La crypte de saint Denis, premier évêque de Paris
Si notre église porte le nom
de saint Denys (Denis), son emplacement ne correspond à aucun lieu de mémoire
lié à ce saint évêque ayant vécu vers 250 ap. J.-C.
En revanche, Saint-Denys-de-la-Chapelle, la deuxième église de Paris intra-muros dédiée au
premier évangélisateur de la ville, souvent confondu avec Denys l’Aréopagite*,
repose, elle, à l’emplacement d’une chapelle du Ve siècle et se trouve sur la ligne de
monuments « dionysiens » qui avaient orné jadis l’axe nord-sud de Paris.
Sainte Geneviève aurait particulièrement veillé à préserver les différents
lieux qui rappelaient les stations du martyr de Denys à Lutèce et au nord de la
cité. Parmi ces derniers, disposés du sud au nord suivant le tracé du cardo romain, on peut nommer les deux
églises disparues de l’Île de la Cité (Saint-Denis-de-la-Chartre – lieu où
Denys aurait été incarcéré et Saint-Denis-du-Pas, lieu de son premier
supplice), puis Saint-Denys-de-la-Chapelle et le Martyrium au pied de
Montmartre, tous deux revendiquant la garde de la sépulture du saint et de ses
compagnons Rustique et Éleuthère, avant leur translation à la Basilique royale
de Saint-Denys.
La rue des Martyrs, en pente, garde le souvenir de la montée des
trois martyrs, semblable à un chemin de croix. On pourrait encore évoquer
quelques autres lieux au nord de Paris qui possédaient des reliques de notre
saint et dont il reste encore quelque vestige, par exemple
Saint-Denis-de-l’Estrée.
Mais avant d’être arrêté, saint Denys aurait formé ses disciples
dans une carrière au flanc sud de l’actuelle Montagne Sainte-Geneviève. C’est
là qu’il aurait été pris, avec ses compagnons, avant de commencer son ascension
vers Montmartre.
Avant la parution récente du « Métronome » de L. Deutsch, peu de
Parisiens se doutaient de l’existence de ce dernier lieu, aujourd’hui recouvert
par des immeubles d’habitation et, en partie, par la rue Pierre Nicole. Si
l’aspect actuel de la crypte qui lui correspond date du début du XIXe siècle, il est remarquable que
l’endroit ait été précieusement gardé depuis l’époque de saint Denys jusqu’en
1957, surtout par des congrégations religieuses, et notamment les Carmélites.
La crypte aurait accueilli les dépouilles des rois de France morts loin de
Paris en attendant leur translation à la Basilique.
Cette crypte, nommé Notre-Dame-des-Champs (anciennement
Notre-Dame-des-Vignes) est l’unique vestige des vastes bâtiments monastiques
disparus. Le seul accès à la crypte, située à environ dix mètres en dessous du
niveau de la rue, se fait par l’un des deux immeubles qui la recouvrent.
Récemment, une association pour sa sauvegarde a vu le jour : A.S.C.N.D.C**. Il reste en effet beaucoup à
faire pour « sauver » ce lieu historique.
La crypte n’a jamais été désacralisée. Revenue ainsi à notre
conscience, elle pourrait un jour reprendre sa place active sur l’axe royal qui
la relie avec la Basilique de Saint-Denys. Elle pourrait devenir, par exemple,
un lieu privilégié d’adoration du Saint Sacrement et reprendre ainsi le
flambeau de la basilique du Christ-Roi, sa voisine pendant une quarantaine
d’années au siècle dernier, et disparue elle aussi, dans un élan de démolition
pour faire place à des immeubles d’habitation.
Katarina K.
*Cf. l’opuscule rédigé il y
a une quinzaine d'années par des paroissiens de Saint-Denys du Saint-Sacrement
: « Denys ou Denis ? »
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