Le Petit Cephalophore

dimanche, février 17, 2013

Pap' art


L'éditorial du père Tardy : février 2013


Après un premier numéro sur le Concile Vatican II, le Petit Céphalophore récidive dans le thème de l’année de la foi, mais d’une toute autre manière. Il ne s’agit plus tant de considérer la foi comme un contenu à croire, mais comme le fruit d’un regard nouveau.

Un regard nouveau sur Dieu bien sûr, mais également un regard nouveau sur le monde qui nous entoure.  Le monde qui est beau, mais aussi le monde qui est laid. Le monde qui est bon mais aussi le monde qui est mauvais.
L’art est sans doute le chemin le plus habituel pour aller vers le Beau, le Vrai, l’Un. Mais est-ce encore le but de l’art « contemporain » ?

C’est une des questions abordées dans ce numéro du Petit Céphalophore : y a-t-il  vraiment un rapport entre l’art contemporain et la foi ?
« Seigneur, je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais ». (Jn 17)
Cette prière du Christ juste avant sa Passion sonne comme un appel. « Vous êtes dans le monde, mais vous n’êtes pas du monde ». Notre regard ne doit donc être ni celui de l’inquisiteur, ni celui de l’idolâtre.

A partir du jeudi 28 février prochain, une exposition de peintures contemporaines aura lieu dans la salle Saint-Denys à côté de l’Eglise. Ce ne sera pas une expo conventionnelle : mais une main tendue à de jeunes artistes, étudiant à l’Ecole des Beaux-arts de Paris. Le père Michel Brière, interviewé dans ce journal, nous en dira plus.

Puisse ce numéro nous aider à appréhender avec patience et discernement ce qui nous est donné à voir.
Avec bienveillance aussi… et humour.

Le père Brière et ses étudiants en art à Saint-Denys

Approche chrétienne de l'art contemporain

En cette année de la Foi, l’Eglise se sait davantage appelée à une conversion profonde ; à commencer peut-être par une conversion du regard et par l’accueil de l’étrange(r).

Précédé d’une sulfureuse réputation, l’art contemporain qu’impose la culture dominante n’en est qu’une caricature outrancière. Ses excroissances économiques et politiques risquent de faire oublier l’expérience esthétique qui le fonde et que les chrétiens vivent avec prédilection. Formés par la liturgie, ils savent le Sens plus intimement approché par les sens que par les définitions. Sauvés par la folie de la Croix, ils connaissent une sagesse qui transcende les rationnels et raisonnables discours.
Nous commencerons donc par la bienveillance.
Oui, la bienveillance, pour tenter une hospitalité réciproque et la possibilité de « vivre l’échange salvifique où l’inculturation de l’Evangile va de pair avec l’évangélisation des cultures » (Jean-Paul II, Discours au Conseil pontifical de la culture, 1997). Plusieurs galeries qui entourent Saint-Denys du Saint-Sacrement proposent le meilleur de la création contemporaine à Paris. Bien des galeristes y vivent avec passion leur soutien aux artistes ; quelques uns avec foi. Consacrer du temps dépouillé de préjugés, le mieux possible, à se laisser accueillir – s’inculturer - autant qu’à un accueil des œuvres contemporaines parait nécessaire à un réel discernement esthétique. Et à la découverte d’émotions neuves que la foi chrétienne recevra comme un chemin d’intériorisation sensible.

Car la foi est en jeu. « …l’art est, par nature, une sorte d’appel au Mystère. Même quand il scrute les profondeurs les plus obscures de l’âme ou les aspects les plus bouleversants du mal, l’artiste se fait en quelque sorte la voix de l’universelle attente de rédemption. » En reprenant cette affirmation de Jean-Paul II, Benoit XVI rappelle que nous ne pouvons nous laisser séduire par la beauté « illusoire et trompeuse, superficielle et éblouissante jusqu’à l’étourdissement…./… la vraie beauté est de donner à l’homme une "secousse" salutaire qui le fait sortir de lui-même, l’arrache à la résignation, à l’arrangement du quotidien, le fait souffrir aussi, comme un dard qui le blesse… » (Rencontre avec les artistes, Chapelle Sixtine, 2009)

