dimanche, octobre 09, 2016
C'était une journée inimaginable il y a encore cinquante ans : une paroisse catholique parisienne chaleureusement accueillie, le jour de la fête de son saint patron, par un séminaire orthodoxe voisin ; le partage de beaux moments liturgiques, de cadeaux (dont un petit concert a capella par nos hôtes séminaristes), de joie et d'un magnifique buffet champêtre, le tout sous un soleil radieux... et une petite fraîcheur comme venue tout droit de Russie...
Un grand merci au hiéromoine et recteur du séminaire, Alexandre Siniakov, et à tous les prêtres et séminaristes pour leur témoignage d'amitié fraternelle. Une sortie que Saint-Denys n'oubliera pas de sitôt !
Notre communion dans une même foi nous a permis d'apprécier pleinement les merveilles culturelles et cultuelles du séminaire, dont la chapelle abrite la plus grande fresque dédiée à la vie de sainte Geneviève (sainte patronne des lieux). L'église, toute en rondins de bois clair, fabriquée en Russie, a été transportée en "kit" puis remontée ici, à Epinay. On s'y sent bien, comme dans une datcha au cœur de l'hiver, dans la chaleur de la prière qui nous réunit. Des fenêtres sont ouvertes sur les arbres du jardin qui renforcent encore cette impression d'être dans la "maison" du Seigneur. L'iconostase est belle, avec ses trois étages à la russe, sa porte royale, ses chérubins aux ailes de feu, la dorure de ses icônes, ses ornements finement travaillés. Elle souligne la présence de toute l'Eglise, céleste et terrestre, lors des célébrations liturgiques.
Nous n'avons pas partagé le même Pain. Il faut sans doute attendre quelques années encore... Mais dès aujourd'hui notre joie à tous était bien celle qui jaillit de la conscience de notre unité en Jésus Christ.
mercredi, octobre 05, 2016
L'éditorial du père Tardy : octobre 2016
Mémoire
saturée ?
On a encore tous en mémoire les drames de cet
été, et peut-être particulièrement celui qui a frappé Saint-Etienne-du-Rouvray.
La violence blesse profondément la mémoire et y instille la haine en la
saturant d’émotions contradictoires. Il faut nous guérir notre mémoire et
l’élargir. C’est ce que la Bible nous permet au plus haut point. Elle est
elle-même une mémoire de l’œuvre de Dieu accomplie dans une histoire de plus de
4000 ans.
Pour être efficace sur nous, la Parole doit
être intériorisée, approfondie, enseignée, célébrée. La paroisse est ainsi le
creuset où l’on triture la parole, pour l’assimiler, s’en nourrir et en être
transformé.
Mais voilà, dans le rythme actuel, le
chrétien isolé, même pratiquant, ressemble à un bouchon de liège dans une mer
déchaînée. Il ne tiendra pas. Il nous manque un lieu de proximité et de
régularité qui nous préserve à la fois du rythme de folie de la ville et de
l’isolement spirituel. Plus qu’une amitié conviviale entre nous, qui est déjà
un agréable minimum, il nous faut un soutien solide entre nous. C’est le rôle
des barque(ttes) que je voudrais voir se multiplier cette année. Des groupes de
5 ou 6 paroissiens se retrouvant régulièrement à domicile pour entrer plus
concrètement dans l’évangile.
Un exemple. Sans silence, il n’est pas
possible de prier. Mais il faut savoir qu’il est aussi difficile de rester en
silence dans un appartement où l’on est seul, que dans une famille avec
enfants. Car le bruit ne se compte pas qu’en décibels. Il y a cette excitation
intérieure, ou ce sentiment d’abattement ou encore de paresse, qui fait que
nous papillonnons « affairés sans rien faire ». Tout autour de nous
contribue à nous distraire. Il nous faut nous soutenir. C’est indispensable.
La paroisse est là pour nous permettre grâce
au Christ, de grandir en liberté. Mais cette liberté passe par un joug,
l’exigence d’une certaine fidélité.
Puisse ce numéro nous faire ressentir la
fécondité qu’un engagement parfois un peu contraignant peut susciter pour la
joie de tous.
Bonne rentrée !
Garo, jeune migrant, paroissien de Saint-Denys
Garo a déjà survécu dans sa vie syrienne en étant tout à la fois juriste, commercial pour une marque de vêtements, et gérant de son propre petit commerce. Ce n’est pas la faculté d’adaptation qui lui manque, et son projet désormais c’est « de s’intégrer dans la communauté ici ».
Depuis cette interview réalisée mi-juin, Garo a obtenu son statut de réfugié. Avec les cours de français à Stanislas et les activités de l’Œuvre d’Orient, c’est une nouvelle vie qui devient possible. Aujourd’hui l’entretien aurait certainement eu lieu en français ! A voir la vitesse à laquelle Garo entre dans sa nouvelle vie, nul doute qu’il réussira dans son projet d’intégration à partir de ce premier accueil des paroissiens. Prochaine étape (semble-t-il sur de bonnes voies) : trouver un logement puis travailler « Je peux faire n’importe quoi ! » pour pouvoir « démarrer une nouvelle vie normale ».
Propos recueillis par Philippe Th.
La jeunesse de Saint-Denys pour l'Evangile
Les maraudeurs de Saint-Denys
Mise en place au début de l’année par le père Maxime avec la maîtrise du groupe scout, « La Maraude » va à la rencontre des personnes de notre quartier vivant dans la rue. Le principe est simple : réunion un vendredi soir sur trois, préparation de sandwichs, boissons chaudes et douceurs à offrir, puis départ en équipes de deux ou trois sur des itinéraires réguliers, de 20 h à 22 h. Bertrand, chef scout durant trois ans, prend avec joie cette année la responsabilité de l’organisation. « J’étais sceptique au début. J’avais au mieux un regard de pitié, au pire de mépris. J’ai découvert combien ces personnes qui n’ont plus aucun lien avec leur famille souffrent de solitude, d’exclusion, de violence et vivent en général dans une grande méfiance les unes envers les autres… La solidarité est plus réelle entre les étrangers. » Il précise : « Notre objectif est de recréer un ‘petit lien’, gratuit, simple. Un contact d’amitié qui remet en valeur leur dignité. » Maylis, cheftaine des Louveteaux, ajoute : « Le niveau des personnes, cela nous est égal. On les aborde sans avoir peur, elles n’ont juste pas de chance et ont beaucoup à nous apprendre, on discute vraiment. Quelquefois on est mal accueillis, insultés, ça nous rend tristes. Mais une autre fois le contact peut s’établir. On est là pour tous. » Dona, cheftaine des Guides ajoute : « C’est une riche expérience d’aller vers ceux vers qui on n’irait jamais. Un autre regard… Beaucoup ont fait des études comme nous. On leur apporte de la compagnie, des échanges. » Astrid, cheftaine des Jeannettes jusqu’à cet été, va proposer aux Guides Aînées (17-25 ans) qu’elle encadrera cette année, de participer à ce service : « Temps gratuit d’écoute, de rencontre au-delà des préjugés… Plus qu’une pièce qui donne bonne conscience, c’est un vrai contact humain » dit-elle. Le père Maxime, heureux et fier de l’élan de tous ces jeunes, souligne : « On noue une relation avec quelques-uns qui dénoue la relation avec tous les autres… » A l’issue de la maraude, les participants se retrouvent pour dîner, partager leurs émotions et les fiorettis du jour. « On se rend compte combien cela nous aide à avoir entre nous une autre approche, à être plus attentifs les uns aux autres », témoigne Dona. La soirée se termine par un échange autour d’un thème de réflexion spirituelle. Bien souvent après minuit !
