Le Petit Cephalophore

mercredi, septembre 30, 2020

La rentrée des séminaristes 2020

 Aux anciens : Comment as-tu vécu cette première année de séminaire ?

Jérôme : Je suis très content de cette première année, en paroisse et au séminaire. Le confinement a été une petite épreuve, bien sûr, mais on a réussi à la vivre correctement. Côté cours, on avait des vidéoconférences ou des poly. en ligne ; côté paroisse, les liens ont été maintenus grâce aux vidéos des offices et au Céphalo confiné. En un an, on connaît à peu près tout le monde. Je suis heureux d’avoir de meilleurs contacts avec les paroissiens. Quand les paroissiens se rendent compte que la promo des anciens va bientôt partir, les liens se renforcent avec ceux qui restent… Les cours, c’était OK. La philo est un univers dans lequel il faut entrer, ça prend un peu de temps. Il faut se laisser imprégner par la pensée des auteurs. Ce qui m’a le plus plu, c’est le cours sur les prophètes. On a retracé l’histoire du peuple d’Israël, avec des documents archéologiques, des cartes, une visite au Louvre. Et puis, on n’a pas souvent l’occasion de travailler les livres des prophètes. A Saint-Denys, j’ai fait le KT CM1. Ça s’est bien passé. Les enfants sont parfois agités, mais ça allait. Certains avaient un désir profond de faire leur première communion. Pendant le confinement, c’était un peu compliqué au début, rien n’était mis en place. Mais ensuite, on a repris les séances KT via Zoom. Tout le monde pouvait parler, tous ensemble d’abord, puis en sous-groupes. Et j’ai fait aussi mon premier camp scout en juillet, près de Poitiers. J’avais un peu d’appréhension, car je n’avais jamais fait de scoutisme, sinon quelques week-end pendant l’année. Je suis entré complètement dans l’univers scout, sa fraternité. J’ai admiré ces jeunes qui construisent des tables à feu et des tentes surélevées. Très bien aussi, le côté imaginaire ! On le construit pendant l’année, et là, on l’illustre, avec des déguisements et des mises en scène. Cette année, c’était un thème de Science Fiction. La vie de Maison ? On s’est très bien entendu. Les anciens nous ont bien intégrés ; le confinement nous a permis aussi de vivre une fraternité plus intense : on a dû trouver les moyens de compenser le stress lié au fait d’être toujours tous ensemble et qui aurait pu créer des tensions.

Je suis très content de pouvoir « retrouver » les paroissiens.

Je garde cette année les mêmes activités : le scoutisme et les KT CM1.

 

Édouard : C’était une belle année, à la fois en Maison, en paroisse, à la faculté et puis spirituellement. Il y a eu aussi le confinement, cette « drôle de guerre » : on était dans le chœur, occupant une stèle sur deux, à prier seuls les offices. Au début, c’était bizarre, mais on a aussi découvert que c’était la prière du peuple de Dieu, qu’on priait les uns pour les autres, c’était une belle grâce. Les portes de bois de l’église restant ouvertes, on voyait l’extérieur à travers les vitres blanches gravées représentant l’eucharistie, comme si notre prière, avant de monter au ciel, sortait pour associer les habitants du quartier. Non, ça n’a pas été pesant. Le père Tardy a senti qu’il fallait lâcher un peu de lest ; on est passé à un autre rythme, par exemple les laudes à 8h au lieu de 7h30. J’ai fait aussi le KT CE2. Même si les enfants étaient nettement plus calmes sur Zoom pendant le confinement, c’est le premier trimestre qui a vraiment été génial. Il y avait plein de pépites entre deux opérations de « police » ! J’ai été particulièrement touché par deux fillettes qui m’ont confié des choses assez lourdes, avec confiance. Ce qui est beau, c’est quand l’Esprit Saint nous fait toucher du doigt l’harmonie entre ce qu’on apprend aux Bernardins et ce qu’on vit en paroisse. On a eu aussi deux (bons) dîners avec les catéchistes : ce n’est pas grand-chose dans un emploi du temps, mais c’est vraiment génial. Des moments de joie partagée, de gratuité, qui nous font prendre conscience que nous prenons part à la même mission. Même chose au Ciné-pizza : on a fini l’année par un dessert partagé avec les parents et les fratries et de beaux échanges. Y a de la vie, quoi ! C’est ça, une paroisse. Et les rencontres sur le parvis après la messe : un moment de fraternité en acte ! Quant aux cours, c’était Byzance ! Je savais que j’aimerais beaucoup ce qu’on apprend aux Bernardins. On a aussi beaucoup de chance d’avoir un tuteur (un prof) pour nous guider dans nos lectures, partager nos enthousiasmes et nos difficultés. On vit aujourd’hui une période passionnante car de nombreuses questions sur l’histoire biblique ont reçu des réponses. Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est l’importance d’Israël dans l’histoire du Salut, son épaisseur historique, le fait que les Hébreux ont su poser les questions avec beaucoup de netteté. Quand on lit les prophètes, Isaïe sur la question de l’idolâtrie ou le Serviteur souffrant, on est vraiment en présence du travail de l’Esprit Saint, d’une inspiration reçue et travaillée par tout un peuple. Jésus vient véritablement accomplir. La vie communautaire ? C’est un trésor. On pointe tous vers la même direction, chacun à son rythme.  Du coup, au début, on est tenté de se comparer les uns les autres. Il y a un exercice de simplicité à déployer. C’est parfois comme une cocotte-minute, la vie au séminaire ! Il faut poser de petites choses pour désamorcer tout ce qui pourrait exploser. On éprouve sa pauvreté en se remémorant cette promesse du Christ :  Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des Cieux est à eux.

