Concert de chant grégorien, Nomades 2014
A l'occasion des Journées Nomades du IIIème arrondissement, notre église a ouvert ses portes avec succès à tous les amateurs de belle musique pour un concert de chant grégorien et polyphonies médiévales.
Depuis plus d’un an le chœur
grégorien paroissial Stella Mara@is apporte par de petites touches une nouvelle
couleur à notre liturgie. « Ce chœur, guidé par Hervé Lamy et
Maria-Andrea Parias a donné déjà trois concerts, pour partager la beauté de
cette musique, mais ceci n’est pas sa vocation première »,
souligne Béatrice Jarrige, qui avec Isabelle
Fremau avait été à l’origine de cette initiative
Ce qui
touche Béatrice, c’est la dimension communautaire, unitive de ce chant. « On sent
qu’il est fait pour jaillir dans une respiration commune, quand nous sommes
traversés par le même texte, avec les appuis naturels des phrases à suivre
ensemble…Souvent, la phrase est ponctuée par une respiration centrale. Cette
respiration, quand on lui laisse le temps d'être profonde et ample, nous
réunit vraiment, et nous sentons alors que la reprise des paroles
tous ensemble au même rythme sans nous regarder se fait très naturellement
comme en un seul corps... Il en résulte une joie différente du plaisir des
polyphonies, liée au fait de sentir les personnes réunies dans un mouvement
commun, une émotion liée à la prise de conscience que l’Esprit Saint passe par
nos corps, notre respiration, nos oreilles, notre attention et notre
écoute des autres.
« En effet, nous nous proposons pour but avant tout de faire
redécouvrir en paroisse ce chant, de manière à l’ajouter au répertoire des
chants en français auxquels nous sommes attachés, pour enrichir ,varier
et embellir la musique de notre liturgie. Nous souhaitons le proposer
comme un chemin de prière supplémentaire, une invitation au geste commun qui
relie la musique à la prière.» Béatrice insiste sur le caractère priant de
cette musique « répétitive,
sinueuse, épousant le mouvement du souffle et qui traduit ce que la prière peut
avoir de « tâtonnant » quand un motif musical semble se chercher, se
construire petit à petit dans un mouvement « d’invention au fur et à
mesure », à travers des variations, et en suivant de près la parole. »
Et en même temps
il y a la montée de nos paroles vers Dieu grâce au soutien de la mélodie
inspirée et de ces textes que la tradition nous a précieusement légués. Prenons
comme exemple la psalmodie : le texte du psaume se déroule dans nos
bouches unies sur la même note (monodie) en nous traversant. Notre travail sera de faire attention et de
prendre tous le même "virage" au même moment, avec le même élan. Je
pense à ce petit motif à la fin d’une phrase, comme un rendez-vous qui permet à
la phrase de se poser après son envol et de se conclure dans sa finale. La joie
de la psalmodie ainsi priée est immense : quand on pense que le Christ a
prié avec ces mots et que la longue chaîne de la succession apostolique nous
relie à lui à travers la tradition ecclésiale! Certes, il y a au début
l’obstacle du latin, mais on voit bien qu’on peut prier Dieu avec son cœur,
même avec des mots qu’on ne comprend pas pleinement. Le latin est la langue qui
unissait et elle peut toujours nous unir et nous aider à rejoindre d’une
manière particulière l’universalité de l’Eglise. La présence des séminaristes
dans notre paroisse nous rappelle la vie consacrée, les moines et les moniales
qui prient ainsi dans tous les pays du monde, nourris de la même tradition, et
nous pouvons nous unir à ces
vies."
Enfin, Béatrice met l’accent sur l’accessibilité de
cette musique, malgré son apparence impressionnante : « Notre chœur réunit des personnes de niveau musical variable.
Mais tous nous percevons cette musique comme étant de plus en plus
familière, nous invitant à prier par
elle. Elle ne nécessite pas forcément la lecture musicale à priori, elle se
transmet par tradition orale. Nos formateurs s’appuient beaucoup sur cette
transmission. Elle demande la régularité et la concentration, mais elle
s’adresse à tous. Pourquoi ignorer un tel trésor ? » En effet,
c’est ainsi que le pape Benoît XVI a qualifié le chant grégorien, nous y
encourageant dans l’esprit du Concile Vatican II. « A part les monastères, ce sont surtout les chanteurs professionnels qui
se sont réappropriés cette musique, mais sa
place est avant tout au sein de la liturgie», poursuit Béatrice. « A présent, nous souhaitons la redonner à notre communauté paroissiale.
Pour aider l’assemblée de se lancer, notre
chœur contribue déjà à l’animation de certaines messes de 11 :00 par
quelques chants. » Avec la sympathie de notre curé, le Père Roger
Tardy, Stella Mar@is songe à proposer à partir de la rentrée prochaine quelques
supports visuels, partitions des plus simples, un petit livret peut-être, avec
quelques chants liturgiques et hymnes, accessibles à tous. Le chœur serait heureux de voir d’autres paroissiens
le rejoindre. Puisse la définition que voici (Dom Eugène Cardine, osb., moine
de Solesmes) nous être ainsi à tous une invitation : « Le chant grégorien,
plus qu’une musique vocale, est une parole chantée. Parole sacrée qui nous
vient de Dieu dans le Ecritures, et qui retourne à Dieu par la
louange. »
Propos recueillis par Katarina K.
Suspension de Jacques Jarrige, présentée à l'occasion des journées Nomades
Suspension de Jacques Jarrige, présentée à l'occasion des journées Nomades
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