Témoignages sur la croyance en la résurrection des morts
La résurrection,
c’est l’accomplissement du projet de Dieu sur nous
c’est l’accomplissement du projet de Dieu sur nous
Pierre (propos recueillis par Katarina)
La résurrection, ce n’est pas quelque chose, c’est Quelqu’un
Penser à la résurrection des morts projette nécessairement en dehors de la pensée. Quand on ne peut plus penser, on tente alors d’imaginer... ce qu’évidemment il ne faut pas faire ! Dès lors, on ne peut que se situer dans l’ordre de la conviction, au sens étymologique du terme, à la fois « cheminer » et « vaincre ».
Résurrection des morts : une telle alliance de mots, c’est une aporie, une impasse pour la raison. Le seul mode de contournement de cet incompréhensible, c’est l’analogie : on se situe à la périphérie, on tourne autour. On va alors quitter cette idée qu’il puisse s’agir de quelque chose. Pour moi, la résurrection des morts, c’est Quelqu’un plutôt que quelque chose. Ce Quelqu’un nous est montré par le récit évangélique. Le Ressuscité nous est relaté comme un autre mode d’occupation du corps, un autre mode d’ambulation, d’apparition. Mais paradoxalement, ce corps convoque nos cinq sens : nous le touchons, nous l’entendons, nous lui parlons, nous mangeons avec lui. Ce corps glorieux est encore charnel et pourtant, sa manière d’être dans le monde est totalement autre. Est-ce son état définitif ou une préfiguration ? La question qui se pose à nous est de savoir s’il va nous arriver la même chose. Paradoxalement, on a une idée de « l’après », mais pas du passage lui-même de la mort à la résurrection. Personne n’a vu le surgissement du Seigneur. Nous sommes renvoyés au tombeau vide. On songe aussi à la prophétie d’Ezéchiel sur les ossements desséchés que Dieu emplit de l’esprit pour les rendre à la vie (Ez. 37, 5). Est-ce pour moi une Espérance ? Oui et non. Oui au sens où comme le disait Pascal, entre deux "incompréhensibles" : la vie (pourquoi et d'où suis-je né ?) et la mort (pourquoi et pour où dois-je mourir ?), nous devons arbitrer pour le plus honnête intellectuellement, donc pour la vie. Et non, parce que la résurrection des morts est la figure parfaite de la connaissance, c'est à dire la co-naissance dans l'espérance et l'approche de laquelle nous devons déjà nous situer, et vivre, et répondre "doucement", comme le demandait saint Pierre, à l'exemple duquel nous serons un jour emmenés "là où nous ne (voulions) pas aller".
Hubert (propos recueillis par Dominique Th.)
La résurrection, c’est surtout un espoir
La foi en la résurrection ne me semble pas si simple. Je
peux dire en toute sincérité que « j’attends la résurrection des morts, et la vie
du monde à venir » (symbole de Nicée), mais je ne saurais pas dire avec
autant d’assurance « je crois à
la résurrection de la chair ». Pour moi, la résurrection désigne surtout
un espoir ; je ne sais pas si je peux dire pour autant que je crois à la résurrection !
Bizarrement, il me semble que la résurrection du Christ
n’est pas le plus difficile à croire. Jésus est le Fils de Dieu ; et dès
lors qu’on croit en un Dieu transcendant, on peut tout à fait accepter qu’il
est capable de dépasser nos limites mortelles. C’est même précisément ce que
l’on croit.
En revanche, il me semble impossible, devant un homme
mort, de nier la réalité de sa mort au nom de la résurrection à venir. Ce n’est
pas que je croie à l’annihilation pure et simple de l’être humain à sa mort. Je
ne crois pas qu’un être humain ait été créé pour vivre 100 ans sur Terre puis
disparaître à jamais. Mais il m’est impossible d’en dire plus que cela. Qu’un
homme vive mystérieusement, « auprès de Dieu », après sa mort, c’est
sans doute vrai, mais je n’ai aucune idée de ce que cela peut vouloir dire – ce
n’est sans doute rien que l’on
puisse s’imaginer...
La résurrection des morts n’est pas une chose entendue,
cela ne signifie vraiment pas « oui, telle personne est morte, mais on
s’en fiche parce qu’elle n’est pas vraiment morte, parce qu’on croit à la
résurrection » ! Non, on ne s’en fiche pas de la mort, sinon la résurrection
ne serait pas une victoire. Le phénomène de la mort est un choc. Intégrer le
fait que quelqu’un était vivant et ne l’est plus n’a rien d’évident ; on
ne comprend déjà pas bien la mort, alors rien d’étonnant à ce qu’on ne
comprenne pas mieux la résurrection…
Laetitia
Charles David A.
« Ce que me dit mon rabbin, c’est que cette
réincarnation est là pour réparer l’âme si elle n’a pas accompli ce qu’elle
doit accomplir ». Quelle n’est pas ma surprise lorsque, interrogeant
mon ami Charles pour comprendre comment un juif pratiquant aborde la question
de la résurrection des morts, je l’entends me parler en premier lieu de
réincarnation, cette croyance en la transmigration des âmes que je croyais
réservée de nos jours à l’hindouisme ou au bouddhisme ! Au-delà de quelques
interprétations de l’historien juif romain Flavius Josèphe qui pourraient
conduire à penser que cette croyance était plus ou moins présente chez
les Pharisiens et les Esséniens, c’est surtout dans la mystique juive de la
Kabbale que vers le XIIIème siècle elle
se développe. « L’éternité de l’âme, la récompense et le châtiment
divins, la future résurrection des morts sont autant d’éléments fondamentaux de
la pensée juive » m’explique Charles. Mais alors qu’en est-il de la
résurrection des morts ? Pour Charles elle est « lointaine,
finalement peu présente, notamment dans les propos des rabbins. En effet elle
n’interviendra qu’à la fin des temps, ‘Pour toi, va, prends ton repos ;
et tu te lèveras pour ta part à la fin des jours’ (Daniel 12.13). »
Les morts ressuscitent à la venue du Messie lorsqu’il
entrera dans Jérusalem par la Porte dorée.
Mais finalement notre entretien s’achève sur l’évocation
de la fête de Tisha Beav, qui commémore la destruction du premier et du second
Temple de Jérusalem, le « jeûne noir » marqué par les coutumes
du deuil et la lecture du Livre des Lamentations. Plus encore que la
résurrection ou la réincarnation c’est la présence des disparus que Charles souligne en évoquant « la réunion familiale durant laquelle chaque
année plusieurs dizaines de membres de la famille se retrouvent » pour
perpétuer la mémoire de son père, jusqu’à écrire des rouleaux de Sefer (Torah)
pour lui rendre hommage et ainsi retrouver sa présence.
Propos recueillis par Philippe Th.
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