denys, « et de continuer à avancer, avec la paroisse, dans la découverte du Christ et de sa présence au milieu de nous. » Il sera en charge des servants d'autel.
 Marie-Christine D.

Mes premiers pas de prêtre


Le père Stéphane Mayor referme la porte sur son ancienne vie de séminariste. Il a reçu l'ordination sacerdotale en juin à Notre-Dame et nous raconte ses premiers pas de prêtre :

Alors, père, qu'est-ce que ça change, d'être prêtre ?
"Pour moi en particulier, pas grand chose puisque je suis resté dans la même paroisse (Saint-Ambroise) que quand j'étais diacre : j'ai toujours la même chambre, je vis au même rythme, je porte le même habit ! La vraie « rupture » de vie a déjà eu lieu, en fait, quand j'ai été ordonné diacre. Ce qui change après, quand on devient prêtre, c’est le rapport aux gens. Ils se confient plus facilement. On entre plus vite dans leur intimité. La paternité spirituelle s’imprime jusque dans les relations avec ses amis : leur attente est différente. J’ai vécu le diaconat comme une expérience personnelle intérieure, tandis que dans le presbytérat, je me découvre à travers l’image de moi que les gens me renvoient. Quand je confesse, quand je préside l’Eucharistie, c'est le Christ qui agit, de manière unique. Paradoxalement, le presbytérat a été plus facile à accepter pour ma famille : la question du célibat était réglée depuis le diaconat, du coup je l’ai sentie en paix et joyeuse le jour de mon ordination sacerdotale.
De ce jour là, je garde des « flashes » : le fait d’avoir su que beaucoup de gens étaient là qui n'ont pas osé venir dans le jardin après la cérémonie, comme d’anciens collègues de travail perdus de vue depuis sept ans, un vieux pote de Dauphine. On mesure que ce que l’on vit a une portée ecclésiale très grande, c’est une célébration missionnaire. L’imposition des mains par tous les prêtres présents est un moment émouvant bien sûr, et la prière consécratoire. Il n’y a pas de « déclic » particulier mais c’est un moment très fort. On sent qu’on n’est pas à la hauteur de l’évènement. C'est bien sûr la première fois qu'on prononce les paroles de la consécration. En tant que diacre, je me taisais. Du coup, j'ai omis de dire "Ceci est mon corps" ! Mais j'ai repris mes esprits pour la consécration du vin... Ensuite, la bénédiction : c’est beau. Une foule de gens inconnus, des Antillaises qui me présentaient, pour que je les bénisse, les photos d’une quinzaine d’enfants, deux gamins qui m’ont demandé de prier pour Michael Jackson [mort la veille]. Et l’énergie déployée par mes cousins lefévristes venus de Bourgogne pour régler les détails des préparatifs : ils ont même fait l’effort de venir aussi à ma première messe, cela m’a beaucoup touché, guéri de certains a priori. Un beau geste d’union. C’était un cadeau du ciel de vivre ça dans ma famille.
Puis le lendemain, ma première messe, entouré de six prêtres et du diacre qui m'avait revêtu la veille. Impressionnant. Être au centre de l’action liturgique, au centre de l’autel et conduire la prière. Se pencher sur l’hostie, sur la coupe : le Sacrement dans les mains, directement… A la sortie de la messe, il y avait un pot d’amitié avec les paroissiens sur le parvis. Ensuite je suis parti, comme n’importe quel prêtre. Les jours précédents avaient été lourds de sollicitations diverses (telles des interviews !), j’avais hâte de faire mon boulot de prêtre.
La semaine suivante, j'assistais à Versailles à l'ordination sacerdotale d'un ami du séminaire. J'ai imposé les mains à mon tour: un beau moment.
Cet été, à Lourdes, j’ai beaucoup confessé. Je me suis rendu compte que les enfants se confessent bien: chez eux, pas de "vaine gloire" ; ils ont une vision claire de leurs péchés sans trop de fioriture. Et ils disent parfois des choses très dures. Les adultes, eux, ont tendance à broder un peu, à s'accrocher à l'aspect "psychologique". J’ai aussi célébré les obsèques de trois personnes. Des moments forts que l'on partage avec tous types de paroissiens, pas toujours croyants. Ensuite je suis parti avec d'autres pour un voyage d'étude en Grèce, sur les sites pauliniens, Philippe, Thessalonique, Athènes, Corinthe, avec une halte profane à Vergina sur la tombe de Philippe II de Macédoine. A Athènes, nous avons eu le privilège d'être reçus par de hautes autorités orthodoxes, dont l'archevêque d'Athènes. Nous avons goûté l'admirable hospitalité orientale, et eu d'intéressants échanges, sans langue de bois. Nous avons même été autorisés à dire une messe dans une église orthodoxe, sur un autel improvisé devant l'iconostase, en présence de prêtres orthodoxes. Un beau moment d'œcuménisme.
Quant à ce qui m'attend cette année, ma mission principale sera de terminer ma licence de théologie aux Bernardins et mon travail sur Pierre de Bérulle [fondateur de la congrégation de l'Oratoire au XVIIème siècle]. A Saint-Ambroise, bien sûr, je concélèbrerai le dimanche, et plus spécifiquement, je suis chargé de faire l’accueil le samedi, ce qui suppose des confessions, mais aussi quelques « prépa » baptême et mariage. Être prêtre ? Oui, c’est bien !"
Propos recueillis par Dominique T.

