Thierry Adhumeau, le nouvel organiste de Saint-Denys
"Un des plus beaux
instruments de Paris... donc du monde !", c'est ainsi que Thierry
Adhumeau manifeste son enthousiasme
et sa joie d'être devenu depuis cet été le nouveau titulaire des orgues de
Saint-Denys du Saint-Sacrement. Dans notre paroisse, maison du séminaire de
Paris, où la question de la vocation est bien sûr centrale, notre organiste
nous dévoile que la sienne lui est apparue dès le KT. À l'occasion de sa
communion solennelle, sa famille lui offrit un petit orgue portatif de quatre
octaves... C'est avec Léon Levif, élève de Marcel Dupré et organiste de
Saint-Éloi (12eme arrdt), qu'il débutera son apprentissage. Ensuite,
il entendra Pierre
Cochereau à Notre-Dame. Dès lors il n'eut de cesse de progresser dans la
maîtrise de son instrument. Le chemin ne fut pas toujours facile, comme lorsque
élève en section musique d'un lycée parisien, on lui interdit le choix de
l'orgue affirmant : "Ici
l'instrument c'est le piano !". C'est donc au piano qu'il décrochera
son premier prix de conservatoire en 1978. Tout en enseignant au collège, il
revient à 33 ans à l'orgue et s'engage dans la recherche musicologique,
soutenant une maîtrise puis un DEA à la Sorbonne et se spécialisant dans la
littérature d’orgue française des XIXe et XXe siècles.
Véronique Engrand, titulaire des orgues de Saint-Vincent-de-Paul, lui apprend
la technique du pédalier et le métier de liturgiste. Il travaille ensuite le
grand répertoire avec Emmanuel Hocdé, actuel titulaire de Saint-Éloi et premier
grand prix de Chartres.
Un "maître" ? Sans
hésiter il cite Léon
Boëllmann (1862-1897), organiste alsacien de la fin du XIXe
siècle auquel, depuis de nombreuses années, il a consacré des recherches (pour
une thèse de musicologie), ainsi que l'énergie d'une association
qu'il a créée pour perpétuer la mémoire et l'œuvre de cet organiste, titulaire des
orgues de Saint-Vincent-de-Paul.
Pour nous rejoindre, Thierry
Adhumeau a quitté, avec un pincement au cœur, la paroisse Saint-André
et l'église des
Saints-Anges-Gardiens, à Saint-Maurice près de Paris, dont il était
l'organiste titulaire. Il se réjouit de trouver à Saint-Denys deux merveilles
de l'orgue français, avec les trente-huit
jeux du grand orgue, à la tribune duquel le jeune Louis Vierne découvrit sa
vocation en venant écouter son oncle Charles Colin, et les dix
jeux de l'orgue de chœur ("un
pur Cavaillé-Coll !"). Tout en saluant le talent des facteurs d'orgues
qui se sont succédés depuis 1839 et ont ainsi construit et préservé notre
patrimoine, jusqu'à aujourd'hui avec l’excellent Bernard Dargassies, notre
organiste évoque déjà avec le père Tardy ses projets : la mise en place
d'un "retour son" avec un haut-parleur pour se rapprocher des
animatrices des chants, et l'installation d'un "combinateur" pour
manier plus rapidement les jeux de l'orgue, ainsi qu’une "pédale crescendo".
Il songe aussi à inviter ses collègues concertistes pour des récitals (...et
financer ces éventuels travaux de valorisation de notre orgue).
"Mon métier ? Je ne suis pas un concertiste, je suis un
liturgiste. Ma mission, c'est d'aider les fidèles d'un bout à l'autre de la
célébration en les accompagnant dans leur prière. À Saint-Denys du Saint-Sacrement,
je suis comblé." Évoquant le lien qui durant la célébration unit
l'organiste aux animatrices de chant, il souligne avec force combien la
présence de talentueuses chanteuses professionnelles est une chance pour la
paroisse : « C’est unique à
Paris ».
Mais l'entretien s'achève déjà et
notre organiste file vers Saint-Félix... près de Rignac, en Aveyron pour, tel
Don Quichotte, défendre sa province rouergate contre la prolifération de
grandes hélices métalliques bruyantes et subventionnées, mais cela c'est une
autre histoire...
Philippe T.
Philippe T.
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