Les camps scouts de l’été : un temps de grâce…
Le 6 juillet dernier, les Jeannettes et Louveteaux (8-12 ans), Guides et Scouts (12-17 ans) du Groupe Saint-Denys partaient joyeusement à l’aventure sous la houlette de leurs cheftaines et chefs bénévoles… Un groupe de plus de 100 enfants et adolescents et 24 jeunes adultes ! Pour les plus petits, le camp d’été dure une semaine : les Jeannettes ont campé à l’Abbaye du Vieux Restauré près de Bonneuil-en-Valois et les Louveteaux à Béthon, dans la Marne. Les Guides ont rejoint Polignac, près du Puy-en-Velay pour deux semaines et les Scouts se sont installés à Albaret-le-Comtal en Lozère jusqu’au 22 juillet. Pour tous, un même schéma d’activités passionnantes : les « installs’»*, le Grand Jeu, les Olympiades, le « concu »**, autour de thèmes qui suscitent l’enthousiasme. Ainsi les Jeannettes ont exploré une cité perdue du Vietnam, les Louveteaux furent chevaliers et alchimistes, les Guides ont rêvé des Mille et une Nuits et les Scouts ont joué aux fougueux Vikings… Guides et Scouts ont aussi approfondi des thèmes spirituels : ‘les femmes dans l’Évangile’ et ‘foi et action’, vécu des temps forts en patrouille durant « l’explo »*** de trois jours et selon les âges, un raid à plusieurs ou seul. Un moment de méditation et de découverte de soi souvent capital dans la progression. Car il s’agit bien pour tous de grandir en approfondissant les valeurs de « l’esprit scout » qui favorise la confiance en soi, l’autonomie, la découverte de l’autre dans le partage et le service…, le contact vrai avec la nature conduisant les petits citadins à la fois au réalisme et à l’émerveillement ! Le père Maxime, venu visiter les camps, y recevoir les promesses et célébrer la messe, témoigne : « Quelle joie de célébrer dans la nature ! J’ai reçu un tel accueil ! Un temps de grâce… »
* installations
** concours de cuisine
*** exploration
Propos recueillis par Isabelle M.
Deux séminaristes de Saint-Denys aux JMJ de Cracovie
Témoignages Jean
C. et Benoît, séminaristes de Saint-Denys
Avec quel groupe es-tu parti et quel a été votre programme ? Combien de
personnes composaient ce groupe ?
JEAN : Je suis parti aux JMJ à Cracovie
avec le groupe de la paroisse, composé majoritairement de chefs
scouts.
Nous avons choisi
une version "compacte" des JMJ : du 28 juillet au 1er août, parce que
la plupart d'entre nous était en camp scout durant le mois de juillet. Le
programme, c'était d'aller à Cracovie, de plonger dans la folie des JMJ, et de
vivre l'expérience de la Miséricorde proposée par le pape.
Au départ, nous
étions 16. Nous formions un groupe souple et joyeux, ce qui a permis à quelques
JMJistes français de nous rejoindre (notamment lorsqu'ils avaient perdu leur
groupe), comme Nicolas, jeune auto-entrepreneur français qui a finalement
réalisé tous les JMJ avec nous.
BENOÎT : Je suis parti aux JMJ du 16 juillet au 3
août avec le groupe Cort&Passy qui rassemblait environ 550 jeunes. Après
24h au sanctuaire d'Altötting en Bavière (17-18 juillet), nous avons commencé
notre périple polonais par un pèlerinage vers le sanctuaire de la Sainte-Famille à Lesniow (19 juillet), puis nous sommes passés par le grand sanctuaire
marial de Czestochova (20 juillet). Du 21 au 24 juillet nous avons ensuite
été accueillis par le diocèse de Wroclaw, très belle ville de Silésie. Le 25,
nous avons visité les camps d'Auschwitz puis nous nous sommes rendus
l'après-midi à Trzebinia pour la messe rassemblant tous les jeunes du
diocèse de Paris autour de Mgr Beau. Du 26 au 31 juillet nous avons suivi
le programme des JMJ à Cracovie avec les participants du monde entier. Nous
étions logés dans des gymnases à Wieliczka, à une grosse heure du centre de la
ville. Les 1er et 2 août nous avons eu un temps de relecture et de conclusion
des JMJ au sanctuaire Vierzehenheiligen, en Allemagne à nouveau, avant le
retour à Paris le 3.
Quel était ton rôle exactement ?
JEAN : Je participais
aux JMJ en tant que JMJiste comme un autre. Stéphane était l'organisateur du groupe, et le père Maxime en était
l’aumônier.
BENOÎT :
Je n'avais pas de rôle
spécifique dans l'encadrement du groupe, même si j'ai pu donner un coup de main
ici ou là pour la liturgie. Ma mission consistait avant tout à partager la vie
d'une équipe et de tâcher humblement d'y être un témoin de Jésus, en vivant la
charité et en offrant la possibilité d'un dialogue à tous ceux qui le
souhaitaient. Par ailleurs, une grande richesse de notre groupe consistait à
accueillir en son sein une trentaine de jeunes handicapés (nos
"Hamis"). C'est d'ailleurs ce qui avait motivé ma demande de partir
avec lui précisément, et j'ai eu l'occasion d'assister souvent l'un d'entre
eux, Philippe, très dépendant physiquement pour l'habillage, la toilette, les
repas... J'ai donc passé beaucoup de temps avec lui pour les soins du quotidien
comme pour les temps d'équipes.
Quel est ton
souvenir personnel le plus fort ?
JEAN : Mon
souvenir personnel le plus fort est la veillée finale sur le campus
Misericordia, pour la générosité des Polonais, le surprenant esprit fraternel
dans cet énorme rassemblement de jeunes, et la beauté de l'Église catholique à
travers tous ses visages et toutes ses nationalités.
