mercredi, mars 23, 2016
jeudi, mars 03, 2016
Mars 2016 : l'édito du père Tardy
Hand in the cap ou
la main dans le chapeau : c’est l’étymologie du terme "handicap" qui
désignait déjà en 1754 une course anglaise de chevaux. Cette course était
inspirée d’un jeu d’argent qui rassemblait les mises d’une sorte de tombola
dans un chapeau. L’ancêtre de notre PMU compliquait les règles en entravant les
chevaux les plus rapides de « handicaps » pour rendre la course plus
intéressante.
Les handicaps artificiels venaient ainsi compenser les
handicaps naturels. Quand aujourd’hui on cherche une place à Paris, les petits
panonceaux « réservé handicap » qui font grogner le parisien pressé,
font partie de ces petites mesures qui servent l’égalité des chances dans notre
société. Bien évidemment, cela n’est que très symbolique, et l’égalité des
chances n’existe pas. Car le handicap n’est pas qu’une question d’équilibre
entre poids et contrepoids.
L’idée de ce numéro me vient directement de Xavier :
jeune paroissien, il se prépare à la Confirmation et à partir aux JMJ cet été,
et il a un ardent désir de faire connaître le monde du handicap. Xavier a
souffert essentiellement de l’isolement liée à la peur du handicap. C’est ce
qu’il a expliqué au enfants du caté qu’il est venu visiter de sa propre
initiative. Beaucoup d’enfants ont été très impressionnés par le courage, le
sourire et la foi de Xavier. Le handicap peut être atténué, il ne peut pas être
surmonté. Cette situation nous oblige à sortir des critères d’efficacité et de
normes pour envisager la vie autrement. Qualitativement. Solidairement. J’ai
demandé à Isabelle W., qui s’occupe déjà de la catéchèse aménagée au niveau du
diocèse, d’être notre « veilleuse-handicap ». C’est une personne qui
dans chaque paroisse met en relation, encourage, alerte, afin d’éviter de
cruelles inattentions et de remettre le chrétien éprouvé au cœur de notre
paroisse. A la proposition de Xavier, la quête de carême sera à l’intention de
l’Office Chrétien des Handicapés.
« Prends ton brancard » : le regard de Jésus sur le handicap
L’Évangile ne livre pas, sur tous les sujets, tout ce que pense Jésus. Il garde pour nous, tel un trésor de la mémoire, ces gestes, ces quelques paroles, cette manière d’être où notre Dieu s’est dit tout entier. Si nous voulons entrer dans le regard de Jésus sur le handicap, il faut donc, avec nos yeux du cœur toujours un peu infirmes, nous efforcer de le regarder agir.
Nous savons cependant que Jésus ne s’est pas contenté de “quelques gestes” et que, jusqu’au profond de la nuit, il est la lumière attirant les hommes blessés (Mc 2, 32-34), la « force qui les guérissait tous » (Lc 6, 19). Mais trois guérisons, à relire avec attention, en disent plus long : celle du paralytique de Capharnaüm (Mc 2, 1-12), celle de l’infirme de Bethesda (Jn 5, 1-5) et celle de la femme courbée (Lc 13, 10-17).
À Capharnaüm, lorsque le paralytique est déposé devant lui — tel un cercueil au fond de la tombe —, d’une manière qui ne devrait jamais cesser de nous frapper Jésus ne se prononce pas d’abord sur le handicap, mais sur le péché, et pour le pardonner. Ensuite seulement, la guérison physique manifeste la guérison spirituelle. Le handicap devient signe de la mort qui frappe le monde du fait du péché mais Jésus se garde, à rebours de la pensée de son temps, de faire de ce lien un rapport de cause à effet : il le dit au sujet de l’aveugle de naissance, « ni lui, ni ses parents n’ont péché » (Jn 9, 3).