Par analogie, la voie de l’art peut cultiver en chacun la part mystique assoiffée de connaître le Mystère par expérience sensible. En deçà des convictions, de l’idéologie et de la doctrine, là où la foi surgit, source vive.
Michel Brière


Expo "Mitoyens" à Saint-Denys

Lenoir, 2013, st.
Pour la deuxième fois, l’aumônerie des Beaux-arts et des jeunes artistes se réjouit de réaliser son exposition dans les locaux de la paroisse Saint-Denys du Saint-Sacrement. Elle tient à remercier chaleureusement de ce vrai service, une paroisse accueillante aux recherches de la jeunesse.
Ces jeunes artistes tentent de faire éprouver le rapprochement entre leur travail et une église vivante abritant un chef d’œuvre de Delacroix et un autel de Marc Couturier.
Souligné par Christophe Cuzin, artiste invité, c’est le lieu même qui fédère leurs travaux.
« Mitoyens », ils s’offrent ainsi aux dialogues.


En dialogue avec les artistes

Père Brière, quelle mission vous a été confiée ?
Michel Brière : Le père Lustiger a décidé, il y a dix-huit ans, que je serai au service du monde de l’art, un poste qui n’existait pas. Je suis donc en dialogue, au nom de l’Eglise, avec des artistes reconnus que je fréquente personnellement. De plus, je suis aumônier depuis sept ans auprès des Beaux-arts et des jeunes artistes. Mon parcours me prédestinait-il à cette mission ? Après le bac, j’ai étudié la philo puis je suis entré au séminaire et j’ai soutenu une thèse de théologie sur Fra Angelico. Mon fil conducteur a toujours été de voir comment nos sensations, et donc l’art, peuvent nous aider à connaître Dieu.

En quoi consiste votre mission à l’Ecole des Beaux-arts ?
M.B. : Je partage un repas une fois par semaine avec une petite dizaine d’étudiants et une fois par mois, j’invite un acteur du monde de l’art à faire une conférence sur « la spiritualité dans l’art contemporain ». Le dernier conférencier, éblouissant, fut Jean de Loisy, directeur du Palais de Tokyo et commissaire de l’exposition Traces du sacré. On me prête à cette occasion un amphi où il est arrivé que participe une cinquantaine d’étudiants sur les cinq cents inscrits dans cette école. J’ai le soutien de quelques étudiants catholiques qui ont le courage d’affirmer leur foi. La tonalité générale est l’indifférence.

Leur faites-vous d’autres propositions ?
M.B. : Un dimanche soir par mois, nous nous retrouvons à la paroisse Saint-Germain-des-Prés pour une soirée théologique. L’un d’eux prépare une introduction et moi un enseignement biblique sur un sujet comme « Représenter Dieu » ou « Pourquoi les catholiques peignent ? ».

Comment comprenez-vous votre mission ?
M.B. : Mon objectif est missionnaire. Je suis une figure d’Eglise ouverte au dialogue dans ce monde de l’art plutôt hostile.
                                                                                                           
Propos recueillis par Sylvie H.




L'art de voir...


Comment reconnaître que nous sommes devant une œuvre d'art ? voire en matière d'art contemporain comment distinguer l'art... du canular ?
Pour tenter de répondre Le Petit Céphalophore s'est bien sûr tourné vers une de nos paroissiennes, Mme Simone Brunau, présidente d'honneur de la cité internationale des arts qu'elle a fondée en 1965 avec son mari Félix Brunau, puis qu'elle a dirigée durant de nombreuses années.

"Il n'existe pas d'expérience assurée ou de compétence absolue permettant de reconnaître l'œuvre d'art. C'est avant tout une part importante de sentiments et de sensibilité qui guide notre jugement. Puis ce sont le temps et la "vox populi" (au-delà des phénomènes de modes éphémères) qui permettront de dépasser le débat. Le temps fait en quelque sorte le tri. Finalement il en est de même dans la littérature et tous les arts."

