Le Petit Cephalophore

lundi, février 27, 2006

Regards sur la Mission: Laetitia, lycéenne de Terminale

Libre dans sa conviction de foi «La mission ? Oui, elle est terriblement nécessaire. Tellement de copains (et de gens) autour de moi se retournent contre l’Eglise… même sans raison précise, sans trop y avoir réfléchi, juste en "suivant le mouvement". En fait, à notre âge, on est tellement perdu ! Sans la foi, je ne sais d’ailleurs pas de quel côté je serais partie… Le bien, le mal, la justice… ces notions sont pour moi fondées dans ma foi. Mais je comprends que sans cette foi, on soit totalement sans repères. Longtemps, je me suis demandé pourquoi aller à la messe ; je savais qu’il devait y avoir quelque chose d’important mais je ne saisissais pas du tout. Tout ce qu’on m’expliquait, je le "savais" déjà, on me l’avait déjà dit, mais pas de façon à m'en faire prendre conscience… Depuis quelques mois seulement, en me demandant si j’adhère à ce qui se dit au cours de la messe, à chaque phrase, je commence à me rendre compte du véritable lien des hommes avec le Christ, du besoin que nous avons du signe de son amour, de sa "présence" eucharistique, de son sacrifice qui nous fait renaître à chaque fois. Autant de choses qu'étant petite on m'avait apprises. Mais sans conviction. Chez les jeunes de mon âge, il y a en fait tellement de consciences vides. La première mission, c’est déjà d’éveiller à la nécessité d’une conscience propre. Pour une véritable évangélisation, la conviction doit être si profonde, la volonté de la transmettre si forte, qu'elle transparaisse, sans même de mots - ou à travers eux. La mission, c’est surtout "être là", et montrer qu’on agit librement, par conviction personnelle, et non par convenance. Mission bien ordonnée…commence par soi-même».

Regards sur la Mission : Isabelle, mère de famille et chanteuse lyrique.

L’évangélisation en famille « Pour moi, la première personne que j’ai à évangéliser, c’est mon mari… et réciproquement. Cela se fait dans la vraie attention à l’autre – c’est tellement vite fait de ne plus vivre ensemble, même si on est sous le même toit; dans la prière aussi, en couple, chaque jour – cela ne fait pas si longtemps qu’on l’a découvert –, pour remettre notre journée devant le Seigneur, échanger aussi, se confier nos intentions particulières, Olivier dans son travail, et moi, dans mes relations avec les enfants, parfois. Car il faut aussi que j’évangélise…mon caractère. Je m’aperçois combien l’ambiance de la famille peut dépendre de mon humeur ; et pour le sourire à accrocher chaque matin, j’ai bien besoin de la prière, et des sacrements. La seconde mission d’évangélisation, c’est bien sûr nos 5 enfants – de 7 ans à 10 mois - en répondant simplement à leurs curiosités, sans catéchèse particulière. A l’école aussi, disons que je suis "repérée", déjà, en ayant 5 enfants ! Et puis, ils grandissent, ont des amis avec lesquels ils parlent de leur foi et de la pratique de leurs parents. Se nouent par eux des complicités parentales, et lorsqu’on devient plus intimes, que nous parlons de notre foi, je m’aperçois que l’on peut être un peu "signes" d’Eglise. Paraissant parfois comme des "Martiens", mais suscitant aussi une forme d’envie… au moins de comprendre. Oui, je crois que c’est aussi, voire avant tout, cela, la mission : être totalement "présent" là où l’on vit ».

Regards sur la Mission : Marie, artiste peintre

Bonne nouvelle sur toile « Ma mission de peintre, c’est de dire le grand bonheur de l’existence. Cet énorme cadeau – même si nous passons comme des ombres -, il nous faut le vivre, et en témoigner. Et le fil rouge de ma vie de peintre, c’est l’attente, le désir. Oui, l'analogie entre être peintre et être chrétien, c’est sans doute l’attente ; si tu n’attends pas, tu ne vois rien. Sachant qu’être peintre, ce n’est certes pas représenter le réel, c’est chercher, c’est être dans une conquête pour attraper un morceau de paradis, en mobilisant tous ses sens et toute son intelligence. Pour moi, être peintre, autre analogie sans doute avec la mission du chrétien, c’est me mettre en quête, quitter mes repères, aller vers l’inconnu… et accepter que ce que je vais exprimer sur ma toile ne dépende pas de moi. Lorsque je peins, je suis en état de faiblesse, celle d’une démarche d’attente, qui laisse toute sa place à l’imprévu, celui dans lequel le Créateur se manifeste. Le christianisme est une religion du bonheur. Et être peintre, c’est vouloir être heureux. C’est se dire : je ne lâcherai pas le morceau dans mon appétit de bonheur. Et moi, dans la peinture, ce que je cherche, c’est un peu le point de passage entre le réel et l’invisible, pour exprimer le "déjà là" du Royaume ». Marie Sallantin, à découvrir sur le site http://www.arbre-de-lune.fr/sallantin/index.htm

Regards sur la Mission : Pierre, retraité

« Refondation » d’une vie chrétienne

« J’avais une vie professionnelle vraiment très remplie, me laissant peu de temps, même pour la vie de famille. Et ma vie chrétienne était très réduite. Encore qu’une vue de la mission peut être de faire au mieux son travail, là où l’on est, et de vivre avec son éthique les difficultés qui surgissent – j’ai eu par exemple à fermer des sites d’activité. Mais disons, pour reprendre la parabole du semeur, que le "terrain" manquait d’eau… Celle-ci est arrivée en abondance, il y a dix ans, avec la mort de mon oncle, moine de Tibhirine, au moment même où je prenais ma retraite. Ce drame - qui peut faire perdre la foi… ou la régénérer – a été véritablement refondateur pour ma vie chrétienne. On s’est beaucoup retrouvé, avec ses frères moines trappistes, avec les familles, avec des Algériens. Et je me suis dès lors impliqué dans la valorisation des écrits et du message des frères, dans une association qui aide le village proche du monastère, et quelques activités en liaison avec le Diocèse d’Alger, me souvenant que mon oncle avait donné sa vie pour les Algériens (voir supra). J'agis aussi pour la paroisse (le Conseil économique, l’Organisme de Gestion de Enseignement Catholique en tant que gérant de l’Ecole Sainte Geneviève) ainsi que pour le Secours Catholique (permanence d’écrivains publics à Belleville). Finalement, l’évangélisation, pour moi – mais cela tient aussi à ma personnalité réservée – elle est plutôt de témoigner par ce que l’on fait ». Pierre Laurent. Illustration: Le Lavement des pieds, par Giotto.

