Lettre de Martin de Laubadère, diacre
Martin de Laubadère, qui fut séminariste chez nous, a été ordonné diacre en vue du sacerdoce en septembre dernier, en l'église Saint-François-Xavier. Il a, à cette occasion, témoigné de sa foi par la lecture de ce beau texte, que Martin a accepté, sur la demande du père Tardy, de publier dans notre Petit Céphalophore. Merci Martin !
Il y a dix ans, presque
jour pour jour, je passais… du Parc des Princes à la Foi, j’apprenais à louer
Dieu, plus que le PSG. Une vie nouvelle s’ouvrait à moi, je me découvrais aimé
par Dieu. Je redécouvrais un songe, dont la substance disait :
« Avant de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais »
(Jr 1,5).
Il faudrait là, parler
de la joie, de la lumière et de la paix, parce que c’est vrai… Mais il y a
aussi l’instant qui précède, instant où déjà la grâce agit.
C’est l’instant où le
cœur se serre, où le ressort est prêt à céder : rester paraît impossible,
tout me crie de m’échapper, mes émotions et mes blessures semblent s’unir et
mugir d’une même voix, le mensonge de ce que je ne suis pas ; nul et
moche, pas important et pas aimé… La peur surgit, suivie de l’ombre des mille
questions auxquelles je ne sais répondre.
Le ressort se tend
encore. Je peux fuir, encore, creuser plus profond, m’endormir ou
m’anesthésier… mais je peux aussi choisir de rester, d’affronter, passer de moi
à Dieu, car la peur vient de mon regard égocentré.
M’approcher de Dieu
pour découvrir que je me laisse approcher, le laisser rétablir la relation
vitale qui unit nos cœurs, le laisser prendre le pas sur mes voix intérieures.
Je chancelle car le
« je », mon « je » souverain et juge est destitué, n’est
plus premier, mais je ne reste pas dans le vide, Dieu me parle et me regarde,
il restaure et fonde ma vie ; « dès avant de te façonner dans le sein
de ta mère, je te connaissais ».
Son regard est
connaissance, et m’offre de passer de l’angoisse du moi seul et isolé, au visage
du Christ souffrant ou glorieux, de réordonner ma vie à ce que je suis, fils de
Dieu, enfant bien-aimé du Père ; le reste se tait.
Ce regard peut tout
changer, et tout restaurer car il me saisit aux entrailles, au cœur de ma vie
je redécouvre la voix de Celui qui m’est intérieur, et qui fait de moi le
temple de son Esprit.
Alors, je rends grâce,
à Dieu pour son regard, et pour vos regards, pour l’amour dont je suis entouré,
pour vos voix et vos présences dans le désert ou dans la joie, pour les paroles
de vie et de liberté qui m’ont secoué et confirmé, qui m’ont appris à cesser de
fuir, à combattre et être fort, à aimer, pour avancer et me tenir debout devant
vous.
« Avant de te
façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ».
Martin
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