Le Petit Cephalophore

jeudi, septembre 28, 2006

Réponses au questionnaire sur la mission à Saint-Denys


Nous avons été 178 à répondre au questionnaire… ce qui est relativement peu. Les plus "mauvais élèves" étaient à la messe de 11h, où 1 paroissien sur 2 seulement a remis sa copie.
Quoi qu’il en soit, on peut tirer quelques enseignements de ce modeste sondage, encore que rien ne soit véritablement surprenant dans nos réponses.

La population de Saint-Denys :
Apparemment, nous arrivons à un bel équilibre homme/femme.
Le gros des troupes (un peu moins des 2/3) a entre 30 et 60 ans , un petit tiers est à la retraite, et le reste (!) est encore élève ou étudiant (17 sondés seulement…).
Un tiers des adultes est célibataire, les deux tiers sont mariés. (Très peu de divorce, veuvage ou concubinage).
Ces chiffres sont d’autant plus approximatifs que 40 sur 178 n’ont pas donné de réponses précises…

Les bonnes volontés :
25% des sondés participent à une activité paroissiale (il faut dire que nous sommes gâtés, la liste est longue…). Beau chiffre.
Nous sommes vivants.

Le choix des messes :
Nous avons recueilli une trentaine de réponses par messe pour les samedi soir, dimanche à 9h00 et dimanche soir, contre 90 pour la messe de 11h00. Ces "paroissiens de 11h00" sont le plus fidèlement attachés à « leur » messe, les autres papillonnent davantage. Ce sont en quasi totalité des gens du quartier.
Le choix est guidé largement par des "commodités d’horaire" mais aussi par la "beauté de la liturgie" et l’"ampleur de l’assemblée" à 11h00.
Surprise : les homélies pour enfants et la garderie des tout-petits n’attirent que 2% des sondés !

Ce qui nous réjouit à Saint-Denys :
Un peu plus d’un quart des sondés ne répond pas (ne se réjouit pas ?).
Mais chez les 3/4 restants, la joie n’est pas feinte. On se réjouit d’abord et surtout de l’ambiance fraternelle qui règne dans la paroisse, mais encore de la qualité spirituelle, de celle de notre clergé et de celle de la liturgie. Nous rendent joyeux aussi la présence des séminaristes et la beauté de notre église dont on vante la "lumière".

Ce que nous regrettons de ne pas y trouver :
114/178
n’ont pas répondu à la question, donc ne regrettent rien !
Les seuls regrets sont ceux de l’Eglise de France en général : regret de n’être pas plus nombreux à répondre à l’invitation divine, regret de ne pas y voir plus de jeunes…
En revanche, quelques souhaits spécifiques ont été exprimés, tels que :
- une messe en semaine à 19hoo (mais il y a les vêpres !)
- plus de temps d’adoration du Saint Sacrement proposés aux fidèles
- une mise en place de l’accueil des "nouveaux" par les "anciens"
- une annonce des baptêmes, mariages et décès de la semaine en fin de messe

Qu’apportons-nous à notre Eglise ?
(C’est évidemment une question désagréable à laquelle 50% des sondés préfèrent échapper…)
Nous apportons, d’abord, notre présence, notre prière, notre joie, notre fidélité. Nous apportons aussi, par nos divers engagements, un peu de notre temps. Enfin, quelques-uns disent n’apporter "rien … pour le moment" !

Quid de la MISSION ?

Le mot "mission" est très largement "clair" pour tous. Il est aussi "utile" ou "nécessaire", voire "évocateur" mais peut-être encore "à redécouvrir". Bref, nul ne tombe des nues en entendant parler de mission.
La mission , c’est "l’affaire de tout baptisé" : sur ce point, nous faisons chorus ! Idéalement, donc, chacun de nous se sent missionnaire. Mais de quoi s’agit-il concrètement ?
Seule la moitié d’entre nous pense que Paris est devenue un lieu de mission. L’autre moitié se partage entre le "non" et le "ne sait pas". Paradoxalement, nous affirmons que la mission s’adresse à tous, "croyants sur le seuil", "non-croyants" et "croyants pratiquants", enfin dans une moindre mesure à ceux qui confessent une autre religion, s’ils le souhaitent.