Premièrement : la
générosité des Polonais. Nous devions y aller à pied, et sur le chemin les
Polonais s'étaient installés devant leur maison pour observer cette marée
humaine et distribuer de l'eau. Certains distribuaient même de la nourriture
gratuitement. Les Polonais étaient heureux de nous accueillir, heureux de nous
voir visiter leur pays, et ils nous le montraient par une fraternelle
bienveillance.
Ensuite, sur le
campus Misericordia, le terrain où nous devions nous installer initialement
était très boueux. On s'est finalement installés ailleurs, sur notre bâche
scoute, et nous suivions les discours du pape sur notre radio. Des Vénézuéliens, des Italiens, et des Français se sont installés autour de nous.
Et tous, nous étions réunis dans un même esprit pour prier tous ensemble avec
le pape.
Un groupe d'une
vingtaine d'Indiens sont arrivés trop tard pour trouver un espace suffisamment
grand pour eux. Nous les avons invités sur notre bâche (qui pouvaient contenir
40 personnes aisément). Ils en ont été très émus. Comme c'était leurs
premières JMJ, ils ne connaissaient pas "la technique de la bâche
scoute". :) On a prié avec eux, et aussi discuté de la situation des
catholiques en Inde. Minoritaires, ils nous ont dit que les catholiques indiens
sont souvent persécutés. Malgré la grandeur de leur pays, cela leur semblait
impossible de faire un événement comme les JMJ en Inde à cause de la défiance
entre communautés. Eux aussi étaient très heureux et surpris par la dévotion et
la générosité des Polonais.
BENOÎT :
Ces temps avec Philippe
restent mon souvenir le plus fort de ces JMJ. En vérité, c'est lui qui m'a le
plus donné et j'ai été marqué par sa force d'âme, sa patience, sa profondeur.
Son humour aussi. Sans lui, mes JMJ n'auraient pas été les mêmes, et ce petit
effort qu'il me fallait faire parfois pour me mettre à son service laissait vite
place à une vraie joie comme seul peut la procurer le Christ pauvre, mendiant
un peu de notre amour pour nous combler du sien.
As-tu vu cheminer spirituellement les
jeunes que tu accompagnais ? Peux-tu raconter une anecdote en ce sens ?
JEAN : Les JMJ, c'est un moment propice
pour avancer concrètement sur son chemin de foi. Pour un jeune catho, on se
rend compte qu'on est pas tout seul. En effet, être catholique prend un nouveau
sens quand on rentre des JMJ. C'est une occasion privilégiée pour faire (ou
renouveler) sa rencontre avec Jésus à travers l'Église. A travers les
enseignements du pape et des évêques sur la Miséricorde, tous les jeunes
étaient invités à fonder leur vie sur l'Amour, à assumer cette audace de la foi
chrétienne, souvent à contre-courant des tendances de la société actuellement.
Ainsi sommes-nous invités à trouver un sens à notre vie, notamment dans les grandes décisions (études, orientations professionnelles,
discernement vocationnel, etc.).
J'ai vu tous les
jeunes du groupe cheminer. Mais qui suis-je pour parler du cheminement d'un
autre ?! Le mieux, c'est de leur demander directement ! ;)
BENOÎT :
Oui, je crois vraiment
que les jeunes ont cheminé. Pour beaucoup d'entre eux, ils n'étaient plus tout
à fait les mêmes au retour qu'au moment de partir pour ce rassemblement. Ça a
été magnifique de voir combien ont souhaité recevoir le sacrement de
réconciliation au cours des JMJ ! J'en ai vu changer d'avis à ce sujet, d'abord
apparemment hermétiques, puis hésitants, pour finalement franchir le pas et
aller trouver l'un des prêtres qui nous accompagnaient. A en juger par l'expression
de leurs visages ensuite, je pense que peu l'auront regretté ! A la fin des
JMJ, beaucoup m'ont fait part de décisions, parfois importantes, que cette
expérience les avait aidés à poser concernant leur vie spirituelle, affective,
professionnelle. Pour certains, cela aura constitué une étape importante sur un
chemin de vocation.
Les anecdotes ne manquent pas, mais j'en retiendrai surtout
une : un soir, un garçon du groupe est venu me trouver, estimant qu'il avait à
s'excuser pour certains jugements hâtifs qu'il avait posés ; nous avons eu une
longue discussion et notre relation en a été transformée durant la semaine qui
nous restait à passer ensemble. Je crois pouvoir dire que l'Esprit Saint était
présent ce soir-là, et qu'il a changé son cœur et le mien !
Y a-t-il eu des
moments difficiles ?
JEAN : Quand deux millions de jeunes se
rassemblent, c'est souvent la zizanie. "La grâce n'annule pas la nature,
mais l'ouvre en profondeur" comme dirait notre ami Thomas d'Aquin.
N'importe quel autre grand rassemblement de jeunes comporte son lot d'incidents
(il suffit de se rappeler les bagarres des supporters de foot durant la coupe
d'Europe cet été). Aux JMJ, il y a des moments difficiles notamment à cause de
la météo, et de la surcharge des bus et des trains. C'est justement à travers
ces épreuves que l'Esprit-Saint nous travaille et nous donne la force de
persévérer. Ces moments difficiles peuvent devenir de vrais incidents si l'on
prend ses frères et sœurs pour des punching-balls. Mais ces moments peuvent
aussi devenir des lieux de croissance joyeux où on apprend justement à aimer
son prochain dans la simplicité. L'unité d'un groupe est un vrai défi à tenir
aux JMJ. Un climat de confiance et de fraternité nous a donné la force de
sourire et de chanter dans les quelques moments difficiles. Oui, chanter, c'est prier
deux fois. Dans notre groupe très marqué par l'esprit scout, on a beaucoup
chanté en Pologne. :)
BENOÎT :
Des moments difficiles ?
Oui, quand la fatigue se fait sentir ou qu'il devient compliqué de trouver un
espace de silence pour entrer en soi-même et prendre le temps de confier au
Seigneur tout ce que l'on vit. Mais ces circonstances exceptionnelles sont
aussi l'occasion de faire l'apprentissage d'une autre forme de prière, dans la
louange en particulier, et de refréner le désir toujours en embuscade de tout
maîtriser et finalement d'enfermer Dieu dans nos habitudes.
Une
parole du pape t'a-t-elle marqué ?
JEAN : L'Évangile
ne se vit pas sur un divan !
