Le Petit Cephalophore

samedi, septembre 23, 2006

L'homélie ou en quoi nous sommes formés par la prédication

Les trois évangiles synoptiques rapportent ce moment où Jésus prêche dans la synagogue de Nazareth. Jésus a donc prêché, c’est-à-dire commenté l’Ecriture. Sa prédication est à comprendre dans le sens que nous donnons à ce mot aujourd’hui : proposer un commentaire actualisé de la Parole de Dieu. Cette actualisation ne consiste pas d’abord à tirer un enseignement concret susceptible d’orienter notre action ou plus largement notre vie. Elle est avant tout une entrée dans la saveur spirituelle de la Parole de Dieu. Les rabbins prêchaient déjà ainsi, s’appliquant à commenter la lettre de l’Ecriture pour en faire émerger la saveur spirituelle. Pour en briser la coque, dirait saint Bernard, et nous en faire goûter l’amande. En un mot, l’Ecriture doit devenir «nourriture». Jésus le dira lors de ses tentations au désert : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4, citant Dt 8, 3), ou encore « ma nourriture c’est de faire la volonté de mon Père » (Jn 4, 34). L’actualisation consiste en quelque sorte à rendre « comestible » la Parole de Dieu pour qu’elle nourrisse notre intelligence. Mais déjà, la personne humaine étant fondamentalement « une », nous sentons bien que nourrir l’esprit peut avoir un retentissement dans notre psychologie, notre affectivité et jusque dans notre corps. Le mot de « nourriture » suggère bien par lui-même une réalité vitale qui engage l’être tout entier, pas seulement l’intelligence. Qu’apporte d’original la prédication de Jésus ? Une nouveauté radicale que Luc exprime en rapportant le contenu du passage d’Isaïe lu dans la synagogue de Nazareth et le commentaire de Jésus. Nous connaissons le texte par cœur : « L’Esprit du Seigneur est sur moi... Il m’a envoyé... annoncer une année de grâce accordée par le Seigneur » (Is 61, 1-2). Le commentaire de Jésus ? « Cette parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». En déclarant que cette Parole s’accomplit aujourd’hui, Jésus se désigne comme celui en qui elle s’accomplit. La saveur de cette Parole est désormais concentrée en Jésus. Nous pouvons nous nourrir de la Parole de Dieu par l’intermédiaire de Jésus. C’est la nouveauté de l’Incarnation, « le verbe s’est fait chair » dira Jean. Déjà nous pressentons que cette Parole faite chair ne sera pas qu’une nourriture pour notre intelligence : face au Christ, toute notre personne est engagée, corps, cœur, esprit. De même, Jésus annoncera qu’il se donne tout entier, corps, cœur, esprit. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang... ». Il ne se contente pas de prêcher, il donne sa vie, son corps. Jusqu’à se faire « nourriture ». Et c’est l’eucharistie. Finalement, c’est notre communion au corps du Christ qui actualise l’Ecriture. La prédication annonce le Christ, le rend déjà présent, en donnant un éclairage, en suggérant une couleur, et nous met en quelque sorte « en appétit » pour sa pleine manifestation sacramentelle. Il y a donc un lien profond entre la prédication et la communion, entre la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique. En quoi la prédication participe-t-elle ainsi à notre « formation » ? Il faudrait que toute prédication éclaire l’intelligence, touche le cœur et oriente vers la communion au corps du Christ. Ainsi toute notre personne entre dans le mystère du Christ. Nous sommes « formés » au sens où le Christ vient déposer en nous son empreinte, sa marque. Nous apprenons lentement à penser comme lui, à regarder comme lui, à agir comme lui, à prier comme lui, à vivre comme lui, à être envoyé en mission comme lui, à mourir comme lui, pour avoir part, comme lui, à la résurrection. En cela nous sommes éduqués ou encore « formés ». P. Quinson


 

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