L'écho du conseil pastoral : spécial Carême


Le Carême commence cette année début mars. Des temps forts ont été prévus, dans la continuité de ce qui a été vécu les années précédentes. * Le Carême commencera par une nuit d’adoration du vendredi 3 mars à 18 h (vêpres) au samedi 4 mars à 7h30 (laudes). * Une journée de retraite paroissiale aura lieu sur place le 19 mars, avec pour thème : «Prier avec les psaumes ». Seront repris les psaumes des cinq dimanches de Carême, en se centrant sur le Christ qui a prié les psaumes et les a accomplis. Cette retraite se conclura par les vêpres en fin d’après-midi. * Pour marquer ce temps de carême, les paroissiens seront invités à découvrir davantage la prière de toute l’église qu’est la liturgie des heures. Longtemps réservée aux moines et aux clercs, cette Liturgie des heures ou office divin redevient de plus en plus, comme le voulait le Concile, la prière commune de tout le Peuple de Dieu. Il est important pour des laïcs de découvrir et de prendre goût à cette forme de prière qu’ils connaissent mal. Chaque semaine, donc, les mardis 7, 14, 21 et 28 mars, l’office des vêpres sera reporté à 20h. Il sera précédé d’une présentation et explication de cet office (et des autres prières qui rythment la journée). * Le mardi 4 avril se déroulera à Saint-Denys une célébration pénitentielle pour tout le doyenné. * Enfin, cette année, le projet de partage proposé à notre communauté concernera un dispensaire situé au Togo, dans un Foyer de Charité où le père Guéguen va séjourner pendant 6 mois. Il sera sur place le relais de notre générosité.
Denise J., membre du CPP.

L'écho du conseil pastoral du 4/ 01/ 2006 : les baptêmes à Saint-Denys

Lors du conseil pastoral du 4 janvier 2006, le père Quinson a donné des informations sur les baptêmes à Saint-Denys. Il y a environ 50 baptêmes chaque année. L’immense majorité des baptisés est constituée de bébés. 4 à 6 enfants plus âgés viennent du catéchisme. Les parents appartiennent à deux types de population : des couples que l’on voit à la messe ou des personnes extérieures à la vie paroissiale - ou même ecclésiale - pour qui ce contact est un peu inhabituel. Pour demander le baptême, les parents remplissent une fiche à l’accueil. Ces demandes sont ensuite réparties entre les prêtres selon la date choisie et la disponibilité de chacun. Le prêtre qui célèbre le baptême, contacte les parents et les rencontre pour une préparation au sacrement (1 heure 30 à 2 heures environ) soit chez eux, soit à la paroisse. Le père Quinson essaie de rassembler 2 ou 3 couples pour cette préparation lorsque cela est possible. Cette préparation se fait avec un livret et consiste à expliquer le rituel du baptême. La cérémonie elle-même a souvent lieu le dimanche, après la messe de 11 heures. Il y a parfois une assistance nombreuse, parfois très peu de monde (6 personnes seulement récemment). Le père note combien, à Saint Denys, le baptistère en lui-même et par sa localisation est adapté à la célébration. En général les gens repartent heureux, s’attardant volontiers dans les lieux, même ceux qui sont loin de l’église. La paroisse organise ensuite une sorte de relance des couples avec lesquels elle a pu garder le contact (beaucoup déménagent rapidement). Ils sont invités à une messe et à un apéritif et un déjeuner, avec des couples de la paroisse. 65 couples se sont adressés à Saint-Denys pour un baptême en 2005 ; 15 ont répondu à l’invitation et se sont retrouvés avec 3 couples de la paroisse. Enfin, il y avait jusqu’à cette année 4 prêtres et un diacre susceptibles de baptiser. Il faudra sans doute à l’avenir envisager de regrouper plusieurs baptêmes, ce qu’encourage d’ailleurs le rituel. Les gens n’y sont pas hostiles mais on ne peut guère envisager de réunir plus de 3 ou 4 baptêmes, sinon la cérémonie devient très difficile à conduire.
Denise Janniaux, membre du conseil pastoral paroissial

L'écho du conseil économique du 30 janvier 2006

Quel est le bilan financier de 2005 ? Avec un total d’environ 250 000 euros de dépenses, le résultat est positif de 1 000 euros - contre 21 000 euros en 2004. Il faut noter des dépenses exceptionnelles, de l’ordre de 12 000 euros en 2005 : indemnités de départ en retraite de Jacotte D., ainsi qu’un travail indispensable de remise à jour de la serrurerie du presbytère. Mais il y a aussi des baisses de recettes, en particulier sur ce qu’on appelle le casuel (baptême, obsèques, mariages), et une relative stagnation du denier de l’Eglise. L’équilibre financier de la paroisse est donc très sensible à des dépenses exceptionnelles et ce sont bien les diverses contributions des paroissiens avec au premier rang denier et quêtes, sans oublier l’apport fondamental des Journées d’Amitié, qui le conditionnent. Incidemment, les dures semaines de panne de chaudière avec des palliatifs électriques se traduisent par une légère diminution des dépenses de chauffage, mais ce n’est pas un moyen de baisse des coûts retenu pour les années à venir ! Quant aux travaux, il y a encore des petits problèmes de finition à régler. Une fois que ce sera fait (avant l’été), le principe de la rénovation des salles Ste Geneviève et bureaux annexes est décidé et la réalisation sera engagée quand notre curé et son équipe auront pu un peu souffler ! Pierre Laurent, membre du conseil économique.

Pour le Carême, solidaires avec le Togo!