La parole spontanée de Jésus dans les deux autres épisodes (« Veux-tu être guéri ? » ; « Femme, te voici délivrée de ton infirmité ! ») dit aussi quelque chose de sa façon de s’adresser directement à la personne, sans gêne ni fausse délicatesse. Preuve, non pas que le handicap n’est rien à ses yeux, mais qu’il n’est rien à côté du mystère de chaque être, et c’est ce mystère qu’il interpelle, dans sa liberté : rencontrant le paralytique de Bethesda entré au Temple après sa guérison, il l’avertit avec vigueur : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver pire encore ». Si Jésus ne rend pas l’homme responsable de son handicap, le handicap ne l’exonère pas de répondre à sa vocation.
L’homme guéri porte encore son brancard, comme l’infirme de Capharnaüm : « Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit : “Prends ton brancard, et marche !” ». Il garde ainsi du handicap sa trace positive : mémorial de la foi de ses compagnons chez Marc ; chez Jean celui de l’amour même du Christ, qui l’a guéri un jour de sabbat. Avec Jésus, le handicap devient ainsi un appel éminent à cette entraide si nécessaire, non pas à la survie, mais à la perfection de tous les hommes. D’où son indignation, quand les hypocrites de la synagogue se scandalisent de la guérison de la femme courbée : « les jours de sabbat, vous aidez bien vos bêtes, et cette fille d’Abraham, ne fallait-il pas la délivrer ? ». Puisse ce cri rendre notre propre communauté toujours plus attentive au handicap, et à ce qu’il révèle : notre besoin d’une entraide aimante.
Père Maxime Deurbeurgue
Illustration : Murillo, le paralytique de Bethesda
Vulnérabilité et handicap : témoignages
Zette
Pour se déplacer, Zette doit
soutenir son équilibre avec une canne : « ce sont des choses qu’on
prend en tête pendant un grand moment, et puis on s’habitue… J’ai trouvé
un bon accueil, chaleureux. Je ne me sens pas trop seule. » Elle
feuillette son agenda pour se repérer, et exprime sa joie de déjeuner souvent
avec l’un ou l’autre de ses enfants, très présents. Et les activités ?
« La gymnastique, le dessin… ça me
tient à cœur d’avoir des activités qui me conviennent et ne soient pas trop
prenantes. »
Un mot pour les paroissiens de
Saint-Denys ? « Votre visite
m’a fait très plaisir, je suis très contente ! Nous sommes des
paroissiennes ensemble ! »
Au moment de partir, Zette
préfère descendre avec moi pour attendre le diner « avec les autres personnes »… Quand je l’embrasse je ressens
que pour elle la relation est primordiale, porteuse de paix et de sécurité.
Propos recueillis par Isabelle M.
Evelyne
Elle a 64 ans et participe au Club Saint-Denys depuis sa retraite. Elle est née sourde-muette dans une famille de six enfants. Ses parents se sont trouvés dépassés face à cette petite fille qui ne parlait ni n’entendait. Ils l’ont laissée grandir sans vraiment s’occuper d’elle et, dès que possible, l’ont mise en pension dans un centre pour handicapés où elle a pu suivre une scolarité et faire sa première communion. C’est très tardivement qu’elle a appris le langage des signes. Elle « lit » plutôt sur les lèvres.
Effacée, elle se laisse facilement oublier. Mais tout geste d’affection semble la toucher profondément. Elle aime rendre service et observe tous ceux qui l’entourent, dans l’attente du service qu’elle pourrait rendre. C’est elle qui assume en partie les décorations du repas de Noël du Club. Elle aide aussi à mettre les vêtements sur cintres lors des JAM: Evelyne est méthodique et efficace !
Pendant 36 ans, elle a travaillé au ministère du Travail, au service des impressions et tirages, un endroit particulièrement bruyant. Elle était très appréciée et chacun garde un très bon souvenir d’elle. Mais la retraite a été pour Evelyne un choc énorme qui a entraîné une forte dépression car elle s’est tout à coup sentie très seule, inoccupée et sans but.
Très entourée par son ex-mari, son ex-belle-mère, qu’elle considère comme une très chère maman, ainsi que par un éducateur et un psychiatre qu’elle rencontre régulièrement, Evelyne vit seule, autonome, dans son appartement. Tous ceux qui la connaissent ne peuvent être que touchés par son courage.
