Le Petit Cephalophore

mercredi, mars 23, 2016

Concert pascal à Saint-Denys le 3 avril à 16 h


jeudi, mars 03, 2016

Mars 2016 : l'édito du père Tardy

Hand in the cap ou la main dans le chapeau : c’est l’étymologie du terme "handicap" qui désignait déjà en 1754 une course anglaise de chevaux. Cette course était inspirée d’un jeu d’argent qui rassemblait les mises d’une sorte de tombola dans un chapeau. L’ancêtre de notre PMU compliquait les règles en entravant les chevaux les plus rapides de « handicaps » pour rendre la course plus intéressante.
Les handicaps artificiels venaient ainsi compenser les handicaps naturels. Quand aujourd’hui on cherche une place à Paris, les petits panonceaux « réservé handicap » qui font grogner le parisien pressé, font partie de ces petites mesures qui servent l’égalité des chances dans notre société. Bien évidemment, cela n’est que très symbolique, et l’égalité des chances n’existe pas. Car le handicap n’est pas qu’une question d’équilibre entre poids et contrepoids.

L’idée de ce numéro me vient directement de Xavier : jeune paroissien, il se prépare à la Confirmation et à partir aux JMJ cet été, et il a un ardent désir de faire connaître le monde du handicap. Xavier a souffert essentiellement de l’isolement liée à la peur du handicap. C’est ce qu’il a expliqué au enfants du caté qu’il est venu visiter de sa propre initiative. Beaucoup d’enfants ont été très impressionnés par le courage, le sourire et la foi de Xavier. Le handicap peut être atténué, il ne peut pas être surmonté. Cette situation nous oblige à sortir des critères d’efficacité et de normes pour envisager la vie autrement. Qualitativement. Solidairement. J’ai demandé à Isabelle W., qui s’occupe déjà de la catéchèse aménagée au niveau du diocèse, d’être notre « veilleuse-handicap ». C’est une personne qui dans chaque paroisse met en relation, encourage, alerte, afin d’éviter de cruelles inattentions et de remettre le chrétien éprouvé au cœur de notre paroisse. A la proposition de Xavier, la quête de carême sera à l’intention de l’Office Chrétien des Handicapés.

« Prends ton brancard » : le regard de Jésus sur le handicap


L’Évangile ne livre pas, sur tous les sujets, tout ce que pense Jésus. Il garde pour nous, tel un trésor de la mémoire, ces gestes, ces quelques paroles, cette manière d’être où notre Dieu s’est dit tout entier. Si nous voulons entrer dans le regard de Jésus sur le handicap, il faut donc, avec nos yeux du cœur toujours un peu infirmes, nous efforcer de le regarder agir.

Nous savons cependant que Jésus ne s’est pas contenté de “quelques gestes” et que, jusqu’au profond de la nuit, il est la lumière attirant les hommes blessés (Mc 2, 32-34), la « force qui les guérissait tous » (Lc 6, 19). Mais trois guérisons, à relire avec attention, en disent plus long : celle du paralytique de Capharnaüm (Mc 2, 1-12), celle de l’infirme de Bethesda (Jn 5, 1-5) et celle de la femme courbée (Lc 13, 10-17).

À Capharnaüm, lorsque le paralytique est déposé devant lui — tel un cercueil au fond de la tombe —, d’une manière qui ne devrait jamais cesser de nous frapper Jésus ne se prononce pas d’abord sur le handicap, mais sur le péché, et pour le pardonner. Ensuite seulement, la guérison physique manifeste la guérison spirituelle. Le handicap devient signe de la mort qui frappe le monde du fait du péché mais Jésus se garde, à rebours de la pensée de son temps, de faire de ce lien un rapport de cause à effet : il le dit au sujet de l’aveugle de naissance, « ni lui, ni ses parents n’ont péché » (Jn 9, 3).