- C'est un peu ce qu'affirme le professeur Keating (interprété par Robin Williams) dans le "Cercle des poètes disparus" lorsqu'il invite ses élèves à déchirer les pages du manuel Pritchard prétendant fixer les règles de la poésie ?
"Oui. C'est si difficile de juger pour les autres... J'ai eu la chance dans ma vie professionnelle de présider une commission qui chaque année devait sélectionner les artistes qui se portaient candidats pour être accueillis à la Cité pendant une ou plusieurs années. Pour certains, c'est cruel, mais au premier coup d'œil l'évidence s'imposait, on savait qu'il n'y avait rien et certainement par d'art, pour quelques rares artistes à l'inverse ce qui nous était présenté était tout simplement époustouflant, et puis il y avait tous les autres pour lesquels le débat s'imposait entre les différentes sensibilités des membres de la commission."

- Pour autant ne pourrait-on pas voir le beau comme un critère de l'art ?
"Non, certainement pas même si la tentation peut être présente. Il nous faut dépasser toute tentation de lien entre art et beauté, ce qui est beau n'est pas nécessairement art, et inversement. Par exemple il est aujourd'hui incontestable que Jérôme Bosch est un immense artiste du XVème siècle, et pourtant son style basé sur la caricature et le bestiaire est bien loin de ce que l'on pourrait qualifier de beau. La notion d'art est ainsi très relative, des choix de couleurs, une matière, une évocation, tant d'autres paramètres pour finalement nous ramener à un jugement individuel, qui sera repris -plus ou moins vite- par le nombre et par des esprits probablement plus aiguisés..."

- Des esprits plus aiguisés ? Voulez-vous parler d'une formation à l'art ? un apprentissage ?
"Assurément. C'est particulièrement vrai pour l'art pictural mais aussi pour la musique. Mon expérience auprès des artistes de la cité m'a amenée à constater qu'une véritable formation est le plus souvent indispensable à l'artiste pour progresser, de même qu’une longue pratique. Et quand il n'y a pas cette formation il faut alors que le grain de génie soit présent, mais c'est évidemment beaucoup plus rare."

- Quelles œuvres contemporaines vous touchent particulièrement ?
"Je suis tentée de citer Picasso, un choix certes facile mais qui me séduit, le Picasso des débuts, celui de la période bleue ou rose, puis le Picasso des dernières années. Mais j'ai du mal à entrer dans les œuvres du XXème siècle, avec peut-être des exceptions comme les fauvistes, ou Kandinsky. Je suis généralement plus facilement touchée par l'abstraction que par le figuratif si difficile et exigeant."

- A l'initiative de Mgr Lustiger, vous aviez organisé au couvent des Cordeliers, une exposition dans le cadre d'Art Culture et Foi qui avait suscité des passions et réactions contradictoires. Comment appréhendez-vous le lien entre création et transcendance ?
"J'ai un souvenir encore très présent de cette exposition. Bien accueillie dans les milieux artistiques elle avait déchaîné en effet des réactions véritablement violentes (jusqu'à la destruction d'œuvres) de certains milieux catholiques. Il nous faut pouvoir admettre que la transcendance ne s'exprime pas nécessairement par des auréoles sulpiciennes... A l'inverse il y a bien sûr également des artistes qui recherchent, consciemment voire inconsciemment, la provocation pure et témoignent en fait de leur incapacité à exprimer l'inexprimable. Ils finissent souvent par renoncer à une expression véritablement spiritualisée, et à l'ascèse qui l'accompagne. J'apprécie beaucoup quelqu'un comme Aurélie Nemours qui avait une foi profonde qu'exprimaient ses œuvres minimalistes, de petite taille et très élémentaires.
Il nous faut aussi opérer la distinction entre foi et spiritualité. Une spiritualité peut ainsi bien souvent être exprimée par des artistes qui n'ont pas la foi mais éprouvent un besoin de dépassement. Dans nos paroisses nous devons apprendre à être tolérants. Cela ne signifie pas nous abandonner à la provocation, mais admettre que la foi est quelque chose qui s'exprime si difficilement qu'un artiste en chemin pourra témoigner de son attirance pour la spiritualité par des voies diverses probablement encore bien éloignées de ce que nous catholiques appelons la foi. Pour un Fra Angelico à la foi et au génie artistique évidents, combien d’artistes ont peint des œuvres mineures, le plus souvent sur commande et qui ne témoignent pas véritablement d'une foi personnelle ? Mais il y a aussi dans les œuvres d’art religieux une proportion tout à fait considérable d’œuvres anonymes, notamment dans la statuaire du Moyen-âge, qui témoignent de la part de leurs auteurs d’une foi profonde. "
Propos recueillis par Philippe Th.

