En route vers Chartres!

Pèlerinage paroissial du 23 septembre 2007

Un homme de chez nous a fait jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu'au pied de la Croix,
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La flèche irréprochable et qui ne peut faillir"
Charles Péguy

A vous dire la vérité, cette irréprochable flèche que nous espérions voir surgir au loin, au dessus la plaine, tel un phare pour les pauvres pèlerins que nous sommes, nous n'avons pu l'admirer qu'une fois arrivés au pied de la cathédrale, après 15 longs kilomètres ( ou plutôt 15 miles...) de marche matinale, ensoleillée et bucolique; ce qui a fait dire à notre curé que le GR avait dû être tracé par un anticlérical notoire et obstiné à dissimuler la merveille gothique aux randonneurs.
A défaut de flèche, nous avons rencontré une biche affolée que nous avons sauvée des appétits meurtriers des chasseurs : mon Bien-aimé est semblable à une gazelle...


Outre les douze courageux qui suivaient les longues enjambées du père Quinson, un autre groupe d'une trentaine de marcheurs s'était constitué autour du père Aduel (notre nouveau prêtre-étudiant haïtien) pour ne parcourir certes qu'une huitaine de kilomètres (miles ?) ... mais en compagnie de très jeunes enfants, lesquels se sont montrés bien courageux. Le "gros de la troupe " avait sagement choisi l'autocar, guidé par le père Ségui.

Nous partîmes de la gare de Saint-Piat (encore un saint céphalophore !, apôtre et martyr du Seclin au IIIème siècle) et, hormis de rares moments de doute sur l'itinéraire à suivre, nous arrivâmes après quatre heures de marche à Chartres, où nous attendaient déjà les Scouts qui avaient planté leur tente la veille et peu dormi durant la nuit d'après la rumeur.
Pas fâchés d'arriver !
Le groupe, plus tard qualifié d'"escargots" par de mauvaises langues, ne nous rejoindra que beaucoup plus tard quand nous en serons déjà tous au dessert...

Où que l'on voit que certains sont plus au moins attentifs aux rituels d'accueil des nouveaux et de passation des anciens... Toujours prêts ?

Traditionnelle image de pique-nique...
Saint-Denys a repris les bonnes habitudes !

Pas de temps pour une sieste réparatrice : à peine avalée la dernière goutte de café et nous voilà plongés dans la lumineuse profondeur des vitraux bleu cobalt de la cathédrale, attentifs aux commentaires savants et enrichis de spiritualité de notre guide.

Un pas, un autre ; gauche, droite ; nord, sud ; je marche en claudiquant sur la crête de la vie ; ténèbres, lumière ; tombeau fermé, tombeau ouvert ; je marche droit vers l'est, je marche vers la vérité, je marche vers le Christ : c'est le message que me révèlent les murs de Notre-Dame.

"Je voudrais donc qu'en tout lieu les hommes prient en levant les mains vers le ciel..." dit l'apôtre.

Cette belle journée s'achève par la messe dominicale, célébrée dans la crypte Notre-Dame-sous-Terre. Nous sommes près de deux cents à y assister, entre les Scouts et les paroissiens.

Exulte, Jérusalem, danse de joie !

D.T.

Impressions et commentaires : le "micro-parvis" des pélerins

Durant le trajet du retour en train, les infatigables reporters du Petit Céphalophore ont interrogé quelques paroissiens et recueilli leurs impressions :

"Mon impression ? Le soleil qui éclaire une nouvelle rentrée et une belle célébration qui conclut un effort de marche sous le regard de Marie..."
"Le pèlerinage était très bien, et ce que j'ai préféré c'est la campagne quand on marchait" dit la petite Clarisse.
"Cela nous a permis de rencontrer des paroissiens qu'on ne connaissait pas."
"Bravo ! C'était sympa, bien organisé, à refaire ! Un regret, c'est qu'on n'ait pas marché tous ensemble..."
"Ce que j'ai préféré, c'est jouer à la cabane" ont affirmé catégoriquement les petits Rojani et Rosandan.
"J'ai aimé le rassemblement dans la crypte".
"Une véritable arnaque : 8 km qui en font 11" s'est plaint le jeune Quentin avant d'ajouter : "J'ai été impressionné par le nombre de vitraux et de statues dans cette cathédrale".
"J'ai aimé la grande rosace, très connue".
"J'ai des cors aux pieds... C'était très bien d'avoir choisi un haut lieu de pèlerinage, ça a du sens. C'est mettre ses pas dans ceux de beaucoup de chrétiens qui nous ont précédé. Et puis, on n'a pas souvent une occasion de pèlerinage !"
"C'était sympa, très bien organisé, une bonne idée. Et le temps était génial, c'était super de marcher dans la campagne. Une prochaine fois, il faudrait essayer de synchroniser les groupes !"
"Formidable d'avoir rassemblé les Scouts et les pèlerins !"
"Flânerie conviviale : une délicieuse façon de se retrouver..."
Un nouveau séminariste, flatteur : "Magnifique pour découvrir la paroisse et tous ses sympathiques paroissiens..."
Un autre, impressionnable : "Nous avons failli être assassinés par des chasseurs !"
"Ma joie de faire la marche avec les enfants et le bonheur de marcher vers Chartres" dit un Haïtien qui connaissait déjà la cathédrale...
Un séminariste encore : "Rien de tel que d'aller aux pieds de Marie pour commencer une nouvelle année".
Ou : "On commence une année pastorale sous la bienveillance mariale".
"C'est l'occasion de rencontrer les paroissiens et de se rapprocher les uns des autres. C'est mon premier pèlerinage en France!" dit un séminariste arrivé du Vietnam...
"Une bonne formule pour une rentrée paroissiale... Un bon rythme!" ajoute un ancien.
Et notre curé ?
"Je suis content. Je ne ferai pas de commentaires sur la route dite "des escargots"... mais je soulignerai plutôt combien notre guide [pour la visite de la cathédrale] était exceptionnel, et son discours beau et stimulant. Bien aussi la rencontre avec le groupe scout." Puis : "Je me demande toujours pourquoi nous ne sommes pas plus nombreux ?"
Un séminariste ajoute, impertinent : "Une homélie extraordinaire !"
Quant aux "escargots", "ils revendiquent le bonheur de flâner..."

D'autres se félicitent des ces "rencontres de personnes qu'on ne connaissait pas et du temps qu'on avait pour échanger".

Une paroissienne de Saint-Paul raconte que pour elle, qui vient du Gabon, "Chartres évoque la charité, la convivialité et la fraternité. J'ai été éblouie par le côté grandiose. Pour moi, c'était exceptionnel."
Et un paroissien de Saint-Paul confie combien il a "aimé la sculpture du "Commencement du monde à la Nativité". J'ai beaucoup apprécié la messe dans la crypte; pour moi, j'ai reçu une bénédiction".