La parole spontanée de Jésus dans les deux autres épisodes (« Veux-tu être guéri ? » ; « Femme, te voici délivrée de ton infirmité ! ») dit aussi quelque chose de sa façon de s’adresser directement à la personne, sans gêne ni fausse délicatesse. Preuve, non pas que le handicap n’est rien à ses yeux, mais qu’il n’est rien à côté du mystère de chaque être, et c’est ce mystère qu’il interpelle, dans sa liberté : rencontrant le paralytique de Bethesda entré au Temple après sa guérison, il l’avertit avec vigueur : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver pire encore ». Si Jésus ne rend pas l’homme responsable de son handicap, le handicap ne l’exonère pas de répondre à sa vocation.

L’homme guéri porte encore son brancard, comme l’infirme de Capharnaüm : « Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit : “Prends ton brancard, et marche !” ». Il garde ainsi du handicap sa trace positive : mémorial de la foi de ses compagnons chez Marc ; chez Jean celui de l’amour même du Christ, qui l’a guéri un jour de sabbat. Avec Jésus, le handicap devient ainsi un appel éminent à cette entraide si nécessaire, non pas à la survie, mais à la perfection de tous les hommes. D’où son indignation, quand les hypocrites de la synagogue se scandalisent de la guérison de la femme courbée : « les jours de sabbat, vous aidez bien vos bêtes, et cette fille d’Abraham, ne fallait-il pas la délivrer ? ». Puisse ce cri rendre notre propre communauté toujours plus attentive au handicap, et à ce qu’il révèle : notre besoin d’une entraide aimante.
Père Maxime Deurbeurgue

Illustration : Murillo, le paralytique de Bethesda 

Vulnérabilité et handicap : témoignages

Zette
Bien installée rue Violet chez les petites sœurs de l’Assomption, Zette garde au cœur ses souvenirs de Saint-Denys… Je suis venue lui rendre visite de la part de notre paroisse, et elle évoque avec plaisir sa mission à l’accueil durant tant d’années, comme si elle venait d’y participer. Nous parlons aussi des journées d’amitié, et je lui rappelle le succès de son stand de linge de maison, avec le magnifique linge basque : « c’est très gentil » dit-elle en souriant. Quand je lui donne des nouvelles de Jacques G., Zette se souvient de lui avec élan, « ah oui, Jacques… ». D’autres noms lui inspirent une sage réflexion : « je connais pas mal de monde, c’est agréable de savoir qu’on est connu. »
Pour se déplacer, Zette doit soutenir son équilibre avec une canne : « ce sont des choses qu’on prend en tête pendant un grand moment, et puis on s’habitue… J’ai trouvé un bon accueil, chaleureux. Je ne me sens pas trop seule. » Elle feuillette son agenda pour se repérer, et exprime sa joie de déjeuner souvent avec l’un ou l’autre de ses enfants, très présents. Et les activités ? « La gymnastique, le dessin… ça me tient à cœur d’avoir des activités qui me conviennent et ne soient pas trop prenantes. »
Un mot pour les paroissiens de Saint-Denys ? « Votre visite m’a fait très plaisir, je suis très contente ! Nous sommes des paroissiennes ensemble ! »
Au moment de partir, Zette préfère descendre avec moi pour attendre le diner « avec les autres personnes »… Quand je l’embrasse je ressens que pour elle la relation est primordiale, porteuse de paix et de sécurité.

Propos recueillis par Isabelle M.

