Le Petit Cephalophore

samedi, juin 29, 2019

Ordination sacerdotale de Martin de Laubadère : quelques images





Merci à Monique pour ces images.

dimanche, juin 16, 2019

Sortie paroissiale à Notre-Dame de Montligeon


jeudi, juin 06, 2019

Juin 2019. L'éditorial du père Tardy


L’Église tremblait encore des révélations particulièrement pénibles à son sujet, quand, au tout début de la semaine sainte, une sorte de feu venu du ciel réduisait en cendres la toiture de Notre-Dame et renversait rageusement sa flèche.
En plusieurs endroits de l’Écriture, existe le style apocalyptique, qui a cette particularité d’exprimer l’in-exprimable à l’aide de signes et de prodiges cosmiques particulièrement inquiétants. C’est un langage efficace, mais son usage est risqué. On pourrait s’interdire toute interprétation symbolique, préférant l’analyse rationnelle d’événements a priori sans lien entre eux. Nous éviterions ainsi les excès de l’imaginaire et les prophètes de malheur ! mais peut-être passerions-nous alors à côté de ce que notre nation a ressenti dans sa chair sans pouvoir vraiment se l’expliquer. Les événements ont une portée symbolique qui dépassent le discours. 
C’est cette même portée symbolique qui embrase l’indignation des hommes devant les péchés commis en secret et en toute impunité par des représentants de l’Église. La perception symbolique dépend du tempérament de chacun. Il peut être éruptif, prophétique ou contemplatif.
Ce numéro du Petit Céphalophore (déjà le 40ème), vous donne aujourd’hui la parole. Il voudrait recueillir quelques impressions, quelques idées que la situation de l’Église vous inspire. Car il est impossible de ne pas réagir à ce qui se passe devant nous. L’Église doit être une école de liberté et de parole. C’est en méditant la Parole de Dieu qu’on libère sa propre parole et qu’on lui donne sa fécondité. Malheureusement, aujourd’hui, l’opinion publique ne sait souvent s’exprimer qu’à travers des sondages et des slogans. Les slogans sont pratiques, mais ils sont souvent agressifs et réducteurs. Puisse ce numéro nous aider à prendre du recul et à formuler ce que nous ressentons confusément. L’Écriture guérit notre langage sans lui ôter sa violence mais en l’adressant à Dieu.

Paroles d'Eglise blessée


J-A. : « S’ils se taisent, les pierres crieront. » (Lc 19, 40). Du dimanche des Rameaux, nous avons retenu les acclamations, la procession, mais point les pleurs de Jésus sur la ville : « Ah ! si tu avais compris, toi aussi, le message de paix ! Mais non, il est demeuré caché à tes yeux. » (Lc 19, 42). Et le lendemain, le lundi 15 avril, la toiture de Notre-Dame de Paris était dévastée par le feu ! Certes, cela nous parle de la difficulté de notre société à prendre soin de notre héritage, mais que cela survienne le premier jour de la Semaine sainte, avant-veille de la messe chrismale et à trois jours de la commémoration de la Sainte Cène du Christ, n’est-ce pas un signe pour dire l’incendie qui a éclaté au sommet de la hiérarchie cléricale catholique ?
Nous arrivons dans cette vie avec notre "paquet" de talents : il nous est confié à chacun un corps, avec ses hormones, ses émotions, sa sexualité et ses désirs. Grâce à Dieu, nous sommes tous différents en termes de besoins, mais s’interdire a priori de vivre en conscience ce qui pourra venir de la sexualité, conduit à la vivre dans le déni. S’interdire cette possibilité d’épanouissement, c’est aller enterrer le talent qui nous est confié (Mt 25, 14-30). Ou bien, comme le frère du fils prodigue (Lc 15, 11-32), c’est s’interdire de connaître notre misère physique, affective et psychique qui, si elle est assumée peut conduire à la joie du retour vers le Père. Pas d’accomplissement sans prise de risque ! La sexualité fait bien partie de nos "talents". La faute n’est pas de l’expérimenter (de façon respectueuse, c'est-à-dire sans victime et sans violence) - le mot « péché » ne figure d’ailleurs nulle part dans la parabole du fils prodigue. La faute, c’est de la vivre en cachette, avec la violence du refoulement, en donnant des leçons aux autres. À la manière des scribes et pharisiens qui voulaient lapider "la femme adultère" (Jn 8, 1-11) pour mieux protéger l’homme pris "en flag" avec elle... Aujourd’hui, le décalage entre les enseignements de la hiérarchie cléricale et les attentes de la société civile est tel que seuls 5 à 6 % des catholiques français continuent à avoir une pratique religieuse. Quels autres signes que celui donné par Notre-Dame de Paris, faudra-t-il pour sortir de l’omertà pratiquée au plus haut niveau et pour sortir du déni des conséquences les plus graves du célibat "obligatoire" imposé aux prêtres ?
Depuis 1959, en France, il meurt chaque année plus de prêtres qu’il n’en est ordonné au point qu’il n’en reste plus que près de 11 000. Aujourd’hui quand 50 prêtres sont ordonnés dans l’année, il en meurt 800 ! Que faudra-t-il encore subir pour accepter que les prêtres puissent avoir une sexualité et que, comme en Angleterre par exemple, des femmes puissent aussi être ordonnées ?


