Le Petit Cephalophore

samedi, mars 21, 2020

Coronavirus : le coin des confinés

Jesús A. :  Le confinement est essentiellement une affaire du temps.
Pour moi, c'est cela qui me dérange  le plus. Il n'y a plus de repères temporels : plus de dimanche, plus de jeudi... Tous les jours sont pareils, indifférents. 
On n'attend plus, sauf que le confinement se termine, et on retrouvera "notre" temps.



Marie-Ève : Cette première semaine de confinement a vu notre quotidien complètement chamboulé : de mon côté je ne peux plus travailler, je m'occupe de mes deux jeunes enfants et cela me laisse peu de temps dans la journée. Mais je me suis dit que c'était LE moment de faire une chose toute simple, mais toujours remise à plus tard : lire de façon continue des textes de la Bible. Récemment je suis tombée sur le début du chapitre 2 du prophète Osée et ce passage m'a beaucoup touchée : « C’est pourquoi, mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. Et là, je lui rendrai ses vignobles, et je ferai du Val d’Akor (c’est-à-dire « de la Déroute ») la porte de l’Espérance. Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse, au jour où elle est sortie du pays d’Égypte. » J'ai donc commencé par la lecture de ce prophète que je ne connaissais pas. Un passage que je vous indique fait étrangement écho à ce que nous vivons aujourd'hui : « C’est pourquoi le pays est en deuil, tous ses habitants dépérissent. » (4, 3). 
Je me dis que vraiment la parole de Dieu doit nous fortifier dans l'espérance et nous renouveler sans cesse sur nos chemins de conversion. Et j'évoquerai un deuxième point. Mes enfants ont 6 et 4 ans et ils sont très attentifs aux conséquences du coronavirus. Depuis le début du confinement, ils nous ont demandé de faire chaque soir la prière pour les victimes et les malades de cette épidémie. Je trouve que leur prière est très touchante.



Chers Paroissiens de Saint-Denys,
Après le début d’une fièvre, j’ai pris la décision de vivre mon temps de quarantaine en Seine-et-Marne. Évidemment, je laisse ma paroisse, mes frères, mais heureusement que cela est temporaire.
Par rapport aux premiers jours, je vais beaucoup mieux et remercie tous ceux qui ont prié pour moi.
Ce temps de quarantaine est parfois éprouvant, car je suis isolé du reste du monde en plus d’être confiné et la célébration de l’eucharistie me manque. Cela me permet de m’unir à la prière de ceux  qui sont seuls,  souffrants  et ceux qui  ne peuvent pas recevoir l’eucharistie.
J’ai la certitude  que  ce temps  de confinement demeure un temps propice pour la prière. À n’entendre parler que du Covid-19, on pourrait oublier que nous sommes en Carême. Or, nous marchons vers Pâques.
Cette marche vers Pâques est pour moi l’occasion de persévérer dans cette attente du Christ ressuscité, que nous célébrerons, sans doute, spirituellement.
Depuis le début de cette semaine, je fais l’expérience de cette présence de Dieu qui vient nous rejoindre là où nous sommes, que ce soit par le téléphone, les mails ou la messe sur Internet.
N’ayons pas peur, car « ils seront finis les jours de la Passion, et nous suivrons les pas du Ressuscité ».
Alors tenons bons, car grâce à la foi, l’espérance, notre inventivité et l’Esprit saint, la vie demeure et restera belle.
Jason, séminariste à la Maison Saint-Denys

JEAN B-C : La foi est à la fois personnelle et totalement individuelle, mais elle a toutefois besoin des autres pour grandir. Le confinement actuel permet plus de moments de prière et de réflexion pour retrouver Dieu. Les possibilités de partage, grâce aux moyens actuels de communication, nous donnent cette opportunité de retrouver l'autre. L'équilibre est préservé si on le veut vraiment.
En conclusion, la vie est belle et continue. A chaque épreuve, il y a un côté positif.