Cette année, je serai chargé du KT CM1 à l’école Charles-Péguy et des servants d’autel et servantes de l’assemblée, en veillant à bien réussir la mixité et à développer l’intelligence de la liturgie.

Un mot aux paroissiens ?  N’hésitez pas à inviter les séminaristes à dîner ! Approfondissons notre amitié !

 

Ancien (parce qu’il est passé l’an dernier par Saint-Denys) et nouveau à la fois (parce qu’il commence une première année de séminaire), Joseph ou Van Vinh D. : « Je suis né le 13 février 1988 à la province de Ha Tinh, au Vietnam. Je suis issu d’une famille catholique, d’un village au centre du Vietnam. Mes parents sont agriculteurs et éleveurs. J’ai deux grands frères et deux grandes sœurs mariés.

Ma paroisse appartient au diocèse du Ha Tinh. C’est un nouveau diocèse, séparé du diocèse de Vinh.

Je suis en France depuis un an. L’année dernière, j’ai appris le français à Angers. J’y ai fini mes études  fin juin et suis revenu à Paris. Pendant l’été, j’ai fait mon service d’apostolat à l’île Bouchard et une retraite à Notre-Dame-de-Vie. 

Cette année, je continuerai le français tout en prenant quelques cours au séminaire. »

  

Les nouveaux : portraits

Daniel D., 27 ans. Né dans le 95, il est le dernier d’une famille de huit enfants, qui fréquente assidûment l’Église chaldéenne (sa sœur y est chef scout et son frère sous-diacre), de rite oriental. Après avoir obtenu son M2 de Gestion à l’université de Nanterre, il exerce pendant trois ans en tant que consultant en contrôle de gestion. « J’étais heureux dans ma vie professionnelle, j’avais ma vie toute tracée… et voilà que le Seigneur est venu toquer à ma porte. Depuis longtemps, j’avais dans l’optique de rejeter la question du sacerdoce, mais plus je la rejetais, plus elle revenait, comme si j’étais grignoté par le Seigneur petit à petit. » En 2019, Daniel cède aux insistances de Dieu et entre à la Maison Saint-Augustin pour une année propédeutique, année « très enrichissante car elle permet d’approfondir le choix qu’on a fait. C’était un pas vers le Seigneur, pour moi qui n’ai pas connu d’appel fort, mais suis en marche depuis ma jeunesse. » (Daniel a par exemple été « animateur » d’un groupe de jeunes adultes dans sa paroisse.)

« Ma première impression à Saint-Denys ? Je suis très content car c’est une « vraie » paroisse, pas un lieu touristique, mais une Église à l’échelle du quartier. »

Cette année, Daniel sera en charge du KT et du Groupe Biblique du dimanche matin.