L’Art, une création à notre image


La vocation primitive de l’art était de rechercher la Beauté par l'imitation de la nature. Imiter dans le sens d’exprimer plutôt que de copier. Cela présupposait la saisie de quelque chose de profond et d'essentiel derrière les apparences perçues. Aussi, celui qui cherchait la Beauté, confronté à une telle œuvre, apprenait à poser sur le monde un regard plus "perçant". Aucune distinction précise n’existait alors entre art et artisanat. L’art était plutôt une manière de s’y prendre pour faire quelque chose dans quelque domaine que ce soit. Ne dit-on pas « faire selon l’Art »? Il existe également des expressions comme « le grand Art », ou encore « Art royal » qui expriment une manière de faire, inséparable de la vérité de l’être : par ce que je fais (selon l’Art), je me travaille (aussi) moi-même. Art, objet d’art et artiste ou artisan, de ce point de vue, ne faisaient qu'un. L’Art résonnait à travers l’artiste, appelant à la participation les destinataires de l'œuvre. Et comme cet Art est un don de Dieu, on pouvait parler d’une véritable inspiration ou d’un travail créateur imitant celui de Dieu lui-même.
Aujourd’hui, l’art s’écrit plus souvent avec un petit "a". Non qu’il n’y ait plus de grandes œuvres d’art, car tant qu’il y aura l’homme, il y aura toujours cette manière d'œuvrer selon l’Art. Mais globalement l’artiste, séparé de l’artisan qui a fait place à l’industrie moderne, ne sait plus faire son art autrement que selon lui-même. Le point de départ de son art est plutôt un ressenti subjectif de la réalité, chargé souvent d'une émotion. Aussi, la majorité des œuvres d’art de nos jours ne prétendent pas parler à tous. Le "beau" se décline selon le goût de chacun et les différences ne se discutent point. Cela dit, même l‘art avec un petit "a" peut nous parler. En exprimant la joie ou les peines, les colères ou l’apaisement, les maux ou le bien-être, il peut nous révéler nos propres états d‘âme, nous renvoyer à nous-mêmes. Il est le témoin d‘une époque où les langues sont multiples et l’entente difficile. Il n'est qu'à notre image…
KK.

Ill. Chevaux de Lascaux                                                                                                                                                

Parole d'artistes

Marie, peintre :
"Ce qui ne peut se traduire en termes de mystique ne mérite pas d'être vécu" disait Cioran…

Mes paroles sont des paroles de peintre, passionnée de peinture et d'un art qui "remue le fond sensuel des hommes" . Je suis très loin de ceux qui se réclament de Duchamp et qui ont fait de l'urinoir un objet de culte dans les musées à la place des peintures. Je me demande depuis longtemps qui a permis une telle action contre l'art et contre les peintres ? Est-ce venu d'une "vague de fond " comme je l'ai entendu il y a peu lors d'une table ronde aux Bernardins ? Est-ce venu de l'air du temps, donc du dehors du musée ? Ou bien est- ce venu du dedans du musée ? Toutes ces questions ne sont pas étrangères à ma pratique de la peinture comme la pratique religieuse n’est pas étrangère à la situation d’inconfort de l’Eglise. Comment les séparer sans au fond de soi  se couper en deux, faire comme si les autres n’existaient pas et se fabriquer un petit monde pour soi tout seul ? Le journal Libération annonce que vous trouvez désormais Rodin à Roissy , c'est à gauche après les parfums de marques pas loin des sacs. Tout est marchandise. Certes il ne faut pas que la haine du mal l’emporte sur l’amour du bien, mais  au nom du Bien ou de la Beauté  faut-il s’interdire le discernement ? 