Mais qu’est-ce que la mission ? Au fond, nous avons donné de la mission une définition très classique puisque pour nous la mission c’est d’abord "témoigner" de l’amour de Dieu par ses actes et par sa foi, "annoncer" l’Evangile, "enseigner" et "expliquer" la Parole et enfin "prier". C’est "évangéliser" au sens strict, c’est pourquoi la "conversion" ou la "formation" personnelles, l’"aide aux plus démunis" ou encore la "participation à une activité paroissiale" ont remporté peu de suffrages.

Nos prêtres jouent à l’unanimité un rôle particulier (pour ne pas dire moteur) dans la mission de l’Eglise. Leur rôle est prioritaire dans deux domaines principalement : "l’enseignement et l’annonce de l’Evangile" ainsi que "l’administration des sacrements". Viennent ensuite la "présence et l’écoute", puis la "prière". Le "service des pauvres" tient peu de place puisqu’il est cité en dernier, juste après les "contacts avec les incroyants". La mission "prioritaire" des prêtres semble donc de demeurer tournés vers leurs paroissiens, sans doute pour leur donner l’élan missionnaire…

Plus des 2/3 d’entre nous pensent qu'il n’existe pas de spécificité de la mission à Saint-Denys.
Quant à ceux qui la reconnaissent, ils la voient d’abord dans la présence du séminaire, la particularité du quartier avec une forte représentation juive ou homosexuelle ne venant qu’ensuite et finalement, n’intéressant guère.

Comment faire fructifier la mission ?
120 personnes sur 178 n’en ont aucune idée ! C’est évidemment une question plus que difficile…
Le silence qu’elle suscite nous invite à conclure qu’il reste, aux "baptisés-missionnaires" que nous disons être, encore beaucoup à penser et à faire…
Dominique T.

samedi, septembre 23, 2006

Septembre 2006. L'Editorial du Père Quinson.

PLANETE : FORMATION
C’est la « rentrée ». Que m’inspire-t-elle cette année ? Les souvenirs de l’été se bousculent dans ma tête... Juillet à Paris, à la paroisse, avec un séminariste vietnamien, un autre irakien et un prêtre libanais. Un échantillon du monde à portée de la main. Des visages évoquant des pays et les drames qui s’y déroulent. Un livre aussi, qui traite de ces questions internationales si complexes : L’Ensauvagement de Thérèse Delpech (Grasset, 2005). Excellent. Un sous-titre éloquent : Le Retour de la barbarie au XXIème siècle. Une invitation forte et stimulante à demeurer vigilants, là où nous sommes, pour éviter que ne s’effritent tous les repères d’humanité de notre monde si fragile. En France ? Ségolène, Sarkozy, Chirac, Villepin... On s’agite, on s’excite, on s’ébroue, on se montre, on calcule... Je dis cela avec tout le respect que j’ai pour la vie politique mais c’est vrai que de loin, en vacances, c’est un spectacle qui peut prêter à sourire... Bientôt trois mois. C’est l’âge d’Emma, ma dernière nièce. Elle est jolie comme un cœur, passe son temps à dormir, à manger et se moque éperdument de toutes nos agitations d’adultes ! Et je me pose une question : pourquoi est-ce toujours si fascinant de regarder un bébé dormir ? Plus de 200 km à pied : c’est le parcours réalisé cette année avec un petit groupe amical sur les routes de Compostelle. Arrivée à Roncevaux : les Pyrénées sont franchies. Et pas d’ampoules s’il vous plaît, j’en suis particulièrement fier ! Mariage d’un couple d’amis dans la région bordelaise. Un beau mariage dans la magnifique église de Créon (Entre deux mers). La moitié de l’assemblée était à des années lumières de tout notre univers catho-croyant-ecclésiastico-spirituel. Un autre monde, différent et sympathique, et le témoignage d’un couple qui veut faire le choix du Christ. En évoquant brièvement mon été je pense au vôtre. J’espère qu’il a été bon. Je pense aussi à ceux – il y en a sans doute – pour qui la coupure estivale a été longue ou pénible. Ces souvenirs brossent aussi un portrait saisissant de notre planète, si petite à l’échelle du cosmos, tellement contrastée et où nous sommes de plus en plus dépendants les uns des autres. Notre monde me semble parfois devenir fou. Il est pourtant beau. Presque aussi beau qu’Emma… Le Christ est passé dans ce monde. Il y a laissé sa trace. Tout cela est inouï. Et nous donne une responsabilité. Puisse cette année être l’occasion de nous laisser « former » par le Christ pour assumer au mieux notre responsabilité. Cela a un nom : MISSION. Il y a bien des façons de nous « laisser former » : prière, études, lectures, réflexion personnelle ou en groupe, la charité aussi nous « forme » en ce qu’elle nous rend ressemblant à Celui qui en est la source. Les propositions ne manquent pas. Certaines vous sont présentées dans ce numéro : de la formation « sur le terrain » des catéchistes aux cours de l’École Cathédrale, en passant par l’engagement concret de service avec la Conférence Saint-Vincent-de-Paul ou encore les homélies !
Je me réjouis de vous retrouver tous pour cette nouvelle année apostolique et souhaite à chacun une heureuse rentrée !
Père Paul Quinson

