Le Petit Cephalophore

samedi, octobre 19, 2019

La rentrée des séminaristes 2019


Les nouveaux : portraits
                         
Édouard, 25 ans, a grandi à côté de l’église Notre-Dame-d’Auteuil, qu’il a fréquentée jusqu’au bac. Il y a été enfant de chœur, mais c’est à Notre-Dame-de-Gerson qu’il a été scout. Il est l’aîné de quatre enfants, deux frères et une sœur, qui ont entre eux peu d’années de différence : « C’est hyper appréciable, surtout maintenant qu’on est sorti de l’adolescence... » C’est un 1er avril, dimanche de Pâques, qu’il a annoncé à sa famille son entrée au séminaire : « Mes parents s’y attendaient un peu. Ça s’est fait sereinement. Ils sont heureux pour moi et d’un grand soutien. Ce qui est délicat pour les parents, c’est qu’ils ne peuvent pas donner de conseils, peut-être se sentent-ils un peu démunis. » Après deux ans de prépa (durant lesquels il a « presque dévoré » Dostoïevski), Édouard intègre Supélec et le campus de Saclay. Les premiers mois sont un peu pesants : il découvre une « microsociété » où il est bon d’avoir « son » association, où le sentiment d’appartenance est cultivé à l’extrême. « C’était difficile de trouver son rythme, ça devenait desséchant. Je suis donc allé voir un prêtre de Paris en qui j’avais confiance, car à Saclay, c’était le désert spirituel. Il m’a écouté. « Tu as besoin de formation, en cœur et en intelligence, me dit-il, pars en retraite ! » Je suis parti à Tressaint en Foyer de Charité. Ce fut une expérience intense. On ne parle pas aux gens mais on vit ensemble dans le silence des choses très fortes. J’ai fait l’expérience de l’amour de Dieu, de sa miséricorde. Rentré à Supélec, j’ai décidé de fréquenter l’aumônerie. C’était un climat de simplicité, très fraternel, avec une messe en semaine. C’est à ce moment que j’ai « enclenché la seconde » dans ma vie spirituelle. L’année suivante, je suis retourné à Tressaint avec bonheur. Puis un évènement providentiel m’a permis de partir pour une année de césure, à la fin de ma 2ème année, en Ouganda, avec les Foyers de Charité. J’étais notamment chargé de la mise en place d’un accès internet, de panneaux photovoltaïques et de chauffe-eau solaires. Ça a été pour moi un lieu d’approfondissement de ma vie de prière : laudes, chapelet, vêpres, adoration. C’est peut-être là que j’ai « enclenché la troisième », en rencontrant et en aimant l’Église universelle. J’avais déjà un attrait pour le sacerdoce. Je me suis dit : « Je vais cheminer avec l’Œuvre des Vocations. » En 4ème année de Supélec, j’ai donc travaillé la question de l’appel, avec les figures d’Abraham, de Jacob, de Moïse. J’ai fréquenté aussi la Conférence Saint-Vincent-de-Paul, où j’ai découvert la diversité d’une paroisse, qu’elle forme un corps. Cela a ajouté une autre dimension à ce qui me parlait dans la figure du prêtre, au-delà de la Parole : comment se mettre au service de l’unité. Puis ce fut l’entrée à la Maison Saint-Augustin, une année de venue à la Lumière, et aujourd’hui Saint-Denys. C’était très chaleureux, cette sortie de messe de rentrée ! Quel enthousiasme chez tous ces paroissiens ! »
Édouard sera chargé du KT CE2 et du Ciné-pizza des collégiens.

Jérôme, 23 ans, est né dans le 93, a grandi à Clichy-sous-Bois puis à Gonesse, mais il se dit chaldéen. Ses parents ont quitté en 1989 le sud de la Turquie, à la frontière de l’Irak, pour venir en France, où la communauté chaldéenne est encore très soudée. « Nous sommes neuf enfants, cinq garçons, quatre filles entre 30 et 8 ans, et je suis le cinquième. Leur réaction quand j’ai annoncé mon entrée au séminaire ? Mes parents l’avaient peut-être pressenti un peu. Ils étaient très contents. ». Après son bac S, Jérôme a tenté Médecine, puis, pour rester dans le même milieu, a décroché un BTS de technicien de laboratoire. « J’ai beaucoup aimé ces deux années, tant les études que l’ambiance. J’ai ensuite fait une troisième année de Licence de biologie à Diderot et c’est dans ce milieu-là, un peu différent, de l’université, que j’ai eu un chemin de conversion et que la question de la vocation, qui a toujours été là, est revenue. J’ai laissé tomber la licence et j’ai essayé de me nourrir spirituellement et de réfléchir à ce que je pouvais faire avec cette vocation. J’en ai finalement parlé au père Narsay*. Je le connaissais bien. C’est le premier jeune prêtre chaldéen de la région parisienne, il est un souffle de jeunesse. Il m’avait auparavant posé la question : « Et toi ? Que veux-tu faire ? ». Il m’a alors dirigé vers le curé de Sarcelles, Mgr Sabri Anar, qui m’a envoyé au Service des vocations de Pontoise. Là, j’ai eu six mois de partage avec des jeunes gens qui se posaient les mêmes questions que moi, puis je suis entré (comme tous les Chaldéens de la région parisienne) à St-Augustin. » Le voici aujourd’hui chez nous, « content de la Maison (super sympa !) et de la paroisse. On m’avait dit déjà avant que c’est une paroisse dynamique, assez familiale, très active ».
Jérôme sera en charge du KT CM1 et des Scouts : « Je découvre le scoutisme ! »
* On n’a pas oublié Narsay Soleil, qui fut séminariste à Saint-Denys en 2009-11.