Citation exacte :
"Chers jeunes, nous ne sommes pas venus au monde pour “végéter”, pour
vivre dans la facilité, pour faire de la vie un divan qui nous endorme ; au
contraire, nous sommes venus pour autre chose, pour laisser une empreinte. Il
est très triste de passer dans la vie sans laisser une empreinte. Mais quand
nous choisissons le confort, en confondant bonheur et consumérisme, alors le
prix que nous payons est très, mais très élevé : nous perdons la liberté."
Et : pour suivre Jésus,
il faut se décider à échanger le divan contre une paire de chaussures !
Citation exacte :
"Jésus est le Seigneur du risque, du toujours “au-delà”. Jésus n’est pas
le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus,
il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à échanger le divan contre
une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées
et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons,
capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie
que laisse dans ton cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde."
BENOÎT :
Je retiendrai une parole
du pape lors de son discours au Campus Misericordiae : "Installez bien
dans vos vies la connexion la plus stable, celle d'un cœur qui voit et
transmet le bien sans se lasser." C'est une parole simple, qui utilise une
image que les jeunes de notre époque saisiront immédiatement, mais qui traduit
un appel essentiel qui peut et doit être adressé à tous sans exception, et qui
nous indique le chemin à suivre pour que notre vie porte du fruit et que chacun
de nous puisse être l'artisan d'un monde meilleur : le regard sur Dieu nous
donne de comprendre son amour pour nous et d'aimer nos frères à notre tour. Et
il faut fonder dans l'éternité la source de notre amour pour être capable
d'aimer dans le temps.
Que penses-tu des JMJ ? As-tu l'impression que ce grand rassemblement a du sens ?
JEAN : Il y a
un sens à vouloir fortifier l'unité de l'Église catholique.
C'est une manière
de manifester ce qu'on dit tous les dimanches dans le Credo : "Je crois en
l'Église, une, sainte, catholique et apostolique". Comme être
"une" (unifiée), si on ne se rassemble jamais ?
BENOÎT :
Les JMJ sont un signe
magnifique. Je reprendrai les mots du cardinal Vingt-Trois qui déclarait tout
récemment dans son entretien de rentrée à Paris Notre-Dame : "A l'heure où
l'on nous présente des groupuscules animés par une volonté d'extermination et
de mort, cette jeunesse rassemblée par centaines de milliers dans un projet de
construction et d'espérance montre qu'à travers le monde, et le monde de
demain, il y a une force d'amour qui est plus forte."
Avais-tu
participé dans le passé à d'autres JMJ ? Qu'est-ce qui a été particulier pour
toi cette fois ?
JEAN : Ma première participation aux JMJ, c'était en
2011 à Madrid. A l'époque, je vivais loin de la foi. Lors de ces JMJ, j'ai
découvert la beauté de l'Église, la joie de la louange, et le sens de
l'évangélisation. A Madrid, en 2011, j'ai reçu dans ma prière le premier appel
pour la vocation sacerdotale. J'étais parti avec l'association Anuncio qui
organise des concerts et des missions d'évangélisation de rue. Je me suis rendu
compte à ce moment-là que c'est vraiment possible de vivre la joie de l'Évangile.
Ce qu'on lit dans le Nouveau Testament, ce ne sont pas des contes de fées : ça
change la vie, ça retourne des vies. Dieu existe. Il nous aime. Il fait des
miracles, et pour garantir notre liberté, il se révèle toujours dans
l'humilité. Qu'attendons-nous pour vivre de la joie de l'Évangile ?! :)
BENOÎT :
J'avais déjà participé
aux JMJ de Madrid (2011) et de Rio (2013). Je suis donc un vétéran ! Ce qui fut
tout nouveau pour moi cette fois-ci, en plus de la découverte de la Pologne qui
est un pays que j'aime énormément, entre autres pour ses figures de sainteté,
ce fut le fait de les vivre comme séminariste, car j'ai pu prendre conscience
de ce que peut impliquer ce statut nouveau auprès des jeunes que j'ai
accompagnés. Tout à coup je me suis retrouvé dans la situation de celui à qui
l'on vient poser des questions, demander un conseil, confier telle ou telle
intention... Je me suis souvent senti bien en-deçà de toutes ces attentes, mais
j'ai alors fait ce que je pouvais, en acceptant parfois de ne pas y arriver, et
apprenant aussi par là à être un serviteur inutile qui sait qu'il doit semer et
arroser, mais que c'est toujours le Seigneur qui donne la croissance et la vie.
Sur un chemin vers le sacerdoce ministériel, ce type d'expérience me semble
donc extrêmement précieuse !
Propos recueillis par Sylvie H.
Quatre séminaristes à la rencontre des migrants de Calais
La « jungle »
de Calais peut faire peur, vu les sujets de société qui s’y trouvent souvent
rattachées par des médias : immigration clandestine, délinquance, trafics
variés, misère et insalubrité… Pourtant, la jungle de Calais peut aussi
attirer, non par curiosité mal placée, mais par un désir sincère de mieux
cerner ces questions, de rencontrer leurs acteurs et d’aider dans une modeste
mesure. Poussés par ce désir, nous avons fait le voyage à quatre séminaristes
de Paris, Louis, Théophile, Thomas et moi, cinq jours à la fin du mois
d’août dernier.
A Calais, nous avons été accueillis par le Secours catholique,
qui nous a hébergés et nous a associés à ses activités, dans ses locaux comme
au milieu des tentes et des taudis montés par les migrants. C’est ainsi que
nous avons donné des cours de français, réparé les bicyclettes, préparé les repas
pour les mères de famille et leurs enfants, accompagné leur excursion à la mer
(une expérience toute simple et merveilleuse), distribué les produits de
première nécessité.
Dans la « jungle », camp disparate de 9000
personnes environ, ceux d’entre nous qui connaissaient le Tiers-Monde ont vite
reconnu l’odeur des bidonvilles. Nous avons aussi retrouvé l’hospitalité étonnante
de ceux qui n’ont rien : réfugiés afghans, exilés irakiens, migrants
soudanais, bédouins arabes sans passeport nous ont inlassablement proposé thé,
café, copieux déjeuners. Ils ont partagé bien des histoires poignantes :
guerres civiles, proches disparus, persécutions religieuses (nous avons parlé à
plusieurs musulmans convertis au Christ), situations d’esclavage, traversées à
haut risque, tabassages et outrages de la part des policiers occidentaux. Au
bout de ces épreuves, la majorité rêve de l’Angleterre comme d’un Far West où
ceux qui travailleront dur ramasseront gros. Ceux-là s’étendent peu sur les
moyens de passer la frontière, moyens plus ou moins avouables il est vrai, et
qui expliquent la colère des routiers et des Calaisiens. Les tensions sont
palpables, encore renforcées par la précarité de la jungle. Tentés par le
désespoir, les migrants survivent grâce au mirage d’une réussite facile, une
fois la frontière franchie. Nous les Français inquiets, mal ou très mal
informés, vivons dans le mirage d’une solution simple à ces problèmes
complexes. Sans forcément le formuler clairement, les uns comme les autres ont
besoin d’une parole qui leur donne à la fois l’espérance et la vérité.
