Le Petit Cephalophore

mardi, octobre 08, 2013

L'éditorial du père Tardy : octobre 2013

D’aucuns diront qu’à Saint-Denys, les paroissiens ont la bougeotte, du moins son curé. A peine rentré d’un joyeux pèlerinage à Rome avec quelques catéchistes, c’est bientôt aux plus jeunes paroissiens d’accompagner leur curé dans la Ville éternelle juste avant la Toussaint. Pas moins de dix servantes de l’assemblée et servants d’autel rejoindront des centaines de leurs « homologues » parisiens autour du Pape.
Ce nouveau numéro du Petit Céphalophore vous dévoilera encore d’autres événements qui nous inviteront au voyage : Rome, l’Espagne, Madagascar !!!

Mais ne nous échappons pas trop vite, car un événement de taille réjouit notre paroisse, ici et maintenant : l’ordination diaconale de Jean-Marie W. samedi dernier, 5 octobre. Dieu nous envoie un nouveau diacre permanent. Selon l’usage de l’Eglise, ce paroissien, ce frère, avait gardé sa langue jusqu’en avril dernier. Jean-Marie y pensait depuis quelques années. Il discernait avec son épouse et ses enfants et se préparait à recevoir le premier degré du sacrement de l’ordre. Grâce à la présence joyeuse de Jean-Louis BB qui a été envoyé comme diacre dans notre paroisse dès sa propre ordination, nous connaissons ce ministère à Saint-Denys :  qu’est-ce qu’un diacre ? que fait-il, à quoi sert-il ?

Le week-end dernier, nous avons aussi assisté à une transmission. Nous pourrions avoir plusieurs diacres à Saint-Denys, mais notre frère Jean-Louis a demandé à se rapprocher de la paroisse de son domicile. Il nous quitte pour… Saint-Vincent-de-Paul. Avant de nous quitter, il transmet le flambeau à Jean-Marie. Mgr Vingt-Trois, notre Archevêque, a eu en effet la délicatesse de nommer Jean-Marie chez nous (ce qui n’est pas automatique), et nous a laissé Jean-Louis jusqu’à ce jour, pour que notre joie soit complète.

Cher Jean-Louis, tu es à jamais « paroissien d’honneur de Saint-Denys », et surtout un frère ; ce numéro du Petit Céphalophore t’est tout entier dédié.

Petite histoire du diaconat permanent


Alors que nous nous apprêtons à fêter le 50è anniversaire de la restauration du diaconat permanent par le concile Vatican II, un petit historique s’impose…

Le Nouveau Testament ne décrit pas une forme unique de ministère qui servirait de modèle dans l’Eglise. Une variété de formes qui existaient en différents lieux et temps, y sont présentées. Certaines d’entre elles furent fixées dans l’église primitive. Ainsi, durant les IIème et IIIème siècles, une triple forme, avec évêques, presbytres et diacres, s’établit comme celle du ministère ordonné. L’évêque était alors le chef de la communauté eucharistique locale. Il était entouré d’un collège de presbytres et par des diacres qui l’assistaient dans ses tâches. Cependant, assez tôt, les fonctions se modifièrent. Les évêques commencèrent à exercer de plus en plus leur ministère sur plusieurs communautés locales à la fois. Des rôles nouveaux furent donc assignés aux presbytres et aux diacres. Les premiers devinrent les conducteurs d’une communauté eucharistique locale et, comme assistants des évêques, les diacres reçurent des responsabilités dans une région plus large. Au Vème siècle, on assiste toutefois à un déclin du diaconat permanent en Occident qui s’éteint au début du VIIème siècle, peut-être en raison de la trop grande puissance des diacres. Il demeure alors un degré transitoire pour les futurs prêtres. Le Concile Vatican II rétablira le diaconat quatorze siècles plus tard (!), comme un ordre stable de la hiérarchie.