Evelyne
Elle a 64 ans et participe au Club Saint-Denys depuis sa retraite. Elle est née sourde-muette dans une famille de six enfants. Ses parents se sont trouvés dépassés face à cette petite fille qui ne parlait ni n’entendait. Ils l’ont laissée grandir sans vraiment s’occuper d’elle et, dès que possible, l’ont mise en pension dans un centre pour handicapés où elle a pu suivre une scolarité et faire sa première communion. C’est très tardivement qu’elle a appris le langage des signes. Elle « lit » plutôt sur les lèvres.
Effacée, elle se laisse facilement oublier. Mais tout geste d’affection semble la toucher profondément. Elle aime rendre service et observe tous ceux qui l’entourent, dans l’attente du service qu’elle pourrait rendre. C’est elle qui assume en partie les décorations du repas de Noël du Club. Elle aide aussi à mettre les vêtements sur cintres lors des JAM: Evelyne est méthodique et efficace !
Pendant 36 ans, elle a travaillé au ministère du Travail, au service des impressions et tirages, un endroit particulièrement  bruyant. Elle était très appréciée et chacun garde un très bon souvenir d’elle. Mais la retraite a été pour Evelyne un choc énorme qui a entraîné une forte dépression car elle s’est tout à coup sentie très seule, inoccupée et sans but.
Très entourée par son ex-mari, son ex-belle-mère, qu’elle considère comme une très chère maman, ainsi que par un éducateur et un psychiatre qu’elle rencontre régulièrement, Evelyne vit seule, autonome, dans son appartement. Tous ceux qui la connaissent ne peuvent être que touchés  par son courage.
Souvent les gens sont agressifs à son égard quand dans les bus, le métro, on lui demande de se pousser et qu’elle ne bouge pas, ou bien quand elle ne répond pas à telle ou telle demande. De même, ses sœurs ne sont pas toujours honnêtes avec elle et dans certains cas  profitent  de sa gentillesse voire l’ignorent complètement.
Evelyne a voulu recevoir le sacrement des malades en février dernier. Elle en est très heureuse.

Propos recueillis par Claire L.

Xavier

Il a 30 ans, il est titulaire d’un bac Secrétariat-Comptabilité, et il veut « avancer ». Avancer malgré son corps paralysé (il a manqué d’oxygène à la naissance, ce qui provoqué une asphyxie des cellules contrôlant la motricité), car son intelligence et son cœur sont demeurés intacts et qu’il aspire à un avenir. Sa maman, Marie-Christine, explique : « A cause du fauteuil roulant, les gens croient à un retard mental, mais ce n’est pas vrai ! Du coup, ils ne savent quelle attitude prendre et Xavier ressent ce flou autour de lui. Ainsi, au restaurant, on me donne le menu à moi, parce qu’on pense toujours qu’il ne sait pas lire. Autre exemple : Xavier est parfaitement capable de s’orienter seul dans Paris, mais à cause de son fauteuil, les gens s’affolent, appellent les pompiers ou les gendarmes. Il a fallu lui faire faire un certificat médical attestant qu’il est responsable de lui-même et qu’il a la capacité de se déplacer seul. »
« Avancer », c’est aspirer à une plus grande profondeur de vie. « Moi, je suis profond », dit-il, lui qui se sent étranger au monde véhiculé par les médias et qui écoute toute la journée de la musique sacrée : « c’est comme s’il pansait ses blessures avec la musique ». Avec les chansons de Jean Ferrat aussi. Ce sont les blessures souffertes par le Christ sur la croix, ce sont des blessures que les paroissiens de Saint-Denys pourraient apaiser un peu en lui donnant sa place parmi eux, en l’accueillant totalement et simplement, comme un membre du corps ecclésial. 
Car Xavier et Marie-Christine ont beaucoup souffert de l’exclusion, de la peur, de la fausse pudeur, de la violence et des « bonnes paroles » de ceux qui cherchent à les « mettre à part ». En 2007, ils arrivent à Saint-Denys ; c’est leur « premier vrai contact durable et solide avec l’Église », car ils ne viennent pas de familles pratiquantes. « On s’est rapproché de l’Église, dit Marie-Christine, parce que les valeurs des chrétiens sont les nôtres : humanité, douceur, accueil, tolérance. On a pensé qu’avec ces gens-là, on avait des points communs. » Mais cinq ans plus tard, ils sont découragés, par la vie en général, un peu aussi à cause des paroissiens. Bien sûr, il y a « des gens gentils, qui disent bonjour, mais il y a aussi beaucoup de paroles maladroites ou blessantes. Nous avons été en très grande souffrance. Vous savez, on est très seuls dans la vie. » Continuer à avancer. 
Aujourd’hui, « ça va mieux », et c’est beaucoup grâce à Sandra, la nouvelle auxiliaire de vie de Xavier qui leur a « rendu confiance », quand d’autres n’avaient cherché qu’à profiter de leur détresse pour leur soutirer de l’argent. Cette relation de confiance retrouvée les ouvrent à nouveau sur le monde : Xavier poursuit sa formation de comptable, pour obtenir une équivalence avec un bac pro « comptabilité ». Après quelques trahisons de la part de professionnels, il a fini par trouver sa place au sein de l’Association des Paralysés de France, dont il est membre associé du conseil départemental du 93, dont la finalité est d’informer les administrations sur le handicap et les difficultés que vivent les personnes touchées. Dans ce cadre, il visite les écoles, avec bonheur. Les enfants sont en effet plus à l’aise avec lui que les adultes, ils jouent avec son fauteuil roulant ou sa « synthèse vocale » ! « Il faut former les gens. Faire une réunion avec tous les prêtres de Paris pour parler du handicap ».
A Saint-Denys aussi, Xavier avance. Il prépare sa confirmation avec Verina. C’est une joie et une fierté. « Je peux poser des questions sur Dieu ». Et ses yeux s’illuminent lorsque nous évoquons son prochain départ pour les JMJ de Cracovie, cet été. Du coup, Marie-Christine aussi se sent mieux intégrée. Elle a été heureuse d’avoir été appelée par Antoinette afin de lui donner un coup de main à la brocante, lors des JAM. « On ne nous demande rien parce qu’on est handicapés, ou qu’on croit que je suis fatiguée, que je n’ai pas le temps. C’est vrai, je suis très fatiguée, mais je voudrais aussi participer, avec les autres ! » 
Un mot pour nos lecteurs, Xavier ? « C’est une invitation à la bienveillance qui me fortifie alors que la pitié ne me fait aucun bien. »
Propos recueillis par Dominique Th.