 

Jean P., 25 ans. Né à Brest, il est le benjamin d’une famille de quatre enfants. D’abord élevé dans la foi catholique, il devient un « athée convaincu » au lycée, en seconde. Il arrive à Paris en 2012, pour faire sa prépa à Louis-le-Grand. Au cours de sa deuxième année de prépa, « c’était le 17 février 2014, un lundi, vers 18h, j’ai vécu une expérience très forte de conversion : en rentrant chez moi, j’ai été saisi par la certitude de l’existence de Dieu. Une certitude si forte que je ne pouvais pas la nier sans nier ma propre existence. » Ce fut le point de départ d’une « re-formation », au sein de la paroisse Sainte-Anne de la Butte-aux-Cailles, paroisse proche de son école d’ingénieur (Télécom Paris) et qui compte beaucoup pour lui. C’est là notamment qu’il a suivi le parcours EVEN qui a « structuré ce renouveau ». Le voilà qui quitte Télécom Paris en 2016 pour devenir prof de maths dans un collège privé (à Paul-Claudel, dans le VIIe). L’année suivante, il entre à la Maison Saint-Augustin, mais « ne se sent pas appelé au séminaire ». En 2018, il revient à Télécom Paris : il obtiendra son diplôme en 2020. Lors d’un week-end paroissial à Paray-le-Monial, où il est consacré au Sacré Cœur de Jésus, en novembre 2019, voilà que « se renouvelle son désir d’intimité avec le Christ ». Cette fois, il « entend l’appel à devenir prêtre ». Quelques mois plus tard, le voici à Saint-Denys, heureux à la perspective de rencontrer les paroissiens !

Jean sera chargé cette année du KT Sainte-Geneviève et du catéchuménat.

 

Martin G., 26 ans. Parisien, deuxième d’une famille de quatre enfants, il grandi dans la foi catholique, est d’abord élève à Notre-Dame-de-France puis à Stanislas. Son bac en poche, il entre à l’université de droit Panthéon-Assas, mais abandonne ses études après son DEUG. Le droit n’est pas la voie de Martin, qui peint depuis l’enfance et recherche un lieu de « créativité ». Il tente avec succès le concours d’architecte et entre à l’école de Belleville en 2014. « J’étais tellement plus heureux là ! J’ai fréquenté des gens passionnants, issus de tous les horizons, et ça m’a déployé. » Après quelques mois, en 2015, il « entend clairement l’appel », mais ressent en même temps le besoin d’achever ses études d’architecture, pour éprouver cet appel et acquérir une certaine liberté. Il rejoint alors de bons amis au parcours EVEN (qui signifie « pierre » en hébreu, et forme l’acronyme de l’École du Verbe Éternel et Nouveau) de Saint-Germain, où il creuse des amitiés profondes. En 2019, après avoir obtenu son diplôme, il entre à la Maison Saint-Augustin et le voilà, « avec joie ! », en 2020, à Saint-Denys.

Martin sera en charge du KT CE2 et du Ciné-Pizza (avec Guillaume).

Un mot aux paroissiens ? « Merci ! Priez pour nous, nous prions pour vous. Je suis très heureux de retrouver la vie paroissiale, après cette année propédeutique. »

 

Guillaume de C., 34 ans. Il est né à Bordeaux, où il commence ses études de droit, qu’il achève à l’université Paris-Sorbonne avec un M2. Depuis 2011, il est avocat, spécialisé dans le contentieux des affaires et le droit immobilier. Élevé dans la foi catholique, il fréquente moins la messe pendant ses études et une fois devenu adulte. « Mais au fond de moi, depuis le début de l’adolescence, se posait la question du sacerdoce. J’ai tout fait pour ne pas devenir prêtre ! Comment faire un tel choix de vie ? Pourtant, le 17 octobre 2018, le Seigneur m’a demandé, dans mon cœur, si je voulais être prêtre. J’ai senti une joie immense, surnaturelle, un avant-goût du Ciel ; une joie comme je n’en avais jamais connue. » Guillaume demande quand même « un autre signe », quelques semaines plus tard, qu’il reçoit aussitôt. « J’ai reçu ce signe clair et fort, qui m’a bouleversé. Le Seigneur est venu au secours de mon manque de foi. J’ai eu la certitude que le Seigneur est là, qu’il nous aime, qu’on est dans sa main. J’ai alors entrepris un chemin de conversion. C’est une grande liberté que de vouloir faire la volonté du Christ. » En septembre 2019, Guillaume entre à la Maison Saint-Augustin : « la prière et l’eucharistie au quotidien m’ont rendu pleinement heureux. C’est merveilleux de trouver le sens de sa vie ! Avant, j’avais l’impression de passer à côté de quelque chose et voir le temps passer m’angoissait. Maintenant, je suis libéré de cette angoisse. »

Dès le premier dimanche de septembre, Guillaume est à Saint-Denys, « belle paroisse » où il se sent très bien accueilli et « impatient de commencer les cours, de voir ce que c’est que le séminaire ».

Cette année, il sera chargé d’une mission (à définir précisément) auprès des collégiens des Francs-Bourgeois et du Ciné-Pizza (avec Martin).

Propos recueillis par Dominique Th. 



 

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