Le Petit Cephalophore

vendredi, octobre 09, 2009

Mes premiers pas de prêtre


Le père Stéphane Mayor referme la porte sur son ancienne vie de séminariste. Il a reçu l'ordination sacerdotale en juin à Notre-Dame et nous raconte ses premiers pas de prêtre :

Alors, père, qu'est-ce que ça change, d'être prêtre ?
"Pour moi en particulier, pas grand chose puisque je suis resté dans la même paroisse (Saint-Ambroise) que quand j'étais diacre : j'ai toujours la même chambre, je vis au même rythme, je porte le même habit ! La vraie « rupture » de vie a déjà eu lieu, en fait, quand j'ai été ordonné diacre. Ce qui change après, quand on devient prêtre, c’est le rapport aux gens. Ils se confient plus facilement. On entre plus vite dans leur intimité. La paternité spirituelle s’imprime jusque dans les relations avec ses amis : leur attente est différente. J’ai vécu le diaconat comme une expérience personnelle intérieure, tandis que dans le presbytérat, je me découvre à travers l’image de moi que les gens me renvoient. Quand je confesse, quand je préside l’Eucharistie, c'est le Christ qui agit, de manière unique. Paradoxalement, le presbytérat a été plus facile à accepter pour ma famille : la question du célibat était réglée depuis le diaconat, du coup je l’ai sentie en paix et joyeuse le jour de mon ordination sacerdotale.
De ce jour là, je garde des « flashes » : le fait d’avoir su que beaucoup de gens étaient là qui n'ont pas osé venir dans le jardin après la cérémonie, comme d’anciens collègues de travail perdus de vue depuis sept ans, un vieux pote de Dauphine. On mesure que ce que l’on vit a une portée ecclésiale très grande, c’est une célébration missionnaire. L’imposition des mains par tous les prêtres présents est un moment émouvant bien sûr, et la prière consécratoire. Il n’y a pas de « déclic » particulier mais c’est un moment très fort. On sent qu’on n’est pas à la hauteur de l’évènement. C'est bien sûr la première fois qu'on prononce les paroles de la consécration. En tant que diacre, je me taisais. Du coup, j'ai omis de dire "Ceci est mon corps" ! Mais j'ai repris mes esprits pour la consécration du vin... Ensuite, la bénédiction : c’est beau. Une foule de gens inconnus, des Antillaises qui me présentaient, pour que je les bénisse, les photos d’une quinzaine d’enfants, deux gamins qui m’ont demandé de prier pour Michael Jackson [mort la veille]. Et l’énergie déployée par mes cousins lefévristes venus de Bourgogne pour régler les détails des préparatifs : ils ont même fait l’effort de venir aussi à ma première messe, cela m’a beaucoup touché, guéri de certains a priori. Un beau geste d’union. C’était un cadeau du ciel de vivre ça dans ma famille.
Puis le lendemain, ma première messe, entouré de six prêtres et du diacre qui m'avait revêtu la veille. Impressionnant. Être au centre de l’action liturgique, au centre de l’autel et conduire la prière. Se pencher sur l’hostie, sur la coupe : le Sacrement dans les mains, directement… A la sortie de la messe, il y avait un pot d’amitié avec les paroissiens sur le parvis. Ensuite je suis parti, comme n’importe quel prêtre. Les jours précédents avaient été lourds de sollicitations diverses (telles des interviews !), j’avais hâte de faire mon boulot de prêtre.
La semaine suivante, j'assistais à Versailles à l'ordination sacerdotale d'un ami du séminaire. J'ai imposé les mains à mon tour: un beau moment.
Cet été, à Lourdes, j’ai beaucoup confessé. Je me suis rendu compte que les enfants se confessent bien: chez eux, pas de "vaine gloire" ; ils ont une vision claire de leurs péchés sans trop de fioriture. Et ils disent parfois des choses très dures. Les adultes, eux, ont tendance à broder un peu, à s'accrocher à l'aspect "psychologique". J’ai aussi célébré les obsèques de trois personnes. Des moments forts que l'on partage avec tous types de paroissiens, pas toujours croyants. Ensuite je suis parti avec d'autres pour un voyage d'étude en Grèce, sur les sites pauliniens, Philippe, Thessalonique, Athènes, Corinthe, avec une halte profane à Vergina sur la tombe de Philippe II de Macédoine. A Athènes, nous avons eu le privilège d'être reçus par de hautes autorités orthodoxes, dont l'archevêque d'Athènes. Nous avons goûté l'admirable hospitalité orientale, et eu d'intéressants échanges, sans langue de bois. Nous avons même été autorisés à dire une messe dans une église orthodoxe, sur un autel improvisé devant l'iconostase, en présence de prêtres orthodoxes. Un beau moment d'œcuménisme.
Quant à ce qui m'attend cette année, ma mission principale sera de terminer ma licence de théologie aux Bernardins et mon travail sur Pierre de Bérulle [fondateur de la congrégation de l'Oratoire au XVIIème siècle]. A Saint-Ambroise, bien sûr, je concélèbrerai le dimanche, et plus spécifiquement, je suis chargé de faire l’accueil le samedi, ce qui suppose des confessions, mais aussi quelques « prépa » baptême et mariage. Être prêtre ? Oui, c’est bien !"
Propos recueillis par Dominique T.


 

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