Isabelle
Elle est encore "quadra", est mariée et maman de trois grands enfants, Hélène, Maylis et Arthur. Depuis toujours, Isabelle souffre d’une maladie orpheline et chronique qui détruit son système lymphatique et ronge lentement ses os. Sa hanche a « disparu », juste avant son mariage, puis son pied. Amputée, elle porte une prothèse (presque invisible) mais a aujourd’hui besoin du soutien d’une béquille. « A six ans, j’étais déjà charcutée, et à dix, à nouveau opérée », mais cette fois par un médecin extraordinaire, le docteur Dubousset, « un magicien ». « Il est chrétien. C’est lui qui m’a donné le peps de vivre. Je me suis mariée, j’ai eu des enfants, alors que pour moi, c’était prohibé ! Il m’a fait confiance. Il me laissait monter à cheval en disant : je ne veux pas le savoir ! Quand je lui ai annoncé ma première grossesse, il pleurait de joie : "Isabelle, on a gagné !" » Cet homme est de ceux qui comptent dans sa vie. « Je suis un bébé Dubousset ! Aujourd’hui, il doit avoir autour quatre-vingts ans, et j’ai toujours des liens forts avec lui. »
Hervé, lui, « m’a épousée avec ma maladie. Mes parents lui ont dit : "on te la confie", et lui, il a pris tout. Le jour de mon mariage, j’ai remonté toute l’église sans hanche, appuyée sur le bras de Papa d’un côté, sur ma béquille de l’autre et mon frère, derrière, prêt à me rattraper… je n’ai jamais eu peur : c’est pas un miracle, ça ? Mes enfants font beaucoup aussi pour mon moral. J’ai fait très attention à ne pas leur faire supporter mon handicap. Mais un jour, ils sont rentrés de l’école en demandant : "Maman, c’est vrai que tu es handicapée ?". Ils ont découvert mon handicap à travers le regard des enfants. On essaie que ce soit doux pour eux, mais ils subissent ma souffrance. Quand je suis à l’hôpital, ils sont seuls ou avec mes parents. Quant aux paroissiens, ils m’ont vu sous toutes les formes ! Sans béquille, sans jambe, avec des béquilles, en fauteuil… Je n’ai pas peur du regard des autres. Tu te souviens du sacrement des malades ? Une fois que je l’ai accepté, j’ai invité tout le monde : mes parents, ma marraine, mes enfants. Car on ne le reçoit pas seul. C’est une affaire qui nous concerne tous. Sur le plan spirituel, la première fois que j’ai fait le rapport, j’avais dix ans. Ma grand-mère me disait : "dis-Lui : "Petit Jésus, je t’offre ma douleur"". Je le disais, et les enfants du service à l’hôpital le disaient avec moi !, j’avais l’impression que je Lui donnais mon mal. En grandissant, tu penses à la douleur qu’a endurée le Christ, tu réalises que ta douleur à toi est une façon de participer à son chemin de Croix à Lui. Il n’y a pas de solution, je profite des moments où je vais bien. A part demander au Christ de m’aider à supporter, il n’y a pas autre chose. Je lui confie ma douleur. Je ne pourrais pas vivre ce que je vis sans l’aide du Christ. »
Un mot aux paroissiens ? « Vivez ! Profitez des belles choses de la vie ! »
Propos recueillis par Dominique Th.