Souvent les gens sont agressifs à son égard quand dans les bus, le métro, on lui demande de se pousser et qu’elle ne bouge pas, ou bien quand elle ne répond pas à telle ou telle demande. De même, ses sœurs ne sont pas toujours honnêtes avec elle et dans certains cas profitent de sa gentillesse voire l’ignorent complètement.
Evelyne a voulu recevoir le sacrement des malades en février dernier. Elle en est très heureuse.
Propos recueillis par Claire L.
Xavier

Isabelle
Hubert
Xavier

Il a 30 ans, il est titulaire d’un bac Secrétariat-Comptabilité, et il veut « avancer ». Avancer malgré son corps paralysé (il a manqué d’oxygène à la naissance, ce qui provoqué une asphyxie des cellules contrôlant la motricité), car son intelligence et son cœur sont demeurés intacts et qu’il aspire à un avenir. Sa maman, Marie-Christine, explique : « A cause du fauteuil roulant, les gens croient à un retard mental, mais ce n’est pas vrai ! Du coup, ils ne savent quelle attitude prendre et Xavier ressent ce flou autour de lui. Ainsi, au restaurant, on me donne le menu à moi, parce qu’on pense toujours qu’il ne sait pas lire. Autre exemple : Xavier est parfaitement capable de s’orienter seul dans Paris, mais à cause de son fauteuil, les gens s’affolent, appellent les pompiers ou les gendarmes. Il a fallu lui faire faire un certificat médical attestant qu’il est responsable de lui-même et qu’il a la capacité de se déplacer seul. »
« Avancer », c’est aspirer à une plus grande profondeur de vie. « Moi, je suis profond », dit-il, lui qui se sent étranger au monde véhiculé par les médias et qui écoute toute la journée de la musique sacrée : « c’est comme s’il pansait ses blessures avec la musique ». Avec les chansons de Jean Ferrat aussi. Ce sont les blessures souffertes par le Christ sur la croix, ce sont des blessures que les paroissiens de Saint-Denys pourraient apaiser un peu en lui donnant sa place parmi eux, en l’accueillant totalement et simplement, comme un membre du corps ecclésial.
Car Xavier et Marie-Christine ont beaucoup souffert de l’exclusion, de la peur, de la fausse pudeur, de la violence et des « bonnes paroles » de ceux qui cherchent à les « mettre à part ». En 2007, ils arrivent à Saint-Denys ; c’est leur « premier vrai contact durable et solide avec l’Église », car ils ne viennent pas de familles pratiquantes. « On s’est rapproché de l’Église, dit Marie-Christine, parce que les valeurs des chrétiens sont les nôtres : humanité, douceur, accueil, tolérance. On a pensé qu’avec ces gens-là, on avait des points communs. » Mais cinq ans plus tard, ils sont découragés, par la vie en général, un peu aussi à cause des paroissiens. Bien sûr, il y a « des gens gentils, qui disent bonjour, mais il y a aussi beaucoup de paroles maladroites ou blessantes. Nous avons été en très grande souffrance. Vous savez, on est très seuls dans la vie. » Continuer à avancer.
Aujourd’hui, « ça va mieux », et c’est beaucoup grâce à Sandra, la nouvelle auxiliaire de vie de Xavier qui leur a « rendu confiance », quand d’autres n’avaient cherché qu’à profiter de leur détresse pour leur soutirer de l’argent. Cette relation de confiance retrouvée les ouvrent à nouveau sur le monde : Xavier poursuit sa formation de comptable, pour obtenir une équivalence avec un bac pro « comptabilité ». Après quelques trahisons de la part de professionnels, il a fini par trouver sa place au sein de l’Association des Paralysés de France, dont il est membre associé du conseil départemental du 93, dont la finalité est d’informer les administrations sur le handicap et les difficultés que vivent les personnes touchées. Dans ce cadre, il visite les écoles, avec bonheur. Les enfants sont en effet plus à l’aise avec lui que les adultes, ils jouent avec son fauteuil roulant ou sa « synthèse vocale » ! « Il faut former les gens. Faire une réunion avec tous les prêtres de Paris pour parler du handicap ».