Le père Guéguen est parti pour 6 mois au Togo, dans un Foyer de Charité qui a besoin de notre aide. Une collecte de médicaments a déjà été réalisée en janvier. Anne Chicoisne, une des infirmières du dispensaire de séjour en France, est repartie en Afrique avec un sac de 22 kg d’antibiotiques. Merci à vous tous ! Pour le Carême, la paroisse nous propose de poursuivre notre effort, en faisant un don, en argent cette fois. Une occasion pour Saint-Denys de découvrir un coin de brousse où veille la Providence... Retour aux sources : C’est en 1983 que Michel Guéguen découvre pour la première fois le Togo. A 23 ans, il souhaite partir deux ans à l’étranger comme coopérant, avant d’entrer dans la vie active. Il connaît le Foyer de Charité de Marthe Robin, situé non loin de Valence, à Châteauneuf-de-Galaure ; et il sait que celui du Togo cherche des bénévoles. La candidature de ce jeune ingénieur agronome tombe à pic : le Foyer a installé une petite centrale hydroélectrique et recherche une personne compétente pour la faire fonctionner. A son retour en France, Michel Guéguen entre au séminaire... Le Togo l’aura transformé. 23 ans plus tard ( ! ), c’est au Togo qu’il repart pour un congé sabbatique accordé par son évêque. Il y retrouve une communauté qu’il connaît bien. A sa tête, le fondateur du Foyer, le père Marcel, 88 ans, un baroudeur de la foi qui s’est installé à Aledjo, en pleine brousse, en 1961… Pourquoi Aledjo ? Le Foyer d’Aledjo (situé au nord du pays, à 5 heures de route de la capitale Lomé) est le premier à avoir été créé en Afrique noire. Aujourd’hui encore, quand on demande au père Marcel « Pourquoi Aledjo ? », il répond en riant : « On ne le saura qu’au Ciel ! ». A son arrivée, les anciens du village, animistes et musulmans, l’ont encouragé à rester en ce lieu, en lui offrant un terrain et une villa coloniale à retaper. La région est saine : il n’y fait pas trop chaud et il y a de l’eau. Il décide de s’y fixer. Ce sera le début d’une belle aventure ! La première communauté est composée de quatre personnes et les conditions de vie difficiles : on campe dans la maison dont le toit sera emporté par un ouragan. Le Togo vient de vivre son indépendance et la période est délicate pour des Européens. Peu importe, le père Marcel prêche ses premières retraites, tandis que la communauté assure l'accueil. Les chrétiens, plus nombreux dans le sud du pays (dans le nord, c’est l’islam qui domine), n’hésitent pas à traverser le pays pour rencontrer, au cours de leur retraite, la sagesse de Jésus. Au fil des ans, le Foyer se développe. Aujourd’hui, il compte vingt femmes (dont douze Togolaises et une Burkinabé) et toujours le père Marcel. Mais la relève se prépare : un prêtre togolais, le père Benoît Dansou, se forme pour prendre la responsabilité du Foyer. Le dispensaire
Quand le Foyer s’est implanté, les villageois se soignaient de façon traditionnelle et la mortalité était importante. La communauté ouvre très vite un dispensaire où travaille une première infirmière, Edith. Au départ, Edith referme les pansements avec des feuilles, faute de moyens. Elle est la seule dans la région, avec Odile qui l’a rejointe, à soigner quelque 600 lépreux abandonnés par leur famille... Aujourd’hui, la lèpre a quasi disparu du Togo. Le dispensaire s’est tourné vers la santé des mères et leurs enfants, mais aussi des malades souffrant du sida, du paludisme, de parasitoses digestives... 250 personnes viennent consulter chaque jour, en donnant un petit quelque chose en échange. Le Foyer ne reçoit aucune subvention. Il vit miraculeusement de dons et du travail de la communauté.
L’histoire d’Anne… Tout comme Michel Guéguen, Anne Chicoisne arrive à Aledjo en 1983, son diplôme d’infirmière en poche. La jeune Parisienne veut offrir deux années de sa vie à Dieu, avant de rentrer en France pour fonder une famille. Mais ce qu’elle vit au Foyer lui procure un tel bonheur qu’elle choisit de rester. Elle prononcera son engagement dans l'oeuvre des Foyers comme laïque consacrée en 1986. Son temps se partage aujourd’hui entre la vie communautaire et le dispensaire où l’on sauve des vies… Elle raconte : « Les serpents pullulent dans cette région. La morsure d’un echis, par exemple, suffit pour se vider de son sang. Il faut intervenir vite. Mais un sérum coûte 30 000 francs CFA, soit 45 euros. Une fortune pour un Togolais, l’équivalent de deux bœufs ! Le dispensaire intervient sans se poser la question de l’argent… » « Sans aide, l’aventure incroyable d’Aledjo se perpétue » constate Anne en souriant.
Que notre campagne de Carême contribue à soutenir l’action généreuse de cette communauté qui accueille cette année un prêtre qui nous a tant donné ! Sylvie H.
Pour faire un don… Pour aider le dispensaire du Foyer de Charité d’Aledjo, envoyez votre chèque (à l’ordre de Fondation Foyer de Charité) à l’adresse suivante : Fondation Foyer de Charité, BP 11, 85 rue Geoffroy-de-Moirans, 26330 Châteauneuf-de-Galaure (tél. : 04 75 68 79 00). N’oubliez pas d’indiquer dans votre courrier que ce don est pour le Foyer de Charité d’Aledjo. Vous recevrez un reçu fiscal. 60% de votre don est déductible de vos impôts dans la limite de 20 % de votre revenu net imposable (au-delà de 20%, un report est possible sur les 4 années suivantes). Ex : pour un don de 100 euros, vous pouvez bénéficier de 60 euros de réduction d'impôts.
Ou encore directement au Foyer d'Aledjo:
CCP LYON 1 968 57 Y, à l'ordre de "Foyer de charité". Liens avec site de Chateauneuf-de-Galaure (foyer-de-charite.com) et du Foyer d’Aledjo (foyeraledjo.ids.tg)
Légendes photos: Les membres du Foyer de Charité d'Aledjo; une Maman et son bébé déshydraté. FICHE TOGO : Superficie : 57 000 km2. Pays délimité au nord par le Burkina-Faso, à l’ouest par le Ghana, à l’est par le Bénin et au sud, sur 50 Km, par le Golfe de Guinée. Climat : équatorial au sud, sahélien au nord. Principales villes : Lomé (capitale : 700 000 habitants), Sokodé (51 000). Population : 5,6 M dont une majorité d’animistes ; 450 000 chrétiens, 250 000 musulmans. - taux de croissance : 3,1% par an- taux de fécondité : 6,2 enfants- répartition par âge : moins de 15 ans : 47%, plus de 65 ans : 3%- population rurale : 71%- population urbaine : 21%- taux d’urbanisation à Lomé : 6,1% Langue officielle : le français et des dialectes dont l’éwé, le kabyé, le cotokoli (parlé à Aledjo). Monnaie : franc CFA (parité fixe avec l’Euro).
Organisation administrative : 5 régions (région maritime, des Plateaux, centrale, Kara, Savanes). 30 préfectures et sous-préfectures. Chef de l’Etat : Faure Gnassingbé Eyadema (depuis le 4 mai 2005). Premier ministre : Edem Kodjo (depuis le 8 juin 2005).

Ne pas oublier Tibhirine!