Joseph est vietnamien et vient d’arriver en France. Il quitte bientôt Saint-Denys pour des cours intensifs de français. Nous brosserons donc son portrait à son retour. Sois le bienvenu, Joseph ! 

Aux anciens : Qu’est-ce qui a changé en un an de séminaire ? Toi, as-tu changé ?

Nicolas (30 ans) : « La vie paroissiale, oui, a changé quelque chose : avant, j’étais édifié par les clercs, aujourd’hui par les laïcs. Mais on est toujours édifié par ce qu’on n’est pas, et je vois les choses comme un « semi-ecclésiastique ». Le séminariste est perçu comme un « mini-curé », une situation qui interpelle les gens. C’est un état de vie qui porte déjà l’état de vie radical auquel il mène, dans et hors de la paroisse. J’ai des conversations avec des amis que je n’avais pas avant : on aborde des sujets tels que le sens de la vie, la métaphysique ou des sujets personnels. Ceux qui sont un peu loin de l’Église s’attendent à être sermonnés, mais ce n’est pas ça une vocation. Ça surprend les gens. Oui, ma relation aux autres a changé. Le fait d’avoir un pied dans le monde « normal », un pied dans le monde ecclésiastique est libératoire pour eux. Parce qu’on partage les mêmes codes, qu’on a grandi dans le même environnement, l’autre se dit : « Ah oui ! Il a cela de particulier. Lui le chercheur académique très cartésien (Nicolas a fait l'Ecole des mines), il a Dieu dans son équation : comment ça se fait ? » et cela donne lieu à des discussions très chouettes. Au séminaire ? Il y a eu beaucoup de joies et des difficultés : la vie communautaire, le discernement. On est dans un « temps de fiançailles » avec une très vieille dame, l’Église, un peu revêche, un peu compliquée, mais très douce. J’ai bien aimé les études, le fait qu’on a des raisons d’avoir la foi, contrairement à ce que pensent les gens. J’apprécie qu’on étudie la philosophie, des Grecs à Nietzsche ou Sartre, avec un regard chrétien, pour voir le travail de la raison humaine dans son chemin vers la vérité. J’ai bien aimé aussi le KT. Les enfants mettent le boxon, mais ce sont de grands métaphysiciens. Ils voient les problèmes, commencent à avoir un esprit critique, cherchent le pourquoi des difficultés qu’ils peuvent vivre en famille. »
Nicolas sera en charge du KT à Charles-Péguy et du catéchuménat.

Louis-Marie, 26 ans : « C’est une année qui m’a permis de découvrir la vie paroissiale, après l’année de discernement où l’on est coupé du monde, et de rencontrer beaucoup de gens : les paroissiens, les enfants du KT, les servants de messe et d’assemblée. Ça m’a appris à aller à la rencontre des gens, à témoigner de ma foi et à transmettre ce que j’avais reçu. A la Maison, on a été très bien accueillis par les anciens et par les pères Tardy et Siméon. Ils nous ont bien aidés à trouver nos marques, à nous adapter à notre nouveau rythme, notamment pour les cours aux Bernardins. Ça m’a beaucoup plu. Ce sont des cours que je n’avais jamais travaillé avant (la philo) ou qui m’ont permis d’approfondir la Parole (Écriture sainte). J’ai aussi découvert le KT avec les CE2. Des enfants dynamiques ! On a eu la grâce de préparer le sacrement de réconciliation. Chacun a pu avancer à son rythme. J’ai bien aimé aussi le déjeuner de Noël avec le Club Saint-Denys. J’ai rencontré des paroissiens que je ne connaissais pas. On y voyait, à travers les Scouts présents, le lien que la paroisse crée entre les générations. Cet été, j’ai fait un « pélé VTT » dans le diocèse du Mans, avec cent collégiens et lycéens, et j’ai assuré l’accueil des pèlerins au sanctuaire marial de l’Ile-Bouchard (où la Vierge est apparue en 1947). On y prie pour la France, les pécheurs et aujourd’hui surtout pour les familles. Il faut surtout écouter et accueillir les intentions de prière. J’invite les paroissiens à découvrir le message de l’Ile-Bouchard, très actuel. »
Louis-Marie sera en charge du KT CP/CE1 à Sainte-Geneviève et des servants de messe et d’assemblée.