Selon Lumen Gentium, promulgué le 21 novembre 1964, il revient au diacre permanent le triple ministère de la liturgie, de la parole et de la charité. Le ministère de la liturgie inclût la faculté d’administrer solennellement le baptême, de conserver et de distribuer l’eucharistie, d’assister au mariage et de le bénir au nom de l’Église, de porter le Viatique au mourant, de présider le culte et la prière des fidèles, d’administrer les sacramentaux, enfin, d’accomplir les rites des funérailles et de la sépulture. La fonction d’enseignement comprend la lecture des Saintes Écritures aux fidèles, l’instruction et l’exhortation du peuple. Le ministère du “gouvernement” quant à lui n’est pas mentionné comme tel, mais il reçoit plutôt l’appellation de ministère de la charité.
A Paris, c’est le cardinal Lustiger qui dès les années 1970, lorsqu’il était curé de Sainte-Jeanne-de-Chantal, eut à cœur de relancer le diaconat permanent.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Une enquête diocésaine révèle que la capitale compte 116 diacres, plus souvent retraités (51 %) qu’actifs, et présents majoritairement dans les quartiers bourgeois de la capitale. Leur âge moyen, au moment de leur ordination, varie selon leur situation de famille : 53,7 ans pour les célibataires (7 %), 54,2 ans pour les hommes mariés (86 %), et 56,7 ans pour les veufs (7 %). Enfin le saviez-vous ? En grec, « diakonos » signifie serviteur. Tandis que 41 paroisses parisiennes n’ont aucun diacre, nous devons mesurer notre chance à Saint-Denys d’en avoir un au service de notre communauté.
Sylvie H.

Illustration : ordinations diaconales à Paris, le 5 octobre 2013. Parmi les quatre ordonnés, "notre" Jean-Marie. Photo Paris-Notre-Dame.

Le dernier mot de notre diacre et "Céphalophorien" JLBB

Au revoir

Comme une devise, m’est resté au cœur mon « cri de pat’ », lorsque j’étais scout dans mes Alpes natales : « Élans surgir, agir, disparaître ».
Une devise de diacre ? Pas vraiment, car être diacre, c’est aussi avoir le bonheur de servir, autant qu’il le peut, discrètement, dans la durée, une communauté de paroisse. À laquelle j’étais attaché, au sens du service. Comme j’y demeure attaché, au sens de l’affection.

Merci, du fond du cœur, pour ces treize années avec vous.
Et puis, « disparaître » ? Certes non, Paris est si petit. Et Saint-Vincent-de-Paul si proche.
Au revoir.

Jean-Louis


Jean-Marie, diacre et Isabelle, femme de diacre


 




Jean-Marie, diacre
« D’abord, il y a l’appel. Puis l’évidence qui s’impose. Pour moi, c’était au cours d’une messe », précise Jean-Marie, la date et la circonstance restant dans le secret de son cœur. « Mais cette prise de conscience est précédée de la levée progressive d’un voile ». Un jour de vacances en Suisse, Jean-Marie avait fait une excursion de haute montagne en compagnie d’un ami séminariste. « Arrivés à la hauteur d’environ 2500m, nous avions décidé de faire une halte », raconte-t-il. « A ce moment-là, je me suis entendu dire : « As-tu  jamais pensé à devenir diacre ? ». « La question s’est mise à résonner en moi, en heurtant avec violence ce « millefeuille de plomb » que je m’étais construit dans l’effort d’oublier mon appel. Elle venait  se présenter comme une piqûre de rappel de paroles similaires qui m’avaient été adressées dans le passé. C’était le tournant décisif ». Jean-Marie a trouvé tout d’abord l’écoute silencieuse de l’abbé de Solesmes. « Parles-en à ton curé » lui a lancé ce dernier. Le curé à l’époque, c’était le père Quinson. Lui aussi avait déjà pensé… Enfin l’heure est venue de se confier à Isabelle, son épouse. Aucun obstacle n’avait entravé ces premières révélations et démarches. « J’avais rencontré le responsable du diaconat à Paris. On m’a attribué un accompagnateur spirituel. » Jean-Marie avait vraiment dit « oui », quand une maladie grave s’était déclarée pour éprouver son élan.  « Isabelle s’était alors mise à assister aux cours à ma place. Je continuais avec l’aide de mon accompagnateur spirituel mon chemin du discernement, tout en luttant contre la maladie, avec ma propre incompréhension, avec la tentation de tout arrêter. Lors de la réunion des candidats au diaconat, je me suis senti décalé, moins visiblement engagé que les autres. Et pourtant, la vocation continuait de s’imposer à moi avec force. Petit à petit, j’ai appris l’abandon de soi. J’ai compris qu’il y avait un pilote bien plus doué que moi qui guidait ma vie. Je sentais qu’il y avait une grâce qui allait me permettre de surmonter l’épreuve. Il fallait toucher à l’humilité, base et condition de tout service…» Il en était ainsi. Jean-Marie a pu aller jusqu’au bout de sa préparation avec des forces du corps et de l’esprit enfin renouvelées.  « L’Eglise est une bonne mère. Dans le cas d’un homme marié, elle maintient la primauté du sacrement de mariage. En réalité il y a une interpénétration des deux sacrements. L’appel finit par toucher toute la famille. A noter que jusqu’au jour de l’ordination on peut renoncer. L’appel est ainsi comme contrebalancé par un énorme esprit de liberté. L’épouse du futur diacre est étroitement associée à la démarche de son mari. Elle discerne, elle aussi. Elle sait bien ce qui est bon pour son époux et ses enfants. Un enfant pourrait penser que l’Eglise lui enlève son père, mais l’Eglise donne à comprendre l’enchevêtrement des deux sacrements. Nos enfants ont bien réagi… ». Aujourd’hui, Jean-Marie est notre nouveau diacre permanent. « Avec l’engagement, une nouvelle connaissance se met à nous éclairer. Quand un diacre assiste à une Eucharistie, il réalise cet impressionnant mouvement qui se met en place entre le prêtre et l’assemblée. Petit à petit apparaît pour lui avec clarté sa propre place à l’autel : celle de la charité. Le diacre porte à l’autel la communauté qu’il représente. »  Émerveillé de son parcours et de la perspective qui s’ouvre devant lui, Jean-Marie ajoute : « Pourquoi je le fais ? Je ne sais pas. Mais je découvre toujours plus de raisons d’être diacre. C’est comme quand on choisit une épouse. Le tout début d’une révélation est un mystère caché en Dieu… »