Hubert : Une "petite demi-page" pour un sujet si considérable, c'est déjà la moitié d'une censure, ou l'incitation à des formules trop résumées.
Il s'agit de la subsistance, dans le corps ecclésial, du péché de Sodome, c'est-à-dire celui qui est sans rémission ici-bas, et pour lequel l'intercession d'Abraham, qui l'avait offerte aux Trois Visiteurs, a été repoussée par Yahvé. Entendons-nous : il ne s'agit pas d'une pratique sexuelle particulière (je ne sais pas quand cette dérive sémantique intervient dans l'histoire du mot), mais du péché le plus grave que l'on puisse commettre, surtout dans le cadre de rapports institutionnels et institués : la violation de l'hospitalité sacrée que nous nous devons à tous et dont le sacrement de l'ordre investit tout particulièrement les prêtres.
C'est un désastre qui laisse sans voix.
Il n'est pas question de chercher à comprendre chaque cas (se rappeler ici le mot de Péguy : « Expliquer, c'est capituler ») et comment le pourrions nous ? On pourrait penser que pardonner n'appartient qu'aux victimes, mais il existe aussi le sacrement de confession, avec sa rigoureuse progression : conscience du péché, réparation due et ferme propos. Il n'y a que le Saint Esprit qui puisse nous sortir de cette aporie, et, en la circonstance, il parle par notre Saint Père, lequel commande à tous (après y avoir contraint Monseigneur Barbarin, qui avait enfreint cette règle pourtant instituée par le Christ) de s'en remettre au bras de César, de laisser à Dieu ce qui lui appartient et de ne pas confondre les instances.
Ce travail fait, on peut - on doit - prier. Comme l'écrivait encore notre Péguy : « Il faut travailler, et après il faut prier ; ne pas travailler, et prier après pour combler le manque, je trouve que c'est mal élevé»

Denis : Je pense qu’il faut des actes, plus que des pensées, des sensations ou des contritions. Et contrairement à Benoît XVI, je pense que cela devait être bien pire avant 68…
Servants de messe. Personnellement je suis toujours très surpris par cette distinction faite entre les garçons et les filles pour leurs rôles en tant que servants de messe, comme on dit aujourd’hui. Je trouve que cela n’a aucun sens et que d’autres pratiques se font ailleurs sans problème. Il y a beaucoup d’hommes dans le chœur entre les prêtres et les séminaristes, tant que les femmes ne seront pas ordonnées, ce qui ne saurait tarder, je pense et j’espère.
Suppression d’un cantique du répertoire. Autre point sans rapport, je pense qu’il faut supprimer du répertoire le chant suivant : Mon Père, mon Père, je m’abandonne à toi. C’est une soumission exagérée, valable pour des grands mystiques. L’Église n’a pas besoin de personnes soumises mais actives ou contemplatives. Merci pour cette initiative de libre parole.