Les prêtres qui ont marqué ma vie




Une parole d'envoi pour Simone :
Un jour, le père Ghesquiere a donné à Simone les paroles d'envoi pour son premier engagement : l’accompagnement de catéchumènes. "Dans ma vie le prêtre a toujours apporté la parole en tant que lumière et nourriture", témoigne Simone. Pendant ses vacances en Bretagne à une époque où tout semblait s'écrouler pour elle, gravement malade et en deuil de sa mère, la prédication quotidienne édifiante et chaleureuse du père Chauvet, alors jeune prêtre, dans une chapelle au bord de la mer, avait éveillé en elle une soif d'intériorité. Et plus de cela, une guérison, une restructuration profonde de son être, un renouveau physique et mental. Ce prêtre est resté, malgré sa charge de responsabilités croissante, son accompagnateur spirituel. Source de conseil éclairé, il l'a aidée à unir ses différents dons pour les consacrer à une vocation unique. Après des études de philosophie et d’arts graphiques et décoratifs, Simone s'est spécialisée en reliure d'art. Ses connaissances lui ont permis de travailler sur les représentations de Dieu le Père au Louvre, à l'occasion de l'Année du Père avant le Jubilée de l'an 2000. "A tous mes carrefours j'ai reçu la parole nécessaire pour suivre mon chemin. On m'avait dit un jour: "A qui l'aime, le Christ se manifestera." Et c'est en effet la Parole du Christ "Là où deux ou trois sont réunis en mon nom...", qui petit à petit m'a mis sur la route du volontariat des focolari au prix de l'abandon de mon atelier." Simone est devenue la première déléguée du mouvement en France. Aujourd'hui le lien entre l'art et le volontariat des foyers d'unité se retisse pour elle par l’engagement dans l'association "D'un art à l'autre." Les arts s'y côtoient et les artistes apprennent à apprécier leurs confrères. Parmi les prêtres qui l'ont marquée, Simone cite encore les prêtres de Saint-Denys qui continuent de lui apporter les paroles pour sa vie d'aujourd'hui. "Ce que le prêtre est pour moi, notre pape Benoît XVI le dit si bien: "Celui qui ayant posé sa tête sur le Cœur du Maître, enseigne à penser, à prier, à agir".
Katarina K.