Peindre n’est pas de toute tranquillité dans un monde que domine l’argent, mais « cela » reste. « Cela » est le plus précieux d’entre tous lorsqu’il est Louange. « Bénis le Seigneur Ô mon âme, bénis son nom très saint tout mon être » dit le psaume 102. Comment y parvenir ? La peinture est un moyen d’aller vers si elle est abandon (aujourd’hui on dit lâcher prise) mais cela se complique car si la peinture est ferveur, elle est aussi une discipline. "L'art c'est comme le chinois, ça s'apprend" disait Picasso. Elle est mémoire  "Pas de culture sans mémoire " disait Arendt. En d’autres termes il faut beaucoup d’études pour redevenir enfant et c’est tout le contraire de ce que nous voyons si souvent autour de nous et désignons comme un processus d’infantilisation . Non ! La quête de la Beauté n’est pas du côté de la transgression et du nouveau pour le nouveau, elle nous fait connaître nos limites, elle ne nous rend pas infantiles et capricieux mais pauvres et assoiffés. Si elle fait de nous des mendiants et des errants, elle nous grandit sans que nous y prenions garde. Regardons ce que les grands peintres ont laissé à l’humanité, des œuvres pour notre contemplation dans un monde qui n’a plus le temps. Peut-être est-ce pour cette raison que je suis amie de Baudelaire et des peintres qu’il aimait. Delacroix  par exemple qu’il ne faut pas déranger à Saint-Denys puisqu’il veille aussi sur nous!

Delacroix, lac de sang hanté des mauvais anges,
Ombragé par un bois de sapins toujours vert,

Où, sous un ciel chagrin, des fanfares étranges passent,
Comme un soupir étouffé de Weber

N’oublions pas le combat de Jacob avec l’ange peint par Delacroix dans l’église Saint-Sulpice qui est à la fois abandon et corps à corps du peintre avec l’invisible dans la solitude et loin des lumières agressives des media
Marie Sallantin

Extrait du poème de Baudelaire, Les Phares.
Illustration : Les Oiseaux de Raphaël se sont posés sur un étang de la Puisaye, 2013
46 x 33 cm tempera sur toile



Jacques, sculpteur

Art et foi… La question laisse un temps Jacques Jarrige silencieux. Puis le verbe sort, jaillit plutôt, en saccades, donnant forme à de fortes convictions. « La charité de chacun s’exerce dans ses actions. Celle de l’artiste est que l’amour de Dieu soit présent dans son œuvre. Même chez des artistes athées. Aucun artiste ne saurait être sec, creux, mortifère ».
Est-il du moins “inspiré” ? « Je ne fais pas partie des artistes qui ont un projet préalable à la création. Je suis plutôt dans la réception. Étant croyant en Dieu, j’y ressens une grâce, celle de pouvoir substituer mon geste à la parole. Mais la “parole” ne m’appartient pas, et surtout, elle n’est pas forcément claire, ou du moins ne peut être “lue” que par celui qui l’écoute. Comme une parole de Dieu donnée au monde. Certaines œuvres parlent ainsi, en un langage non formulé, à qui les contemple, les ressent ».
Mais est-ce que sa foi guide sa main ? « Si je faisais une comparaison avec les mystiques, je dirais que ma prière est dans une forme de silence. Je ne sais d’ailleurs pas très bien prier. Là, c’est une parole silencieuse qui donne lieu à quelque chose de compréhensible, pour moi, et pour les autres, j’espère ».
Avec aussi cette certitude : « La mission de l’artiste est de faire entendre quelque chose de l’éternité. C’est ce mystère que l’on côtoie dans une création, et qui, de façon humble, me bouleverse. Ainsi, ma foi grandit, comme ma confiance en moi, elles sont interactives. La première satisfaction étant mon émerveillement dans la réussite du projet de Dieu en moi… et que Dieu ait besoin de moi ».