Sylvie : Le retournement du scandale . Je reprendrai à mon compte ces paroles de la théologienne dominicaine Véronique Margron* qui résument bien ma pensée. Ce qui me choque le plus, c'est le "retournement complètement fou du scandale, scandale qui serait le mal fait à l'Église quand on montre ses turpitudes alors que l'on sait bien que le seul scandale est celui fait à la dignité, à l'intégrité des personnes, à commencer par les enfants. Comment expliquer ce retournement ? Pour moi, cela vient d'un écueil de la conception "familiale" de l'Église - très belle par ailleurs mais qui montre sa limite dans des drames : de la même façon qu'un enfant victime d'inceste aura des difficultés à parler parce qu'il sait qu'il va, si l'on peut dire, "détruire la famille" alors que c'est lui qui a été détruit, que la famille a déjà implosé de l'intérieur d'une certaine façon (même si cela ne se voit pas forcément de l'extérieur). Nous avons ici affaire au même retournement : la victime se dit qu'elle ne peut pas faire du mal à sa famille. "Il ne faut pas dire du mal de l'Église", comme ont pu le dire ou peuvent encore le dire tant de gens." C'est pourquoi j'apprécie grandement que notre curé ait accepté que nous puissions nous exprimer sur ce sujet douloureux dans notre journal paroissial sur ce sujet. Chapeau bas !
*Présidente de la Corref (Conférence des religieux et religieuses de France).
 A lire : Un moment de vérité, Albin Michel, dans lequel elle propose des "voies pour sortir de ce désastre".

Dominique : Comment ne pas voir dans l’incendie de Notre-Dame une métaphore de l’Église blessée appelée à se renouveler, pour peu qu’elle se laisse conduire par la lumière de l’Esprit ? Cette lumière, c’était déjà celle de Vatican II, qui reconnaissait l’Église dans le Peuple de Dieu. Car l’Église, c’est nous, nous les baptisés. Ce n’est pas le clergé. Et encore moins ces prêtres criminels. Si l’Église est en crise, c’est d’abord à mon sens en raison d’un problème de représentation du Peuple de Dieu. Avant le scandale universel des abus sexuels commis par des prêtres usurpant une autorité qui n’appartient qu’à Dieu, le Peuple des laïcs (et moi la première !) acceptait, voire réclamait, de se laisser guider en toutes choses par son clergé, comme les brebis par le bon pasteur. Mais la confiance a été sérieusement ébranlée, une réforme profonde de l’Église doit nécessairement être entreprise. La cause du mal, selon moi, gît, d’une part, dans l’organisation institutionnelle ecclésiale, mêlant monarchie et oligarchie cléricales, avec un clergé exclusivement masculin vivant en ordo retranché dans ses presbytères, d’autre part dans l’exclusion des laïcs, hommes ET femmes, du gouvernement de l’Église. Les deux questions sont liées. Il s’agit d’appeler les laïcs à prendre part aux décisions dans l’Église qu’ils constituent, de s’ouvrir à une démocratie ecclésiale. Faire tomber les murs érigés entre les baptisés, laïcs et clercs, et entre les sexes. Un SEUL corps pour une seule Tête.

Monique : Je comprends  les blessures  que certain(e)s ont pu ressentir. Mais n'oublions pas l'essentiel reçu par de saints prêtres et n'infligeons pas à notre tour une blessure injustifiée. Il serait  souhaitable  de recueillir des témoignages de paroissiens qui ont bénéficié de leur pasteur.

