Le Petit Cephalophore

mercredi, mars 23, 2011

Maylis de Kerangal, Prix Médicis 2010, était aux JAM !



Quelques jours après avoir remporté le prix Médicis pour son roman «Naissance d'un pont»*, Maylis de Kerandal était accueillie pour une séance de signatures sur le stand librairie des JAM. Amie de la paroisse Saint-Denys où ses enfants ont été baptisés par le Père Quinson, et ont suivi le catéchisme, elle livre au Petit Céphalophore quelques clés sur son ouvrage, récompensé dès le premier tour et à l'unanimité du jury !

Le Petit Céphalophore : Du point de vue d'un Chrétien, l'univers de votre livre peut-il être perçu comme le microcosme de notre univers ?
Maylis de Kerandal : J'ai effectivement conçu le chantier comme un microcosme, une caisse de résonance du monde contemporain. Une fenêtre sur sa violence mais aussi sa grâce et sa fragilité. Je ne peux pas dire que j'ai eu une vision chrétienne, mais des choses dans ma culture chrétienne ressortent fortement dans le livre, on me l'a fait souvent remarquer. J'ai réfléchi à la place de l'homme devant son destin. Et à la possibilité d'un accomplissement dans une entreprise plus grande que soi-même, plus grande que l’être humain. Des thématiques liées à une optique chrétienne qui est la mienne. Les premiers mots du livre sont : « Au commencement...».  Comme une genèse... Le chantier est le point de convergence entre les humains. Je trouve çà tellement important !

L.P.C. : Avez-vous envisagé vos personnages comme des archétypes -du bien, du mal- ?
M.K. : Pas vraiment. L'idée qui m'a guidée est celle de la réconciliation entre les hommes, dont l'antagonisme se concrétise à travers ces deux territoires. Est-elle envisageable ? L'idée du lien entre ces humains, et de la tension qui existe entre eux. Est-il possible de les réconcilier par ce moyen, réel, qu'est le pont ? Malgré les péripéties, les oppositions, le pont avance. Je n'ai pas voulu livrer une vision idéaliste, ni matérialiste. Mais celle de la puissance de la nature, un matérialisme enchanté. Le style s'efforce d'enchanter la prise directe avec la nature. Diderot , le philosophe athée, un pragmatique qui retrousse ses manches, tombe amoureux de Katherine, une femme représentant le panthéisme à l'américaine, à travers le prisme de la Création. Ces deux conceptions qui s'opposent se rencontrent au cours d'une démarche très transcendantale. Tandis que Diderot tire sa force de l'action, de la spéculation, Katherine affirme : «On peut se réinventer.» Elle lutte contre le malheur, se fraie un chemin vers une certaine réalisation à travers une vie très difficile. Et aspire à l'amour.

L.P.C. : Et l'amour, justement, quel rôle joue-t-il ?
M.K. : Sur ce chantier, avec son lot de fureurs, s'insinue quelque chose qui lui ressemble, à travers le rapport à l'autre, les regards. La question du visage de l'homme est abordée, essentielle. L'amour dans mon livre ? Pas des projets de vie à deux, mais des instants. La part sensuelle et gracieuse de l'amour.
Propos recueillis par Marie-Christine D.
(*) Éditions Verticales.


 

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