Comme sont mystère aussi ses « méandres », déjà exposés à Saint-Denys, et réalisés avec des déficients mentaux avec qui il travaille depuis plus de vingt ans. Tous de « formes imparfaites, parce que nées de gestes malhabiles », et pourtant composant au final « un équilibre parfait, en vibration constante et…vivante ». 
Propos recueillis par JLBB

Monseigneur Beau en visite au Conseil paroissial : impressions


En fin de matinée du 28 janvier, Françoise me téléphone : « Eric, peux-tu me confirmer que tu viendras bien ce soir au CP, Mgr Beau sera parmi nous. » Je confirme car déjà le 24, le père Tardy nous avait rappelé par mail la venue de l’évêque auxiliaire. En raccrochant mon téléphone, une image me vient en tête : celle des visites de l’inspecteur d’académie qui venait contrôler les cours lorsque j’étais enfant. La venue de Mgr Beau me fait un peu la même impression. Le conseil sera-t-il  le même et l’ambiance quelle sera-t-elle ?
Vingt heures trente, Mgr Beau arrive dans la salle de réunion entouré des pères de la paroisse. Il se présente simplement à nous avec un sourire qui donne confiance, en même temps qu’il apparaît réconfortant. Les poignées de mains s’échangent au rythme des arrivants. Nous voici presque au complet. Nous pouvons commencer. Nous prenons place autour de la grande table sur nos chaises sans âge, dont les assises sont si défoncées, qu’il faut de temps en temps jouer avec nos muscles fessiers pour éviter la pique scélérate d’un des ressorts qui pointe …
Le silence s’impose naturellement et je sens converger tous les regards vers Mgr Beau bien sûr et surtout notre curé. Comment va-t-il commencer ? Le plus simplement du monde le père Tardy commence par une lecture de Matthieu (12,14-21), médité en silence quelques minutes.
C’est au tour de Mgr Beau de prendre la parole. D’une voie douce et claire, il se présente à nous avec simplicité. Rapidement, le lien entre lui et nous prend corps, ce n’est pas l’évêque en chape épiscopale coiffé d’une mitre et tenant sa crosse en main qui nous fait une homélie, c’est un homme en veste et chemise qui s’adresse à nous avec des formules simples, adoptant un langage direct. A l’entendre, je suis surpris de la proximité de ses préoccupations quotidiennes. L’évêque est bien dans le monde, il n’est pas un prélat qui vivrait dans une sorte d’aréopage isolé de nos réalités. Il est même une sorte de super « manager » dont les prérogatives sont multiples et chronophages.
Mgr Beau nous parle du doyenné, de cette institution qui en fait à une énorme influence sur les paroisses, même si certains d’entre nous n’en soupçonnent ni l’existence, ni les actions. L’évêque auxiliaire nous parle du nombre des prêtres, de l’évolution de l’immobilier dans l’île de la cité, des tendances de la démographie, tout en citant Jean-Marie Lustiger et le cardinal André Vingt-trois, il nous montre combien ses préoccupations sont proches des nôtres.




Nous terminons la séance par une série de photos afin d’immortaliser sa venue. Très simplement, il se propose de prendre les photos, ce qui a fait sourire tout le monde. Ce soir-là, nous nous sommes tous quittés, contents d’avoir partagé et échangé le temps d’une rencontre.
Eric H.