Célia, jeune maman, directrice de crèche, et catéchumène en attente de son baptême :
C’est la rencontre avec mon fiancé Édouard qui m’a mise en route vers le baptême. Je suis née dans une famille de tradition catholique, non pratiquante, alors que la famille d’Édouard était bien ancrée dans la pratique de la foi. Avec Édouard, j’ai commencé à aller à l’église plus souvent. Au moment où il m’a demandé en mariage, voici deux ans, j’ai ressenti l’appel au baptême pour la première fois. Ma demande du baptême était pour moi à la fois une démarche spirituelle et familiale. J’y aspirais pour avoir un socle commun avec mon époux en vue de l’éducation de nos enfants. Porté par le même désir, Édouard avait rejoint notre groupe de catéchuménat en vue de la confirmation. Il l’a reçu en automne de l’année dernière.
Je suis reconnaissante de ma préparation au baptême qui m’a fait déjà entrer dans la communauté chrétienne. J’ai pu progressivement mûrir ma réflexion autour des valeurs chrétiennes. Aujourd’hui j’ai envie de les porter tout au long de ma vie et de les transmettre. J’ai apprécié les rencontres, les temps d’accompagnement personnel et en groupe, je garde un beau souvenir de notre récollection de l’année dernière chez les sœurs bénédictines de Vanves, avec un témoignage d’une d’entre elles qui m’a beaucoup touché. Au sein de notre groupe, j’ai rencontré Camille qui a été baptisée un an plus tôt, et qui était enceinte en même temps que moi. Nous gardons un lien d’amitié.
Mon baptême était prévu pour la nuit de Pâques qui  approche et j’attendais  ce jour avec impatience. Quand j’ai réalisé que mon baptême serait probablement décalé et peut être vécu dans l’intimité, j’ai été un peu déçue, mais  je me  rends compte que j’avance vers ce jour, même si je ne connais pas sa date. 
Aujourd’hui il y a urgence de prier pour que l’épidémie en cours s’arrête et que nos proches soient épargnés. Comme je suis infirmière puéricultrice de formation, j’ai choisi de reprendre en cette période une mission d’infirmière pour aider notre société en difficulté. Je vais travailler dès la semaine du 23 mars à l’Hôpital Saint-Joseph dans le service d’orthopédie. Ma future marraine est infirmière, elle aussi. Il sera important de trouver une date à laquelle nous serons toutes les deux libres et intérieurement disponibles pour accueillir cet événement. 
Nous nous sommes fiancés avec Édouard le 22 juin dernier. Notre petit Marcel qui a déjà presque an, vient d’être baptisé. C’était le dimanche 15 mars, à la veille du confinement… Nous  nous  préparons  en  parallèle  à  notre  mariage qui sera célébré le 4 juillet prochain. Pour faire fructifier l’expérience de ce riche cheminement, nous avons déjà pensé à une première mission paroissiale : apporter  un  jour notre  témoignage  à  d’autres couples en préparation au mariage.

ELIA : Tout me manque :
- les personnes : leur sourire, leur  bienveillance,  leur joie qui me fait du bien...
- l’église ouverte :  me signer, saluer Jésus sur la croix  par une génuflexion.
M’asseoir et me sentir accueillie dans la maison de Dieu, enveloppée  par des  odeurs familières, des lumières, des objets...
Parler à Jésus : lui rendre grâce avant tout,   lui confier mes inquiétudes et l’écouter me répondre.
Sortir avec cette impression d’avoir les yeux grand ouverts, les pupilles brillantes.
La vidéo postée sur le site répond aux manques que j’ai évoqués, car on peut avoir grand nombre d’homélies sur internet mais  celles de nos pères Tardy et Grégoire sont celles qui nous vont droit au cœur et à « l’entendement » !
Merci pour cette initiative.

ANNE-MARIE : J’ai envie de dire qu’au delà des détresses dues au coronavirus, notre foi en Dieu et au monde nous conduits à voir aussi les côtés positifs.
Par exemple :
L’économie s’écroule mais la pollution diminue de manière considérable.
Le confinement suscite des dévouements et des solidarités nouvelles. Il nous oblige à refaire famille. Paradoxalement, il renforce le sentiment d’appartenance à l’humanité, nous dépendons tous les uns des autres…


MARIE S. : Vous connaissez cette triple interrogation spécifique à l’homme  :
« Qui sommes nous, où allons nous , d’où venons nous ? »
« Qui  sommes nous ? »
Combien les différences entre les êtres humains aujourd’hui sont cruelles et explosives ! Pourquoi ?
Voilà comment je les ressens : d’un côté « les exposés » , ceux qui meurent ou vont mourir et ils savent que ce n’est pas une fiction, comment les rassurer sans les tromper ? De l’autre « les  abrités », qui s’enveloppent dans des fictions pour se rassurer eux-mêmes. Position bien plus fragile qu’il n’y paraît et on le verra.
Alors je suis où ? Que faire? Que puis-je dire et m’autoriser à dire ? N’est-ce pas indécent ? Ne ferais-je pas mieux de garder le silence ? Je tourne les yeux vers le pape François. Lui peut me guider,  éclairer mon désarroi. Je mets mes pas dans les siens. Essaie du moins... Ce serait bien qu’il soit ma boussole aujourd’hui et demain. Je sais que les chrétiens sont avec lui, que nous devons passer du « moi/je » au « nous ».
« Où allons nous ? »
Qui peut prétendre le savoir ? C’est le grand inconnu. Pour tous, car Dieu seul sait.
«  Mes pensées ne sont pas vos pensées », Is. 55, 8.
Enfin : « d’où venons nous ? »
« Tout est de Lui , pour Lui, avec ou par Lui. » Si je me souviens des propos de saint Paul.....

