Le Petit Cephalophore

mardi, mars 30, 2021

En ces temps difficiles, rendre compte de notre Espérance

 Joan 

« Le Mercredi des Cendres, devant le carême qui s’annonçait, j’ai poussé un gros soupir. Double peine, me suis-je dit. On est en pleine restriction et il faut encore enchaîner avec le carême ! Mais par la suite, en y réfléchissant, j’ai trouvé que cet isolement, imposé depuis un an, avait vidé un espace intérieur, pour permettre de mieux se préparer à un cœur à cœur avec le Seigneur au désert. Le dépouillement a mis en lumière ce qui m’éloignait du Seigneur et une juste connaissance de moi-même : quel programme ! Cette année les circonstances si particulières rendent la marche vers Pâques unique et intense.  Il me semble que nous aurons traversé cette période mûris et grandis dans l’acceptation et l’amour. Nous résistons tous, avec Lui et en Lui. Comme le dit le Psaume : « Heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur ! » Nous en sortirons plus unis et davantage fraternels, parce que le carême, vécu dans le confinement, nous éclaire. Nos défauts et mêmes nos péchés peuvent devenir des points d’appui, les plus solides, pour nous jeter dans les bras de Dieu.  Nous entendons ce rappel à mettre les pauvres à la première place, car nous recevons d’eux d’être nous-mêmes en vérité, frères et sœurs s’entraidant sur le chemin. Le Seigneur prépare nos cœurs à l’accueillir avec joie et confiance prêtent à ressusciter tous avec Lui et en Lui.  Alléluia ! » 

Propos recueillis par Dominique T. 


 Sylvie

« Insidieusement, l’acédie nous guette au fil des jours ternes qui se succèdent puisque nous sommes privés de tout ce qui nous rend heureux : les réunions familiales, les sorties au restaurant avec des amis, les soirées au cinéma, les voyages qui ressourcent… et même les journées au bureau !

Aussi, quand le découragement me saisit à mon tour, je repense à Etty Hillesum, cette jeune Hollandaise d’origine juive qui éprouvait une joie indicible en contemplant le printemps qui arrivait dans le camp de Westerbork, où elle avait choisi de rejoindre les siens, avant d'être déportée à Auschwitz. Dans son journal, Une vie bouleversée, elle écrit : « Un puits très profond est en moi. Et Dieu est dans ce puits. Parfois, j’arrive à le rejoindre, le plus souvent la pierre et le sable le recouvrent : alors Dieu est enterré. Il faut à nouveau le déterrer ». Etty réussit à trouver Dieu « au beau milieu de la grande tragédie du xxe siècle, la Shoah (…) et elle se transforme en une femme pleine d’amour et de paix intérieure », note Benoît XVI. N’est-ce pas là le défi qui nous est lancé en ces temps de pandémie ?

Le Christ nous convie avec la Samaritaine au bord de ce puits et nous fait cette magnifique promesse : « …celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » (Jn 4,14) L’espérance, pour nous chrétiens, est avant tout une attitude d’un cœur habité par la présence de Jésus. Et pour le retrouver, c’est simple : il suffit d’ouvrir l’évangile… »


Floris

Floris, dont les paroissiens connaissent l’engagement qui fut le sien auprès des Éclaireurs du groupe scout de Saint-Denys, est parti en septembre 2020 à Grenade (Andalousie), afin de poursuivre son Master d’ingénieur-architecte en Erasmus. « A peine arrivé, après trois semaines dont une seule de cours », il allait découvrir « le confinement à l’espagnole ». Entre clusters en résidences étudiantes et apprentissage de la solitude, Floris découvre « une paroisse d’adoption » et la communauté des Petites sœurs de l’Agneau, pauvres et mendiantes dans les pas de saint Dominique et de saint François. Floris marche à leurs côtés à la rencontre des plus pauvres lors d’une maraude hebdomadaire.  « Cette période m’a permis d’expérimenter qu’un ermite ne devient pas fou parce qu’il est en relation avec Dieu. Pour moi évidemment, cette situation vécue dans ma chambre d’étudiant était plus subie que choisie, mais j’ai eu l’impression de me nourrir de la même manière de ma relation à Dieu. » Une période qui permettait aussi « de se réapproprier l’espace et le temps, dans l’écoute quotidienne des 3 minutes de prière et méditation que notre ancien vicaire de Saint-Denys, le père Maxime, proposait via un groupe WhatsApp très suivi ». Cette période a permis à Floris de faire de belles et fortes rencontres avec des fidèles laïcs engagés et de nouer des amitiés durables, comme avec ce jeune couple italo-espagnol qui redonnait vie à un monastère cistercien quand tant d’églises avaient refermé leurs portes. « L’avenir ? Maintenant que je suis de retour à Paris, je crois que cette pandémie va nous amener à repenser notre relation au voisinage, à notre environnement, et ce cadeau d’une église aux portes grandes ouvertes ».

Propos recueillis par PhTh 


Pierre

« L’espérance et le renouveau me font immédiatement penser à mon propre parcours de croyant. J’ai reçu un enseignement religieux lorsque j’étais enfant, mais ensuite, j’ai éprouvé une certaine indifférence vis-à-vis de l’Église. Ma foi a sans doute suivi des chemins détournés… Car, il y a tout juste deux ans, lors de la fête des Rameaux, je me suis senti interpellé par le Christ. Ce retour à Lui, je l’apparente à une quête et aussi à un recentrage intérieur. Beaucoup d’aspects de mon intériorité étaient épars, dispersés en moi… Le virage qu’a ainsi pris ma vie, il y a 2 ans, m’a permis de les rassembler dans une grande cohérence ! A Saint-Denys, j’ai suivi le parcours Alpha l’an dernier et je suis dans une « barque ». Je me suis senti très accueilli dans ma nouvelle paroisse. Je trouve ainsi très chouette d’établir du lien entre la messe et la vie. La parole de Dieu résonne désormais dans mon quotidien avec des échos très concrets. Ce n’est plus un sujet à part. C’est une lecture aidante, plutôt que culpabilisante… En moi, je me sens désormais « à ma place », en communion… 

Si je me projette dans un renouveau plus long, et en particulier post-Covid, c’est évident qu’il va falloir revenir à la vraie relation, pas seulement par téléphone ou en visio en programmant des rendez-vous. J’admets qu’il va me falloir sortir de mon univers connu et maîtrisé, donc trouver un certain courage pour ressortir, retourner au vrai contact de l’autre. J’en éprouve de l’enthousiasme mais aussi de l’appréhension. »

Propos recueillis par Agathe R.                                                                                                                                                                             


 

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