Le Petit Cephalophore

dimanche, février 18, 2007

La Paroisse immobile : communier en maison de retraite

Jacqueline et Danièle sont de ces paroissiennes que l’on ne voit pas et qui pourtant sont en communion avec nous chaque dimanche. Jacqueline, du haut de ses 91 ans, et Danièle, handicapée depuis sa naissance, ne se déplacent pas facilement et ne peuvent assister à la messe à Saint-Denys : c’est donc le Christ qui vient à elles, Hostie consacrée qui leur est portée par quelques femmes de la paroisse le dimanche matin, dans la chambre qu’elles occupent à la maison de retraite -EHPAD (1)- de la rue du Chemin-Vert.
Jacqueline nous dit sa «joie» de recevoir ainsi régulièrement la communion. Elle qui a toujours œuvré activement dans l’Eglise (ancienne Bernadette de Paris(2), elle a longtemps enseigné le catéchisme), sa foi l’aide à vivre sa retraite. Elle assiste, avec une trentaine de résidents, à la messe qui est dite une fois par mois par un prêtre de Saint-Denys dans une salle commune de l’établissement. Mais sa paroisse de Saint-Honoré-d’Eylau lui manque. C’est là qu’elle a grandi, a fait sa première communion, s’est mariée, a fait baptiser ses enfants. La vie paroissiale lui manque aussi, mais elle sait bien qu’elle ne supporte plus guère aujourd’hui trop de bruit et d’animation autour d’elle. Jacqueline ne demande rien, elle reçoit avec bonheur. Pour Danièle, communier chaque semaine est une «nécessité». Encore toute jeune (72 ans !), elle est pleine d’entrain malgré son fauteuil roulant. Elle aussi a eu une vie spirituelle active : ancienne catéchiste et Guide handicapée, elle est membre de la Fraternité catholique des malades et handicapées et part pour Lourdes (où elle vient depuis ses quinze ans) dès que cela lui est possible grâce à l’Association des Brancardiers et Infirmières d’Ile-de-France. Alors, aller une fois ou deux à la messe à Saint-Denys, partager un repas avec les paroissiens ou participer à une manifestation paroissiale, elle est partante ! Il suffit pour l’y emmener de pousser son fauteuil un jour de beau temps... Aujourd’hui, nous sommes six pour porter la communion à Jacqueline, Danièle et quatre de leurs voisines de chambres. Notre petit groupe, récemment constitué, a rencontré mi-janvier, en présence du Père Quinson, le directeur, la responsable de l’équipe médicale et Cécile, l’animatrice de l’EHPAD. Cette rencontre a permis aux uns et aux autres de mieux se connaître, signe manifeste du bon accueil qui nous est fait à l’EHPAD. Cet établissement laïc, soucieux de lutter contre un «bénévolat sauvage», cherche à instaurer un bénévolat organisé et responsable, dans le respect de la volonté et de la liberté de chacun. Cela suppose la liberté de conscience et de culte des résidents. Cécile nous dit combien la messe mensuelle est «attendue» ici, même par ceux qui ne sont pas «particulièrement croyants». Pour les responsables de cette maison ouverte en 2004, qui accueille 89 personnes dont 16 sont atteintes de la maladie d’Alzheimer, ce bénévolat d’ordre spirituel est une nouveauté. Qu’importe ! «Ici, c’est la vie qui prime». C’est pourquoi l’équipe propose spontanément de nous faciliter la tâche. Notre demande de mieux faire connaître auprès des résidents cette offre eucharistique est entendue avec bienveillance, comme celle de rencontrer les personnes désireuses de recevoir des visites, ne serait-ce que pour parler de la pluie et du beau temps. Ces paroissiens immobiles, invisibles et silencieux nous attendraient-ils ?
D.T.
1) Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes.
2) Les Bernadettes de Paris était avant-guerre un groupe de jeunes filles dont l'une des missions était de vénérer les saints patrons des paroisses parisiennes. En 1938 et 1939, les Bernadettes de France ont fait deux pélerinages à Rome, puis à Lourdes.


 

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