Guillaume
L., séminariste
Cinq soirées pour entrer dans La joie de l’amour
Vous vous êtes procuré
l’exhortation post-synodale du pape François sur la famille, La joie de l’amour, sans avoir eu le courage de la
lire jusqu’au bout ! Et pourtant… C’est à un changement de paradigme que
nous invite ce beau texte qui s’appuie sur la loi de gradualité. Plutôt que
d’asséner la doctrine, les pasteurs (et les chrétiens en situation
d’accompagnement) ont désormais à discerner les ressorts qui permettent à
une personne de progresser dans la parole du Christ. Pour mieux s’imprégner de ce
texte, le père Roger nous invite à participer à cinq soirées qui lui seront
consacré :
les jeudis 5 et 26 janvier
23 février
9 et 23 mars
de 20h à 21h30, salle Saint-Denys.
Lors de chaque séance nous
aborderons un ou deux chapitres, à lire au préalable. Après une présentation
des passages à étudier, faite par le responsable de la soirée, un travail en
petits groupes sera proposé autour d’une grille de questions très simples. Une
mise en commun de ce travail ouvrira sur un temps de questions/réponses en présence
des pères Roger et/ou Maxime et d’une partie des membres du groupe synode de la
paroisse. Une proposition bienvenue pour se préparer au Carême !
Sylvie H.
Les "barquettes" de Saint-Denys
«
"Barquette" ou "barque" est un nom très adapté à cette
initiative paroissiale inspirée au père Roger en 2015 », commente Agnès,
hôtesse d'une de ces barques. « Chacune d'elles est une image de la barque de
l'Église (et celle de Paris) et leurs ramifications sont destinées à
"embarquer" notre entourage dans la prière et la participation
active. Leur "menu" se fait
autour de l'Évangile, avec la lecture, le partage et la prière. Entre le texte
et la prière, les mots choisis par les uns et les autres font le pont »,
précise-t-elle. « Il est certain que la paroisse entière bénéficie des liens
plus forts qui se créent ainsi, comme quand plusieurs paroissiens font un
pèlerinage ensemble et reviennent ensuite », développe Christian. « Il n'y a
pas de recommandation stricte à la conduite d’une barque, continue Agnès, ce
degré de liberté nous permet de nous adapter aux besoins du temps et aux
personnes. Cela fait de nous des embarcations variées : péniches, voiliers
petits ou grands, au repos, en mouvement». Si elle apprécie la souplesse de
l’organisation, Agnès souligne l'importance de la houlette du prêtre qui
propose pour chaque séance des pistes de réflexion à suivre, appuyées sur
l’Écriture. « Les deux bienfaits que j'ai ressentis sont la réduction de
l'isolement et l’entraide spirituelle », poursuit Christian ; et Agnès de
confirmer : « Les barques permettent d'amener chez soi la prière des autres,
les soutenir dans leurs épreuves. » « On éprouve davantage les bienfaits de la
vie chrétienne telle qu'elle pourrait être, ajoute Christian, les barques nous
tournent vers l'évangélisation. Si elles continuent, elles accueilleront
sûrement des nouveaux comme elles ont déjà permis d'arrimer davantage telle ou
tel à la vie paroissiale. » Pour la suite, faut-il changer quelque chose ?
Diminuer la fréquence et la durée des rencontres pour favoriser l’assiduité ?
Choisir un thème de prière ? Se laisser guider par une spiritualité
particulière ? A suivre. « L’intérêt serait qu'avec le temps, en fructifiant,
une barque se divise en deux et que se crée ainsi toute une flottille poussée
par le vent de l'Évangile ! », rappelle notre curé.
Vous
pouvez vous inscrire auprès de l’accueil ou à la sortie des messes auprès des
prêtres. Les horaires et la fréquence sont flexibles, au gré de chaque «
barquette »…
Propos
recueillis par Katarina K.
La rentrée des séminaristes 2016-2017
Bienvenue à nos
"nouveaux" !
Louis de F. « J'ai commencé à m'approprier ma foi et à m'enraciner dans l'Église à mon arrivée à Paris, il y a 9 ans », raconte Louis, 26 ans, originaire de l’Allier, d’une fratrie de 8 enfants. « L’expérience de l’aumônerie à Saint-Germain-des-Prés et la découverte d’EVEN m’ont plongé dans une Église vivante, animée par des prêtres épanouis ». La parole reçue et transmise, par exemple aux anciens collègues dans un cabinet de conseil immobilier, et le rapport extraordinaire avec Dieu qui se donne gratuitement dans les sacrements, seront les deux sources de la vocation chez Louis. Il tient aussi à évoquer sa Maman, qui par sa vie toute offerte au service de la famille, l’a façonné de son exemple de charité.
Jean de S.-C., 30 ans,
a grandi à Paris, dans une famille catholique pratiquante. Il a trois petites
sœurs. Après des études de sciences politiques et de littérature, il a
travaillé dans les relations institutionnelles entre les secteurs public et
privé. « Si la possibilité d'une vie consacrée s’est présentée à moi
vers la fin de l'adolescence, il me semblait d'abord indispensable de me
confronter à la réalité de l'existence, à la nécessité de poser des décisions, évoque-t-il.
Alors seulement j'ai pu envisager la question de ma vocation avec attention et
bienveillance. Le Seigneur m’attendait patiemment au cœur de ma prière, dans ce
lieu de combats, comme de grande paix et de joie. Dans mon cheminement il y a
eu des jalons intérieurs indicibles, mais aussi des rencontres, des lectures
mettant en lumière des figures de religieux et de prêtres, des séjours au
monastère, l'amitié d'un jeune prêtre parisien, l’Évangile de saint Jean, la
figure de saint Benoît Joseph Labre...»
Baptiste J. a 24 ans et
il est l’aîné d'une fratrie de 3 garçons. C’est pendant une messe lors des JMJ
de Madrid qu’il a ressenti pour la première fois clairement son appel. Mais il
aime relire son chemin et il sait que depuis longtemps déjà le Seigneur l’appelle
avec patience et prévoyance. L'exemple de parents engagés, l'influence de
l'aumônerie et du scoutisme, rencontres avec des prêtres « rayonnants de la
joie et la beauté du célibat consacré » et les amitiés favorables à
ce dessein le montrent bien. « Au moment où mes études de droit m’ont
amené à déménager de Lille à Paris, je me suis trouvé au Foyer Saint-Ambroise
dans le 12ème arrondissement, se souvient-il. Nous étions neuf garçons, unis dans
une vie de prière, de partage de repas, d'apostolat et de service. C’est là que
ma vocation a mûri. » Aujourd’hui, à l’issue de son année de fondation
spirituelle « si riche et si récente qu’elle ne peut pas encore être
exprimée pleinement », Baptiste est heureux de l’accueil reçu dans notre
paroisse. Si sa trajectoire semble évidente, « la réponse à la vocation
s'est faite au prix d'un travail intérieur intense. » « Mon saint
préféré ? » Après une petite hésitation, Baptiste tranche en faveur de son
saint patron, le "Plongeur", le Précurseur, le premier témoin à
tressaillir...