                                                             

L’école primaire Charles-Péguy toujours active

Corinne Rocher dirige l’école Charles-Péguy. Elle évoque les liens qui l’unissent à la paroisse Saint-Denys et comment son équipe vit la fermeture de l’établissement…

Pouvez-vous nous présenter votre école ?
Corinne Rocher : L’école du groupe scolaire Charles-Péguy, sous tutelle de la communauté Saint-François-Xavier, scolarise 255 élèves du CP au CM2. 50 % d’entre eux sont catéchisés et une petite vingtaine sont des enfants de paroissiens de Saint-Denys. Située au 102 rue Amelot, dans le XIè arrondissement, l’école se trouve de fait sur le territoire de la paroisse. Notre collège et notre lycée étant en revanche avenue Parmentier et rue Saint-Maur, ils sont sur le territoire de Saint-Ambroise. C’est d’ailleurs avec cette autre paroisse que nous préparons cette année au baptême onze enfants, du CE2 au CM2.

Quels sont les liens qui vous unissent à Saint-Denys ?
C.R. : Ils sont forts ! Le père Tardy est venu en début d’année, un matin avant la classe, célébrer « la messe des cartables ». Il a également béni notre « Atrium », un espace de « catéchèse du Bon Berger » (développée par Sofia Cavalletti), réservé à nos petits CP et CE1. La préparation à la première communion se fait aussi en lien avec la paroisse et les premières communions sont célébrées à St-Denys en juin. Le père Tardy vient encore à l’école pour donner le sacrement de réconciliation aux enfants qui s’y préparent. Nous proposons également des célébrations de l’Avent et de Pâques. Nous avons dû d’ailleurs annuler cette dernière qui devait se tenir le jeudi 26 mars dans notre gymnase. Nous accueillons également toutes les semaines un séminariste qui renforce notre équipe de catéchistes. Cette année, Nicolas a pris en charge les CE2.

Vos écoliers se rendent-t-ils aussi dans notre église ?
C.R. : Oui, et c’est un autre moment fort de l’année. Les élèves ont droit à une visite guidée par le curé, en petits groupe. Pour eux, le père Tardy ouvre, par exemple, les grands tiroirs de la sacristie où l’on range les chasubles ! Depuis deux ans, le curé y célèbre aussi une messe sur le temps de midi pour les élèves, par niveau (CE2, CM1 et CM2).

Comment avez-vous géré la fermeture de votre école ?
C.R. : Comme tous les établissements de France, nous avons dû fermer nos portes aux élèves vendredi dernier, après la classe. Mais ils sont partis avec tout ce dont ils avaient besoin pour étudier. Nous nous étions, sans le savoir, préparés à cette fermeture en travaillant à la mise en place d’un ENT (espace numérique de travail) qui devait être opérationnel en septembre prochain. Une semaine avant la fermeture, nous étions prêts et les familles avaient reçu leur identifiant pour se connecter.
Depuis lundi, les enseignants, du CP au CM2, mettent leur travail en ligne sur cet outil convivial qui permet d’introduire des textes, des vidéos, des musiques et de créer des blogs de classe. J’ai une équipe très engagée ! Nous continuons à travailler ensemble à distance, tous les jours, via l’ENT et un groupe whatsApp.

Comment ont réagi les parents ?
C.R. : Les parents jouent le jeu. Ils aident leurs enfants à travailler et sont inquiets quand ils n’arrivent pas à se connecter. Ils nous envoient des photos de leurs petits écoliers en train d’étudier. Et nous recevons de leur part des mots de remerciement très encourageants.

Que proposez-vous aux enfants qui ont la foi ?
Nous allons continuer la préparation des onze enfants qui vont être baptisés en créant un blog dédié sur l’ENT. Tous les jeudis, nous mettrons en ligne une séquence pour qu’ils poursuivent la préparation avec leurs parents. Nous pourrons y ajouter un chant, une prière, une belle image à méditer. L’ENT va aussi permettre aux catéchistes de préparer des séances à l’avance qui seront programmées lors de la réouverture.

Comment votre équipe vit-elle cette période de confinement ?
Ce qui est difficile, c’est de continuer à faire la classe sans le retour immédiat des élèves. Il faut inventer de nouvelles façons de se relier. Pour la mi-Carême, jeudi dernier, nous avons demandé aux enfants de nous envoyer des photos d’eux déguisés pour remplacer le Carnaval que nous organisons chaque année. L’énorme difficulté que nous rencontrons, a permis en fait de créer une belle collaboration dans l’équipe. Ce que je retiens, c’est cet engagement magnifique des enseignants pour les élèves !                                                                                                                                           SH








 

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