A Saint-Denys aussi, Xavier avance. Il prépare sa confirmation avec Verina. C’est une joie et une fierté. « Je peux poser des questions sur Dieu ». Et ses yeux s’illuminent lorsque nous évoquons son prochain départ pour les JMJ de Cracovie, cet été. Du coup, Marie-Christine aussi se sent mieux intégrée. Elle a été heureuse d’avoir été appelée par Antoinette afin de lui donner un coup de main à la brocante, lors des JAM. « On ne nous demande rien parce qu’on est handicapés, ou qu’on croit que je suis fatiguée, que je n’ai pas le temps. C’est vrai, je suis très fatiguée, mais je voudrais aussi participer, avec les autres ! »
Un mot pour nos lecteurs, Xavier ? « C’est une invitation à la bienveillance qui me fortifie alors que la pitié ne me fait aucun bien. »
Propos recueillis par Dominique Th.Isabelle
Elle est encore "quadra", est mariée et maman de trois grands enfants, Hélène, Maylis et Arthur. Depuis toujours, Isabelle souffre d’une maladie orpheline et chronique qui détruit son système lymphatique et ronge lentement ses os. Sa hanche a « disparu », juste avant son mariage, puis son pied. Amputée, elle porte une prothèse (presque invisible) mais a aujourd’hui besoin du soutien d’une béquille. « A six ans, j’étais déjà charcutée, et à dix, à nouveau opérée », mais cette fois par un médecin extraordinaire, le docteur Dubousset, « un magicien ». « Il est chrétien. C’est lui qui m’a donné le peps de vivre. Je me suis mariée, j’ai eu des enfants, alors que pour moi, c’était prohibé ! Il m’a fait confiance. Il me laissait monter à cheval en disant : je ne veux pas le savoir ! Quand je lui ai annoncé ma première grossesse, il pleurait de joie : "Isabelle, on a gagné !" » Cet homme est de ceux qui comptent dans sa vie. « Je suis un bébé Dubousset ! Aujourd’hui, il doit avoir autour quatre-vingts ans, et j’ai toujours des liens forts avec lui. »
Hervé, lui, « m’a épousée avec ma maladie. Mes parents lui ont dit : "on te la confie", et lui, il a pris tout. Le jour de mon mariage, j’ai remonté toute l’église sans hanche, appuyée sur le bras de Papa d’un côté, sur ma béquille de l’autre et mon frère, derrière, prêt à me rattraper… je n’ai jamais eu peur : c’est pas un miracle, ça ? Mes enfants font beaucoup aussi pour mon moral. J’ai fait très attention à ne pas leur faire supporter mon handicap. Mais un jour, ils sont rentrés de l’école en demandant : "Maman, c’est vrai que tu es handicapée ?". Ils ont découvert mon handicap à travers le regard des enfants. On essaie que ce soit doux pour eux, mais ils subissent ma souffrance. Quand je suis à l’hôpital, ils sont seuls ou avec mes parents. Quant aux paroissiens, ils m’ont vu sous toutes les formes ! Sans béquille, sans jambe, avec des béquilles, en fauteuil… Je n’ai pas peur du regard des autres. Tu te souviens du sacrement des malades ? Une fois que je l’ai accepté, j’ai invité tout le monde : mes parents, ma marraine, mes enfants. Car on ne le reçoit pas seul. C’est une affaire qui nous concerne tous. Sur le plan spirituel, la première fois que j’ai fait le rapport, j’avais dix ans. Ma grand-mère me disait : "dis-Lui : "Petit Jésus, je t’offre ma douleur"". Je le disais, et les enfants du service à l’hôpital le disaient avec moi !, j’avais l’impression que je Lui donnais mon mal. En grandissant, tu penses à la douleur qu’a endurée le Christ, tu réalises que ta douleur à toi est une façon de participer à son chemin de Croix à Lui. Il n’y a pas de solution, je profite des moments où je vais bien. A part demander au Christ de m’aider à supporter, il n’y a pas autre chose. Je lui confie ma douleur. Je ne pourrais pas vivre ce que je vis sans l’aide du Christ. »
Un mot aux paroissiens ? « Vivez ! Profitez des belles choses de la vie ! »
Propos recueillis par Dominique Th.![]() |
Isabelle, "bébé Dubousset" |
Jean-Louis, 79 ans. « Je suis
malvoyant, ce qui me vaut d’avoir une carte d’invalidité depuis quatre ans.