Tibhirine ! Le nom de ce petit village, proche de Médéa, à cent kilomètres d’Alger, évoque des souvenirs douloureux. Car c’est aussi celui d’un monastère où vivait une communauté de trappistes, en harmonie avec leurs voisins algériens. Jusqu’à cette nuit du 26 mars 1996, où sept d’entre eux furent enlevés par des terroristes et tués quelques semaines plus tard. En mai prochain, ce sera le 10ème anniversaire. Tibhirine n’a pas été abandonné pour autant. Un prêtre de la Mission de France, le père Jean-Marie Lassausse, cultive, avec des villageois, les terres du monastère inhabité. Aussi lorsqu’en juillet 2001, une association, Les amis de Tibhirine, se crée, il est tout désigné pour la seconder. Les familles et amis des sept Frères souhaitaient en effet maintenir les liens d’amitié et de partage qui unissaient les moines et ce village très pauvre, à l’image de Frère Luc, moine médecin, qui accueillait gratuitement des malades dans son dispensaire de fortune, attenant au monastère (1). Dans la discrétion (125 donateurs et un budget annuel d’environ 13 000 euros), l’association encourage les micro-projets. Par exemple, l’ouverture d’une cantine pour l’école. 70 enfants sont ainsi assurés de recevoir un repas « normal » par jour. Le père Lassausse se charge lui-même des approvisionnements pour l’école et règle le salaire d’une cuisinière à mi-temps.

L’association achète aussi pour les enfants les plus démunis des fournitures scolaires (cartables, livres…). Elle aide également des jeunes ménages à s’établir : en participant à la construction d’une maison, simple cube en béton dont le coût de 1200 euros est pris en partie en charge par l’association ou à l’achat de quelques moutons. Autre initiative qui rencontre un franc succès : offrir aux jeunes filles du village un lieu de réunion pour broder de petits sachets de lavande (vendus à Alger ou aux pèlerins du monastère). De la lavande – qui entoure le monastère -, on est passé à la fabrication de confitures et de pâtes de coing, sous la houlette d’une sœur blanche, qui monte une fois par semaine d’Alger, pour suivre ces activités. Les seules ressources de l’association viennent des donateurs. Elle est un de ces lieux « où des chrétiens collaborent avec des musulmans pour une réponse humaine aux souffrances des victimes de la crise, particulièrement des victimes de la violence(…) », écrit Mgr Teissier, Archevêque d’Alger (2).

Sylvie Horguelin 1- Cf. Frère Luc, réal. Silvère Lang, éd. AME, en DVD (25 euros) et cassette VHS (20 euros), durée 70 mn, en vente dans les librairies Procure, Siloë.... Ce très beau film s’attache à l’un des sept moines enlevés, en retraçant la quête humaine et spirituelle de cet homme d’exception.

A lire également le remarquable ouvrage de Christian Salenson Prier 15 jours avec Christian de Chergé, prieur des moines de Tibhirine, Nouvelle Cité, 2006. A partir de textes du Prieur de Tibhirine, le Père Christian Salenson, directeur de l’Institut des Sciences et Théologie des Religions de Marseille nous livre une très belle méditation d’une grande profondeur théologique et spirituelle et nous ouvre à une spiritualité de la rencontre avec une autre religion et du dialogue au quotidien ; il nous invite à « être continuellement en état de Visitation, comme Marie auprès d’Elisabeth, pour magnifier le Seigneur de ce qu’il accomplit en l’autre… et en moi. »

2. Chrétiens en Algérie - un partage d’Espérance, Desclée de Brouwer, 2002.

Légende photo : A 500 mètres du monastère Notre-Dame de Tibhirine, on aperçoit l’école du village au pied du massif montagneux de Tamesguida. (Photo Pierre Laurent) Pour en savoir plus: L’association " Les amis de Tibhirine " , œuvre d’intérêt général, a pour but d’aider les habitants de la région de Tibhirine, dans le développement de projets collectifs ou individuels. Les dons sont à adresser à : Les amis de Tibhirine, Abbaye Notre-Dame d’Aiguebelle, 26230 Montjoyer (chèque à l’ordre de : l’association des amis de Tibhirine). L’association délivre pour les dons une attestation pour déduction fiscale. Pour tout renseignement, contactez Pierre Laurent : Phj.Laurent@wanadoo.fr

Rubrique littéraire : "Passion pour l'Algérie. Les moines de Tibhirine" de John Kiser.

En France, pas moins de 12 ouvrages ont été publiés sur les moines de Tibhirine en moins de 10 ans. A l'étranger, celui qui a le plus impressionné les spécialistes est l'enquête de John Kiser. Les éditions Nouvelle Cité l'éditent en français pour le 10ème anniversaire de la mort des moines.
John Kiser poursuit simultanément trois objectifs très différents mais complémentaires. Il raconte d'abord l'histoire d'un enlèvement fatal dont on n'est toujours pas sûr aujourd'hui de connaître les auteurs ni les mobiles exacts. De ce point de vue, l'ouvrage se lit comme un roman policier. Mais le drame est exposé avec le sérieux et le respect requis. Les divers scénarios sont explorés, le mystère restant finalement entier, ce qui explique en partie le retentissement médiatique de l'"affaire Tibhirine". Le second but de John Kiser est de comprendre ce qui, dans l'histoire de l'Algérie, peut expliquer la violence qui a frappé sept hommes pacifiques, victimes, parmi des milliers d'autres, d'une lutte armée de plus en plus violente. Ce sont alors les dimensions politique, économique et sociale du malaise algérien qui sont abordées. Remontant aux racines très profondes et anciennes de la crise, l'auteur propose une série d'analyses qui apportent au journalisme d'investigation la richesse contextuelle d'une étude historique. Cette réflexion sur les causes de la violence se réclamant de l'islam est plus que jamais d'actualité. Enfin, le troisième fil conducteur est le caractère proprement religieux de cette aventure humaine qui se réfère continuellement à Dieu. Ainsi, les moines chrétiens prennent le risque de mourir par amour de leurs voisins, en fidélité au seul commandement laissé par le Christ des évangiles, tandis que des terroristes islamistes se lancent dans une vaste campagne d'assassinats de civils en invoquant la parole incréée d'Allah. A travers une galerie de portraits nuancés et au gré des événements tragiques qui secouent le monastère, l'enquête policière devenue analyse socio-historique s'enrichit donc d'une réflexion sur la foi, catholique et musulmane. Henry Quinson
John Kiser, Passion pour l'Algérie. Les moines de Tibhirine, trad. H. Quinson, Nouvelle Cité, mars 2006. Henry Quinson a vécu pendant 6 ans au monastère cistercien de Tamié, dont étaient issus deux des sept martyrs de Tibhirine. Il mène aujourd'hui une vie de prière, de travail et d'accueil dans un quartier majoritairement musulman à Marseille. Sa communauté, la Fraternité Saint-Paul, est aussi présente en Algérie. Il est le traducteur du livre de John Kiser, Passion pour l'Algérie. Il enseigne par ailleurs l'anglais au lycée Lacordaire à Marseille. Il est aussi le frère de notre curé!
Pour en savoir plus :

