Le Petit Cephalophore

mercredi, octobre 05, 2016

Quatre séminaristes à la rencontre des migrants de Calais

La « jungle » de Calais peut faire peur, vu les sujets de société qui s’y trouvent souvent rattachées par des médias : immigration clandestine, délinquance, trafics variés, misère et insalubrité… Pourtant, la jungle de Calais peut aussi attirer, non par curiosité mal placée, mais par un désir sincère de mieux cerner ces questions, de rencontrer leurs acteurs et d’aider dans une modeste mesure. Poussés par ce désir, nous avons fait le voyage à quatre séminaristes de Paris, Louis, Théophile, Thomas et moi, cinq jours à la fin du mois d’août dernier. 
A Calais, nous avons été accueillis par le Secours catholique, qui nous a hébergés et nous a associés à ses activités, dans ses locaux comme au milieu des tentes et des taudis montés par les migrants. C’est ainsi que nous avons donné des cours de français, réparé les bicyclettes, préparé les repas pour les mères de famille et leurs enfants, accompagné leur excursion à la mer (une expérience toute simple et merveilleuse), distribué les produits de première nécessité.
Dans la « jungle », camp disparate de 9000 personnes environ, ceux d’entre nous qui connaissaient le Tiers-Monde ont vite reconnu l’odeur des bidonvilles. Nous avons aussi retrouvé l’hospitalité étonnante de ceux qui n’ont rien : réfugiés afghans, exilés irakiens, migrants soudanais, bédouins arabes sans passeport nous ont inlassablement proposé thé, café, copieux déjeuners. Ils ont partagé bien des histoires poignantes : guerres civiles, proches disparus, persécutions religieuses (nous avons parlé à plusieurs musulmans convertis au Christ), situations d’esclavage, traversées à haut risque, tabassages et outrages de la part des policiers occidentaux. Au bout de ces épreuves, la majorité rêve de l’Angleterre comme d’un Far West où ceux qui travailleront dur ramasseront gros. Ceux-là s’étendent peu sur les moyens de passer la frontière, moyens plus ou moins avouables il est vrai, et qui expliquent la colère des routiers et des Calaisiens. Les tensions sont palpables, encore renforcées par la précarité de la jungle. Tentés par le désespoir, les migrants survivent grâce au mirage d’une réussite facile, une fois la frontière franchie. Nous les Français inquiets, mal ou très mal informés, vivons dans le mirage d’une solution simple à ces problèmes complexes. Sans forcément le formuler clairement, les uns comme les autres ont besoin d’une parole qui leur donne à la fois l’espérance et la vérité.
Guillaume L., séminariste


 

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