Clémence raconte :
« J’étais tellement impressionnée… J’ai mis du temps à avoir une relation simple avec les prêtres. Ils étaient pour moi des personnes délicates à approcher. Leur vie m’étonnait : vivant dans le monde, avec le monde, mais… à part.
Or, au cours d’un camp vacances il y a quatre ans, pour rénover une chapelle en Vendée, j’ai découvert comme aumôniers des Chanoines réguliers de la Mère de Dieu : des hommes à la fois très carrés dans leur foi et comprenant l’humain, tout en délicatesse, pour nous aider. C’est avec eux aussi que j’ai redécouvert le caractère sacré de la messe, et de notre vie, tournée vers Dieu pour mieux rayonner ensuite. Avec eux, le contact s’est dénoué.
Il y avait eu aussi le père Gilles, qui nous avait accompagnés pour un pèlerinage au Mont Sinaï. J’avais 15 ans. Juste par sa présence, il nous apportait Dieu. Il était vêtu comme l’as de pique, grand dégingandé, il nous avait demandé de le tutoyer et… cela m’avait aussi permis de me dire que les prêtres ne sont au fond pas si difficiles à aborder.
Et puis depuis deux ans, venue à Paris pour mes études et mon métier d’institutrice, j’ai connu notre paroisse. Je m’y suis sentie si bien accueillie, j’y ai découvert une vie de communauté. Je n’avais jamais connu cela avant, car à Rennes, on allait de paroisse en paroisse au gré des spiritualités de mes parents. Notre paroisse géographique était il est vrai si triste… du moins jusqu'à ce qu’elle soit confiée à la Communauté de l’Emmanuel. Avec elle j’ai vécu l’adoration permanente, en relais 7 jours/7, 24 h/24, dans laquelle je me suis engagée, me construisant là une vie intérieure, forgeant une nouvelle intimité avec Dieu.
Mais c’est ici, dans la paroisse, que j’ai appris à connaître un prêtre, le Père Paul, sur du long terme, en le côtoyant toute l’année en animant les chants à la messe du samedi soir.
Vivant une vraie vie de paroissienne, avec ses confessions régulières aussi. Et en me réconciliant avec le sacrement de… réconciliation. Avec des prêtres qui m’ont fait découvrir leur simplicité, et leur délicatesse. Ce sont aussi ces mots, cette attention, qui m’ont donné envie de faire plus dans notre paroisse. »
Propos recueillis par Jean-Louis BB

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Père blanc




 Le père Féderlé,  "retraité missionnaire, et non l’inverse", nous communique dès le premier contact une intense joie de vivre. Toujours très actif surtout en tant qu'enseignant et rédacteur, il vient tout juste de rentrer des Etats-Unis où il a animé une retraite "Sur les pas de saint Paul". On ne dirait jamais que cet homme énergique et joyeux sort d’un combat contre une menaçante maladie de peau, due à une longue exposition au puissant rayonnement solaire d'Afrique. Avec sérénité et espérance, il pose le regard sur ses 48 ans de sacerdoce, parcourus en partie au Burundi et au Malawi. L'appel du continent noir s'est fait sentir en lui en même temps que sa vocation, à 14 ans. Ses origines alsaciennes, son parcours qui l'amenait à vivre dans différents pays, aux Pays Bas, à Londres, à Rome, et son don naturel ont fait de lui un polyglotte. Aussi a-t-il pu vite s'initier aux dialectes locaux des peuples africains. "Pour inculturer, il faut s'acculturer. La mission des Pères Blancs ressemble à celle de Jean Baptiste : préparer l'Afrique à devenir elle-même missionnaire. En effet, on compte aujourd'hui bien des Pères Blancs noirs."

Le père Féderlé est un amoureux de la Bible. L'exégèse et l'enseignement de l'Ecriture Sainte sont le fil rouge de sa vie de prêtre. Mais son portrait ne serait pas complet sans parler du joueur passionné de rugby, ce "jeu de voyous joué par des gentlemen" et qui est certainement une des racines de sa vitalité. "Si je devais recommencer, je ferais tout pareil", avoue-t-il volontiers. "Sauf, peut-être, en cherchant encore plus à comprendre l'autre, à le saisir dans son contexte culturel et spirituel, à partager ma petite lumière tout en reconnaissant la sienne, à lui apporter moins une théologie, une religion, que le contact de Jésus. Prendre la place de Jésus pour qu'en nous voyant, on Le voit, voilà la vraie mission."
Propos recueillis par Katarina K.

Etre prêtre en maison de retraite



Retraité à 79 ans, alors qu'il était vicaire à Saint-Pierre-de-Montmartre, le père Henri Pelloquin, 95 ans, ne vit que depuis 4 ans dans cette maison de retraite Marie-Thérèse où se côtoient une centaine d'hommes et de femmes, prêtres, religieuses ou laïcs. A le voir, dans sa chambre-bureau dominant les frondaisons, on croirait que retraite est synonyme d'entrain !

Né en 1914 en Vendée, où il fait le séminaire, mobilisé sitôt prêtre comme aumônier militaire dans la Division Leclerc en Tunisie, il y reste 30 ans, curé et aumônier diocésain de l'Action catholique rurale. Rentré à Paris en 1969, d'abord prêtre à Saint-Augustin, il souhaite œuvrer dans une paroisse sans tourner le dos à son passé, et conserver un lien avec des Arabes et des musulmans. Ce sera Saint-Bernard et un quartier d’immigrés.