Marc : 1) Un(e) président(e) de la communauté de Saint-Denys ? Face aux abus sexuels, le pape François nous a invités à lutter contre le cléricalisme. Plus que dans les autres religions, la figure du prêtre catholique souffre en effet d’une certaine sacralisation.
Les religions protestante, juive et musulmane prévoient chacune, aux côtés de leur pasteur, un président de communauté, généralement élu avec une petite équipe (loi de 1905). Cela ne peut que nous faire réfléchir. Quel rôle joue-t-il ? C’est variable : il est souvent modeste avec par exemple l’accueil, la « logistique » ou l’organisation d’activités culturelles. Il déleste les clercs de tâches leur permettant ainsi de se consacrer mieux encore au « spirituel ».
Plus important : le président peut assurer aussi un rôle de médiation avec le curé, par exemple en faisant passer quelques messages, que l’on n’ose pas lui adresser directement pour différentes raisons.
Un(e) président(e) de la communauté pourrait permettre une responsabilisation accrue des laïcs et un dynamisme encore plus fort.
C’est pourquoi une réflexion me paraît pertinente sur cette question. Elle pourrait être l’occasion d’aller rencontrer les autres religions du quartier pour une analyse plus approfondie.
Elle pourrait être expérimentée pour une durée à déterminer avant bilan et poursuite éventuelle.
L’Église catholique traverse une crise importante. L’immobilisme n’est-il pas un agent « fossoyeur » de notre Église ? Vive le débat pour le discernement !

2) Abus sexuels commis par des prêtres : les actes pédophiles sont des crimes abominables. Le renvoi de l’état clérical devrait être systématiquement étudié me semble-t-il. N’oublions tout de même pas qu’ils concernent moins de 2 % des prêtres en France*. Il en reste donc 98 %, parmi lesquels tant « trésors » pour le peuple de Dieu !

* Chiffre donné de Mgr Ponthier, alors président de la Conférence des Évêques de France.

Notre diacre, aumônier des pompiers, et Notre-Dame


Par un temps printanier et descendant, en tenue de sortie,  les Champs Élysées après une cérémonie à l’Arc de Triomphe, le « téléphone brigade » m’a brutalement tiré de ma torpeur pour m’annoncer en  trois mots, «  feux à Notre-Dame », suivi dans la même minute d’un appel de l’État-major redisant la même chose. Et c’est en levant la tête que j’aperçus un puissant panache de fumée blanche provenant de l’est et se dirigeant vers l’ouest, poussé par un vent violent.


Arrivé à proximité, et près du parvis ce fut un mélange de stupeur et d’incrédulité. Voir devant soi cette cathédrale où vous avez été ordonné en proie à des flammes puissantes et multicolores, encadrées par des lances en batterie vous laisse sans voix. N’étant pas en tenue de feu je n’ai pu m’attarder trop longtemps. Mais le lendemain matin, en me rendant dans un Centre de Secours du 6eme arrondissement et en passant à proximité des restes de Notre Dame, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, en restant sous le porche, que le fond de Notre-Dame était presque intact : deux énormes trous éclairaient d’une pâle lumière la nef, rendant cette vision silencieuse quasi irréelle… et ce ne fut pas la croix du maître-autel qui attira mon regard, mais les sapeurs chargés d’éteindre des feux résiduels et procédant à la surveillance des lieux. C’est pour eux que mes lèvres murmurèrent une courte prière, remerciant Dieu qu’aucun n’ait été blessé… le reste m’importait peu.
Jean-Marie W.                                                               

Notre ex-doyen nommé supérieur du séminaire de Paris !




Après dix ans comme doyen au service de notre doyenné, le père Olivier de Cagny est nommé supérieur du séminaire de Paris, à partir du 1er septembre prochain. Bilan et perspectives.