« J’ai donné Jean-Marie à Dieu »
Isabelle n’a pas été étonnée d’apprendre l’appel diaconal de son époux. « Deux années plus tôt j’avais déjà eu une intuition « éclair » dans ce sens. Or,  j’ai accueilli  la nouvelle  avec joie et apaisement. » Le chemin du diaconat dans le cas d’un homme marié s’adresse à toute sa famille. Si elle n’accepte pas, cela ne peut pas se faire. « Le choix de Jean-Marie n’a rien changé à notre foyer. En même temps, cela a tout changé ! C’est un véritable renouvellement du lien conjugal. Ce que Dieu avait uni, il l’unit de manière encore plus forte. Le lendemain de l’admission de Jean-Marie au diaconat nous nous étions retrouvés avec les séminaristes, les prêtres de la paroisse et nos enfants. J’ai eu alors la prise de conscience émouvante que notre famille s’était agrandie… ». Deux mois après avoir confié sa vocation à Isabelle, Jean-Marie s’est retrouvé à l’hôpital, gravement malade. Isabelle témoigne : « J’ai vécu cette épreuve dans la confiance et l’abandon, en me disant : « Si Dieu l’appelle, ce ne peut être que pour le bonheur. » » Poussée par l’espérance, elle a suivi également tout le parcours de la préparation diaconale, à l’exception de l’enseignement de la liturgie. « Pendant l’hospitalisation de Jean-Marie, j’allais aux cours à sa place. Je l’appelais vers 22 h00 pour nos rendez-vous spirituels. Il était souvent fatigué. Nous disions par téléphone un Notre-Père, un  Je vous salue Marie... » Isabelle trouve que le sacrement de l’ordre transforme le lien entre les époux,  en lui conférant une transcendance. « Notre union est devenue spirituelle. Je me suis engagée avec Jean-Marie en toute liberté. Cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord pour tout. Il ne s’agit pas non plus d’une « promotion ».  Quant aux enfants, le plus difficile pour eux était d’accepter la maladie de leur père. Notre fille disait cependant : « Si Dieu l’appelle, c’est qu’il va prendre soin de lui. » Nos enfants ont vécu une maturation spirituelle au long des trois années de discernement de Jean-Marie. Ils ont bien compris qu’il restait  avant tout leur père. »
L’installation officielle de Jean-Marie en tant que diacre permanent de notre paroisse  a eu lieu le 6 octobre dernier. Avant ce jour, le couple a été accueilli par le cardinal Vingt-Trois, qui s’était tourné vers Isabelle pour demander une ultime fois son accord avec ce choix. « Ce qui nous arrive me dépasse », avoue-t-elle, « mais j’ai bien la conscience que cela vient de Dieu. Je le laisse faire… ».
Propos recueillis par Katarina                                                                                   

La rentrée du séminaire 2013- 2014

Benoît, Camille, Martin, Jean-Jacques et Benoît en haut,
Grégoire, les deux pères et Philippe en bas.



Les nouveaux séminaristes :
Camille et Martin.

