Le Petit Cephalophore

mardi, octobre 22, 2019

Père Siméon : impressions de France

Alors qu’il s’apprête à rentrer au Togo début janvier, le père Siméon Akao revient sur son séjour en France qui lui a permis d’écrire une thèse sur Hegel… et d’apprendre l’allemand ! 

« Je suis arrivé à Paris, le 18 septembre 2014 à 8 h 48… et à 9 h, j’étais à la messe à Saint-Denys ! C’était ma première fois en Europe. J’avais 33 ans. J’ai découvert les immeubles imposants et j’ai été surpris de ne pas voir de paysage au loin. Je débarquais d’Abidjan où j’avais suivi un master de philosophie. À Abidjan, même au milieu de quartiers résidentiels comme Cocody, on trouve des bananeraies. 
Moi, j’ai grandi au Togo, dans un village sans route, sans électricité, sans eau courante. Un village où les maisons sont éloignées les unes des autres car chaque famille cultive un lopin de terre et élève quelques animaux. La simplicité de cette vie m’a manqué. Là-bas, certains habitants n’ont quasiment rien, disons qu’ils n’ont qu’eux-mêmes, mais ils expriment une vraie joie de vivre. 
À Paris, j’ai eu l’impression que les gens n’étaient pas contents. Malgré les maisons, les voitures, certains n’ont que la plainte à la bouche. Je pense alors à cette phrase de Thérèse de Lisieux : « Si tu disais merci à Dieu pour tout ce qu’il t’a fait, il ne te resterait pas de temps pour te plaindre ». Au fond, le propre du matériel, c’est d’être insuffisant. On a toujours envie d’avoir plus. Et l’insatisfaction est source de tristesse. La réponse nous vient de Thérèse d’Avila qui écrit : « Dieu seul suffit ! ». On a tous besoin de certains biens matériels. Mais il ne faut pas confondre besoin et envie. Dans la Bible, Jésus ne méprise pas l’argent : il demande juste de le mettre à sa place. Il faut se servir de l’argent mais pas servir l’argent. 
Pendant mon séjour, j’ai rencontré un autre écueil : le racisme. Je m’y étais préparé car je sais que la différence fait peur. Et pourtant, je pense comme Saint-Exupéry que « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis ». Le racisme, sous ses différentes formes, n’exprime, selon moi, que les limites de l’homme dans son rapport à l’autre. 
Malgré ces difficultés, je ne retiens qu’une chose de mon séjour : l’excellent accueil reçu à Saint-Denys. Je suis très reconnaissant vis-à-vis du diocèse et de la paroisse. Ma famille m’a manqué bien sûr, mais j’ai eu la chance de vivre en symbiose avec les séminaristes et les prêtres, tout particulièrement avec le père Tardy qui est si ouvert. Et puis, ces cinq années m’ont permis d’écrire une thèse sur Hegel que je soutiendrai en décembre prochain. Et j’ai aussi appris l’allemand pour lire dans le texte ce philosophe. 

Retour à Sokodé, deuxième ville du Togo 
Je rentrerai début janvier à Sokodé, une ville située au centre du Togo, pour seconder le directeur diocésain de l’enseignement catholique. Je serai aussi aumônier d’un grand complexe scolaire (une école, un collège, un lycée général et un lycée commercial) et je donnerai des cours de philosophie au séminaire de Kara. Une nouvelle page s’ouvre. Je suis confiant. La main de Dieu me guide. » 
Propos recueillis par Sylvie H.


 

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