Sainte Perpétue, martyre carthaginoise du IIIème siècle, le mène jusqu’à Vierzon, dont elle est la patronne depuis qu’au IXème siècle ses reliques y furent apportées de Rome. Il y achète une maison où il passera les treize premières années de sa retraite. Il fonde l'association Fraternité Sainte-Perpétue, chargée de promouvoir le culte de cette femme chrétienne et martyre, de développer les liens entre le diocèse de Carthage et les chrétiens d'Europe, et d’organiser diverses manifestations : voyages, concerts. Il en est toujours le président d'honneur.

Parallèlement, dégagé de son ministère, il en profite pour prendre enfin des cours d'arabe. « J'ai découvert que chaque lettre de l'alphabet correspondait à un nombre, les 10 premières, de 1 à 9, les dix suivantes, de 10 à 99, etc. Ce côté mathématique m'a sécurisé pour aborder une langue étrangère. » Il s’attelle aussi à un « Dictionnaire de 4905 racines arabes » qu'il achève actuellement en rédigeant... la préface ! Il célèbre chaque jour la messe à la chapelle, à 8 h. Puis, avec deux amis prêtres de la maison, l'un Franciscain vietnamien, l'autre polytechnicien, il se retrouve au quotidien pour travailler ensemble sur un thème. En ce moment, tous trois réfléchissent à partir de l’ouvrage de X. Pichon, Aux racines de l'homme, de la mort à l'amour. Déplorant l'absence de bibliothèque à son arrivée, il s'est entendu avec le directeur pour en jeter les bases, avec ses propres livres ! « Les journées sont passionnantes ! Avec toujours en tête la question : est-ce que je suis fidèle à ce que j’ai ressenti au début de ma prêtrise ? J’aime alors me représenter le chapitre 21 de l'Apocalypse, « la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel ». Je n’ai pas eu à parler de la religion, ce sont les gens qui cherchent -francs-maçons, Juifs, musulmans- qui m'ont posé des questions : leur dire qu'il y a un seul miracle, l'Incarnation, voilà ce qui était intéressant à communiquer.  Et ce qui fait l’unité des diverses fonctions exercées dans ma vie de prêtre. Je ne me suis jamais ennuyé, et ici on peut même rigoler ! »
Propos recueillis par Marie-Christine D.
 
Illustration : Maison Marie-Thérèse



Le sondage de l'été : qu'attendons-nous de nos prêtres ?



Merci à la cinquantaine (55 exactement...) de paroissiens, qui, à l'occasion de cette année du prêtre, a bien voulu répondre cet été à ce sondage, par mail ou par courrier.

Outre la rapide et nécessairement subjective analyse de ce sondage à paraître en octobre sur papier, nous vous proposons de vous faire votre propre opinion à partir des résultats bruts que nous publions ci-dessous.