Propos recueillis par
Katarina K.
François-Xavier B. :
"Je suis entré dans la chapelle pour prier, une simple prière quotidienne,
et je suis ressorti tout joyeux". Ainsi François-Xavier a-t-il entendu
l’appel de Dieu.
François-Xavier, 26 ans,
a grandi au sein d’une famille catholique parisienne de six enfants (cinq
garçons, une fille). Après un BTS en hôtellerie de restauration à Paris, il
tente un concours militaire pour devenir chasseur alpin, concours qu’il
"rate à peu de chose". Comme il "ne se voit pas travailler dans
l’hôtellerie haut de gamme" à laquelle il est préparé, dont "le
vernis du luxe et de la richesse" ne lui plaît guère, il choisit d’être «
préfet » des Premières et Secondes au lycée Gerson, ce qui lui permet de faire
la médiation entre les élèves, les parents et les professeurs, en même temps
qu’il est chargé du KT. C’est là que sa vocation mûrit, jusqu’au jour de cette
prière à la chapelle du lycée. Il entre alors à la Maison Saint-Augustin, puis
part pour une année à Ambanja, une ville du nord-est de Madagascar. Il y donne
des cours de français aux enfants défavorisés, visite les prisonniers, joue
avec les orphelins. Il y fait aussi l’apprentissage du détachement, tant
affectif (loin de sa famille et de ses amis) que matériel. Il perçoit surtout
une "autre vision du monde", ce qui "tombe bien" : le pape
François ne nous envoie-t-il pas "aux périphéries du monde", le cœur
plein de miséricorde ?"
Le voilà aujourd’hui à
Saint-Denys, "heureux de voir une communauté vivante !", où il sera
en charge du KT CM2 et peut-être du ciné-pizza.
Et nos anciens, ont-ils
changé après cette année de séminaire ?
Benoît : « C’est
surtout aux paroissiens de le dire ! En tous cas, j’ai essayé de profiter de
toutes les richesses de cette paroisse : elle m’a porté dans ma vie de prière
et dans ce désir que j’avais déjà, mais que j’ai plus encore, de faire opérer
la rencontre de Dieu avec chacun de nous. Je voudrais surtout commencer par
rendre grâce. En un an, nous avons reçu beaucoup, tant en Maison qu’en paroisse
: quelle joie de découvrir cette communauté chaleureuse, priante, accueillante
; quelle joie aussi d’apprendre petit à petit à mieux connaître les uns et les
autres, et d’avoir pu mener, notamment avec les enfants, des activités dans lesquelles
je me suis épanoui. Je partais de l’inconnu, et je me suis vite pris au jeu, au
ciné-pizza par exemple ! J’étais sans a priori et j’ai été comblé. Un moment en
particulier a été très fort pour ma vocation : celui de l’attentat pendant les
JAM. L’Esprit nous a donné d’être témoins de la miséricorde de Dieu pour le
monde auprès de ceux qui entraient dans l’église. Oui, des grâces particulières
ont été données en cette année de miséricorde ; la grâce qui vient dans le Mal
le plus terrible. C’est la Croix. La question se pose : ne regarder que le Mal
avec la tentation de se désespérer ou saisir aussi le Salut qui vient au cœur
de la souffrance ? Dieu est au cœur de la souffrance. Du côté de ma vie
d’étudiant, c’était super de découvrir comment l’Esprit Saint peut aider notre
intelligence à avancer vers la Vérité. Plus difficile était l’articulation
entre cette vie estudiantine et le reste de la formation (paroisse, Maison,
service, prière). On se sent un peu partagé, mais c’est aussi précisément là
qu’on se rend compte que l’essentiel consiste à unifier notre personne dans
tous ces domaines. Un mot aux paroissiens ? Un grand merci ! J’espère que cette
année apportera encore son lot de joies et de surprises. »
Benoît sera cette année
en charge des servants d’autel.
Guillaume : « Est-ce
que j’ai changé ? Oui, un peu. Quand on a la chance d'être au contact de tant
de gens accueillants, on se simplifie, on voit les choses de manière plus
lumineuse. Quelle joie après l'été de revenir à Saint-Denys et de retrouver des
gens qui vous tombent dans les bras, des enfants qui se jettent sur vous. C'est
agréable aussi d'accueillir les nouveaux de la Maison. On désire leur faire
découvrir tout ce qu'il y a beau dans la paroisse et le quartier, le plus
ancien de Paris. Leur faire découvrir aussi l'organisation de la Maison, sans
leur dicter leurs conclusions : c'est important de donner aussi la liberté. On
est bien ici. Il y a l'esprit du lieu, c'est simple, sans mondanité, on n'est
pas dans les convenances. J'ai été très touché de voir, lors des ordinations,
l'attachement des paroissiens à leurs anciens séminaristes. Tant de chances
nous sont offertes et sont à saisir ici ! Les enfants, les scouts, les anciens.
J'aime bien les anciens. On voit leur combat, il y a une disponibilité chez
eux, une ouverture. Et aussi le monde des actifs : la fourmilière se prépare,
et bientôt les JAM ! Je me réjouis déjà d'y être. Côté cours : on a de la
chance aux Bernardins : il y a une vraie diversité dans la manière de voir les
choses, même si tous partagent trois grandes orientations : liens avec les
Juifs et le judaïsme, retour aux sources, ouverture à la philosophie
contemporaine. Il n'y a pas de formatage. Un mot aux paroissiens ? Je suis très
heureux de vous retrouver ! Et je pourrais reprendre ces paroles de saint Paul
(1Th 2) : "Telle était notre affection pour vous que nous aurions voulu
vous livrer non seulement l'évangile de Dieu mais encore nos propres vies tant
vous nous étiez devenus chers." »
Guillaume proposera
cette année des activités aux jeunes pros (services de repas aux pauvres chez
les sœurs de mère Teresa, rencontres, marches...) et s'occupera de l'aumônerie
pour tous les lycéens du quartier, du public comme du privé.