Antoine (27 ans) : « Changé ? Non, je ne crois pas. J’ai découvert le KT à Charles-Péguy. C’est la première fois que je faisais du KT : ça va, je suis toujours vivant ! C’était une belle découverte, une chouette école. J’ai été heureux que les enfants viennent à Saint-Denys, pour leur faire visiter l’église, la sacristie, pour assister à une messe de semaine. J’étais chargé aussi du Ciné-pizza des collégiens : c’était l’occasion de beaux échanges, j’ai fait connaissance avec les jeunes de la paroisse. C’était une belle chose. J’ai aimé aussi le pèlerinage à Montligeon, où j’ai pu rencontrer d’autres paroissiens encore, comme Michel, qui était en chaise roulante, et que j’ai accompagné. En Maison, on a vécu de beaux moments fraternels, notamment le samedi midi, c’est plus festif. Et aussi les semaines de lecture au vert (nous étions chez le grand-père de Louis-Marie, à Noëllet) pour engranger un peu de matière pour nos devoirs : « Peut-on prouver par la science qu’on est libre ? » ou une étude des Évangiles sur Jésus à Gethsémani. Nous avons bien été accueillis aussi dans la paroisse. On discute, on salue les paroissiens. Toute cette vie ! Cela conforte dans la vocation. C’est bien d’être là où j’ai envie d’être plus tard. Ce qui est difficile, c’est que nous ne sommes ici que pour deux ans, mais c’est une belle communauté. Les repas de Noël, les Jam : les paroissiens partagent beaucoup de choses. » Et la philo ? « C’était bien. Le plaisir de découvrir une discipline nouvelle. C’est chouette d’approfondir ce sujet, et aussi la Parole de Dieu. »
Antoine sera chargé du KT CM2 et des Petits déjeuners bibliques du dimanche matin. « Venez nombreux ! »

Antoine Ha, 28 ans : « J’apprends petit à petit… Je suis très content de revenir ici après deux mois passés au Vietnam, pour mon apostolat, au sein d’une paroisse au bord de la mer, où j’ai fait le KT à 60 enfants ! J’ai été aussi chez mes parents et j’ai participé aux activités de ma propre paroisse. J’ai eu la chance d’accueillir le père Tardy et d’autres pères français. Nous avons ensemble visité les familles des séminaristes et des prêtres vietnamiens de Paris. J’ai raconté à ma famille ma vie ici. Ils ont été surpris car il y a beaucoup de différences, par exemple les repas et les horaires. Au Vietnam, on se lève à 4h du matin et on mange beaucoup de riz ! Ici, j’ai appris à cuisiner des plats français : les pâtes d’abord, puis la tarte aux pommes et le gâteau au chocolat. Cette année, je suis en 2ème année de philo. J’ai la chance d’accueillir Joseph, lui aussi vietnamien. Il a appris le français, mais on a besoin de temps pour pouvoir vraiment parler. » Un mot aux paroissiens ? « Je suis content de connaître cette paroisse depuis 2016, date de mon arrivée en France. C’est comme une famille ! Je vous souhaite une très très bonne année. Priez pour nous les séminaristes, je prie pour vous. »
Antoine Ha sera chargé de l’Aumônerie du Marais… « avec Jason, heureusement ! »

Jason (23 ans) : « Bonne question ! Pour voir le changement, il faut changer de milieu. Je ne suis pas Parisien, et c’est en revenant à Meaux pour faire mon apostolat d’été que je me suis rendu compte que j’ai un peu évolué dans mon rapport avec les autres. J’ai l’impression que j’ai appris à être plus attentif, au KT ou dans mes relations avec les paroissiens. J’étais content de revenir à Meaux, de retrouver la verdure ! Le calme ! J’étais six jours par semaine à la cathédrale, pour aider à la préparation de la liturgie. J’ai eu des funérailles. J’avais déjà vécu cette expérience forte en Angleterre. Du coup, j’ai pu m’apercevoir que je suis plus attentif aux familles que j’accueillais pour les accompagner, les aider. L’année en Maison a été très enrichissante. Avant, je vivais avec des sportifs de haut niveau. C’est différent. Les sportifs viennent du même univers, alors que les séminaristes, en raison de leurs familles, viennent de cultures différentes et c’est très enrichissant. J’ai vécu comme une grâce le fait de fréquenter certaines personnes que je n’aurais pas connues autrement. Mon univers a grandi. Il y a eu un moment qui m’a particulièrement touché. C’était aux ordinations sacerdotales. J’accompagnais Martin de Laubadère (voir les photos de son ordination si-dessous sur le blog). Il bénissait des personnes, dont des paroissiens de Saint-Denys. Ils étaient émus ! Cela m’a révélé encore plus que le fait d’accueillir des séminaristes depuis des années, c’est une joie partagée jusqu’au bout. Ça  donne envie de s’engager davantage ! Si on est aussi heureux, c’est grâce aux laïcs qui nous portent et nous accompagnent. C’est ce que j’ai vu à travers cette émotion partagée. » Et côté études ? « La manière de raisonner, en droit (Jason a une formation de juriste) et en philo, ce n’est pas pareil ! Il a fallu apprendre la méthodologie. Mon tuteur m’a permis de progresser. Et j’aime les défis ! »
Jason sera chargé de l’Aumônerie du Marais avec Antoine Ha.

Propos recueillis par Dominique Th.


 

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