Saint-Denys chante en grégorien

Petite, je n’ai pas connu l’usage du grégorien à la messe. Puis à l'âge adulte, la beauté de la liturgie est devenue pour moi première. C’est ainsi que je suis devenue une fidèle « occasionnelle » de la messe dominicale du Val-de-Grâce. Je n’étais pas encore chanteuse professionnelle, mais j’ai découvert avec émerveillement que je pouvais mêler ma voix aux magnifiques chants grégoriens conduits par le chœur, et que cette musique-prière, expirée dans un dessin musical aux détours et mélismes parfois délicats, unissait profondément l’assemblée autour de l’eucharistie. (Depuis, j’ai  heureusement appris à quel point une paroisse c’est aussi une communauté de chrétiens qui apprennent à s’aimer !)
Le chant grégorien n’est pas une décoration épurée pour consommateurs en mal de spiritualité, mais une  méditation de la Parole et une expérience de prière communautaire en notre chair « respirante »… Mais pour aller là où le chant grégorien nous emmène, il faut y avoir été un tant soit peu familiarisé, comme l’ont montré nos timides tentatives d’insertion de chant grégorien dans la liturgie dominicale à Saint-Denys.
Re-découvrons donc ce trésor un peu englouti : il ne s’agit pas d’un retour en arrière vers une tradition  élitiste, mais plutôt d’une nouvelle offre pour prier et chanter ensemble au sein de notre communauté.
Notre pape nous a vivement incités à soigner la beauté de la liturgie et le respect de la sacralité de l’Eucharistie, à redécouvrir la beauté de notre héritage catholique universel, sans pour autant renoncer à nos spécificités culturelles.
En retrouvant ensemble la prière chantée du grégorien, sans pour autant renoncer à nos chants en français plus familiers, nous nous donnons la chance de nourrir et d’enrichir notre prière.
Merci au père Tardy d’avoir réagi à notre proposition avec enthousiasme et rapidité ! et merci aux précieux spécialistes qui se chargent de nous initier : le nombre important de paroissiens prêts à tenter l’aventure semble confirmer que ce désir de re-découverte est vraiment partagé !
Béatrice J.

Saint Ignace à Saint-Denys : exercices spirituels



Les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola ont été écrits au court du XVIème siècle. Ils proviennent, pour une part de l’expérience spirituelle du saint basque ; pour une autre part, ils reprennent une tradition d’accompagnement spirituel qui remonte au moins  à Cassien (moine mort à Marseille au Vème siècle) et finalement aux apôtres.

Car si la Parole de Dieu et les sacrements « suffisent » à nourrir le chrétien toute sa vie, il y a plusieurs manières de s’y disposer. Une semaine passée à la campagne avec un désir pur de connaître Dieu peut faire avancer plus qu’une année entière où seules quelques heures hebdomadaires sont consacrées à Dieu. Et il y a des moments où notre cœur doit se ressaisir et accepter de faire des pas plus décisifs que d’habitude.

Vous le savez aussi bien que moi, dès que l’on cherche à avancer un peu plus, un certain nombre d’obstacle viennent  « comme par hasard » éroder notre enthousiasme, compliquer notre décision, attrister notre foi… C’est le moment du combat spirituel. Il ne faut pas lui donner plus d’importance que cela mais admettre une chose : il existe une logique de la vie spirituelle comme il existe une logique de la vie morale ou intellectuelle. Et apprendre à connaître cette logique, formuler quelques règles de vie peut donner une vraie énergie là où l'on se sent en général si faible.
Les 1er, 2 et 3 mars prochains, je me propose de vous introduire à cet itinéraire spirituel que sont les Exercices. Ceux-ci sont donnés généralement en monastères ou dans des maisons de Jésuites, en huit ou même trente jours. C’est une expérience qui ne ramasse pas en trois jours, mais qui ne peut nous faire que du bien, à nous qui avons faim du pain de Dieu.
Père Roger Tardy                                                                     

L'actualité du Conseil économique : le denier de l'Eglise


Pourquoi le denier de l’Eglise ?


Pour faire vivre cette Eglise que tous ensemble, nous formons :
en rémunérant nos prêtres et les laïcs qui travaillent au secrétariat, à la sacristie ou à l’entretien
en subvenant aux charges diverses et en participant à celles du diocèse
en finançant la mission à laquelle nous sommes tous appelés.

Comment participer au denier de l’Eglise ?

En donnant ce que voulez, quels que soient vos moyens, soit sous forme de chèques déposés au secrétariat, soit directement en ligne sur le site paroissial ou sur ce blog en cliquant sur le lien "donner en ligne", en haut de la colonne grisée de droite, soit, mieux encore, en choisissant le prélèvement automatique.