De cette décennie au cœur de Paris, là où se croisent toutes sortes de gens, touristes, travailleurs, habitants du quartier, il retiendra d’abord la communauté fraternelle entre les quatre curés (« et les autres prêtres aussi ! »). « Une belle coopération -qui se dit en grec : synergie-, sans effort mais avec une facilité à créer ensemble : de la préparation au mariage, aux baptêmes des adultes en passant par les conférences de Carême, tracts d’infos communs… Un gros chantier : approfondir les relations entre les équipes du doyenné et les établissements scolaires catholiques. Ce qui s’ouvre à nous : les jeunes. Il y a tant à faire ! »
Il regrettera son cher Saint-Louis-en-l’Isle*, mais s’enthousiasme déjà pour sa tâche à venir : accompagner la formation des séminaristes de Paris (99 en 2019) en leurs sept maisons. « Avoir un œil et une oreille pour recueillir les avis et impressions de ceux qui vivent et travaillent avec eux, formateurs et laïcs rencontrés dans leurs services, pour aider au discernement de la vocation de chacun en vue de leur ordination. Une grande responsabilité ! Former des cœurs de pasteurs, à l’équilibre très solide, à travers quatre dimensions : humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale. En évitant deux écueils, la peur et l’autoritarisme, avec une seule réponse : la vraie charité pastorale. Un beau défi à l’heure où l’église accueille une diversité de situations humaines unique dans son histoire ! » 
Propos recueillis par Marie-Christine D.                                                           

Eléments de bioéthique



Parmi les arts sacrés antiques figurait la médecine, ornée du caducée au serpent unique, symbole de vie qu’elle avait pour mission de favoriser en toute circonstance. La médecine conserve encore ce symbole tout en ayant cessé d’être un art sacré. Elle est devenue une science pointue, se ramifiant en spécialisations. Sa séparation du principe de la vie l’a rendue fragile dans son service à la vie et inconstante dans l’application du précepte d’Hippocrate : « en premier lieu, ne pas nuire ». Notons que la médecine hippocratique n’avait pas nécessité d’adaptations majeures avec le remplacement du culte d’Asclépios par l’adhérence à la foi au Christ. Philippe, médecin et paroissien engagé témoigne : « La  foi nous dit d’accueillir le don de vie de son début jusqu’à sa fin naturels et d’accepter notre finitude. Le mystère de la vie nous dépasse, c’est un don de Dieu auquel nos libertés individuelles doivent se plier. Nous n’avons pas le droit de donner la mort, de défendre l’euthanasie ou l’assistance au suicide. L’intention de soulager les souffrances est distincte de celle qui vise à raccourcir une vie. Ne choisissons pas pour l’autre, accompagnons-le humblement. Vivre est un désir fondamental de tout homme. Celui qui souffre tend à s’accrocher à la vie, malgré les découragements. Son histoire sainte se joue devant nos yeux et nous invite à contempler en lui le Christ souffrant. Sa liberté se déploie dans sa manière d’être uni à Dieu dans une situation qu’il n’a pas choisie. »

L’antique serment d’Hippocrate, prêté encore aujourd’hui par les médecins dans sa forme révisée, posait des « oui » et des « non » non négociables dont le respect seul pouvait assurer une pratique lege artis. « La PMA pour tous, la GPA ou les manipulations génétiques ne relèvent pas des préceptes hippocratiques. Les avancées de la science sont parallèles à une révolution de la société qui affaiblit les valeurs traditionnelles. Les expérimentations nazies sur le vivant ont suscité la recherche des dispositions légales pour encadrer les applications des découvertes scientifiques. Mais la loi sans l’art qui découle d’un principe transcendant ne fait que tâtonner. Le relativisme moral ou-vre sur des possibilités aux conséquences in-contrôlables. L’altération d’un embryon modifie toute sa descendance et pose la menace de l’eu-génisme. Le modèle familial traditionnel est devenu minoritaire. Le désir de l’enfant à tout prix justifie-t-il une mobilisation de la médecine quel que soit le contexte ? Serait-ce respectueux de la dignité de l’enfant ? Peut-on réduire l’enfant à l’objet d’un contrat ? Se croit-on permis d’embrouiller son identité et sa filiation avant même sa naissance ? On chosifie l’embryon, les gamètes, les organes. On néglige l’unité et la complexité de l’être humain qui répond à des paradoxes, des émotions, des aspirations spirituelles, qui ne sont pas quantifiables. C’est le mystère de l’incarnation. »

