Le Petit Cephalophore

jeudi, avril 30, 2020

Le Céphalo confiné numéro 7 (en images)













lundi, avril 27, 2020

Marin, confiné volontaire (version longue de l'article du CC7)

Hervé D, paroissien de Saint-Denys, est embarqué sur un navire-câblier, actuellement en opération en Asie. Il nous raconte la pandémie vue de son bateau. 

Lorsque j’ai quitté la France, fin février 2020, la pandémie qui sévit actuellement dans notre pays, ne portait pas encore de nom. Elle n'était qu'un mal qui ravageait une part infime de l'immense territoire chinois et nous la découvrions à travers des images entraperçues via les multiples écrans qui peuplent nos univers. Devant me rendre au Japon, je m'étais toutefois assuré auprès de la "direction armement", que notre transfert aérien vers Kita-Kyushu, lieu où je devais rejoindre le navire sur lequel j'allais embarquer, ne nous ferait pas transiter par Shanghai, "hub" désormais majeur en Asie.

Embarquement à Tokyo
Ainsi, après un vol direct pour Tokyo, nous avons touché le sol japonais où aucune précaution particulière n'était prise contre le coronavirus. Seules, comme à l'accoutumée, les personnes grippées portaient des masques, symboles de la légendaire discipline et distanciation naturelle que respecte cette population nombreuse et soucieuse de l'autre. Pour notre part, des masques de type FFP1, nous avaient bien été remis par notre direction, avant notre départ de France, mais nous ne jugions absolument pas utile, d'imiter nos hôtes. 




Cap sur la mer de Chine
Le lendemain, nous étions à bord du N/C René DESCARTES, pour nous rendre en mer de Chine, où nous devions conduire nos opérations d'installation d'un câble sous-marin. Ou plus exactement de deux segments, l'un venant compléter un système optique de qualité standard, l'autre constitué d'un câble à vocation "scientifique", à poser autour de Taïwan, pour surveiller les mouvements de terrain et autre éruptions sous-marines qui accompagnent le quotidien d'une île qui n'est pas uniquement menacée par sa grande sœur continentale. Nous sommes donc partis pour mener la première partie des opérations, avant une escale programmée à Kaohsiung (Taïwan), afin de nous ravitailler et de conduire les formalités nous permettant de travailler dans les eaux taïwanaises. Ainsi, les opérations ont pu commencer le 21 février, toutefois fréquemment interrompues par des conditions météorologiques difficiles et la présence du KuroShio, un courant marin violent et transversal - largement défavorable pour qui souhaite une progression linéaire.

La Corée touchée de plein fouet 
Cependant, c'est bien de terre, que soufflait le vent le plus mauvais. Après la Chine, la Corée du Sud était à son tour atteinte par un étrange syndrome pulmonaire qui en quelques jours avait contaminé plusieurs milliers de personne. Nous étions avertis de ces dérèglements par un site que je scrutais avec attention depuis le début de mon embarquement et qui désormais apparaissait en favori sur tous les ordinateurs du bord doté d’internet. Aussi, dès le 4 mars, dans la perspective d'une escale future à Kaohsiung, nous avons mis au point, avec le médecin du bord, une procédure, pour faire en sorte que le navire reste "sain". Des mesures simples, de confinement, de consignation, de protection et d'évitement, qui consistaient - contrairement à la tradition maritime des marins de commerce basée sur l'échange le plus large -, à nous retrancher dans notre citadelle d'acier, en limitant au strict nécessaire les contacts avec nos partenaires habituels (pilote, agents, autorités, fournisseurs, dockers, clients…), désormais suspectés des pires maux.

La France trop insouciante
Nos difficultés opérationnelles s'amplifiant, l'échéance perpétuellement repoussée de l'escale à Kaohsiung, nous a permis d'ausculter avec plus d'acuité, ce qui pour l'Europe entière restait un sujet éloigné de ses priorités. Il faudra attendre le 13 mars pour que le président français, avec probablement une semaine de retard, devant les ravages du désormais COVID-19 dans la péninsule italienne, ne contraigne les Français à se calfeutrer, après un dernier week-end d'insouciance et de maintien des élections, qui, vu d'Asie, paraissait être une décision totalement hallucinante. De mon balcon sur la mer, isolé par des horizons vides de toutes menaces, j’ai invité ma famille restée en France à se retrancher derrière les murs épais de la solitude pour une retraite obligée mais non subie, à l'identique de celle des marins. 