C’est le résultat d’une longue évolution de ma vue depuis l’enfance. A l’école,
j’avais du mal à apprendre à lire car je ne voyais pas ce que l’instituteur
écrivait au tableau. Ma myopie était forte. J’ai donc porté des lunettes. Puis
j’ai dû m’habituer à ne pas réaliser certains projets qui me faisaient envie.
Je n’ai pas pu, par exemple, me présenter à l’X à cause de la visite médicale.
J’ai été réformé. Je ne l’ai jamais vécu comme une injustice car on est tous différent. J’ai pu toutefois
entrer à l’École des Mines de Nancy et devenir ingénieur. Je me suis marié et
j’ai eu trois enfants. A présent, je vis seul car ma femme est décédée. Et ma
vue s’est dégradée. Je ne peux plus lire. C’est très frustrant. Mais je ne me
décourage pas. A chaque moment de l’existence, il nous faut exploiter ce qui
nous reste de possibilités. Tant qu’on continue à raisonner, on peut trouver
des sujets qui nous intéressent et avoir une vie de relations. Et surtout, il
ne faut pas se lamenter car on se rend vite insupportable
pour les autres. J’écoute la radio, je vais à des conférences, je regarde la
télévision mais je regrette la pauvreté des informations qui sont données.
J’aimerais creuser certains sujets qui me passionnent. C’est pourquoi je
fréquente le groupe biblique : pour approfondir la Parole de Dieu.
Aujourd’hui, je suis dans l’espérance de l’au-delà. La vieillesse fait partie
de la transition. Cette façon de penser est le résultat d’un long
cheminement dans ma foi ponctué de questionnement. Après avoir traversé pas mal
d’épreuves, aujourd’hui je me sens bien. »
Propos recueillis
par Sylvie H.
Hubert
Les sourds ont ceci de
particulier, c’est qu’on ne les voit pas ; ils sont dans leur monde, leur
histoire et malheur à eux s'ils demandent qu’on répète ce qu’ils n’ont pas
entendu : je ne parle pas du mal d’avoir sommé quelqu’un mais de ce que
les choses répétées ne sont jamais vraies.
C’est comme cela que tu penses
avoir vécu, un peu à l’écart, dans un monde qui n’était même pas le tien car tu
n’en maîtrisais pas les frontières.
Et tu te revanchais dans la
lecture, plaisir du commun, accès aux amours autres, aux délices partagées, aux
orgues invisibles parfois.
Mais tu étais quand même un peu
seul.
Alors, à la messe ou ailleurs,
tu chantais – faux naturellement mais qui chante son mal enchante et tu te
souvenais que certain poète ne te donnait pas tout à fait tort – mais tu étais
vite rabroué car ceux dont l’oreille est bonne ne consentent pas souvent à ces
sons, tout comme toi, décalés.
Tu avais lu : « Fides ex auditu », tu te demandais qui
et ce que, alors, tu pourrais croire.
Sans savoir que c’était
justement cela la leçon qui t’avait été donnée avec ces oreilles dures :
tu es voué à connaître ce que te dit le seul vent de ton cœur – car l’autre il
y a beau temps que tu ne l’entends plus – et ce vent-là, s’il y consent, te
donnera l’accès à ton prochain.
Enfin, cela te permet la
lenteur, cette vertu oubliée : Fernand LEGER disait que « les choses sérieuses commencent à quatre
kilomètres à l’heure ».