« Quel a été votre parcours jusqu'ici ? »

Camille K., 24 ans, est né au Gabon de parents togolais catholiques, et a fait ses études au Gabon et en France (Maths appliquées à Dauphine). « La première fois que j'ai pensé à être prêtre, je devais avoir 3-4 ans. J'avais la certitude que je serais prêtre un jour, jusqu'au... 9 juin 1998, date du début de la Coupe du monde de football en France. Là, j'ai décidé qu'être footballeur, ça devait être beaucoup plus intéressant. Pourtant, adolescent, j'étais servant de messe, et certaines messes me touchaient particulièrement. »
Après le bac, il commence des études de maths appliquées à Dauphine, sans conviction : « je ne voulais pas passer ma vie à ça ». En même temps, il commence à s'interroger sur « les fins dernières, et l'eschatologie. Je connaissais la Bible seulement par ce que j'en avais appris au caté. Là, je me suis demandé « Pourquoi je crois ? ». La première chose que j'ai constatée, en essayant d'y répondre, était que, précisément, je croyais, et que l'espérance qui sous-tend le christianisme était ce qui me faisait avancer, tous les jours. Je me suis dit peu à peu que l'eschatologie ne suffisait pas. Penser au Ciel ne suffit pas ; où me situais-je par rapport à lui ? Est-ce en vivotant que j'allais y aller ? Je me suis dit que je voulais orienter ma vie pour le salut du Christ. C'est un projet un peu fou, mais c'était la seule chose qui me donnait envie de donner ma vie : tout chrétien doit chercher dans sa vie à unir ses frères au Christ, mais le prêtre a la possibilité de le faire par les sacrements. »
Cette année, Camille sera chargé des scouts et du caté en CE2.

Martin de L., 24 ans, Parisien, vient d'une famille « pratiquante sans plus ». Pendant son enfance, il va à la messe principalement pour les grandes fêtes. « J'ai toujours eu la foi, mais je ne l'ai pas toujours vécue. C'est la première chose que je peux dire sur le chemin qui m'a amené ici. » A partir de la Seconde, il s'éloigne de l'Eglise, et vit des moments difficiles. La lecture d'un livre de Laurent Gay en 2008 marque le début de son cheminement personnel sur la foi. La participation au groupe de prière Kavod notamment le rapproche peu à peu de l'Eglise. Plus tard, « lors d'une retraite chez les bénédictins de Ligugé, j'ai entendu l'appel de Dieu qui me demandait si j'acceptais de le suivre. Là, j'ai lutté, car, si j'étais très content d'avoir réussi à lâcher toutes mes bêtises, je n'avais pas du tout envie de renoncer à une vie « normale ». »
En septembre 2009, il entre en propédeutique à Nanterre, « mais je n'avais pas la liberté intérieure qui permet de rester, de tenir dans le séminaire. Je débarquais sans avoir fait face à un combat spirituel. » Il en ressort rapidement, poursuit ses études, tente un noviciat chez les Frères de Saint Jean, mais en ressort de nouveau.
En 2012, après un service civique auprès de jeunes en situation difficile, il effectue une retraite de saint Ignace de 9 jours. « Je me suis rendu compte que je n'avais jamais choisi au sens fort. Jusque-là, dès que je me sentais appelé, j'allais m'engager, mais sans ce discernement profond qui passe par tout l'être. » C'est là qu'il prend la décision d'entrer au séminaire de Paris.
« Je me suis senti rejoint par Dieu, comme s'il avait mis un tampon sur mon cœur. J'ai ressenti une joie comme à ma première confession. »
Cette année, Martin sera chargé de l'éveil à la foi, et du caté au CE2.


Les « anciens » :
comment avez-vous vécu votre année à Saint-Denys en tant que séminaristes ?

Grégoire de L., 21 ans.
« Etre séminariste permet de voir l'Eglise de l'intérieur, de se décentrer de son point de vue sur l'Eglise, car chaque paroissien vit sa foi très différemment des autres. Le prêtre prie tous les jours, mais il doit savoir guider des fidèles qui ne viennent que le dimanche. Ce serait plus simple si les paroissiens vivaient leur foi comme nous, séminaristes, en étudiant la théologie, en lisant les textes du concile, en apprenant à vivre la messe... mais ce n'est évidemment pas le cas ! Mais, étant chargé d'ouvrir et fermer l'église tous les jours, j'ai aussi eu a chance de parler aux paroissiens régulièrement, et il était très encourageant pour moi de voir qu'ils étaient heureux que des jeunes engagent leur vie pour Dieu.
Le prêtre a la charge d'un peuple – et je suis sûr qu'il devra rendre des comptes sur le salut de ses paroissiens ! Il doit suivre la Vérité, pas une opinion personnelle, pas une idée à la mode. Pour cela, il faut vraiment apprendre à se consacrer au Christ de l'intérieur. Le prêtre doit apprendre à dire « ceci est mon corps » de l'intérieur. Cela permet de surmonter les difficultés. La vie au séminaire est difficile, mais la rencontre fraternelle avec les autres séminaristes dans la prière est quelque chose de très fort. »
Cette année, Grégoire est chargé des enfants de chœur, et du caté.