Rubrique littéraire : "Le Christianisme et les femmes" d'Anne-Marie Pelletier

Ce beau livre déjà un peu ancien (dont l’auteur Anne-Marie Pelletier donne le 19 mars à Notre-Dame une conférence de Carême sur le thème « Souffrir » et qui vient de publier Le Signe de la femme) retrace l’histoire d’un regard, celui qui a été porté sur les femmes durant vingt siècles, regard que pour sa part l’auteur garde droit et clair, évitant par la rigueur de son propos les écueils du militantisme, toutes bannières confondues. Que d’affrontements pourtant ! Entre les sexes, le « fort » contre le « faible » ; entre deux grandes figures féminines, Eve contre Marie ; entre la foi en l’égalité de l’homme et de la femme dans le Christ et les préjugés culturels misogynes qui émaillent vingt siècles de christianisme jusqu’à pervertir les plus grands esprits. Combien sont-ils après Jean Chrysostome, Jérôme, Augustin, ou Thomas d’Aquin à faire l’éloge de la vie conjugale, à célébrer les vertus de la chaste et industrieuse épouse et plus encore de la vierge ou de la veuve consacrées, tout en véhiculant ce sentiment diffus de méfiance à l’égard d’un sexe inférieur, impur et à la sexualité ravageuse ? Le chemin vers la réconciliation passe par Eve, figure lumineuse de l’épouse selon la théologie de l’Alliance ; figure d’une humanité créée toute entière à l’image de Dieu. L’auteur nous invite ici à une fructueuse relecture du livre de la Genèse. Mieux encore, l’auteur fait de la réalité culturelle, politique voire juridique de l’infériorité des femmes un atout pour la réception profonde du message évangélique : dans sa soumission la femme saisit davantage l’amour du Christ serviteur; reléguée dans la sphère domestique, elle est mieux préservée de l’orgueil spirituel, grand obstacle à la conversion des coeurs. Le monde a changé. La société et avec elle l’Eglise peuvent enfin se décharger du fardeau de la guerre des sexes et célébrer une «solidarité fondamentale, hors de laquelle l’homme comme la femme passent à côté de leur identité et des voies du bonheur ».
Anne-Marie PELLETIER, Le Christianisme et les femmes, Cerf, Paris, 2001, 194 p.
Dominique T
Illustration: Le Christ ressuscité apparaît à Marie-Madeleine. Basilique de Saint-Maximin (1536).

Les catholiques sur le web

Poursuivons ensemble notre exploration du «web chrétien » engagée dans le premier numéro du Petit Céphalophore. Avec près de 13 millions d’abonnés à Internet en France et l’estimation d’un milliard d’utilisateurs dans le monde en ce début d’année 2006, le web s’affirme bien comme un espace que la "Mission" ne saurait négliger. En complément des nombreux liens que nous vous laissons découvrir dans la version en ligne du Petit Céphalophore, liens qui vous entraîneront vers des découvertes et réflexions qui prolongeront ces pages, voici quelques portes à ouvrir : http://www.mepasie.org/ : le site des Missions Étrangères de Paris. Un site absolument remarquable, à la hauteur de cette institution d’exception créée il y a 350 ans et qui a donné à l’Asie 4 500 prêtres. Mis à jour quotidiennement le site propose au visiteur une très riche documentation (y compris 10 000 photographies d’archives ) mais aussi, car l’institution est bien vivante, l’actualité des nombreuses rencontres proposées ainsi que des offres d’emplois à l’étranger auprès des missions. http://membres.lycos.fr/afriquespoir
/afriquespoir17/page4.htm :
l’interview de l’archevêque de Lomé pour mieux connaître l’action de l’Église au Togo (cf. notre action de Carême pour le Foyer d'Aledjo), non pas l’action d’hier dans la période coloniale (voir les liens dans l’article en ligne) mais bien celle d’aujourd’hui, dans la délicate « période de transition » vers la démocratie que vit le pays depuis la mort du président Eyadema. Et bien sûr :
ainsi que
les liens vers l’encyclique Deus caritas est et son commentaire par Mgr André Vingt-Trois.
Philippe T.

Rubrique gastronomique. AOBA : que des hauts, rien de bas.

Pour dîner en famille en contentant petits et grands, rendez-vous à Richelieu-Drouot chez Aoba. Direct en métro (ou en bus, ligne 20), cette adresse asiatique réserve une surprise de taille ! «Vous mangez d'abord, vous payez après !» vous annonce-t-on à l'accueil. Banal ? Pas quand tout vous est proposé, des entrées aux desserts, en passant par les spécialités chaudes ou froides -sushis, rouleaux de printemps, canard laqué, brochettes yakitori, raviolis à la vapeur, etc.- à volonté pour un prix unique : 11,50 euros de 12 h à 14 h 30, et 14,50 euros de 19 h à 22 h 30, thé au jasmin compris ! Une seule condition, écrite noir sur blanc : «SVP, ne gaspillez pas ! Les assiettes gâchées seront facturées». Seules les boissons (jus de leechees frais ou de dattes rouges et lotus, bières chinoises et japonaises) vous seront comptées en sus. Sachant qu'à peine arrivés, on vous propose une table fumeur ou non fumeur (c'est devenu si rare !) dans un cadre clean mais chaleureux -bois clair et miroir-, que les buffets sont constamment réachalandés et que, si votre assiette copieusement garnie refroidit trop vite, un micro-ondes est à votre disposition, vous croirez rêver : vous êtes au Club Med d'Asie-sur-Seine ! 106, rue de Richelieu, 75002 Paris. Tél. : 01 42 60 26 22.
Marie-Christine Delacroix

Michael Lonsdale à Saint-Denys. Chrétien et comédien.

A l'écran pour Le Parfum de la Dame en noir lors de nos Journées d'Amitié qu'il a honorées de sa présence en novembre dernier, Michael Lonsdale est aujourd'hui à l'affiche du magistral Munich, de Steven Spielberg, où, sous des allures paternes, son inquiétant personnage tire finalement toutes les ficelles. Démiurge... Entre temps, le comédien et écrivain(*) a répondu avec beaucoup de gentillesse et de simplicité aux questions du Petit Céphalophore, de sa voix chaleureuse et si douce. Irradiant d'une paix aussi évidente que sa foi, qu'il offre d'emblée en partage.

