Le Petit Cephalophore

mardi, mars 11, 2025

L'édito du père François. Mars 2025

Le père Guillaume de Menthière a commencé sa conférence* sur le thème des « Pierres vivantes » en qualifiant cette expression d’« étrange oxymore ». En rhétorique, un oxymore, est une figure de style qui vise à rapprocher deux termes que leurs sens devraient éloigner, dans une formule en apparence contradictoire.

En effet, la pierre fait partie du monde minéral qui, par définition, se distingue du vivant. Comment alors vivre cette contradiction, ou plutôt ce paradoxe ? Si nous y prêtons attention, l’Evangile est bourré de formules paradoxales : « Qui veut sauver sa vie la perdra » ; « Heureux ceux qui pleurent » etc… En fait, le paradoxe est la richesse de la pensée. Il l’oblige à aller plus profond pour voir que ce qui paraît à première vue contradictoire conduit à découvrir une réalité plus ample et plus féconde.

Penchons-nous donc sur ce paradoxe apparent.

L’Eglise est comme un édifice bâti par Dieu. Elle se doit d’être solide. « Pierre, tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon église, et les puissances de la mort ne l’emporteront pas sur elle. » (Mt 16,18) Pour que l’Eglise tienne dans le temps, elle se doit d’être inébranlable. Depuis 2000 ans, elle transmet sans faillir le dépôt de la foi. Le père de Menthière nous expliquait l’interprétation hébraïque du mot « pierre ». Even peut se décomposer en deux mots : ab, qui signifie « père » et ben qui signifie « fils ». En accolant les deux, cela donne aben ou encore even. La pierre symbolise donc la transmission du père au fils que nous appelons aussi tradition. Être une pierre, c’est être un dépositaire de la tradition de l’Eglise, adossé à la Pierre d’angle qu’est le Christ en qui demeure toute la tradition.

Mais cette tradition, elle n’est plus gravée sur des tables de pierre, mais sur nos cœurs de chair, nos cœurs battants, remplis de l’amour que Dieu a répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (cf. Rom 5,5). La tradition est vivante car elle nous transmet le Dieu vivant. Ce n’est pas seulement par nos paroles que nous témoignons du Christ, mais aussi par nos actes d’amour. « Voyez comme ils s’aiment » disait Tertullien des chrétiens, et on pourrait ajouter : « Voyez comme ils aiment les autres ».

Affrontons donc ce paradoxe.

Ne soyons ni « tradis » sans cœur, ni humanistes « liquides ». Soyons, comme le Christ, des pierres vivantes, inébranlables dans la foi et remplis d’humanité, de vie et d’amour.

* Vous trouverez le lien audio vers cette conférence dans l'article ci-dessous qui lui est consacré.


 

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