Jean-Jacques B., 39 ans
"La vie en communauté est formatrice, elle permet de se forger un tempérament plus doux, et apprend l'humilité. A la Maison Saint-Denys, j'ai vécu de manière plus apaisée la rencontre de ma culture ivoirienne avec la culture française. J'ai eu l'impression d'un vrai départ dans ma vie de séminariste, après avoir pourtant connu plusieurs années de formation ailleurs. J'ai pu panser certaines blessures, et recommencer à prendre des initiatives. L'accueil que m'ont réservé les paroissiens et les prêtres a été très important.
J'étais chargé l'an dernier de la préparation au baptême des adultes, et le  fait d'être intégré au grand groupe du catéchuménat m'a aidé à m'épanouir. Accompagner le groupe des catéchumènes dans leur chemin vers le baptême m'a fait goûter une réelle vie fraternelle.
Où qu'il soit, le prêtre est prêtre de Jésus-Christ d'abord – pas un prêtre africain, ou français. Et cependant, il est prêtre dans un édifice particulier. Je me forme en France pour retourner servir dans mon pays, et je crois que c'est une bonne chose de voir plusieurs façons d'être prêtre, de vivre la foi, d'approcher les fidèles. Cet été, j'étais deux mois en paroisse en Côte d'Ivoire, pour me rendre compte de ce qui m'attend quand je rentrerai ! Je suis du diocèse de Yopougon, donc en ville, mais être prêtre dans un village rural serait encore une autre expérience. Où que je sois, je crois que l'homme crée sa joie.
Je voudrais dire merci à tous les paroissiens, pour leur générosité, et parce que je sais que, dans le silence de leur cœur, il y en a qui pensent à moi. Je voudrais m'excuser auprès de ceux que je connais pas encore, et qu'ils sachent que moi aussi, je pense à eux. J'espère qu'un jour, nous nous retrouverons tous en Côte d'Ivoire !"
Cette année, Jean-Jacques est chargé de la préparation au mariage.

Benoît S., 21 ans.
Alors, pas trop dur, le séminaire ? « Je pense que, étant plus jeune, il a été plus facile pour moi de m'adapter ; et puis, je viens d'une famille nombreuse ! Mes années au séminaire ne « changent » pas ma vie, elles me façonnent au quotidien. Vivre en communauté avec des prêtres, et étudier dans la lumière du Christ, est très enrichissant. Il faut se laisser façonner pour que le Christ prenne le plus de place en nous.
Les années de séminaire doivent aussi servir à mieux se connaître soi-même, en tant qu'être humain. C'est important pour l'équilibre sacerdotal, car les difficultés de la vie de prêtre sont différentes pour chacun. Quand on pense à ce qu'est un prêtre, on peut être submergé par ce ministère énorme ! Il faut apprendre à donner complètement sa vie au Christ, pour lui et pour les autres, et savoir que, plus on se laisse remplir, plus on est un prêtre selon le cœur de Dieu.  »
Benoît est formé pour le diocèse de Rennes, et fera cette année le catéchisme en CE2.

Benoît de P., 30 ans.
"Cette année à Saint-Denys a été pour moi une année de prière en plus, et surtout un an de pèlerinages qui m'ont permis de sentir que le Christ prenait chair dans notre vie.
Noël et Pâques ont été des moments où j'ai pu avoir des contacts plus riches avec les paroissiens.
La journée de prière pour la famille, le jour de la Conversion de saint Paul, m'a aussi donné l'impression de m'investir sur une question importante pour notre pays.
Etre séminariste, c'est à la fois se laisse transformer soi-même et aider les autres – et ce n'est pas toujours facile à concilier ! Il faut sacrifier un certain nombre de choses (loisirs, amitiés), et ce n'est pas évident, mais c'est aussi perdre moins de temps sur des futilités.
L'important, c'est de veiller à ne pas garder le Christ pour soi, et à le rencontrer dans l'autre. »
Benoît est cette année chargé de l'Aumônerie du Marais, et du ciné-club des collégiens.