Comment le comédien est-il venu à l'écriture ? C'est plutôt l'inverse. Neveu de l'académicien Marcel Arland, je viens d'un milieu littéraire. Ma tante, Jeannine Arland était l'amie de Clara Malraux et de la fille de Gide, et François Nourrissier habitait la maison. Moi qui, de mère française et de père anglais (et de grand-mère irlandaise), n'avais pas eu d'instruction suivie pour cause de déplacements, je me suis ainsi rattrapé ! D'où vous vient cette paix, cette incroyable sérénité qui émane de vous ? Il faut avoir la paix en soi avant de la transmettre aux autres. Si on est soi-même en état d'agitation, on ne peut pas aider les autres... D'où l'absolue nécessité de se mettre en paix. La Paix en Christ. Si on met le Christ en avant, c'est lui qui va mener la barque, et vous n'avez plus envie de faire l'imbécile ! La paix, c'est la première chose qu'Il a demandé à ses disciples à la Résurrection : çà a dû leur faire tout drôle, imaginez ! Cette apparition, quelle émotion incroyable… Avez-vous été élevé dans la foi chrétienne ? Ma conversion date de 1987. Maman avait fui, enfant, son couvent de religieuses catholiques, mais elle m'avait parlé du Christ. Mon père, protestant, ne pratiquait pas. C'est un musulman, au Maroc, qui m'a parlé de Dieu d'une façon que je n'ai pas oubliée. Là, j'ai commencé à chercher. Je faisais de la peinture. J'ai rencontré un père dominicain, qui m'a expliqué l'art et la Foi. Et une dame, aveugle, Denise Robert, qui est devenue ma marraine. Je lui avais dit chercher quelque chose de vrai, de pur. Elle m'a répondu : «Mais, mon coco, c'est Dieu que tu cherches !» Elle disait aux autres : «Non voyante, je peux vous parler, car vous ne pouvez pas me juger.» Et la paix, c'est dans ma nature. J'ai horreur de la violence ! J'ai beaucoup fréquenté le couvent Saint-Jacques, rue de la Glacière. Les conférences de ces gens m'ont fait un tel effet de vérité !

Votre humilité fait de vous un animal étrange, une curiosité de la nature, que les metteurs en scène et les réalisateurs savent très bien exploiter au cinéma dans des rôles insolites où l'on n'imagine personne d'autre... Le monde du théâtre m'a attiré par sa grande exigence, son audace. J'ai eu beaucoup de chance : celle d'être de toutes les premières mises en scène de Laurent Terzieff, de faire douze pièces (en vingt ans) avec Claude Rigy. Et puis de travailler avec Madeleine Renaud, de rencontrer Marguerite Duras, en 1968... Avec Marguerite, on s'entendait au-delà des mots, c'était assez extraordinaire. Elle disait : «Dieu, je n'y crois pas, mais j'En parle tout le temps !»

On vous a associé parfois à Jacques Dufilho dans la perception de cette «exception» : comédien hors norme ET chrétien... Avant, c'était : ne nous parlez pas de Dieu, ça nous embête ! Mais depuis la chute du Mur, ils sont tous à la recherche de la Vérité. Surtout les artistes. Ils ont besoin de justesse et de rêve. Ils sont très croyants dans leur art, mais pas dans la vie... Ils sont à la recherche du Beau.

Pierre Marcabru dit que votre humour tendre vous rend plus évangélique... Il y a beaucoup d'artistes qui ont la foi, mais ils restent discrets. Moi, on m'a demandé de témoigner... Alors, je me suis engagé dans le renouveau charismatique avec l'Emmanuel. Mais n'étant pas d'accord avec leur position sur l'Art, je préfère rester indépendant, garder ma liberté. La vie n'avance pas si on ne sacrifie pas quelque chose. Il faut continuer à chercher... Ce que j'aime, dans la Communauté de l'Emmanuel, c'est la fraternité. L'accueil. Prier les uns pour les autres... Quand on voit toutes ces J.M.J., il y a une ferveur extraordinaire chez les jeunes ! Il faut que l'Eglise y réfléchisse. Depuis Paul VI, les choses ont bougé. Il est le premier qui s'est «promené» à la rencontre des Mexicains, des Philippins, et à avoir changé, avant Jean-Paul II, le rapport du Pape avec son peuple. La silhouette de Paul VI, à l'ONU, à New York, s'avançant tout seul comme un oiseau blanc, est une image que je n'oublierai jamais. Il ne faut pas attendre que les gens viennent, il faut aller les chercher. Le témoignage, la présence aux autres, c'est essentiel. Mère Térèsa, l'abbé Pierre, Soeur Emmanuelle, ce sont eux qui font avancer l'Eglise.

Propos recueillis par Marie-Christine D. (*) : Oraisons (éd. Actes Sud) et Visites (éd. Arthème Fayard).

Yann Liorzou, organiste : "Laudate dominum... per organum"

Il a fait sienne la devise, Laudate dominum, gravée dans le buffet – classé -, des imposantes orgues aux 38 jeux et 3 claviers de Saint-Denys. De fait, pour Yann Liorzou, 31 ans, titulaire de l’orgue depuis 1999, « être organiste, c’est un peu une sorte de sacerdoce. Je participe à une même communion avec les célébrants, tant il y a un constant échange entre l’autel et la tribune ». Dans le temps de méditation, notamment, qui suit l’homélie : « Un des moments que je préfère, car il porte le plus l’improvisation ; c’est le thème, et le ton, de l’homélie, qui m’inspirent alors ». Et s’il ne connaît bien des paroissiens… que de dos – parce qu’il suit le déroulement des liturgies de son miroir fixé au-dessus de ses claviers – Yann n’en participe pas moins « étroitement à la vie de la communauté. En choisissant la ‘‘couleur’’ musicale de chaque messe selon le temps liturgique », bien sûr, mais conscient aussi de « la responsabilité de l’organiste pour installer un climat particulier avant l’entrée des célébrants ». Ce qui peut le conduire d’ailleurs, « selon ce que je ressens durant l’Eucharistie elle-même, à changer au dernier moment mes thèmes musicaux pour la communion, ou la sortie de messe ». Mais puisqu’il a été question de ‘‘sacerdoce’’, comment est donc née sa vocation pour l’orgue ? D’un certain atavisme familial, assurément, sa grand-mère ayant été quelque 60 ans titulaire de celui de Saint-Louis-d’Antin. Parallèlement à sa licence de musicologie, ce pianiste de formation choisit donc l’orgue, accumulant les premiers prix jusqu’à, bientôt, un diplôme d’Etat et, en solfège, l’équivalent de l’agrégation. C’est dire que l’enseignement, dans plusieurs conservatoires, représente l’essentiel de son temps, son service à Saint-Denys l’appelant le samedi soir et le dimanche à 11 h, ainsi que les jours de fête, « voire plus, si le curé est demandeur ». Et s’il n’est que le dixième titulaire, depuis l’installation de l’orgue en 1839, c’est sans doute parce que « Quand on est bien quelque part, on peut y rester longtemps ! », assure-t-il dans un de ses grands sourires. A Saint-Denys, visiblement, Yann se sent bien, évoquant « les moments particulièrement forts » qu’il y vit lorsque, par exemple, « tout le monde vraiment reprend, avec cœur, un chant ». Un appel à faire vivre, toujours plus, sa « devise » : Laudate dominum ! JLBB

