Les paroissiens et le Notre Père
Isabelle : « Dire le Notre Père, c’est lancer une échelle entre nous et le Ciel. C’est une prière refuge où que nous soyons : dans le bruit de la rue, dans une église ou chez soi en cherchant le sommeil. Elle est une source de paix et d’espérance merveilleuse. Elle nous révèle que nous avons un Père qui nous donne tout et qui nous pardonne tout, sans jamais se décourager de nous. Nous pouvons l’appeler cent cinquante mille fois, il répondra toujours. Peut-il y avoir un cadeau plus beau ? Avec la nouvelle formule du Notre Père, nous disons la même chose, mais de manière encore plus claire : toi, Père, tu es toujours avec nous, tu nous abrites dans les moments les plus délicats. Le Notre Père se dit au présent. Il nous est offert ici et maintenant. J’ai remarqué que dire un Notre Père est efficace même quand on le récite machinalement : peu de temps après, la confiance et la paix se font ressentir. C’est une prière de supplication et de demande, mais aussi de remerciement et de louange. Parfois je la dis spontanément quand quelque chose m’émerveille. Quand nous sommes stressés, énervés ou craintifs, le Notre Père nous ouvre à une dimension très large, qui relativise nos problèmes : elle nous met face à l’éternité, à un Amour infini qui opère jusqu’à restaurer en nous la joie des enfants. Au lieu de dire "je démissionne", nous disons alors : "que ta volonté soit faite" et nous nous abandonnons. Serait-ce cela le fardeau léger dont parle Jésus ? Parfois je me dis que si tous les livres disparaissaient, si nous devions tout perdre, avec cette prière seule nous pourrions toujours cheminer car elle contient tout, elle peut tout exprimer. Dans chacune de ses phrases, il y a toute la voie vers Dieu. »

Propos recueillis par Katarina K.
Comme l’exprime le Notre Père, je crois que la prière peut nous protéger des tentations. J’en ai fait moi-même l’expérience. Il y a deux types de tentations : les tentations extérieures à nous-mêmes et les tentations intérieures. Le diable nous tente des deux façons et il n’est pas toujours facile de discerner ce qui est bon de ce qui est mauvais, surtout si on ne pratique pas. Parmi les tentations les plus courantes qui me viennent à l’esprit, il y a le fait de critiquer les autres. Dès que des amis se retrouvent, ils ont tendance à dire du mal de celui ou de ceux qui sont absents. Ce n’est pas une attitude chrétienne. Il faut combattre ce penchant qui ne produit rien de bon. »

En tant qu’avocat, je sais combien un mot, une phrase, une tournure au sein d’un acte juridique peut impliquer des conséquences radicalement différentes. Je comprends donc tout particulièrement le travail qui a été effectué pour que l’on s’éloigne, dans la nouvelle rédaction du Notre Père, de l’idée d’une certaine responsabilité de Dieu dans la tentation.
Cela étant, je n’avais jamais pris réellement le temps de me pencher sur la rédaction du Notre Père, ni de m’interroger sur ce qu’impliquait la formulation « ne nous soumets pas à la tentation ». Ce changement dans la traduction a au moins le mérite de nous amener à nous interroger sur le sens profond de textes que l’on récite souvent un peu machinalement depuis notre enfance. Il est vrai qu’avec l’ancienne formulation, on pouvait comprendre que Dieu nous tentait, ce qui était un parfait contresens dans la mesure où Il ne nous tente pas, mais peut au contraire empêcher la tentation. Surtout, ce sont les pécheurs que nous sommes qui peuvent entrer en tentation, en doutant de Dieu.
Après plus de 30 ans à entendre et à réciter le Notre Père dans sa traduction de 1966, il va m’être difficile de prendre en compte la modification intervenue, tant le Notre Père est ancré dans mes habitudes de récitation, en particulier à la messe. »
Propos recueillis par Sylvie H.
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home