Le Petit Cephalophore

mardi, octobre 22, 2019

La mission au travail

Anne W. : « Vivre sa foi dans sa vie professionnelle, ce n’est pas si évident ! Le petit groupe paroissial Chrétiens@work (Chrétiens au travail) permet d’y réfléchir, d’échanger les expériences et de se soutenir fraternellement. Nous nous retrouvons à Saint-Denys en soirée une fois par mois autour d’un apéro dînatoire tiré du sac. Un thème général éclairé par un texte biblique - ou autre - est proposé à chaque réunion afin de lancer les débats : hiérarchie, réussite, rapport à l’argent… Les suggestions sont bienvenues ! Nous partageons également les situations délicates que nous rencontrons, les difficultés entre collègues - les joies, aussi - en réfléchissant à ce que cela implique d’être chrétien dans ces circonstances, à la valeur ajoutée possible si nous vivons, et peut-être même, témoignons de notre foi. Quel soutien pouvons-nous apporter ? Notre comportement peut-il interpeller notre entourage, sommes-nous chrétiens partout ? Des chrétiens cohérents, travaillant à décloisonner nos vies, à unifier dans la foi vie privée et vie professionnelle… Chacun d’entre nous tente de poser un objectif personnel, un point d’effort, qui peut être partagé ou non. Un temps de recueillement clôt la réunion : moment d’intercession et prière commune. Et au-delà de ces rencontres nous goûtons la joie de nous insérer dans la paroisse et d’y créer des liens forts… Ce groupe est ouvert à tous, n’hésitez pas à le rejoindre ! »  
Prochaines réunions Chrétiens@work : 25 novembre, 16 décembre 2019.
Propos recueillis par Isabelle M.

Philippe Th. : « Être chrétien » dans le quotidien de mon travail, c’est simple. Cela signifie qu’il n’y a pas deux Philippe, un du dimanche et un autre de la semaine. Il n’y en a qu’un, au travail ou pas, peu importe. Être en union et en cohérence entre ce que l’on est et ce que l’on fait, cela rend la vie bien plus agréable et facile. Je ne brandis pas le Petit Céphalophore en costume sombre à l’entrée de ma tour de La Défense, mais pour autant je n’ai pas le « catho honteux ». Mes collègues savent très bien quelle est ma foi et, pour un bon nombre, mes engagements paroissiaux. Il y a bien les supporters de l’OM ou du PSG, pourquoi dans une conversation masquerais-je ma foi catholique ? Je ne suis pas prosélyte, je suis témoin, dans une discussion de machine à café et surtout dans mon action quotidienne. Être témoin du Christ – j’ai l’impression d’employer de grands mots, mais c’est bien de cela dont il s’agit – c’est une exigence qui n’est pas simple à vivre au jour le jour. On pourrait parler d’un devoir d’exemplarité. Ça fait un peu prétentieux que de dire cela mais comment pourrait-il en être autrement ? Être connu et reconnu en tant que catholique, dans un monde qui ne l’est plus ou tout au moins en a perdu le sens, c’est justement montrer que nous sommes comme tout le monde sans être comme tout le monde, et que nous ne nous cachons pas dans nos églises entre 11 heures et midi le dimanche. Un des aspects les plus importants c’est de mettre en accord nos paroles, nos actes et notre foi. Être vrais. Éviter cette fameuse « dissonance cognitive », ou plus simplement ce « management langue de bois » qui règne trop souvent dans l’environnement professionnel, particulièrement dans les grandes entreprises. Considérer le salarié en tant qu’Homme et non pas en tant que simple facteur productif, au-delà des modes managériales du bien-être au travail et des happiness officers, c’est en parfaite harmonie avec notre foi. Cela ne doit pas nous transformer en « ravis de la crèche ».  Il faut parfois aussi savoir recadrer, voire sanctionner, mais avec justice. Ou aider un collègue qui fait face à un « manager toxique ».  Être catho au travail c’est – heureusement – parfaitement compatible avec la recherche de la performance, mais avec l’exigence de l’équilibre entre ses différentes dimensions : la finance, le client, le salarié… et l’environnement !