L’eugénisme et la robotisation, ces rêves d’une « nouvelle espèce » d’homme qui n’aurait plus besoin d’un médecin s’inscrivent dans une optique évolutionniste qui favorise le fort et laisse périr le faible.  Mais nous, chrétiens, savons que le Christ, notre divin médecin, lui qui est la Vie, a une prédilection pour ce qui est petit et faible et qu’il continue de souffrir en ses membres jusqu’à ce que son Corps mystique advienne pleinement. Nous savons aussi qu’en attendant nous ne pouvons pas faire mieux que de placer en notre milieu, sur le trône royal vacant, les petits, les malades et les faibles, pour qu’à travers les ressources qu’ils suscitent en nous, nous devenions ensemble et toujours davantage les serviteurs de la vie. 
Katarina K.    

François, notre nouveau sacristain



Notre nouveau sacristain, François H., est né il y a une quarantaine d’années à Lyon, un an après l’arrivée de ses parents, venus d’Alep, en France. Quoiqu’il n’ait reçu aucune éducation religieuse ni artistique, il se sent très jeune « attiré par la présence du Christ » et se considère « né avec un crayon dans les mains ». A 19 ans, il décide, suite à une rencontre, de s’engager dans la mode pour exploiter son talent de dessinateur. Le succès est rapide : après avoir publié quelques dessins, il est repéré par un bureau de presse qui le pousse à concourir au festival de Dinard. En 2007, il est primé, ce qui lui confère, à vingt-huit ans à peine, une belle notoriété dans le milieu de la mode. Bientôt pourtant, il éprouve le besoin de « tourner la page ». En 2011, il reçoit le baptême, et cherche à nourrir sa soif de spiritualité dans diverses communautés installées au cœur de la nature. Le voici aujourd’hui chez nous à Saint-Denys, où il espère demeurer pour longtemps. Qu’il y soit le bienvenu !  
DTh.                                                                                                                 

Sortie paroissiale à Montligeon


Le sanctuaire qui fait du bien aux âmes
Le 16 juin prochain nous partirons en pèlerinage paroissial à Notre-Dame-de-Montligeon. Ce sanctuaire, accessible de Paris aller-retour en une journée, est un lieu de prière pour les défunts. « La question de la mort est un peu taboue », commente le Père Roger « Je pensais intéressant d’y réfléchir à la lumière de la foi ». Montligeon a été porté à son attention par deux paroissiennes : Clotilde, qui avait interviewé le recteur du sanctuaire, Don Paul Denizot, en 2018 et Monique, une habituée de cette « basilique au milieu des champs » suite à une rencontre de son équipe pastorale à Lourdes. « Notre-Dame-de-Montligeon est figurée avec l’Enfant Jésus dans les bras, donnant la main à une âme suppliante tandis qu'une autre âme (ou la même après l’intercession efficace) se tient en action de grâce, couronnée par Jésus », explique Monique. Le sanctuaire fut construit entre 1894 et 1911 dans le style néogothique à l’initiative de l’abbé Paul Buguet avec la bénédiction de Léon XIII. C’est la communauté de la Nouvelle Alliance, une congrégation contemplative et missionnaire, qui l'anime depuis l’an 2000 aux côtés des prêtres de la communauté Saint-Martin. « Prier pour les morts, c’est déjà ne pas les oublier ! », rappelle le Père Roger. « Jésus nous invite à « nous accueillir les uns les autres » en vue des demeures éternelles. Prier pour quelqu’un, c’est d’une certaine manière l’accueillir par avance dans ces demeures et en même temps se laisser accueillir par lui. Aussi, le purgatoire n’est pas un lieu, c’est davantage un stade de la vie spirituelle du chrétien une fois qu’il s’est dépouillé de son corps. C’est un état de pauvreté ultime, où la personne est purement passive. Passive vis-à-vis de Dieu d’abord, et vis-à-vis du corps mystique du Christ que nous formons tous, fils et filles de Dieu encore vivants ici-bas ou déjà dans la gloire de Dieu. Cet état de passivité permet à la personne d’être plus parfaitement consumée par l’amour divin. La prière de tous est l’expression de cet amour transformant que le Christ lui-même porte aux défunts. La communion de prière pour les morts est une des nombreuses déclinaisons de la solidarité entre chrétiens du Ciel et de la Terre ».  
Propos recueillis par Katarina K.                                                                                                          