Père Bertrand : le don de l'abandon

Un moine à Saint-Denys ! Arrivé tout droit de l’abbaye de Kergonan en Bretagne, le père Bertrand Dufour a rejoint en cours d’année notre équipe de prêtres. Un peu chez nous, beaucoup à Sainte-Elisabeth, le bénédictin a fort à faire ! Mais rien ne saurait entamer sa bonne humeur…
C’est pour se reposer que l’abbaye de Kergonan a envoyé un de ses moines, Bertrand Dufour, à Paris ! A Saint-Denys, il a repris les activités du père Michel Guéguen : le catéchisme en CM1 et la préparation à la première communion, l’accueil un après-midi par semaine (le mardi), le groupe biblique, la célébration de plusieurs messes… A Sainte-Elisabeth, il remplace le curé gravement malade. Un programme bien chargé qui lui a permis malgré tout de changer de rythme pour retrouver des cycles de sommeil plus réguliers. Regrette-t-il Kergonan ? « Je vis cette situation nouvelle dans l’abandon. Le Seigneur me donne les grâces nécessaires pour être heureux là où je suis ». Et il n’est pas trop dépaysé car c’est un Parigot, presque un enfant du quartier, qui partage désormais la vie communautaire de la maison Saint-Denys… « Je suis né rue Michel-Chasles, dans le 12ème arrondissement, à côté de la gare de Lyon ». Bertrand est baptisé à l’église Saint-Antoine des Quinze-Vingt. Ses études, il les fait dans des établissements catholiques tout proches : Saint-Pierre-Fourier (maternelle), Massillon (où il ne travaille pas assez), Stanislas (« on m’a viré, j’étais ravi »), les Francs-Bourgeois (où il reste de la 3è à la terminale avec profit). Parallèlement, il s’investit dans le scoutisme et a comme chef de groupe un certain… Jean-Marie Weinachter. « La troupe de Saint-Denys vient de Saint-Antoine des Quinze-Vingt où j’étais autrefois ; c’est un clin d’œil du Seigneur », explique-t-il avec malice. Le scoutisme l’a durablement marqué et au monastère, pour sa grande joie, il sera chargé de l’accueil des groupes scouts. Mais ne brûlons pas les étapes. Après sa terminale, il s’inscrit dans une école de commerce « pour faire plaisir à mes parents». Il y apprend à jouer « au bridge et au tarot » ! « Cela ne m’intéressait pas du tout », avoue-t-il. Il veut entrer au séminaire, restait à l’annoncer à sa famille. A 20 ans, le voilà à la maison Saint-Augustin avec… Michel Guéguen et Brice de Malherbes. Une promo de 26 séminaristes, jamais égalée en nombre ! « Je me suis senti appelé à l’âge de 8 ans, se souvient-il, ce qui ne m’a pas empêché d’être un sale gosse ! » Un appel qu’il entend à nouveau le jour de sa promesse scout. « Un appel, ce n’est pas un coup de fil du Seigneur mais une voix intérieure qui part du cœur et qui dit : « Veux-tu me suivre ? » » explique-t-il. A la maison Saint-Augustin, la vie monastique l’attire. Eric Aumonier, alors directeur du séminaire, l’envoie une semaine à Kergonan*, plutôt qu’à Saint-Pierre-de-Solesmes où lui veut se rendre. « J’ai réagi en Parisien. Je ne connaissais pas la Bretagne. Je n’avais aucune famille dans le coin. Cela ne me tentait vraiment pas ! ». Le 15 février 1988, il prend un train de nuit pour Auray en traînant des pieds. « Je suis arrivé fatigué. Il bruinait. Une grande tempête avait ravagé les côtes. Les cyprès qui bordaient l’allée conduisant au monastère étaient par terre. J’apercevais dans le fond un bâtiment austère. Aucun moine n’était venu m’accueillir mais en franchissant la grille d’entrée, j’ai senti que le Seigneur me disait : « C’est là ! » ». Trois ans plus tard, jour pour jour, il demande à entrer au monastère. Trois années passées à batailler avec lui-même, avant de se rendre à l’évidence : sa place était à Kergonan. Entre-temps, il a fait son service militaire dans l’armée de l’air, puis deux années de philosophie à la maison Saint-Séverin. A l’abbaye, il lui faut recommencer sa formation à zéro : apprendre les traditions monastiques, la règle de saint-Benoît… Pendant cinq ans, il fait son noviciat coupé des autres moines, avant d’entrer enfin en communauté. Il verra huit novices, entrés après lui, repartir ! En 1994, il s’engage pour 3 ans, lors de sa profession simple. En 1997, son engagement devient définitif avec sa profession solennelle. Cette même année, il revient à Paris préparer le bac de théologie. Dans son jury, il retrouve Michel Guéguen, devenu entre temps enseignant ! Suivent deux années romaines, à Saint-Anselme, l’abbaye primatiale des bénédictins (dotée d’une piscine !) pour étudier la théologie biblique, l’hébreu et le grec ; et un retour à Kergonan, où Bertrand est ordonné prêtre le 14 juillet 2001 (une date qu’il aime tout particulièrement). Six ans plus tard, c’est à Saint-Denys qu’il retrouve son camarade de promotion pour un passage de relais. L’un part six mois au Togo, l’autre arrive pour six mois à Paris. Et peut-être plus, car le père Bertrand ne sait pas de quoi son avenir sera fait. Mais il fait confiance, convaincu que le Seigneur ne veut que son bonheur…
Sylvie H.

L’abbaye bénédictine Sainte-Anne-de-Kergonan se trouve dans le Morbihan, à 25 km de Vannes, à l’entrée de la presqu’île de Quiberon, face à Belle-Ile-en-Mer. A 15 minutes du monastère, un lieu de pèlerinage célèbre : le sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray. Pour en savoir plus : catholique-vannes.cef.fr/site2/01-07d.html

L'autorité de la Parole. (Dernière homélie du Père Guéguen).