Et tu te souviens de ce mot
d’Henri MICHAUX, conseil ici pour la route des malentendants : « Ne désespérez jamais ; faites infuser
davantage ».
Les Chantiers de l'éducation
Elles sont venues en force au rendez-vous improvisé, pour
témoigner de leur attachement aux Chantiers d’éducation : Aliénor, Claire,
Bénédicte, Emmanuelle, Isabelle, Eva, Bertille et Anne. L’ambiance chaleureuse
s’est installée immédiatement, dévoilant un caractère quasi familial de leurs
liens, fruit de l’engagement partagé. C’est Bénédicte qui, préparée par son
expérience antérieure, avait, il y a 5 ans, introduit les Chantiers dans le Marais.
« Quand on éduque les enfants, on
est toujours en chantier… Le travail des Chantiers favorise une
cohérence entre la vie de la foi et l’agir dans l’éducation », explique-t-elle. « La préparation des rencontres nous
amène à nous questionner sur les raisons de notre comportement dans l’éducation »,
souligne Aliénor, responsable d’un groupe et référente à l’AFC*. « On
développe l’écoute, on est mieux équipé pour réagir avec patience quand les
circonstances, évoquées en groupe, se présentent. Les Chantiers rendent
possibles des rencontres de mères de familles, au-delà des secteurs de l’école
et de la paroisse. » Les thèmes des rencontres sont des questions
ouvertes éclairant un aspect de l’éducation, par exemple « Repas en
famille », « Comment favoriser les belles amitiés des
enfants ? », « La place donnée à chaque enfant dans la
fratrie », « Comment aider les enfants à reconnaître leurs
échecs », « Le rapport à l’argent », « Le pardon »… Chaque thème
est tout d'abord réfléchi en famille en suivant des « repères ». Le
partage mensuel d’expérience en groupe dure environ deux heures. Il s’ouvre par
un temps d’intériorité, suivi de trois étapes : « tour de
table », « comment faire ?», et « en vue de quoi…? ».
Il est convenu de ne jamais interrompre celle qui parle et de prêter l’oreille
sans juger. La discussion se conclue par une synthèse et le choix du thème
suivant. La responsable partage dans un deuxième temps de la lecture
d'approfondissement du sujet et des « repères » du thème à venir.
« Je sors de nos réunions à la fois réconfortée et ouverte à d'autres
possibilités d'agir », témoigne Anne. Claire précise, que c'est en
s’exprimant devant ses amies attentives, qu'elle se met à réfléchir d’une
manière nouvelle. « Nos rencontres me font poser un regard positif
voire émerveillé sur mes enfants », observe
Bénédicte. Emmanuelle se réapproprie l’éducation en y mettant plus de
sens au lieu de simplement réagir ou reproduire le modèle de l’éducation
qu’elle a reçue elle-même. Isabelle et Bertille aiment le fait d’avoir à
aborder pendant la préparation, en couple les aspects très concrets de l’éducation.
« L’échange avec mon mari fait
ressortir notre complémentarité », souligne
Eva. « Mon regard est plus affectif et le sien, plus pratique. Eva
relève aussi son ressenti de la bienveillance du groupe. A noter que grâce à un
témoignage lors d’une rencontre récente, les mamans ont pris conscience du
fait que les parents pouvaient, par le beau et simple geste d’imposition des
mains, bénir leurs enfants…
Propos recueillis par Katarina K.
*Les Chantiers d’éducation existent depuis 1990 en tant que
service de l’Association de Familles Catholiques (AFC) (http://www.afc-france.org/).
Les mères des foyers catholiques, mais aussi les mères appartenant à d’autres
confessions voire non croyantes, sont admises, à condition de partager les
principes d’éducation chrétiens, ancrés dans une charte. Chacune des plus de
500 équipes en France regroupe entre 5 et 10 foyers. Grâce à
l’engagement des familles expatriées, les Chantiers d’éducation ont été
également fondés en Allemagne, en Angleterre, aux Pays Bas ou encore en Asie.