« Convertissez-vous » au prélèvement automatique !

Pour cela, il suffit de remettre le formulaire du diocèse à votre banquier.
Téléchargez-le sur :

Pour modifier le montant de votre don automatique, adressez un nouveau formulaire à votre banquier, que vous téléchargerez sur :

Le rappel de quelques chiffres :

Don moyen : 435€ ; nombre de donateurs : 348.
Nos besoins : 800€ par jour.  
A tous, merci.
PhTh

Au service des SUF


Témoignage des anciens chefs : 

Je ne vous cache pas que lorsque le père Quinson nous a demandé il y a un peu plus de trois ans, de bien vouloir reprendre la responsabilité du groupe scout de Saint-Denys, nous étions plus que réticents devant l’ampleur de la tache et que nous avons accepté avec un enthousiasme mitigé, par devoir et par fidélité envers le père Quinson comme envers le mouvement SUF auquel adhéraient nos enfants. Pourtant  aujourd’hui, si c’était à refaire, nous foncerions, tant cette expérience fut enrichissante et porteuse de fruits.
Certes, nous adhérons totalement à la pédagogie SUF,  à savoir l’éducation des jeunes par les jeunes qui tend à la progression personnelle de chacun choisissant pour cadre la nature et comme moyen le jeu, mettant en avant le sens du service et le sens de l’autre sous le regard bienveillant de Dieu qui occupe une place centrale dans tous les instants de la vie scoute. Mais ce qui nous a surtout émerveillés et qui fut notre moteur, durant ces trois années, ce fut l’engagement, fort, désintéressé, enthousiaste de nos chefs qui, à une époque où le matérialisme et « l’instant » priment sur tout, malgré des études lourdes et prenantes, des sollicitations de toutes parts, ont fait le choix de servir leur unité et de faire « grandir » les enfants qui leur ont été confiés dans la fidélité à la loi scoute. Si vous saviez le nombre de moments simples, joyeux mais profonds que nous avons pu vivre avec eux, grâce à eux, au cours de nos dîners, des veillées de camp ou des WE de chefs, ces temps de prière et d’échange partagés en pleine nature avec nos aumôniers. Voir ces jeunes grandir sur le chemin de leur foi, prendre peu à peu leur responsabilité, devenir acteur de leur vie est une satisfaction chaque jour renouvelée. Cette mission d’animateurs de la communauté des chefs et de responsables du groupe scout,  qui appelle à l’exemplarité, à l’exigence et à la confiance nous a rendus HEUREUX et nous a confortés dans l’idée que rendre SERVICE  permet d’accéder au BONHEUR !!!!



Merci à tous nos chefs et à nos aumôniers, Paul et Florent de nous avoir accompagnés dans cette belle aventure et bienvenue à Matthieu et Florence qui ont accepté d’en prendre le relais. Longue Vie au Groupe SAINT-GEORGE, Saint-Denys du Saint-Sacrement !
Laurence de M.


Court portrait des nouveaux chefs : 
qui êtes-vous, Florence et Matthieu ?

Nous sommes tous les deux originaires de villages du Sud de la France.
Émigrés il y a vingt ans dans le Marais, nous vivons tout près de la paroisse Saint-Denys, avec nos trois filles : Justine, Constance et Emma, jeannette, dans la patrouille des Violettes. Nous avons tous les deux des vies professionnelles bien remplies… mais nous reprenons avec enthousiasme le groupe SUF Saint-Georges !
Nous aimons courir le matin tôt sur le bord du canal Saint-Martin, marcher sur les chemins de Haute Route du GR20, skier dans de la neige poudreuse, chercher les étoiles filantes la nuit couchés dans les prés, chanter tous ensemble dans la voiture et jouer du piano à 4 mains.
Nous aimons Saint-Exupéry, Romain Gary, Hemingway et Hugo Pratt et … les trois mi-temps d’un match de rugby!
Mais surtout… nous aimons écouter « Notre Dame des Eclaireurs » chanté par les scouts sur le parvis de Saint-Denys.


 

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