C’est un beau portrait du prêtre que nous donnons à travers ce sondage : d’abord homme de Dieu, mais aussi homme d’écoute, confesseur plus que prédicateur, homme de charité et de sagesse (plus que de savoir). Il est aussi perçu comme missionnaire et ami des pauvres. A la fois semblable et différent des autres baptisés, il n’est jamais inaccessible. (Les 2/3 des sondés ont déjà reçu un prêtre chez eux, les 2/3 des autres le souhaitent. Une grande disponibilité dont nous sommes conscients et heureux.) Bref une image du Christ serviteur qui dépasse le seul ordonnateur de sacrements et ne se réduit pas au gardien de traditions perdues.
Nous sommes satisfaits de nos prêtres dont nous n’attendons rien de plus que ce qu’ils font déjà, si ce n’est des homélies plus accessibles à tous ou au contraire plus « soignées »…
Nous sommes aussi contents de nous-mêmes et de la place que nous occupons légitimement dans la mission de l’Église, laquelle consiste principalement à seconder les prêtres, notamment dans la catéchèse. (Oserais-je ajouter, sans trop de malice, que beaucoup de ceux qui estiment que les laïcs doivent "les seconder davantage" ne participent à aucune activité paroissiale ?)
Étonnamment, la quasi unanimité des sondés souhaite que le prêtre joue un rôle dans la société civile, en tant que témoin et "porteur de sens". Rares sont donc ceux qui pensent que la laïcité impliquerait la discrétion voire le silence des prêtres. Mais quand à la question quelle est sa place dans la Cité ?, on répond largement un repère, un guide, un témoin, cela sonne plutôt comme une espérance que comme une réalité de la société française...
Ce que nous avons reçu de nos prêtres ne nous a pas souvent déçus : au-delà de l’enseignement et des sacrements, c’est l’écoute et le conseil dans les moments difficiles que nous privilégions. Un côté "affectif" dans notre relation au prêtre qui a pu parfois douloureusement manquer. Certains déplorent l’absence de réponses à de nombreuses questions. Sans doute faut-il les poser de nouveau ?
Les 3/4 d’entre nous disent prier, au moins épisodiquement, pour les vocations et les prêtres. La 1/2 prie régulièrement : pas mal, mais peut mieux faire ? Il apparaît aussi que seule la moitié d’entre nous verrait un enfant, voire un fils unique, entrer dans les ordres. On soupçonne plus d'enthousiasme s’il s’agissait d’un ami !
Questions dites "polémiques" : le célibat des prêtres et le rejet du sacerdoce des femmes. La moitié des sondés les estime fondés, l’autre non ou admet manquer de connaissances pour se forger une opinion. Quant aux fondements invoqués, ils ont généraux, quelquefois erronés. Aucun texte du Nouveau Testament n’a été cité et discuté (1 Cor. 7, 32 ?), mais on oppose principalement les arguments de l’engagement total de la personne et les figures exemplaires du Christ et des apôtres d’un côté, à la « liberté » de faire "ce que l’on ressent" afin notamment d’éviter le pire (les crimes sexuels), et aux exigences de la "parité homme-femme", de l’autre.
Peut-être l’année du prêtre pourrait-elle être l’occasion de réfléchir plus profondément à ces questions et de rendre grâce plus intensément pour les prêtres que Dieu nous donne et nous donnera encore ?
Dominique T.

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Portrait de notre nouveau vicaire, le père Patrick Sempère



"L'homme aux mains nues"

9h15, église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement : "L'évangile est une parole vivante qui nous met en route", déclare le père Patrick Sempère aux paroissiens présents à cette messe matinale. Il sait de quoi il parle notre nouveau vicaire ! Son itinéraire de vie en témoigne. Epaules carrées, taille moyenne, cheveux et barbe poivre et sel, son abord est simple et direct. Il va à l'essentiel, d'une voix claire et égale. "Chacun devrait se demander : qu'est-ce que je fais de l'eucharistie que je reçois ?", lance-t-il à l'assemblée. Après la messe, je lui retourne la question et il répond en baissant la tête : "Pas grand-chose !"
Sobriété et modestie caractérisent cet homme qui est depuis cinq ans l'aumônier de l'association Aux captifs, la libération. Partir à la rencontre des gens de la rue, prostituées et SDF, c'est la mission de cette association qui comprend une cinquantaine de salariés et une centaine de bénévoles. "On va aux captifs les mains nues. Pas pour évangéliser mais pour donner gratuitement", précise-t-il. Très vite, il y découvre que le pauvre "nous renvoie à nous-même et au Christ".
Mais revenons quarante-six ans en arrière. Patrick naît le 25 mars 1963, en banlieue parisienne, à Gonesse. Ses parents, tous deux pieds-noirs, viennent de rentrer d'Algérie. Le garçon sera baptisé, tout comme sa soeur Véronique, mais sa famille ne pratiquant pas, il ne fera qu'un an de catéchisme. C'est au lycée Saint-Exupéry de Versailles que tout commence, en terminale. Charles Martin, son professeur de biologie, invite chez lui une trentaine d'élèves pour participer à un groupe de prière. "On commençait par un chapelet. Puis on dînait et arrivait le moment qui me semblait alors le plus important : une discussion à partir d'une question que l'un de nous posait", se souvient-il. Patrick réalise soudain que "la foi est intelligente" mais rien ne change pour autant dans sa vie. Suivent cinq ans de fac de biologie à Orsay, ponctués de rencontres avec ce groupe. Patrick se prépare à être chercheur sans trop de conviction. Et puis "en licence, s'est posée la question du sacerdoce. Cela m'est tombé dessus. Je ne voulais pas en entendre parler !" Après une année de DEA, il veut en avoir le coeur net : il prend un accompagnateur spirituel, décide d'aller à la messe tous les dimanches et choisit d'être prof pendant un an, pour patienter. L'appel se confirme puisqu'il entre à la maison Saint-Augustin à la rentrée qui suit. Il sera ordonné en 1995. A L'Immaculée-conception (XIIème arr.), sa première paroisse, il découvre les Captifs et effectue des "tournées rue" à la rencontre des prostituées du Cours de Vincennes. Puis le voilà à Bruxelles, où il prépare une licence de théologie. Retour en paroisse, en 2000, à Saint-Georges (XIXè arr.) et à Saint-Christophe-de-Javel (XVè arr.), en 2003. Il enseigne aussi la dogmatique pendant quatre ans, à la formation des responsables de l'Ecole cathédrale. Il y expose les bases du mystère chrétien, ce qui le ramène aux Foyers de Charité auxquels il se sent très lié : "J'ai découvert Châteauneuf-de-Galaure en 1984. J'y vais au moins une fois par an pour me reposer."
L'année s'annonce riche pour lui avec une triple mission : vicaire, directeur du séminaire et aumônier des Captifs. Le vendredi, il a gardé "une tournée de rue" du côté du Forum des Halles. Le jeudi après-midi, en revanche, on pourra le rencontrer lors de sa permanence à Saint-Denys.
Propos recueillis par Sylvie H.