Chaque année, un thème principal est proposé par l’AFC aux équipes (par exemple « Être
et/ou paraître » pour 2016). Une fois par an un retour factuel est
donné à l’AFC par les responsables et les animatrices. Une synthèse de tous les
retours des plus de 500 groupes donne ainsi naissance à l’édition d’un livret.
Michaël ordonné diacre en vue du sacerdoce à Saint-Denys
Michael, tu as été ordonné diacre le 9 janvier dernier à Saint-Denys, aux côtés de Kinam : est-ce un choix de ta part ou un heureux hasard pour notre paroisse?
Le père Maxime nous a dit que vous étiez de vieux amis ? « Oui, nous sommes entrés ensemble à la Maison Saint-Augustin et notre amitié s’est développée. Et puis, on aime bien tous les deux la marche en montagne : j’ai des souvenirs impérissables de deux hivers où nous avons traversé le Jura en raquettes ! »
Un dernier mot ? « Je voulais encore remercier toute la paroisse, tous ceux qui sont venus, tous ceux qui ont prié pour moi. Je voulais remercier aussi le père Tardy, qui a pris du temps pour nous alors qu'il n'en a pas beaucoup... »
Propos recueillis par Dominique Th.

Des paroissiens de Saint-Denys au secours des réfugiés
Été 2015, le pape François lance un appel en faveur des
réfugiés. Il est suivi d’une homélie du père Tardy très mobilisatrice. Sur le
parvis, la question « Qu’est-ce
qu’on fait, nous ? » devient une évidence.
Une réunion est vite montée à la paroisse pour faire le
tour des bonnes volontés : qui peut faire quoi ?… Les propositions
sont multiples, tant par les personnes que par les services proposés…
Quel cadre donner à cette action ? Par le biais des
connaissances des uns et des autres, divers réseaux sont mobilisés. A ce stade,
au-delà d’aides ponctuelles et individuelles (invitation à des repas
confectionnés en commun, accompagnement à des RV administratifs, accueil pour
un week-end, soutien scolaire…), c’est surtout la « conversation »
qui mobilise : au cœur d’un groupe plus large animé par l’Œuvre d’Orient,
cinq paroissiens de Saint Denys vont régulièrement au collège Stanislas pour
donner des « cours » de conversation à des réfugiés syriens et
irakiens.
Françoise raconte : « Ce qui me frappe, c’est
leur niveau de français déjà bon pour beaucoup, leur désir d’apprendre et de
s’intégrer, le plaisir de raconter leur culture.
On oriente la conversation sur des thèmes utiles,
formalités administratives et mots de tous les jours, mais aussi sur nos
habitudes culturelles réciproques, les plats traditionnels, les fêtes…
Personnellement, j’ai aidé Samer, un Syrien qui donne des conférences sur son
pays, à s’entraîner à l’oral. Pendant les vacances scolaires, Stanislas étant
fermé, certains ont organisé des visites de Paris en français avec leurs
élèves, pour prolonger sur une mode plus concret et convivial la rencontre...
L’accueil des réfugiés n’est pas fini : si vous avez
des possibilités, des réseaux… Le point d’entrée sur la paroisse, c’est
Françoise C. !
Propos recueillis par Stéphane L.
De bonnes nouvelles d'une famille de réfugiés que quelques paroissiens ont aidés :
Père Roger,
J'ai eu un appel de la famille A... il y a 3 jours qui voulait me prévenir qu'ils avaient déménagé à Cesson (enfin).
Ils sont très contents, bien installés et remercient tout le monde très vivement. Ils demandent maintenant quand nous pouvons venir Diego et moi leur rendre visite autour d'un repas que "madame" préparera. Je leur ai parlé aussi de notre idée de les inviter chez Françoise, avec Thierry et le père Roger, en faisant ensemble la cuisine.
A bientôt pour l'épilogue alors,
Laure
Les échos des conseils
Conseil pastoral :
Le conseil se réunit environ toutes les six à huit semaines. C’est
un soir, dans la bibliothèque, autour du père Roger, du père Maxime, du père
Siméon, de notre vice présidente Claire, de notre diacre Jean-Marie et de
quelques paroissiens. Il commence, bien sûr, par une prière.