Se former à l'Ecole cathédrale

Le désir de formation en matière de foi est né chez Sybille lors d'un examen d'histoire de l’art. "Je vais vous donner l'examen, mais sachez que vous êtes une mauvaise chrétienne" s'est-elle entendu dire, parce qu’elle n'avait pas reconnu la Reine de Saba sur le portail royal de la cathédrale de Chartres. Elle est frappée par cette remarque, elle qui "petite avait bien eu son catéchisme!". "Je connaissais l'essentiel des Évangiles mais j’ai réalisé que je n'avais jamais lu l'Ancien Testament et que c’était une lacune à combler..." Son mari Jean a deviné son désir: il lui offre une inscription à l'École Cathédrale en «formation biblique», un cours donné par le Père Guéguen. Dès lors, l'Écriture lui devient beaucoup plus familière, mais elle la sent encore comme «vue du dehors»... «Une nouvelle étape a été franchie grâce au voyage paroissial en Turquie sur les pas de saint Paul : j’ai pu situer certains textes dans leur lieu d’origine. A partir de ce moment-là j'ai été consciente du besoin de vivre ce que je connaissais...» Une amie de la paroisse lui propose alors de suivre le cours du Père Louis Pelletier sur le combat spirituel. "Cela m'a pris par les tripes… J'ai compris qu'on pouvait avoir une grande complaisance envers ses faiblesses" avoue Sybille. Le cours du jeudi soir devient alors pour elle un temps "immuable", le noyau de la roue de sa semaine de travail. Sybille déplace ses rendez-vous et s’organise de manière à garder intacte ce qu'elle appelle sa "pause extraordinaire". Elle arrive plus tôt pour un petit temps d'adoration à Notre-Dame et prolonge le cours par un lent retour vers la maison, en poursuivant la réflexion avec son amie. A la maison, elle relira encore ses notes à Jean. "Les fruits de cette formation pour moi sont multiples: réconfort, croissance de la foi, plus de finesse dans les jugements, de douceur. Et puis, chaque porte franchie invite à en approcher d'autres : je m'intéresse de plus en plus à l'école carmélite, aux écrits du nouveau pape." Quant aux statues des églises, " elles m'invitent à présent à découvrir leur dimension cachée. C'est comme les Écritures, plus on y entre, plus c'est riche! " D'ici quelques jours, Sybille va entamer sa dernière année d'un cycle de trois ans de cours de spiritualité. Et après? " Les psaumes m'attirent par leur poésie, leur profondeur et par le fait qu’ils accompagnent l'homme…" Mais Sybille évite d'imprimer un programme précis à ce chemin qui se déploie si naturellement devant elle. "C'est un pas à pas : les cours me laissent libre, sans autre but que l'écoute, sans souci de mémorisation. Je les vis dans l’accueil... " Légende photo: Jean et Sybille lors d'une fête paroissiale

