Le Petit Cephalophore

jeudi, juin 21, 2018

Paroles mariales





Qui est celle en qui Jésus, fruit de son sein maternel, puise son humanité ? Quelle est son histoire, sa personnalité ? Les évangiles ne disent d’elle que l’essentiel : son mariage, sa maternité reçue dans la virginité et sa présence discrète et quasi muette aux moments où bascule la vie de son Fils, jusqu’à la Croix.

Celle qui a engendré le Verbe se tait. Ses rares paroles sont principalement rapportées par Luc, qui partage avec Matthieu le souci de relater l’enfance de Jésus. « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? » sont les premiers mots de Marie. Comprendre pour croire. Comprendre que « rien n’est impossible à Dieu ». C’est la seule exigence de son « oui » : « Voici la servante du Seigneur, qu’il m’arrive selon ta parole ! ». Quelques temps plus tard, Marie reçoit une seconde salutation, de la part de sa parente enceinte Élisabeth, dont l’enfant a tressailli « lorsque la voix » de Marie « est parvenue à ses oreilles ». « Heureuse celle a cru ! » s’exclame Élisabeth. Et Marie magnifie le Seigneur en dix versets (Lc 1.46-55) : son seul discours restera cette déclaration d’amour et de reconnaissance envers Celui qui « élève » les plus petits. Douze ans plus tard, Jésus que l’on a cru perdu, est retrouvé dans le Temple de Jérusalem, stupéfiant par l’intelligence de ses réponses tous ceux qui l’écoutent. Marie lui fait les doux reproches d’une maman : « Enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Voici que ton père et moi, torturés, nous te cherchions. » (Lc 2.48) Encore une question. Mais cette fois, ni elle ni Joseph ne « comprennent » celles que leur pose leur enfant en retour : « Pourquoi me cherchez-vous ? Ne savez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Premier grand basculement dans la vie de Jésus, qui entre dans l’âge adulte : pour la première fois, il s’identifie comme le Fils du Père. Marie est là, qui « garde toutes ces choses en son cœur » et, tandis que son enfant grandit à Nazareth, elle se tait.
C’est à Cana en Galilée que l’on entend à nouveau la voix de Marie, cette fois chez Jean (2.1-11). Lors d’un repas de noces, c’est encore à Jésus qu’elle s’adresse : « Ils n’ont plus de vin ». C’est le « troisième jour », précise Jean, et Marie attend un signe, non pour elle, mais pour tous. Comme à Jérusalem, Jésus la rabroue : « Que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue ». Mais il va accomplir le signe demandé par sa mère, qui commande aux serviteurs : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». C’est sa seule exigence : l’obéissance à la Parole. Une obéissance qui est sienne et qu’elle nous invite à accueillir afin que nous puissions avec elle magnifier le Seigneur. Marie parle, et la vie de Jésus bascule une fois encore. Premier miracle, annonciateur de la Passion. C’est au pied de la croix, en effet, que l’on retrouve Marie (Jn 19.26). Jésus, crucifié, voit sa mère et la confie « au disciple qu’il aimait ». C’est lui qui cette fois s’adresse à elle, et c’est dans son dernier souffle : « Femme, voilà ton fils ». Elle ne lui répond pas ; un glaive lui transperce le cœur. Mais c’est encore un « oui » qui naît de son âme, un « oui » de douleur, un « oui » muet. Le « oui » de son Fils.
Dominique Th.
Ill. Marie dans L'évangile selon saint Matthieu de Pasolini


 

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