Béatification des martyrs d'Algérie



« Tu les avais vu partir à pied, emmenés par leurs ennemis… »

Pierre L., paroissien de Saint-Denys, est le neveu de frère Luc, l’un des sept moines de Tibhirine assassinés en 1996. Avec sa femme France, il était présent à la messe de béatification des dix-neuf martyrs d’Algérie, le 8 décembre dernier à Oran. Retour cet événement très émouvant.

8 mai 1994 : le frère Henri Vergès et la sœur Paul-Hélène sont assassinés dans la bibliothèque de la casbah d’Alger où ils accueillaient des centaines d’étudiants du quartier. Quelques jours après, l’imam de la mosquée voisine est à son tour assassiné pour avoir proclamé que cet acte ne pouvait en aucun cas être justifié par l’islam. 17 autres religieuses et religieux et 113 imams subirent ensuite le même sort pendant ces années noires de l’Algérie.
8 décembre 2019 : à Oran, le cardinal Becciu, envoyé du Saint Père, entouré des évêques d’Algérie et du père postulateur, proclame la béatification des 19 martyrs devant près de 1 500 personnes dont 400 membres des familles de chair et spirituelles, venus de France et d’ailleurs.

Voici quelques points qui nous ont particulièrement émus. Le lieu : devant la basilique Santa Cruz, sur l’esplanade du « Vivre ensemble » surmontée d’une flèche portant une statue de la Vierge dominant tout Oran et la Méditerranée. La présence des autorité algériennes, dont le ministre des Affaires religieuses, et de beaucoup de résidents algériens : chrétiens bien sûr mais aussi des musulmans, dont une quinzaine d’imams. La minute de silence au début de la célébration en hommage aux 19 bienheureux, aux 114 imams et aux dizaines de milliers d’Algériens assassinés en ces années. La lecture en français du décret de béatification par Mgr Teissier (après la lecture en latin par le cardinal), qui fut en cette période le pasteur souffrant, attentif, et lui-même menacé, de cette église d’Algérie martyrisée. Le baiser de Paix sincère et émouvant entre des personnes si diverses, en particulier entre l’archevêque d’Alger et les religieux musulmans. Et la superbe chorale des étudiants subsahariens interprétant avec le même talent et enthousiasme l’Alléluia d’Haendel ou des chants religieux congolais.
La veille au soir, nous avions écouté des témoignages bouleversants : père Jean-Pierre, dernier survivant de Tibhirine, longtemps habité par la question « Pourquoi ai-je été épargné ? » ; sœur Chantal, très grièvement blessée dans l’attentat tuant sœur Odette, qui nous dit avoir repris une vie normale et conservé une image positive de cet événement car « la main de Dieu s’était étendue sur elle et elle avait le pouvoir de chasser les ténèbres » ; la sœur de Mgr Claverie et la mère du jeune ami algérien tué par la même bombe ; le fils de l’Algérien qui en 1960 fut tué par les maquisards pour avoir préservé la vie de celui qui était devenu son ami : Christian de Chergé…
Et puis le matin, l’accueil à la Grande Mosquée. Les imams attendant sur le parvis et emmenant le cardinal, les religieux et les familles devant le mihrab pour un hommage priant à tous les morts de ces années, chrétiens et musulmans. Le cardinal Becciu a assisté à la calligraphie, réalisée par les jeunes de l’école coranique, de la sourate honorant la Vierge Marie et l’a reçue en cadeau.
Et enfin, le lendemain à Tibhirine, les familles ont été accueillies par la Communauté du Chemin Neuf et les villageois. La messe nous a offert ce texte du prophète Baruch : Tu les avais vu partir à pied, emmenés par leurs ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe comme sur un trône royal ». Ensuite, nous avons effeuillé, sur les tombes, les pétales des roses qui nous avaient été offertes à la mosquée. Émotion des retrouvailles du père Jean-Pierre avec Mohamed, le gardien qui lors de l’enlèvement sauva la vie de deux moines et d’une dizaine de religieux et religieuses présents à l’hôtellerie en affirmant aux ravisseurs qu’il n’y avait que sept frères. Et, pour nous, famille de frère Luc qui était médecin, émotion de revoir son ancienne aide au dispensaire : elle avait parcouru près de 100 km avec sa dernière fille pour nous dire son affection.