Philippe C., 27 ans.
"J'étais très engagé dans ma paroisse avant d'être séminariste, mais de vivre la vie de paroisse de l'intérieur change considérablement le visage des choses. D'abord parce qu'on est là en permanence ; ce n'est pas prendre de son temps pour le donner à la paroisse, c'est voir tout son temps concentré dans la mission et le service.
Ce qui est difficile, c'est que deux rythmes se superposent, celui de la vie religieuse – très réglé, scandé par des offices – et celui de la vie des paroissiens, et il faut savoir faire le lien. Etre à la fois en retrait et en même temps disponible.
Cette année m'a fait comprendre plus profondément que l'on ne devient pas le prêtre que l'on veut devenir, mais celui dont l'Eglise a besoin. Tout le travail du séminaire, pour moi, consiste à apprendre à faire ce que dit saint Ignace  : « In todo amar y servir » (En tout, aimer et servir)."
Philippe est chargé cette année du caté en CM1.

Propos recueillis par Laetitia C.

André Kietaga, prêtre étudiant, à Saint-Denys

Écouter le père Kietaga parler de l'Eglise dans son pays, le Burkina-Faso, c'est plonger dans un univers où la spiritualité a un sens profond, ancré dans les cœurs et les institutions. « Être un homme de Dieu, dans mon pays, ça a du sens, quelle que soit la religion. Quand je porte mon col romain dans la rue, on me respecte et on me salue, parce que le temps que je consacre à la prière en tant que prêtre attire les grâces de Dieu non seulement sur les chrétiens, mais sur tout le pays. Les gens accordent vraiment de l'importance au lien de l'homme avec Dieu. »
L'Eglise, le père la connaît bien. Il est prêtre depuis 23 ans, l'un de ses oncles est évêque, et son père a été catéchiste toute sa vie. « Je suis né à Toma, dans le Nord du Burkina, loin de la région dont ma famille est originaire, parce que mon père y a été nommé catéchiste pour évangéliser la région. En effet, beaucoup de membres de mon ethnie, les Mossi, qui avaient émigré vers cette région du Nord à la recherche de terres cultivables, ne pouvaient comprendre les enseignements religieux professés dans la langue locale, et l'évêque était à la recherche d'un catéchiste parlant la langue des Mossi. C'est ainsi que mon père a été appelé dans la région, et qu'il s'y est implanté. Parfois, les féticheurs traditionnels ont essayé de l'empoisonner et de lui jeter des sorts. Devant leur échec, certains ont su reconnaître "ton Dieu est plus fort "».
Mais chez nous, il n'y a pas de réels conflits de religion. On pense que chacun est libre de trouver son propre « chemin » dans la vie, c'est-à-dire d'avoir sa propre religion. Les membres d'une même famille peuvent avoir des religions différentes, mais ils prieront toujours pour que la grâce de Dieu retombe sur toute leur famille. Et quand il y a un événement religieux, tout la famille organise la fête, sans se préoccuper des religions. A mon ordination, par exemple, ma famille animiste, musulmane et protestante s'est réjouie de mon sacerdoce et a participé avec joie à l'organisation de la célébration. »
Après une licence de philosophie à Ouagadougou, le père André passe la majeure partie de son apostolat comme enseignant au petit et moyen séminaire Saint-Mbaga de Tuzindé (Saint Mbaga est l'un des martyrs de l'Ouganda, avec saint Charles Lwanga, au XIXème siècle), puis comme directeur d'un petit séminaire. Il a aussi été prêtre en paroisse, en particulier dans sa ville natale de Toma.

Envoyé en France en 2009 pour poursuivre ses études, il passe d'abord une année sabbatique à Epernay, puis entame des études de philosophie à la Catho. Il réside sur la paroisse Saint-François-Xavier de 2010 à 2013, et rejoint Saint-Denys cette année pour finir son Master de philosophie. Nous lui souhaitons la bienvenue !



Le « catéchiste » au Burkina Faso : pilier de la vie religieuse du village

« Nous n'avons pas de diacres permanents, mais beaucoup de « catéchistes », qui organisent la vie religieuse. Dans un village où le prêtre passe rarement (car une paroisse est composée de plusieurs villages, parfois éloignés les uns des autres), le catéchiste préside à la prière, accompagne les malades, et peut même donner la première partie du baptême, le baptême d'eau, aux petits enfants. Le prêtre, quand il passe dans le village (au moins une fois par mois), donne ensuite l'onction baptismale.
Le catéchiste préside surtout à la grande prière dominicale, qui reprend toutes les étapes de la messe, sauf la consécration (rite pénitentiel, liturgie de la parole (y compris une homélie), prière universelle et prière pour la communauté, et distribution des hosties déjà consacrées quand il en reste).
J'en profite pour vous faire remarquer que les chants de messe dans mon pays peuvent parfois être plus longs qu'ici, car ils cherchent à approfondir le sens de chaque moment de la messe. Par exemple, le Kyrie n'est pas une simple prière à Dieu en trois phrases ; le chant du Kyrie décrit les péchés de l'homme un par un – comme par exemple le refus de pardonner, ou le manque d'amour pour nos ennemis – et implore à chaque fois la miséricorde de Dieu pour chacun de ces péchés.