Se former en enseignant : être catéchiste

La plupart des catéchistes se sont « jeté(e)s à l’eau » à l’appel du Christ sans avoir reçu de formation spécifique préalable. Plus que d’une « formation » , c’est surtout de conversion personnelle qu’il s’agit, comme en témoigne cette Maman. « Longtemps je suis restée éloignée de l’Eglise, venant occasionnellement à la messe et conservant du catéchisme le souvenir de leçons à apprendre par cœur et dûment sanctionnées. Le baptême de mon fils et son temps de préparation ont été pour moi l’occasion d’un nouveau départ et d’une première redécouverte de l’Ecriture. En ce temps-là, Saint-Denys manquait déjà de catéchistes aussi, après avoir par trois fois refusé l’offre d’un prêtre, j’ai fini par céder à la prière d’une « responsable », touchée par ses difficultés et à seule fin de lui rendre un service que je pensais temporaire. C’était il y a dix ans… Chargée d’une classe de CE2, je me suis engagée sur le « parcours » intitulé Si tu savais le don de Dieu… A travers les enfants c’est à moi que s’adressait le Seigneur ! J’ai appris en enseignant. Deux ans plus tard, j’entamais un nouveau parcours Grandir dans la foi. Grandir en travaillant en particulier l’Ancien Testament avec les enfants, ce qui m’a conduite à l’Ecole Cathédrale où j’ai suivi une initiation à l’Ecriture Sainte. L’étude de la Genèse a été un véritable déclic. La découverte du don de Dieu, l’idée que Dieu ne cesse de se donner, a fait grandir ma soif d’apprendre et de transmettre, d’être son modeste instrument. Cette révélation intérieure m’a aidée à dire aux enfants une Parole vivante, mais je voudrais transmettre tellement plus, tellement mieux ! La nécessité de la prière m’est devenue une évidence et tout ce que mes parents m’avaient appris de l’amour de Dieu m’est revenu. D’autres facteurs ont contribué à ma « formation » : la figure paternelle de Jean-Paul II à travers lequel transparaissait la ressemblance de Dieu en chaque homme ; les pèlerinages à Rome et en Terre Sainte ; les prêtres qui m’ont fait confiance et m’ont aidée à m’appuyer sur les sacrements ; l’équipe des catéchistes ; les paroissiens enfin, surtout les plus âgés parce qu’ils vivent dans la sérénité de l’abandon. Les enfants ont hélas souvent une lourde croix à porter, notamment dans les familles « recomposées ». J’ai à cœur de leur dire qu’ils ont tout reçu de Dieu, qu’Il est leur Force et leur Armure, qu’avec Lui ils peuvent tout faire. Qu’ils sont prophètes et rois ! ».