Antoine et Clément : J’ai rencontré Antoine et Clément, deux enfants de CM2 (10 ans), un peu avant leur séance de catéchisme, autour d’un dessert et de la question du témoignage. Question pas facile. Antoine est à l’école publique (Béranger) et Clément à l’école privée (Sainte-Geneviève), mais les deux s’accordent à dire que très peu de leurs copains d’école s’intéressent à Dieu. De moins en moins d’élèves sont inscrits au caté. Antoine ne connaît que trois enfants chrétiens dans sa classe. Clément rapporte que le nombre d’enfants de sa classe, catéchisés à Saint-Denys, a diminué de 10 l’année dernière à 2 seulement cette année. Même sa petite sœur (8 ans) semble ne plus croire comme avant, dit-il avec regret. Pourtant, Antoine et Clément aiment Dieu. « Je veux savoir tout de la vie de Jésus », exprime Antoine. « Je voudrais que tout le monde le connaisse », ajoute Clément. Si ni l’un ni l’autre ne semblent avoir l’occasion de partager leur foi avec d’autres enfants, de leur côté ils s’en souviennent. « Je prie Jésus quand quelqu’un à l’école a des difficultés, ou quand quelqu’un est triste », témoigne Clément. Antoine revoit sa journée le soir et demande à Jésus pardon pour ses petites transgressions. « A mes copains aussi il m’arrive de demander pardon », ajoute-il. Les deux garçons se complètent pour dire qu’un témoin doit essayer d’être comme Jésus, rester gentil même s’il rencontre de la méchanceté, éviter le péché. Mais que faire si peu le cherchent et tout en sachant que Lui, les aime tous ? Pour commencer, nous prenons un engagement tous les trois : à partir de ce jour, nous allons prier pour que tous les camarades de classe d’Antoine et de Clément puissent croiser un jour Jésus sur leur chemins.
Propos recueillis par Katarina K.

Marc L. : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile », dit saint Paul (1 Co 9, 16). « Un chrétien est appelé à témoigner de sa foi au Christ. Mais comment faire ? En France, nous avons subi une large déchristianisation. Il me semble qu’il faut toujours tenir compte du contexte, nous adapter à nos interlocuteurs. Nous devons nous laisser travailler nous-mêmes par ce que nous avons reçu : je pense  important de cultiver le sens du dialogue, d’avoir une parole sereine, sans crispation. Je dois bien sûr complètement accepter qu’on puisse être en désaccord avec moi. Il doit y avoir une cohérence entre ce que je dis et ce que je fais, mon comportement.  La chaleur humaine, la joie, l’humour sont aussi des ressources importantes. J'essaie d’aimer tout ce que je peux aimer chez l’autre, de positiver tout ce que je peux positiver. Parfois nous pouvons rencontrer une aigreur, un ressentiment négatif, voire de la haine de la religion et même de Dieu. A nous de nous avancer au-delà des conflits, de chercher en tout le Vrai et le Beau. Mon expérience m’a placé dans une collectivité locale, où la laïcité nous est souvent rappelée ; c’était donc un contexte a priori pas très favorable. Ma manière a consisté à organiser un déjeuner avec les nouveaux collègues. Nous nous racontons notre parcours et j’aborde le champ du spirituel. Je donne mes trois raisons de  croire en Dieu, avant de développer sur le Christ si je pense que le contexte est adapté. Quant aux fruits de mon témoignage, ils sont souvent resté cachés pour moi. Mais récemment, un copain du lycée m’a confié avoir été « sauvé du naufrage » grâce au « spirituel », un champ dans lequel j’avais essayé de le sensibiliser. A l’avenir, je serai enseignant en français, en anglais et en management pour les petit et grand séminaires du Patriarcat latin de Jérusalem, situé à Beit Jala. Mon expérience du dialogue interreligieux me sera alors bien utile. Les chrétiens sont une minorité en Terre Sainte. Je crois que le plus beau témoignage dans ce contexte consistera à offrir une passerelle entre les parties opposées, au service de la paix et de la réconciliation sous le regard de Dieu et avec sa grâce. Espérons-le ! »



 

Le référenceur des meilleurs sites catholiques francophones
Blogues_Catholiques
Rejoindre la chaîne | Liste | Précédent | Suivant | Hasard | Paroisse francophone St-Blogue
Joindre | Liste | Précédent | Suivant | Au hasard