La formation des catéchistes est longue (3 à 4 ans), ils ont un niveau d'acolytat. Ils s'engagent volontairement, parfois en couple, comme mes parents, et sont bénévoles malgré la charge de travail considérable que cela représente. Ils sont ensuite affectés par le curé pour une mission spécifique. Par exemple, mon père était cultivateur pour nourrir sa famille, mais, en tant que catéchiste, il était chargé d'évangéliser les petits villages autour de Toma dans un périmètre de 50 km. Il partait seul et à pied, rencontrait parfois des lions sur sa route, et devait initier les villageois sans les brusquer. Il leur parlait de sa foi, et priait avec eux, et peu à peu, certains se montraient intéressés, et demandaient à suivre une catéchèse pour être baptisés. »
Père André K.

L'écho des conseils

Ce mardi 8 octobre quatorze membres des conseils pastoral et économique se sont retrouvés autour du père Roger, de ses vicaires André et Patrick et de notre nouveau diacre Jean-Marie (qui fut 6 ans membre du conseil pastoral). C’est l’occasion d’accueillir de nouveaux membres qui ont répondu à l’appel de notre curé à s’engager plus avant dans la vie de notre communauté ; Diego au conseil pastoral et Stéphane au conseil économique.
Cette première rencontre commune des deux conseils qui assistent notre clergé a été un moment riche de débats et d’idées. La séance, ouverte par une courte lecture non pas des comptes (on n’est pas au conseil économique !) mais de saint Jean, s’est en grande partie concentrée sur la question de « l’appel ». Notre cardinal, Mgr Vingt-Trois a fondé son ministère depuis 2005 sur l’appel à la mission de tous les chrétiens. Il a proclamé l’année 2013 Année de l’Appel, un appel qui suit l’Année de la Foi, et qui précède en 2014 l’Année de l’Evangélisation.

Après avoir avancé dans l’Année de la Foi avec les actions d’approfondissement des écritures, notamment avec le groupe biblique, nous avons puisé notre inspiration pour l’appel dans la récente rencontre des conseils pastoraux du diocèse auxquels certains d’entre nous ont participé. Entre la force des propos du cardinal et les supports très concrets fournis par le diocèse, nous sommes placés face à nos responsabilités.  Deux mots ressortent avec force des discussions :  l’accueil et la joie. L’accueil que nous devons offrir à tous les nouveaux paroissiens ou à ceux qui sont aux portes de l’église. Il n’est pas toujours facile de dépasser le confort et la tranquillité de nos habitudes pour accueillir l’inconnu(e). La joie, qu’il nous faut davantage faire rayonner.
Nous parlons aussi du Denier de l’Eglise et de l’accueil, sans doute insuffisant, de nos nouveaux donateurs puisque la moitié d’entre eux disparaît dès l’année suivante. Enfin, la mise sur pied du projet de pèlerinage à Avila (cf. ci-dessous) a conclu notre soirée. 
Philippe Th.                  

Jumelage spirituel entre les enfants de Saint-Denys et les enfants malgaches de l'école Saint-Joseph


L’an dernier, j’ai eu beaucoup de joie devant l’enthousiasme des enfants du KT pendant  l’opération Carême en faveur des enfants très démunis de Madagascar. L’idée vint alors d’un jumelage. Ce n’est pas tant le plaisir d’inaugurer une plaque qu’une conviction profonde qui a pu vaincre ma perplexité sur ce genre d’opération.

En lisant la lettre de saint Paul aux Romains qui est un monument de théologie, on peut être surpris de la finale qui consiste de manière bien concrète à organiser une quête auprès des églises issues du paganisme. Soit Paul est mercantile, soit, ce qui est plus probable, il essaye de rendre à l’argent sa valeur spirituelle d’aumône, qui est une reconnaissance. Reconnaître que l’on doit sa vie, sa foi, son élection à un peuple permet de donner à l’aide matérielle un contenu d’action de grâce. Aujourd’hui, ce n’est plus tant l’opposition païen/juif que l’opposition  Nord/Sud qui est un appel à la communion.