L'homélie ou en quoi nous sommes formés par la prédication

Les trois évangiles synoptiques rapportent ce moment où Jésus prêche dans la synagogue de Nazareth. Jésus a donc prêché, c’est-à-dire commenté l’Ecriture. Sa prédication est à comprendre dans le sens que nous donnons à ce mot aujourd’hui : proposer un commentaire actualisé de la Parole de Dieu. Cette actualisation ne consiste pas d’abord à tirer un enseignement concret susceptible d’orienter notre action ou plus largement notre vie. Elle est avant tout une entrée dans la saveur spirituelle de la Parole de Dieu. Les rabbins prêchaient déjà ainsi, s’appliquant à commenter la lettre de l’Ecriture pour en faire émerger la saveur spirituelle. Pour en briser la coque, dirait saint Bernard, et nous en faire goûter l’amande. En un mot, l’Ecriture doit devenir «nourriture». Jésus le dira lors de ses tentations au désert : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4, citant Dt 8, 3), ou encore « ma nourriture c’est de faire la volonté de mon Père » (Jn 4, 34). L’actualisation consiste en quelque sorte à rendre « comestible » la Parole de Dieu pour qu’elle nourrisse notre intelligence. Mais déjà, la personne humaine étant fondamentalement « une », nous sentons bien que nourrir l’esprit peut avoir un retentissement dans notre psychologie, notre affectivité et jusque dans notre corps. Le mot de « nourriture » suggère bien par lui-même une réalité vitale qui engage l’être tout entier, pas seulement l’intelligence. Qu’apporte d’original la prédication de Jésus ? Une nouveauté radicale que Luc exprime en rapportant le contenu du passage d’Isaïe lu dans la synagogue de Nazareth et le commentaire de Jésus. Nous connaissons le texte par cœur : « L’Esprit du Seigneur est sur moi... Il m’a envoyé... annoncer une année de grâce accordée par le Seigneur » (Is 61, 1-2). Le commentaire de Jésus ? « Cette parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». En déclarant que cette Parole s’accomplit aujourd’hui, Jésus se désigne comme celui en qui elle s’accomplit. La saveur de cette Parole est désormais concentrée en Jésus. Nous pouvons nous nourrir de la Parole de Dieu par l’intermédiaire de Jésus. C’est la nouveauté de l’Incarnation, « le verbe s’est fait chair » dira Jean. Déjà nous pressentons que cette Parole faite chair ne sera pas qu’une nourriture pour notre intelligence : face au Christ, toute notre personne est engagée, corps, cœur, esprit. De même, Jésus annoncera qu’il se donne tout entier, corps, cœur, esprit. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang... ». Il ne se contente pas de prêcher, il donne sa vie, son corps. Jusqu’à se faire « nourriture ». Et c’est l’eucharistie. Finalement, c’est notre communion au corps du Christ qui actualise l’Ecriture. La prédication annonce le Christ, le rend déjà présent, en donnant un éclairage, en suggérant une couleur, et nous met en quelque sorte « en appétit » pour sa pleine manifestation sacramentelle. Il y a donc un lien profond entre la prédication et la communion, entre la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique. En quoi la prédication participe-t-elle ainsi à notre « formation » ? Il faudrait que toute prédication éclaire l’intelligence, touche le cœur et oriente vers la communion au corps du Christ. Ainsi toute notre personne entre dans le mystère du Christ. Nous sommes « formés » au sens où le Christ vient déposer en nous son empreinte, sa marque. Nous apprenons lentement à penser comme lui, à regarder comme lui, à agir comme lui, à prier comme lui, à vivre comme lui, à être envoyé en mission comme lui, à mourir comme lui, pour avoir part, comme lui, à la résurrection. En cela nous sommes éduqués ou encore « formés ». P. Quinson