Les échos du Conseil Economique


« Et les finances de la paroisse ? Comment ça va ? », question avisée d’un paroissien ce dimanche midi sur le parvis de Saint-Denys alors que comme toujours les conversations amicales vont bon train. Il n’a pas échappé à ce paroissien qu’autour de nous la crise économique, au-delà de la versatilité boursière, continue à répandre son lot de difficultés et de malheurs. Le 18 juin dernier, lors de l’assemblée économique du diocèse, en présence de Mgr Vingt-Trois, c’est un constat pour le moins préoccupant qui était partagé avec l’observation d’une baisse moyenne des dons de 2,6% sur l’ensemble des diocèses d’Île-de-France (dont –7% à Créteil) pour les cinq premiers mois de l’année. Ici à Saint-Denys, la générosité et la fidélité des paroissiens, nous a permis jusqu’à présent de maintenir stables nos ressources. Bien sûr, comme chaque année la réussite des Journées d’Amitié des 13, 14 et 15 novembre ainsi que le second semestre du Denier seront décisifs pour l’équilibre.

A coté de cela, les besoins ne se réduisent pas. On serait tenté d’ailleurs d’écrire « les besoins du sol au plafond ». Avec la salle Saint-Tarcisius que nous avons entrepris de rénover (éclairage, placards, peintures) et rendre utilisable pour les activités paroissiales, mais qui a dévoilé un plancher moisi… Gageons que les premiers contacts fructueux pris avec notre propriétaire, la municipalité, aboutissent à une prise en charge rapide de la réfection. Tandis que vous aurez peut-être remarqué le long du presbytère un échafaudage menant à une cheminée qui avait décidé de s’effondrer sous le poids des ans…   
Philippe Th.

Un prêtre, combien ça gagne ?

Les prêtres diocésains, à la différence des religieux, ne font pas vœu de pauvreté… mais il est peu probable qu’un ex-trader privé de ses bonus s’oriente vers la prêtrise pour restaurer son train de vie

Les 13 700 prêtres diocésains en activité en France (700 à Paris), quelles que soient leurs missions, reçoivent une indemnité qui ne provient que des dons des fidèles (en particulier Denier de l’Église mais aussi offrandes des Messes et du Casuel). Cette indemnité mensuelle, après six années de formation, et pour une disponibilité permanente, est de 950 euros bruts (rappelons que le SMIC pour 35 heures par semaine est actuellement de 1337 euros bruts mensuels). A Paris, ce sont les paroisses qui perçoivent le Denier et qui par conséquent assument la charge financière  de l’indemnité des prêtres.

Il n’y a pas d’évolution de ce montant durant la vie du prêtre jusqu’à la retraite, hormis l’indexation annuelle sur le coût de la vie. Mais le plus souvent le prêtre peut bénéficier d’un logement mis à disposition.

Quoique l'âge de la retraite soit officiellement fixé à 65 ans, en général les prêtres exercent leur ministère jusqu’à 75 ans. Un organisme de sécurité sociale sous la tutelle de l’État, la CAVIMAC, est chargé, pour l’ensemble des 9 cultes qui y ont adhéré, de recouvrer les cotisations sociales et verser les prestations maladies ou pensions de vieillesse. 

Vous avez dit "vocation" ?         

Philippe Th.


 

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