Le cardinal Becciu a conclu ainsi : « Je suis venu, je confesse, avec un peu de soucis, et je pars avec une grande joie, avec cette grande et belle expérience vécue avec vous. » Remarquables aussi l’unanimité et l’admiration des grands journaux algériens sur ces moments de fraternité - la caricature jointe en témoigne. Pour nous et les autres personnes des familles, ces deux jours restent comme un aperçu de la douceur et de l’amour qui règnent dans le Royaume de Dieu.
Pierre L.
Photo de deux survivants.

Opération "Barnabé" à Saint-Vincent : un chantier prometteur






Le Conseil économique, sur proposition de notre curé, a approuvé, fin 2018, l’idée d’une participation de Saint-Denys au financement de paroisses parisiennes à la recherche d’un coup de pouce fraternel. La bonne tenue de nos comptes nous le permettait largement. C’est donc en partie grâce à Saint-Denys (qui a contribué pour 25 000 euros à un budget de 8 000 000 d’euros) qu’est en train de naître, 12 rue Bossuet dans le Xème arrondissement (près de la gare du Nord), le très bel espace de la nouvelle Maison des Jeunes de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul dont le curé est un vieil ami de Saint-Denys, puisqu’il s’agit du père Quinson. D’autres paroisses ont aussi contribué au projet, dont celle du père Gueguen, lui aussi vieil ami de Saint-Denys…
Deux membres du Conseil économique, Jean-Marie et Jean-Abel, ainsi que le Petit Céphalophore, étaient donc conviés à une visite de chantier, le 22 mars dernier, aux côtés des autres acteurs du projet, aussi enthousiasmés que nous. On pressent déjà la future élégance des bâtiments, avec ce « jardin suspendu » qui accueillera les enfants et leurs expériences potagères, une vaste salle mi-souterraine de 300 m2, agrémentée de gradins, pour les sportifs, les scouts (ou les Journées d’Amitié ? La concurrence va être rude...), une grande cour, un oratoire en arc-cercle, une salle de musique, des salles de catéchisme ou d’accompagnement scolaire, un atelier de dessin ou de couture, une cuisine pour les cordons bleus en herbe… bref, tout ce qu’il faut au bonheur des petits et des grands. Enfin, des salles de classes, autonomes, seront louées par un lycée du quartier et permettront d’équilibrer le budget global.



Le secret du succès, outre la qualité du cabinet d’architecture, c’est l’audace d’une équipe soudée, énergique et fraternelle, au sein de laquelle chacun tient sa place dans un esprit de service ; c’est un élan collectif et joyeux suscité par l’Esprit et relayé par le curé… sans oublier l’amitié de ceux qui y ont, plus modestement, contribué.
Bravo à Saint-Vincent-de-Paul !
Ouverture prochaine, et bénédiction générale sans doute, en septembre  prochain.



Pour en savoir plus, voyez le site internet : http://www.jeunes-saintvincent.org/

Dominique Th.

                       

mercredi, juin 05, 2019

Lien vers les photos de confirmation



Merci à Antoine, qui nous a envoyé ce lien, valable jusqu'au 6 août :
https://we.tl/t-X4mTTNH6Lc


 

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