Formation charité

Après une carrière particulièrement bien remplie de médecin -activités soignante pour l'Éducation Nationale, administrative à l'Assistance Publique, et expertise auprès de grands handicapés-, Claude M. décide de soigner gratuitement les plus démunis quand sonne l'heure de la retraite. Pour lui aujourd'hui, le bénévolat va de soi, pas de quoi en faire un plat ! Son extrême modestie dut-elle en souffrir, nous avons fini par venir à bout de ses réticences «à parler de lui et se mettre en avant», et par le convaincre de nous raconter comment il vit son triple engagement.
Le Petit Céphalophore : Pourquoi avez-vous souhaité exercer la médecine à la Conférence Saint-Vincent-de-Paul ? Claude : A ma retraite, je voulais, en plus de mes activités à la paroisse Saint-Denys, m'engager de façon plus pratique parce que j'avais conscience de ne pas avoir eu le temps de m'occuper suffisamment des personnes âgées. Il m'est apparu essentiel après une vie active de médecin rémunéré de me consacrer au bénévolat. Et d'ailleurs, les malades m'ont vite manqué cruellement ! Donc tout s'est enchaîné très vite auprès des trois organisations auxquelles je collabore depuis cinq ans. Aux personnes âgées de Saint-Vincent-de-Paul, qui sont tellement isolées dans leurs problèmes, dans leur solitude, on donne un peu de notre temps. Cette notion du temps me paraît importante. Le temps qui est bien à soi, on le donne, et ce n'est pas facile. Le plus difficile étant d'assurer la régularité, la continuité sur le long terme. Ne pas laisser tomber !
L.P.C. : Lors de vos permanences à Médecins du Monde, comment s'engage l'échange, le dialogue ? Claude : Là, ceux que l'on en face de soi -des étrangers en situation précaire, sans papiers, sans ressources, sans logement- sont l'image même de la détresse humaine. La mission France de Médecins du Monde consiste à leur donner des soins, à les orienter vers des services hospitaliers tout en sachant que leur prise en charge est des plus aléatoires. Il y a certes beaucoup de tensions... Il faut déjà décrypter un langage particulier. Par exemple, un Africain ne parlera pas de sa douleur physique comme un Occidental. ça n'est pas simple ! C'est ce que j'ai fait de plus dur. Vu le contexte, il y a là tant de personnes déprimées ! On est aidés par des psychiatres bénévoles, et pour les problèmes médico-sociaux, on fait appel à des juristes et des assistantes sociales également bénévoles. L'impression que je ressens dans tout çà, c'est d'être une goutte d'eau dans la mer ! Heureusement, il y a des cas qui nous poussent. L'un de ceux qui m'a le plus frappé est celui de cette femme enceinte atteinte du sida. La législation française fait qu'on ne peut la renvoyer. Or l'enfant a toutes les chances, grâce aux nouveaux traitements, de naître sain. Voilà de quoi justifier bien des choses inutiles, bien des peines, et donner de l'espoir !
L.P.C. : Quels sont ceux que vous soignez à bord de la péniche des Restos du Coeur ancrée quai d'Austerlitz ? Claude : Ce sont des SDF, des gens en situation régulière, Français, qui à la suite de la perte de leur emploi n'ont plus les moyens de se loger. C'est consternant de voir la rapidité de leur dégringolade sociale ! Très vite, ils perdent leur logement, puis leur femme et se retrouvent à la rue. Il y a même des étudiants en médecine, étrangers, qui couchent sur la péniche parce qu'ils n'ont pas les moyens de se payer une chambre. On ne peut les garder plus de trois ou quatre semaines... Outre le soin, on tâche de leur apporter un peu d'écoute, à la découverte de la profondeur de la détresse humaine. On se découvre tellement privilégié qu'on est mort de honte d'avoir une vie si normale ! On est touché de plein fouet, on ressent la responsabilité davantage que celui qui ignore cette détresse-là, et en même temps on se sent impuissant, égoïste peut-être... Mais aussi réconforté par le dévouement de ceux que l'on côtoie.
L.P.C. : Et Dieu dans tout ça ? Claude : A Saint-Vincent-de-Paul, les membres qui apportent la Communion apportent le Christ. Et nous, on essaie de voir à travers la solitude, la déchéance humaine, le visage du Christ souffrant. On se sent alors si proches de chacun d'eux... On a l'impression de vivre un instant d'humanité en partageant des moments de solidarité.
L.P.C. : Au fond, n'est-ce pas une forme d'évangélisation, une façon de rendre présente la charité chrétienne auprès des plus pauvres ? Claude : Peut-être. J'ose l'espérer... Parfois. Je pense que la Charité est la plus importante et la plus difficile des Vertus. Vraiment pas facile ! Et ce que je fais, je trouve que c'est toujours trop peu. Mais ce qui nourrit la Charité, c'est l'Eucharistie.
Propos recueillis par Marie-Christine D.

