Exposition Jean et Sébastien Touret à Saint-Denys





Togo, le 23 mars 2006.
Chers amis,
Ma présence au foyer de charité d'Aledjo (TOGO) a encouragé certains à proposer son dispensaire comme projet de carême. J'en suis très touché et vous en remercie beaucoup. Déjà je me suis fait votre émissaire, en apportant avec moi près de 40 kgs de médicaments que quelques-uns de la paroisse avaient collectés. Je peux vous assurer que tout cela est à la fois bien utile et bien employé. Bien sûr, je ne suis pas au Togo comme médecin ou infirmier. Mais j'aime passer un peu de temps auprès des malades, en particulier des tout petits, prématurés ou mal nutris. Je participais ce matin à la prière quotidienne, assurant les plus grands de l'amitié et de la sollicitude « des gens de Paris », comme on dit ici.
Vous savez que le choix de ce petit coin de brousse remonte à mes années de coopération. J'y partais ingénieur, j'en suis revenu avec le sentiment que le Seigneur m'appelait à devenir prêtre. Deux ans ont été nécessaires encore pour que je réponde à l'appel et, depuis, j'ai gardé au coeur d'y revenir. Bien sûr, j'ai profité de ces longs étés que les généreux curés de St-Denys concédaient à leur « petit bout de vicaire» (l'expression est du P. Quinson). Mais c'était à peine plus le temps d'une retraite (l'activité principale d'un foyer de charité), et j'avais la nostalgie de ce petit coin d'Afrique. Je voulais rendre un peu, comme prêtre cette fois, ce que j'ai reçu ici. Cela ne m'empêche pas aujourd'hui d'intervenir techniquement: le foyer est obligé, de par sa situation, à une complète autonomie (eau et électricité, pour ne citer que le principal), et je dois avouer que j'y trouve un vrai plaisir, en particulier dans des conditions qui exigent une inventivité permanente. Un mot m'avait marqué alors, du prêtre qui a fondé ce foyer, le P. Léon Marcel: « Nous n'avons pas besoin d'un ingénieur, mais de quelqu'un d'ingénieux ». Un défi !
Comme prêtre, ce sont donc des retraites qui m'occupent. La prédication de quelques unes d'entre elles viendra un peu plus tard, mais je reçois déjà pour un accompagnement ou une confession. Je tente de profiter du P. Marcel qui m'a tant marqué, de la sagesse de son âge (88 ans !) et de sa foi de bâtisseur (ce foyer est une authentique illustration que la foi déplace les montagnes). Cette période est aussi pour moi l'occasion faire le point sur mes années sacerdotales. St-Denys m'est très présent - est-il utile de vous le dire ? - j'y ai tout de même passé l'essentiel de ces années. Mais ce n'est pas la quantité qui importe ici puisque je n'étais qu'un petit bout de vicaire ( ! ), mais l'amitié, le soutien et la grâce reçue par vous qui m'ont aidé à devenir le prêtre que je suis. Encore merci pour tout.
Bien à vous,
P. Michel Gueguen
'Et ils se dirent l'un à l'autre: Notre coeur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures ?'. Le feu couvait en eux, mais ils l'ignoraient. Une voix remuait en eux, mais ils ne l'entendaient pas. Un amour souriait en eux, mais ils ne le voyaient pas. Leur raison tatillonne, armée d'exigences, de principes, de préjugés, tenait ce feu sous le boisseau, cet amour en sommeil. La raison est si sérieuse, elle n'a pas à s'acoquiner avec ce trublion de coeur. La raison est adulte, elle n'a pas de temps à perdre avec ces enfantillages que sont les pressentiments, les prémonitions et autres signaux confus. Le coeur est plein de feux follets, soit, mais il arrive parfois que d'entre ces flammeroles dispersées, inconstantes, une vraie flamme se lève, drue et vibrante tel un éclair, et qu'elle foudroie la raison orgueilleuse qui se prenait pour un chêne, qu'elle embrase la raison paresseuse qui croupissait dans son enclos. Des anges aussi se cachent parmi les farfadets. Des anges d'eau vive et de feu pur. "