Je propose un jumelage entre nos deux jeunesses. Ces jeunesses se ressemblent plus qu’il n’y paraît mais leur pauvreté et leur richesse ne sont pas les mêmes. Et ils peuvent s’aider en se connaissant davantage et en priant entre eux, comme le propose saint Paul. Je propose donc que chaque premier vendredi du mois, les enfants qui le souhaitent disent une petite prière en union avec eux. Tout simplement. Aux enfants d’imaginer ensuite d’autres moyens !
Père Roger Tardy 

lundi, octobre 07, 2013

Les catéchistes de Saint-Denys à Rome à l'appel du pape François


Du 26 au 29 septembre, Rome a accueilli des délégations de toutes nations à l'occasion des Journées Mondiales des Catéchistes réunies par le pape François. Nous étions venus en force de Saint-Denys avec huit catéchistes autour du père Roger (sur un total de 48 Parisiens) au milieu de la foule des 1150 pèlerins français : Ariane la nouvelle responsable du KT, Bernadette, Anne, Viviane et Frank, Françoise, Claire et Dominique.




Quatre journées inoubliables, riches d'énergies nouvelles, de débats, d'amitié et de prières, entrelacement d'art et de foi dans ces hauts lieux de la chrétienté que sont Saint-Paul-hors-les-murs, Sainte-Marie-Majeure, la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem, Saint-Louis-des-Français, en passant par la prison Mamertine où fut, selon la tradition, emprisonné saint Paul, et qui s’achevèrent le dimanche matin par la messe pontificale sur la place Saint-Pierre. Fatigués mais heureux, nous avons prié en communion avec les milliers de catéchistes présents, dans le recueillement et le silence.

Ces journées nous permirent de réfléchir ensemble sur le KT à Saint-Denys ; sur la façon de porter la foi vers les enfants, de leur offrir ce don de Dieu. Nous avons accueilli le message d'une certaine manière rassurant (et décomplexant) de Mgr Pierre d'Ornellas, aujourd’hui archevêque de Rennes, qui a participé à nos échanges lors d'un déjeuner qu'il a accepté amicalement de partager avec nous sur l’invitation du père Roger. Nous lui avons parlé de la déception que nous pouvons ressentir parfois devant la difficulté à donner l'envie à ces enfants de prolonger les trop courtes 45 minutes du KT en se joignant à la messe dominicale, ou encore devant "l'évaporation" de ces enfants qui, ayant grandi, achèvent le cycle du KT et s'éloignent de l'église. Il nous a aidé à comprendre que notre rôle modeste est, pour nombre de ces enfants, de semer une graine, une graine qui peut-être demain, dans cinq ans, dans dix ans ou bien plus tard s'épanouira enfin. Nous avons aussi débattu de la joie d'accueillir ces jeunes ou moins jeunes adultes, les catéchumènes, comme ceux que l'on qualifie parfois de "recommençants", car le catéchisme c'est bien sûr une nécessité à tous les âges et à toutes les étapes de la vie. 
Les discussions ont porté aussi de manière très prosaïque sur les défis du KT à certains moments. Un point commun avec les enseignants ;  comment faire réfléchir ensemble un groupe de jeunes énergies quand tel ou tel enfant est animé d'une énergie débordante... et trouble par son comportement les conditions d'un fonctionnement harmonieux du groupe cassant littéralement les tentatives des catéchistes ? La nécessaire démonstration de l'autorité de l'adulte référent doit alors aussi s'accompagner d'une particulière charité à l'égard de ces enfants qui sous le masque de leur indiscipline dévoilent parfois un mal-être réel . 
Avec Mgr Eric de Moulins Beaufort, évêque auxiliaire de Paris (qui nous a fait aussi la joie de déjeuner avec nous et à eu la simplicité et la gentillesse de nous accompagner jusque sur la tombe de Pierre), nous avons pu nous rappeler que le catéchisme est né aux premiers temps de l'église d'abord pour les adultes, pour les aider à mieux comprendre Dieu dans leur vie. Catéchistes, bénévoles "passeurs de foi", nous méditons l'origine grecque du mot catéchèse "faire résonner", du KT qui prépare au baptême au KT qui soutient la croissance dans la foi. 





En songeant à une expression de Mgr d'Ornellas : "Avez-vous déjà imaginé Jésus joyeux ?",  nous laissons en ce dimanche midi derrière nous la place Saint-Pierre encore pleine d'une foule joyeuse après le passage de la « papamobile » et emportons l’image forte du pape François nous bénissant. (Il est passé juste à côté de nous !) Nous reprenons l'avion vers Paris, avec en chacun de nos cœurs le plein d'énergie pour la "Nouvelle Evangélisation", messagers de la paix et témoins de l'espérance. 
Philippe, en « envoyé spécial » du Petit Céphalophore

Vous pouvez retrouver en ligne les moments forts du congrès qui s'est déroulé en parallèle à notre pélerinage, et l'intervention du Pape François : 




 

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