Le Petit Cephalophore

lundi, novembre 20, 2017

Les paroissiens et le Notre Père

Isabelle : « Dire le Notre Père, c’est lancer une échelle entre nous et le Ciel. C’est une prière refuge où que nous soyons : dans le bruit de la rue, dans une église ou chez soi en cherchant le sommeil. Elle est une source de paix et d’espérance merveilleuse. Elle nous révèle que nous avons un Père qui nous donne tout et qui nous pardonne tout, sans jamais se décourager de nous. Nous pouvons l’appeler cent cinquante mille fois, il répondra toujours. Peut-il y avoir un cadeau plus beau ? Avec la nouvelle formule du Notre Père, nous disons la même chose, mais de manière encore plus claire : toi, Père, tu es toujours avec nous, tu nous abrites dans les moments les plus délicats. Le Notre Père se dit au présent. Il nous est offert ici et maintenant. J’ai remarqué que dire un Notre Père est efficace même quand on le récite machinalement : peu de temps après, la confiance et la paix se font ressentir. C’est une prière de supplication et de demande, mais aussi de remerciement et de louange. Parfois je la dis spontanément quand quelque chose m’émerveille. Quand nous sommes stressés, énervés ou craintifs, le Notre Père nous ouvre à une dimension très large, qui relativise nos problèmes : elle nous met face à l’éternité, à un Amour infini qui opère jusqu’à restaurer en nous la joie des enfants. Au lieu de dire "je démissionne", nous disons alors : "que ta volonté soit faite" et  nous nous abandonnons. Serait-ce cela le fardeau léger dont parle Jésus ? Parfois je me dis que si tous les livres disparaissaient, si nous devions tout perdre, avec cette prière seule nous pourrions toujours cheminer car elle contient tout, elle peut tout exprimer. Dans chacune de ses phrases, il y a toute la voie vers Dieu. » 

Ezéchiel, 11 ans, explique : « Si Dieu est Amour, il ne peut nous donner que de l’Amour. Jésus nous a donné le Notre Père et il le prie avec nous. Il nous apprend à toujours aller vers le Père, qui nous donne tout ce dont nous avons besoin. Charles de Foucauld appelle cela l’abandon au Père. » Ézéchiel sait dire le Notre Père par cœur depuis longtemps. Il y pense surtout quand il a besoin de l’aide au cours de sa journée. Comprend-il bien toute la prière ? Ézéchiel répond qu’il ne s’était jamais posé la question, puis il se met à égrener la prière phrase par phrase pour mieux s’en rendre compte. « "Que ton Nom soit sanctifié" ; c’est que nous voudrions que Dieu soit acclamé par le monde entier. "Que ton Règne vienne",  oui ! Le Règne est là mais pour le laisser venir en nous, nous demandons au Père de nous ouvrir les cœurs. Que la volonté de Dieu soit faite, mais oui, puisque Dieu est Amour : il veut que nous nous aimions les uns les autres. Le pain du jour, c’est avant tout l’hostie (Ézéchiel marque un petit silence), mais c’est aussi tout ce dont nous avons besoin pour que notre journée se passe bien. Le pardon du Père, il nous faut le demander chaque jour. En même temps, nous pardonnons aussi. Il n’est pas facile de pardonner, mais comme Dieu aime chacun de nous, nous pouvons y penser et aller ensuite voir les autres par un nouveau chemin. Que Dieu ne nous soumette pas à la tentation. Qui dit soumettre, dit qu’il y a un vainqueur, et si c’est pas moi, je dois me dire : pourquoi j’ai fait cela ? Que Dieu nous aide à ne pas y entrer, alors nous pourrons l’éviter, ne pas toucher la poignée de la porte qui y mène, comme l’a fait Jésus au désert. » 
Propos recueillis par Katarina K.

Alain : « J’attendais avec impatience le changement de formulation du Notre Père. C’est une très bonne chose. De fait, ce n’est pas le Seigneur qui nous soumet à la tentation, c’est Satan ! J’ai appris cette prière en latin quand j’étais enfant. Dans le Pater noster, on disait la même chose - « et ne nos inducas in tentationem » - mais comme la prière était en latin, on avait tendance à ânonner sans réfléchir au sens de chaque mot. En français, il en va autrement.
Comme l’exprime le Notre Père, je crois que la prière peut nous protéger des tentations. J’en ai fait moi-même l’expérience. Il y a deux types de tentations : les tentations extérieures à nous-mêmes et les tentations intérieures. Le diable nous tente des deux façons et il n’est pas toujours facile de discerner ce qui est bon de ce qui est mauvais, surtout si on ne pratique pas. Parmi les tentations les plus courantes qui me viennent à l’esprit, il y a le fait de critiquer les autres. Dès que des amis se retrouvent, ils ont tendance à dire du mal de celui ou de ceux qui sont absents. Ce n’est pas une attitude chrétienne. Il faut combattre ce penchant qui ne produit rien de bon. » 

Anne : « J’avais vaguement entendu parler du changement de rédaction du Notre Père, sans y avoir prêté grande attention. C’est par la lecture de journaux chrétiens que j’ai découvert la nature et la portée du changement de formulation de la phrase « Et ne nous soumets pas à la tentation » par « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ». J’ai appris que ce changement résultait d’une réflexion sur l’exactitude de la traduction du texte original qui a duré 17 ans compte tenu des échanges nécessaires entre les différentes instances participant à ce travail.
En tant qu’avocat, je sais combien un mot, une phrase, une tournure au sein d’un acte juridique peut impliquer des conséquences radicalement différentes. Je comprends donc tout particulièrement le travail qui a été effectué pour que l’on s’éloigne, dans la nouvelle rédaction du Notre Père, de l’idée d’une certaine responsabilité de Dieu dans la tentation.
Cela étant, je n’avais jamais pris réellement le temps de me pencher sur la rédaction du Notre Père, ni de m’interroger sur ce qu’impliquait la formulation « ne nous soumets pas à la tentation ». Ce changement dans la traduction a au moins le mérite de nous amener à nous interroger sur le sens profond de textes que l’on récite souvent un peu machinalement depuis notre enfance. Il est vrai qu’avec l’ancienne formulation, on pouvait comprendre que Dieu nous tentait, ce qui était un parfait contresens dans la mesure où Il ne nous tente pas, mais peut au contraire empêcher la tentation. Surtout, ce sont les pécheurs que nous sommes qui peuvent entrer en tentation, en doutant de Dieu.
Après plus de 30 ans à entendre et à réciter le Notre Père dans sa traduction de 1966, il va m’être difficile de prendre en compte la modification intervenue, tant le Notre Père est ancré dans mes habitudes de récitation, en particulier à la messe. » 
Propos recueillis par Sylvie H.                                                                                      


 

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