L’occasion permet de mesurer la richesse et la diversité des
activités de la paroisse : club Saint-Denys, catéchistes, groupe biblique,
cercle de prière, chorale, enfants adorateurs, chrétiens@work, et tant
d’autres. Le conseil fait aussi le point sur les rendez-vous réguliers, comme
le repas de Noël ou Nomades.
Depuis plusieurs mois, la grande
question est l’évangélisation. La chose est difficile, le quartier n’est guère
réceptif, chacun a ses timidités. Est-ce possible de ne rien faire ? Mais
que faire ? D’un conseil à l’autre, la question revient. Les 24 heures
pour Dieu de l’Avent ont suscité l’enthousiasme. L’expérience sera renouvelée
pour le Carême. En faire plus ? Une démarche de porte à porte a été
envisagée. Finalement, le conseil reprend une idée testée dans une paroisse de
l’ouest parisien, les cellules régulières de prière et, si elles peuvent
essaimer au-delà des participants initiaux, d’évangélisation.
Les idées jaillissent. Ainsi, le
dernier conseil a été largement consacré au pèlerinage de Lisieux, en avril, et
à la poursuite de la mission de covoiturage.
Finalement, le conseil, qui avait
commencé par une prière, s’achève par la participation à l’adoration du jeudi
soir. Car tout cela ne peut être fécond que s’il est porté par la prière de
chacun, et de la paroisse tout entière.
Diego C.
Conseil économique :
Conseil économique :
Le conseil économique, qui veille sur l’équilibre des charges et des ressources nécessaires à la vie de notre paroisse, a analysé en ce début mars, les comptes définitifs de l’année 2015.
La bonne nouvelle, c’est que nous parvenons toujours, dans ces temps économiquement difficiles, à maintenir l’équilibre des comptes de Saint-Denys, et même avec un léger excédent. La maîtrise des dépenses (297 000 €) permet d’assumer toutes nos charges : la rémunération des prêtres et des laïcs, pour 126 000 €, l’entretien des locaux et fournitures, pour 111 000 €, la participation aux charges du diocèse pour 41 000 €, enfin les actions pastorales pour 19 000 €.
Face à ces dépenses, nos ressources (332 000 €) résultent en quasi-totalité de la générosité des fidèles. Elles reposent principalement sur le Denier de l’Église (150 000 € grâce à un don exceptionnel de fin d’année) mais avec la poursuite d’une tendance préoccupante à la baisse (moins 10) du nombre des donateurs (321).
Philippe Th.
La bonne nouvelle, c’est que nous parvenons toujours, dans ces temps économiquement difficiles, à maintenir l’équilibre des comptes de Saint-Denys, et même avec un léger excédent. La maîtrise des dépenses (297 000 €) permet d’assumer toutes nos charges : la rémunération des prêtres et des laïcs, pour 126 000 €, l’entretien des locaux et fournitures, pour 111 000 €, la participation aux charges du diocèse pour 41 000 €, enfin les actions pastorales pour 19 000 €.
Face à ces dépenses, nos ressources (332 000 €) résultent en quasi-totalité de la générosité des fidèles. Elles reposent principalement sur le Denier de l’Église (150 000 € grâce à un don exceptionnel de fin d’année) mais avec la poursuite d’une tendance préoccupante à la baisse (moins 10) du nombre des donateurs (321).
Philippe Th.
Pèlerinage de Saint-Denys à Lisieux
L’année de la Miséricorde, c’est quoi ? Une année sainte ? Pourquoi sainte Thérèse de Lisieux est une figure de la Miséricorde ? « Des indulgences au 21e siècle » ? Qui est ce nouveau paroissien ? Quel est le plus gros défaut du curé ? Quand est-ce qu’on mange ? La réponse à (presque) toutes vos questions, en vous inscrivant à la journée paroissiale incontournable le samedi 9 avril 2016 – inscription tracts au fond de l’église.
20 € le car et repas à 15€ ou pique-nique.
Père Roger Tardy