Paul : « Changé ? Mais
je suis toujours le même ! Non, il y a un approfondissement de ma relation au
Christ, mais sur lequel il est difficile de mettre des mots. Charité,
miséricorde, fidélité prennent plus de saveur, il y a plus d’espérance aussi.
Je suis juste un peu moins mécréant qu’il y a un an ! Ce que l’on vit en
paroisse donne de l’épaisseur aux choses, c’est du concret. Cet été, j’ai vécu
de façon très forte la Providence pendant les JMJ avec Anuncio, en tant que
responsable d’un groupe de trente personnes. Il faut bien les nourrir !,
et tant que tu n’as pas fait le truc de mendier ta nourriture pour voir comment
ça marche, tu n’as pas vraiment compris la Providence. « Demandez et vous
recevrez ! » : je n’ai jamais eu faim… Côté vie paroissiale, c’est une
grande joie d’être à Saint-Denys. Les gens sont extrêmement accueillants. Il y
a beaucoup de bienveillance, de douceur à notre égard. Nous avons trouvé notre
place très facilement, sans nous sentir jugés. Cela continue de m’étonner, tous
ces gens très divers mais qui arrivent à travailler ensemble, sans grosses
tensions, pour la gloire de Dieu. Ils s’investissent avec beaucoup de vraie
gratuité, une vraie volonté de donner. Côté études, c’est une cure de
rajeunissement que de reprendre la vie universitaire ! J’ai toujours
continué à étudier, en revanche se remettre dans une logique scolaire, ça j’ai
eu du mal. Mais les études ne sont pas si importantes dans la vie du
séminariste. L’essentiel de la formation se passe au sein de la vie paroissiale
et communautaire : il faut apprendre à gérer ses forces. Un mot aux paroissiens
? Oui, je voudrais partager ma joie de l’été. J’ai fait un peu d’évangélisation
: quelle joie d’en voir les fruits quand on a l’audace de dire Dieu dans sa vie !
On a la trouille, mais ça se passe bien. Cela vaut la peine d’oser se lancer,
simplement, au quotidien. Il y a des tas de freins, la peur de brusquer les
gens, mais on n’est jamais trop audacieux. On se lance : « oui, je crois en
Dieu et c’est important pour moi ! » et le gars en face, il est super content ! »
Paul sera en charge du
KT CE2 et du Cercle de prière du dimanche.
Gabriel : « Est-ce que
j’ai changé ? Oui, j’ai progressé dans ma vie spirituelle. Même en maturité,
j’ai dû changer. Côté études, j’ai eu beaucoup de mal avec le niveau des cours
qui demande un long effort de concentration. A forte dose, je sature, mais
finalement, c’est passé ! J’ai appris des choses, et les choses qu’il
fallait que j’apprenne : raisonner, manier les concepts philosophiques.
Apprendre à penser, c’est entré dans la douleur, mais c’est entré ! Saint-Denys
: quelle joie d’être dans une paroisse familiale comme celle-là ! Là aussi,
j’ai beaucoup appris, en particulier avec le père Tardy, sur le rôle du prêtre
et la vie de la paroisse. Une belle découverte. Si je suis appelé un jour à
être prêtre de paroisse, ce serait bien de construire une paroisse avec cette
ambiance-là ! Côté vie communautaire, on côtoie des cultures,
des histoires, des caractères très différents. Mais chacun cherche toujours à aller vers son
frère, alors tout finit toujours bien. L'an dernier, je faisais l’Éveil à la foi
à Sainte-Geneviève. Les enfants m’ont bluffé. Ils sont attachants, ils ont un
sens de Dieu très juste. Cela m’a beaucoup apporté. C’est un moment que
j’aimais bien, même s’ils mettaient parfois le bazar. Et cet été, j’étais aux
JMJ avec les Chaldéens et le père Narsay Soleil. C’était magnifique de voir des
jeunes aussi pieux. Cela m’a aidé à progresser dans ma relation à la Vierge
Marie. J’ai fait l’expérience qu’elle conduit au Christ. Il ne faut pas
rationaliser sa dévotion mariale. Un mot aux paroissiens ? Priez pour nous
parce qu’on en a besoin et merci d’être là ! Nous voulons devenir prêtres pour
les paroissiens. A Saint-Denys, ils sont faciles à aimer... »
Gabriel sera en charge
du KT CE2 et du ciné-pizza des collégiens.
Jean : « Si j'ai changé ? Il faudrait demander à mes frères ! Oui, il y a eu plein de changements. L'an dernier, c'était une entrée en philosophie, de nouvelles façons de penser ; ça reconditionne, ça nous aide à nous donner de nouveau. Sur le plan plus humain, beaucoup de fatigue et de persévérance. Les études mènent à Dieu, on apprend le chemin. L'émerveillement du philosophe, c'est celui du chrétien. La question c'est : est-ce que je continue ? C'est beaucoup de combat. J'aime la philosophie pour son aspect pratique, ça m'aide à aller vers les gens. L'an dernier, c'était la découverte (le scoutisme par exemple) et la persévérance. Cette année, c'est une année de transmission. Changement de perspective ! C'est vrai aussi en terme d'attitude : on reconnaît les gens, ils viennent vers nous. On sait l'impact du service, on est plus détendu. Mais j'attends de toujours recevoir de nouveau, car rien n'est jamais acquis. Je suis content de me laisser émerveiller, et c'est du concret avec tous les nouveaux chefs scouts cette année ! Auprès des enfants et des jeunes, il y avait ce défi de créer un climat de confiance, de leur montrer que le séminariste est un baptisé comme les autres. L'esprit scout repose sur l'esprit chrétien. On est dans une fraternité. En plus du scoutisme, le père Tardy m'a proposé d'organiser un temps de louange, dans le cadre des Nocturnes du jeudi soir (voir article ci-dessous). Un mot aux paroissiens ? N'hésitez pas à inviter les séminaristes ! Le plus simple, c'est le mieux : spontanément, le dimanche midi, sans préparation ! »
Avec Jean, cette année, louez Dieu le jeudi soir !
Propos recueillis par
Dominique Th.
samedi, octobre 01, 2016
Saint-Denys en Terre sainte : BST... 2018
Ouvrir le Livre
« De quoi puis-je me passer ? » — La question résonne sur
le site de la “Bible sur le terrain”, retraite itinérante à travers la terre et
l’histoire d’Israël que certains de nos séminaristes vivront cet été avec le
Séminaire de Paris, et qui sera proposée à notre paroisse pour l’été 2018 !