Débarquement de deux membres de l’équipage
Avant que la farandole des fermetures de frontières, qui commençait alors, ne nous interdise toute circumnavigation, nous avons redoublé d'ardeur, en sillonnant la mer de Chine en tout sens, accompagnés d'une « charrue », chargée d’enterrer le câble dans des sols durs. La bataille avec les éléments que nous a imposé dame nature a été âpre et nous avons dû déployer toute la panoplie d'une solide expérience maritime, pour surmonter un à un les obstacles dressés sur notre route. Ce dépassement permanent différentie les hommes libres de… leur emprisonnement volontaire, de ceux qui se laissent happer par les tourments de l'âme. Ces « ailleurs » ne se remplissent que de ce qu'on y amène et malmènent ceux qui ne réussissent pas à partager les valeurs prosaïques qu'impose le labeur maritime fait de gestes répétitifs et de routines. Les "défaillants", faciles à identifier, se retranchent en général, sur toutes les formes de communication moderne mises à leur disposition, qui ne leur apportent au final qu'un secours très temporaire et souvent trompeur. Le débarquement devient la seule option, rendue possible, cette fois-ci, à titre dérogatoire par des autorités japonaises, qui après examen de notre isolement et sous réserve d'un simple ancrage à Kagoshima, immense baie où loge le volcan Sakurajima, le plus éruptif du monde, nous a autorisés à débarquer deux membres d'équipage, à bout de souffle, afin qu'ils soient rendus, après mille précautions, à leurs familles.

Une escale… confinés à bord
Après quelques nouveaux déboires et autres bris mécaniques sur nos engins sous-marins, la première partie de nos travaux s’est achevée. Et c'est vers Kaohsiung que nous nous sommes dirigés, atteint le 8 avril, pour trois jours passés consignés à regarder de loin le miracle asiatique à l'œuvre, symbolisé par ces tours ambitieuses sur lesquelles se reflète, dit-on, le crépuscule de l'Occident. Sans attendre ces funestes perspectives, et sans que personne n’ait été accueilli à bord, contrairement aux usages, nous sommes repartis, le 11 avril à l'assaut du Pacifique Nord, cette fois, pour la mission « Macho  III » (un drôle de nom), qui dure encore et devrait prendre fin lorsque la Corée du Sud, dernier pays à rouvrir ses frontières aux Européens, nous accueillera afin de réparer notre matériel. 
Cette escale, encore aujourd'hui à confirmer, du fait des incertitudes liées à une potentielle deuxième vague épidémique, permettra à ceux qui ont dépassé allègrement les deux mois d'embarquement, de rejoindre un pays, vu d'ici immobile et pas seulement du fait de SARS COV-2 - un pays qui est le nôtre, que nous aimons, pour de multiples raisons et peut-être plus encore lorsque que nous en sommes éloignés.

mercredi, avril 22, 2020

Le Céphalo confiné numéro 6 (en images)











dimanche, avril 19, 2020

Agathe, maman confinée en télétravail (version longue de l'article du CC 6)

Avant de le vivre, j’aurais pensé que le terme de « confinement » révélait une situation statique où il ne se passait pas grand-chose. Mais non, le confinement est un voyage, un chemin intérieur que l’on peut vivre à plusieurs lorsque on est confiné en famille. Dans la nôtre, quatre états d’âmes se croisent dans les couloirs de notre appartement parisien, se rencontrent parfois, et parfois nous séparent quand l’un est soucieux, préoccupé pour son emploi, l’autre joyeux de ralentir le rythme, ou bien que frères et sœurs se chamaillent. Je suis la maman de deux enfants de 3 et 8 ans mais ma vie professionnelle m’avait habituée à partager mon temps avec d’autres responsabilités. Avec le confinement, tout se superpose et je suis redevenue maman à plein temps !  J’ai vite senti qu’il ne faudrait pas flancher, sinon tout le navire risquait de tanguer. Alors je m’efforce de monter en haut du mat, en position de vigie. De là, je me tiens attentive à ce que vivent les miens, que le confinement a privé de leurs espaces de respiration quotidiens hors du foyer. De là, surtout, je prends de la hauteur par rapport à mes propres inquiétudes, contrariétés, et à mes nombreuses impuissances.

Nos journées commencent de manière moins ponctuelle que d’ordinaire. Les enfants nous réveillent vers 7h30. Le matin, ils sont toujours souriants, plein d’envies de découvertes, et nous communiquent leur joyeuse énergie. Ensuite, il n’y a pas de temps à perdre : le télétravail commence à 9h00, alors il faut organiser les activités des enfants pour que tout s’enchaîne sans accroc. Si l’organisation est bien huilée, je bénéficierai de plusieurs plages de concentration successives de 15 minutes pour écrire des mails et passer mes innombrables coups de fils… Car, quand on travaille en équipe, comme cela est mon cas, le confinement génère ÉNORMÉMENT de coups de fil. Dans ses jeux, ma fille de trois ans m’imite souvent en collant à son oreille un faux téléphone à l’aide duquel elle s’invente des conversations où sa voix est tantôt enjouée, tantôt sévère ou agacée… Elle est pour moi un miroir qui m’invite à revoir mes attitudes avec autrui. Cela fait du bien ! Les enfants nous font grandir.