Père Olivier Ségui : le charme de la jeunesse

Notre nouveau vicaire semble réservé, un brin timide, et pourtant dès les premiers mots échangés, on découvre un homme chaleureux, direct, tout en finesse. Et l’on se dit une fois de plus : décidément, nous avons beaucoup de chance à Saint-Denys ! Quand il évoque sa dernière - et première - paroisse, Saint-Jean-Baptiste-de-Belleville située dans un quartier populaire et ouvrier de Paris, ses yeux brillent : « Dans cette communauté, il y avait de fortes personnalités qui parlaient avec une certaine gouaille. J’ai aimé la façon simple, héritée du militantisme, dont les paroissiens s’exprimaient ». Il y a assuré la catéchèse (« tous les âges ! »), l’accompagnement des adultes vers la confirmation (« un vrai lieu de questionnement »), a été aumônier dans un établissement catholique (où il a « découvert le privé »). Une de ses satisfactions ? La création d’un groupe qui réunissait tous les quinze jours des adultes, pour lire ensemble Les Confessions. A Saint-Denys, il aura la responsabilité des scouts, du groupe biblique, du catéchisme en CM1… et tiendra une permanence le jeudi de 16h30 à 19h. Par ailleurs, nommé directeur du séminaire de Paris, il épaulera le père Quinson dans le suivi des séminaristes. C’est aussi lui qui a été choisi pour seconder le père Olivier Teilhard de Chardin dans la préparation des JMJ 2008 qui se tiendront à Sydney (comme l’avait fait autrefois le père Antoine d’Augustin). Quelques indiscrétions à présent pour satisfaire la curiosité de nos lecteurs : le père Olivier a 33 ans et il est né à Paris dans le 12è arrondissement. Après un bac littéraire préparé au lycée Lafontaine (XVIè arr.), il obtient à Assas un DEUG, une licence de droit public, et entre à la maison Saint-Augustin. Il a 21 ans. Ont suivi : une année de service militaire dans une association humanitaire, le séminaire (2 ans à Saint-Louis-en-L’Ile, plus de 4 ans à Bruxelles et 6 mois à Rome pour boucler un mémoire sur saint Bonaventure) et son ordination en 2002 à Paris. A l’origine de son questionnement sur Dieu : le décès d’un grand-père très aimé. « Si Tu existes, parle ! Dis-moi qui Tu es », demande-t-il dans son cœur à dix ans. La réponse est venue doucement…
Sylvie H.

Les Sept séminaristes

En première année de 1er cycle : Arnaud M. , 32 ans, originaire de Rouen, 2 petites sœurs, formation d’ingénieur en mécanique, a travaillé chez PSA Peugeot Citroen, scoutisme chez les Scouts Universitaires de France, catéchisme pour collégiens, aumônerie étudiante, visite aux SDF avec les « Semeurs d’espérance », natation, engagements politiques, littérature. Cyrille N. , 36 ans, originaire de Paris, 1 frère aîné, formation de comptable, passage dans le commercial, puis responsable informatique et conception sites internet, engagement pastoral en paroisse et lycée, expérience d’un an à « Une année pour Dieu ». Dans son temps libre, il conçoit le Temple de Jérusalem en 3D en vue d’un film d’animation. Jérémy R. , 25 ans, vient de la paroisse Saint-Médard à Paris, économiste statisticien, expérience pastorale en aumônerie de collège public, animation de veillées de prière, accompagnement au catéchuménat, participation à une association humanitaire (pour le développement du Togo), a commencé à apprendre le chinois, a pratiqué le Kung-fu et fait de la natation. Robert S., 22 ans, d’origine chaldéenne (sud de la Turquie), 5 frères et 2 sœurs, études de philologie de la Bible (hébreu, araméen et syriaque), catéchisme et chorale dans l’église chaldéenne, mountain bike, lecture, natation. En deuxième année de 1er cycle : Alexandre C. , 29 ans, originaire du Jura,1 sœur, professeur d’arts appliqués, l’année dernière il s’occupait des servants d’autel, littérature et peinture. Derek F. , 35 ans, originaire de Stuttgart, 1 sœur, commercial au départ et assistant éducateur pour finir, l’année dernière à l’éveil à la foi à l’école Sainte-Geneviève, la passion de l’éducation à l’amour de Jésus. Philippe U. , 20 ans, 1 sœur, après son bac il entre à la Maison Saint-Augustin, l’année dernière à Saint-Denys il s’occupait du catéchisme à Charles Péguy, se passionne pour la musique (particulièrement l’orgue) et la littérature.


 

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