Il faut venir le cœur
pauvre, seul ou en famille, et plein du désir d’ouvrir enfin ce gros livre, la
Bible, dont nous nous promettons toujours d’entamer demain la lecture ! La
terre elle-même se charge de nous l’ouvrir, du Néguev à la Galilée jusqu’à
Jérusalem. La vie fraternelle frugale libère pour écouter : au programme
des deux semaines, belle étoile, repas simples, marches au désert dans le
silence du tôt matin, parcours assidus par les chemins de l’Écriture, et
l’Eucharistie au cœur de la journée… Au fil des pas c’est Jésus dont nous
cherchons le visage : Il révèle le Père et nous donne l’Esprit, à chacun
il adresse un appel : « Viens, suis moi ! ».
Renseignements :
contacter le père Maxime.
Un temps de louange à Saint-Denys, le jeudi soir
A partir de la rentrée 2016, l’église
Saint-Denys du Saint-Sacrement lance les Nocturnes du jeudi
soir : l’église sera ouverte tous les jeudis soirs de 21h à 22h avec au
minimum l’accueil par un prêtre. Dans le cadre de ces nocturnes, un Temps de Louange joyeux et fraternel
sera organisé une fois toutes les 2 semaines. Après le temps de louange, tous
ceux qui le souhaitent sont invités à boire un verre ensemble dans un bar à
proximité : ce sera le « verre du jeudi soir » ! Voilà une proposition concrète pour vivre la joie de l’Evangile dans la
simplicité ! Afin de vous présenter plus en détails ce qu’il vous est
proposé durant ce temps de louange, voici les objectifs :
Proposer un temps de prière exhortatif permettant aux jeunes et
aux recommençants de trouver un relais fraternel dans leur chemin vers Dieu
dans l'Eglise catholique.
Ce temps de prière ne
remplace pas la messe : c'est une marche intermédiaire dans l'optique de
guider vers l'Eucharistie. Il s'agit de fortifier des personnes en quête de
fraternité chrétienne en ouvrant un espace d'expression de la joie de
l’Évangile grâce à une simplicité et une humilité fondée sur la Parole de Dieu.
Voici la structure proposée de ce temps
de louange :
o
Louange -
20 à 30 minutes - la louange c’est la joie de prier ensemble qui s’exprime par
des chants et des prises de parole dans un esprit de simplicité et de joie fraternelle.
Idéalement, des musiciens participeront de leur art pour nous élever dans la
prière. Néanmoins l'absence de musiciens ne doit pas constituer un obstacle à
la prière.
o
Exhortation
-
3 à 5 minutes - on n'est capable de
donner que ce qu'on a reçu. Encore faut-il se rendre compte de ce qu'on reçoit.
Pour cela, nous avons besoin de nos frères pour grandir dans l'amour du
prochain et dans l'amour de Dieu. Une fois par quinzaine, l'un de nous prépare
une courte exhortation pour clore la louange et ouvrir vers l'adoration. Le
temps d'exhortation commence par la lecture de la Parole de Dieu, et finit par
une invitation à une démarche durant l'adoration (déposer une intention,
piocher une parole de la Bible, déposer une bougie, méditer une Parole…). Un
accompagnement aura lieu pour former ceux qui le désirent à cet exercice.
o
Adoration
-
20 à 30 minutes - avec exposition du Saint-Sacrement.
Dans
une optique missionnaire, sans négliger l'ancrage paroissial à Saint-Denys, il est possible d'inviter n'importe qui.
L'invitant se charge de faire un suivi bienveillant pour son invité.
· Originalité : un rapport vivant à
la Parole de Dieu en lectio continua :
Pour ne pas transformer
Jésus en "ami imaginaire", il faut un lien objectif à sa Parole, qui
remet notre relation personnelle à Dieu face à l'objectivité de la Révélation.
La Parole de Dieu est un chemin de conversion qui nous libère de nos fausses
idées et de nos idoles. Pour cela, il est profitable de lire de façon suivie un
Évangile.
Proposition
: l’Évangile selon saint Marc
o
Entre chaque quinzaine, un chapitre de saint
Marc sera proposé à lire pour alimenter la prière personnelle.
o
Au cours de la louange, le chapitre en
question constitue le thème de la prière. Ceux qui ont médité ce texte durant
la quinzaine sont invités à librement et simplement partager les lumières
reçues.
o
A la fin de la louange, celui qui exhorte
est invité à proclamer un passage choisi de ce chapitre.
o
L'exhortation se fondera sur un passage de
ce chapitre, choisi par celui qui la préparera.
La lectio continua constitue un fil
rouge. Il n'est en aucun cas une barrière à l'entrée. Ceux qui
rejoindraient le temps de prière en cours de route sont les bienvenus.
Voici les valeurs de ce temps de louange :
· Accueil
:
Pour sortir de l'anonymat parfois trop présent dans les paroisses, favorisons
la rencontre de nos voisins et d'apprenons à accueillir les nouveaux. Savoir se
dire "bienvenue" et faire l'effort d'apprendre les prénoms, ce n'est
malheureusement pas si évident. Réfléchir à des dispositions concrètes pour
être capable d'accueillir toujours, à temps et à contretemps, c'est le début de
la mission.
Par
exemple, par une charité inventive, ne réprimons pas l'absentéisme.
Profitons-en pour améliorer notre capacité à rendre compte de ce qu'on a vécu.
Ainsi nous serions doublement bénis : par cette charité envers les
absents, et par le développement de notre capacité de témoigner.
· Simplicité
:
Sur la longueur d'onde de "l'offre
privilégiée pour les plus pauvres" de la doctrine sociale de l'Eglise,
et avec l'assurance de s'inscrire dans la perspective de Jésus quand il dit "Heureux les pauvres de cœur : le
Royaume des cieux est à eux" (Mt 5,3) - ayons à cœur de bâtir plutôt
des passerelles que des fossés, et de se rendre accessible et compréhensible.
Parfois cela nécessitera de sortir de ses habitudes culturelles et
linguistiques. N'ayons pas peur de nous humilier si le Royaume des cieux est en
jeu. L'humilité n'en sera pas le seul fruit. "Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, le reste vous sera
donné par surcroît" (Mt 6,33)
· Humilité
: Que
ce temps de prière permette de développer la rencontre avec Dieu et avec ses
frères, tout en vivant dans une réelle bienveillance peu importe l'avancement
ou l'ascèse des uns et des autres. L'humilité, vecteur fondamentale de la
Révélation chrétienne, nous engage à vouloir le bien de nos frères en vérité, à
disposer autour de nous les conditions de liberté pour que chacun soit en
mesure de faire un pas - libre et confiant - dans sa recherche existentielle et
vocationnelle, sans juger ou se sentir jugé par l'ascèse (ou le laxisme)
apparent de ses frères.
1ère rencontre : Jeudi 29 septembre
Public
concerné : Jeunes et recommençants
Vous êtes musicien (pianiste, guitariste, etc…) ?
Intégrez l’équipe d’animation !