Lectures : Dt 18, 15-20, Ps 94, 1 Co 7, 32-35, Mc 1, 21-28. (Homélie dominicale du 29 janvier 2006, messe de 11 heures). Ce passage est la première scène de l’Evangile de Marc où l’on voit l’impact de Jésus sur les foules : il enseigne avec autorité. La semaine dernière, cette autorité se laissait deviner avec l’appel efficace des premiers disciples. Mais le mot même d’autorité n’était pas employé. Pourquoi ? Sans doute parce que c’est un mot piégé. À quoi sert l’autorité ? À faire grandir ou à écraser ? À sauver ou à perdre ? C’est peut-être la raison pour laquelle Marc ne nous dit rien de ce que Jésus enseignait. Un homme, dans l’assemblée, intervient, qui pointe le problème. Marc nous prévient : il a un esprit impur. Sans doute est-ce pour nous rendre attentifs à ses propos, discerner dans ce qu’il dit son impureté. Mais n’allons pas trop vite ! Contentons-nous d’être de cette assemblée, de laquelle se lève un contradicteur. Il a un esprit impur, mais l’assemblée ne le sait pas. Un esprit ne se voit pas. Que celui ici qui a vu un esprit se manifeste ! L’intervention produit un choc, c’est sûr, on n’aime pas les perturbateurs. Si quelqu’un ici contestait ce que je suis en train de dire, tout le monde se sentirait mal à l’aise, moi le premier. Mais en même temps, on peut être sensible aux propos de cet homme, dans la mesure où il exprime un sentiment diffus chez beaucoup. Après tout, n’est-il pas d’ici, de Capharnaüm ? Jésus, lui, est d’ailleurs, de Nazareth : il n’est pas de chez nous ! Et ce qu’il dit n’est-il pas raisonnable ? Même le « es-tu venu pour nous perdre ? » car c’est une question, et une question légitime : Jésus ne propose-t-il pas, en définitive, un idéal inaccessible ? Une sainteté sans nous donner les moyens de la rejoindre ? Un idéal enfermant, plus que libérant ? N’allons pas trop vite, car si nous savons que cet homme a un esprit impur, il nous est difficile de discerner dans ses paroles son impureté. Comme si, en un sens, nous participions de cette impureté, incapables que nous sommes de l’identifier, faisant corps avec cet homme finalement, pas mécontents qu’un contradicteur assume la part de contradiction qui sommeille en chacun de nous, face à Jésus. Comment Jésus réagit-il ? Comment se manifeste son autorité ? Face au volubile, il répond en deux mots, qu’on pourrait traduire : « Chut ! Dehors ! » pour rendre l’économie de sa parole. Tout de même, il est plus précis : « sors de lui ! ». Jésus divise, il est venu pour diviser. Non pas l’homme avec lui-même, ni l’homme et la femme, ni la famille, ce qu’il divise, c’est l’unité que voudrait l’esprit impur avec l’homme. « Sors de lui ! ». L’esprit impur sort, avec cette violence qui le caractérise, son inhumanité, violence qui du même coup rend la foule capable d’en reconnaître la présence. Jésus divise pour rassembler cette foule qui avait commencé à faire, vis-à-vis de lui, un pas en arrière. Elle se retrouve unifiée dans la confession de son autorité, une autorité désormais concrète, presque tangible : « il est capable de chasser les esprits impurs! » et la rumeur se répand à son propos dans toute la Galilée. Et tous viendront vers lui, démoniaques et malades, car il possède cette autorité qui délivre l’homme de ce qui le handicape, de ce qui infeste sa vie. L’autorité de Jésus est avant tout une autorité de parole. Pas de geste ici, seuls deux mots suffisent à chasser l’intrus. Comme autrefois Moïse avait annoncé que, de génération en génération, Dieu serait présent au peuple d’Israël, suscitant en son sein un prophète comme lui. Une autorité qui est celle de la parole de Dieu, capable de transformer nos mots les plus ordinaires. « Chut ! Dehors ! » rien de plus banal que ces mots, et pourtant tout est dit. Jésus s’y exprime autant que s’il dévoilait les plus grands mystères. Car ce qui transparaît dans ces mots, c’est lui-même : une vie tout entière pour la parole de Dieu, une parole qui est sa vie même. S’en écarter pour lui, c’est mourir. Quand Moïse promettait un prophète comme lui pour assister le peuple d’Israël, il n’imaginait pas à quel point Dieu exaucerait ses paroles. Et nous non plus ! Car Jésus est venu, exauçant Moïse et le peuple d’Israël au-delà de ce qu’ils espéraient, transformant en particulier le mode de présence qu’ils envisageaient. Dieu n’est plus simplement présent dans un prophète, extérieur à nous-mêmes. Mais il est présent en chacun de nous, exerçant son autorité sur tout ce qui nous handicape, nous rabaisse et nous lie. Par le baptême, nous avons été plongés dans le Christ, nous sommes devenus un avec lui, prophètes comme lui, prêtres aussi, et rois. Chacun d’entre nous, en raison de son baptême, a l’autorité de Jésus, une autorité qui n’est pour abaisser mais pour faire grandir, pas pour perdre mais pour sauver. Peut-être doutons-nous encore de notre capa­cité à chasser les esprits impurs… Mais cette autorité est celle de la Parole de Dieu, et notre rôle à nous est de développer l’attitude intérieure permettant à la Parole de faire le ménage autour de nous, et en nous aussi. Rassemblés autour de l’autel, nous reprenons conscience de cette présence intérieure. Le geste d’assimiler, de manger et de boire, est une parabole de cette présence, qui croît à la mesure de notre communion à Jésus. Tous, par notre baptême, nous sommes porteurs de Jésus, de son autorité. Les uns pour les autres. C’est ce que j’ai découvert ici. De Saint-Denys, on souligne souvent la qualité des relations, la chaleur. Restez-y quelques instants, vous serez intégrés. Ici on ne se regarde pas comme des étrangers, mais comme des amis, comme des frères. Ce pourrait être le fruit de bonnes natures ou d’éducations bien faites. Mais non ! L’amitié à Saint-Denys n’est pas d’abord naturelle, mais surnaturelle : sa source, c’est le Christ. Que sa parole résonne, et que chacun d’entre nous ait à cœur de l’entendre. Elle est pour lui, elle transforme son cœur, il aide ainsi toute la communauté à vivre davantage de façon fraternelle. Les uns pour les autres, c’est ce dont je veux témoigner. Prêtre, je le suis par grâce de Dieu. Mais votre amitié, votre chaleur, votre exigence aussi me l’ont fait devenir davantage. Je rends grâce à Saint-Denys pour ce que j’ai reçu ici, au Seigneur pour vous tous de Saint-Denys qui me donnent de continuer à porter la Bonne Nouvelle de Jésus.

dimanche, février 26, 2006

Les adieux au Père Guéguen : la messe d'action de grâce.

samedi, février 25, 2006

Ite missa est

Ite missa est (suite)

Les discours, émouvants...

Le cadeau : un recueil de photos et petits mots des paroissiens


 

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