Les nombreuses pauses dans mon travail sont consacrées aux câlins, aux encouragements, à la préparation du repas de midi, à la surveillance de la progression du travail de mon fils, en classe de CE1, et au nettoyage d’immanquables petits accidents et parfois de grosses bêtises. Je veille à verrouiller à chaque fois mon ordinateur pour éviter que ma petite fille ne vienne m’imiter – cette fois d’une manière plus lourde de conséquences – à pianoter sur mon clavier, et ne risque d’envoyer du charabia par email à des contacts professionnels. La plupart des gens sont compréhensifs avec les parents, mais certains se tendent lorsqu’il s’agit d’évoquer des contingences domestiques dans l’organisation d’une journée professionnelle. Je pense que le confinement renforce le poids de certaines solitudes subies. J’essaye donc de passer sous silence la présence de mes enfants. Mais il y a d’autres raisons d’être discrète. Au début du confinement, j’ai eu l’indélicatesse de me plaindre de ma surcharge auprès d’une collègue dont la fille est lourdement handicapée et vraisemblablement privée de sa structure d’accueil. Je repense avec amertume à cette confidence au sujet de ma situation avec les enfants.

Le confinement a considérablement renforcé la porosité entre vie familiale et vie professionnelle. Le visage de vos collègues, clients, patrons est susceptible d'apparaître dans votre salon lors des réunions en visio-conférence, votre papeterie de bureau se confond avec le matériel de bricolage des petits, vos mails sont tantôt des propositions commerciales, tantôt les devoirs de CE1 qu’il faut corriger en rouge, photographier et envoyer quotidiennement à la maîtresse afin qu’elle les commente et oriente. Dix jours d’adaptation m’ont été nécessaires, au début du confinement, pour intégrer cette porosité et inventer mes « gestes barrières » à moi : il s’agit du mur blanc, à fond neutre, que j’ai choisi pour les visio-conférences dans une pièce où la réception internet est bonne, ou encore d’horaires de réunions choisis en début d’après-midi à l’heure de détente des enfants où je lâche prise envers mon aversion pour les écrans et leur mets un dessin animé…

En effet, ma fille de 3 ans a choisi cette période pour cesser de faire la sieste. Il est vrai que les enfants se dépensent beaucoup moins qu’en temps normal, et que les coucher est devenu plus difficile. Deux ou trois fois par semaine, l’après-midi de travail est écourtée par quelques courses en ville. Les magasins ferment désormais plus tôt. Si on souhaite avoir du pain, par exemple, on ne peut pas attendre 18H00. Lorsque les enfants sont couchés, je peux me mettre au travail de production réelle, celui qui nécessite une concentration que je ne peux trouver auprès des enfants dans la journée. Au début du confinement, ce rythme m’épuisait et je me disais que je ne tiendrai pas bien longtemps. Mais la chute de l’activité est venue réguler la surcharge des débuts : les clients ralentissent le rythme de leurs demandes et de leurs validations, les publications d’appel d’offres se font rares.... Depuis deux semaines, l’essentiel de mon temps de travail est donc consacré à encourager les équipes éclatées, à rassurer les inquiétudes, à imaginer de nouvelles manières de travail pour "l’après 11 mai". 
La semaine dernière, j’ai eu l’occasion de suivre un cours sur internet. On appelle cela « un MOOC ». Un neuroscientifique expliquait que pour donner à notre cerveau les meilleures chances de basculer en « mode mental adaptatif » - qui est le mode requis pour faire face à l’inconnu de la situation dans laquelle nous sommes tous plongés – il  fallait (se) faire du bien : (se) sécuriser en (s’) encourageant, en maintenant des routines, en célébrant les réussites, même petites, en remerciant chacun pour son investissement malgré les contraintes… J’ai trouvé là une recette intéressante à utiliser dans mon foyer. D’habitude, je me sers de mes observations de pédagogue, autrement dit de maman, dans mon travail de manager. Cela m’amuse de remarquer que, pour une fois, c’est mon travail qui m’a donné quelques clés pour mieux m’occuper de ma famille. 

jeudi, avril 16, 2020

Le Céphalo confiné numéro 5 (en images)











mercredi, avril 08, 2020

Le Céphalo confiné numéro 4 (en images)











vendredi, avril 03, 2020

Micro-parvis audio : que représentent les Rameaux pour vous ?


jeudi, avril 02, 2020

Le Céphalo confiné numéro 3 (en images)












 

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