Isabelle, "bébé Dubousset"


Jean-Louis, 79 ans. « Je suis malvoyant, ce qui me vaut d’avoir une carte d’invalidité depuis quatre ans. C’est le résultat d’une longue évolution de ma vue depuis l’enfance. A l’école, j’avais du mal à apprendre à lire car je ne voyais pas ce que l’instituteur écrivait au tableau. Ma myopie était forte. J’ai donc porté des lunettes. Puis j’ai dû m’habituer à ne pas réaliser certains projets qui me faisaient envie. Je n’ai pas pu, par exemple, me présenter à l’X à cause de la visite médicale. J’ai été réformé. Je ne l’ai jamais vécu  comme une injustice car on est tous différent. J’ai pu toutefois entrer à l’École des Mines de Nancy et devenir ingénieur. Je me suis marié et j’ai eu trois enfants. A présent, je vis seul car ma femme est décédée. Et ma vue s’est dégradée. Je ne peux plus lire. C’est très frustrant. Mais je ne me décourage pas. A chaque moment de l’existence, il nous faut exploiter ce qui nous reste de possibilités. Tant qu’on continue à raisonner, on peut trouver des sujets qui nous intéressent et avoir une vie de relations. Et surtout, il ne faut pas se lamenter car on se rend vite insupportable pour les autres. J’écoute la radio, je vais à des conférences, je regarde la télévision mais je regrette la pauvreté des informations qui sont données. J’aimerais creuser certains sujets qui me passionnent. C’est pourquoi je fréquente le groupe biblique : pour approfondir la Parole de Dieu. Aujourd’hui, je suis dans l’espérance de l’au-delà. La vieillesse fait partie de la transition. Cette façon de penser est le résultat d’un long cheminement dans ma foi ponctué de questionnement. Après avoir traversé pas mal d’épreuves, aujourd’hui je me sens bien. » 
Propos recueillis par Sylvie H.

Hubert

Les sourds ont ceci de particulier, c’est qu’on ne les voit pas ; ils sont dans leur monde, leur histoire et malheur à eux s'ils demandent qu’on répète ce qu’ils n’ont pas entendu : je ne parle pas du mal d’avoir sommé quelqu’un mais de ce que les choses répétées ne sont jamais vraies.
C’est comme cela que tu penses avoir vécu, un peu à l’écart, dans un monde qui n’était même pas le tien car tu n’en maîtrisais pas les frontières.
Et tu te revanchais dans la lecture, plaisir du commun, accès aux amours autres, aux délices partagées, aux orgues invisibles parfois.
Mais tu étais quand même un peu seul.
Alors, à la messe ou ailleurs, tu chantais – faux naturellement mais qui chante son mal enchante et tu te souvenais que certain poète ne te donnait pas tout à fait tort – mais tu étais vite rabroué car ceux dont l’oreille est bonne ne consentent pas souvent à ces sons, tout comme toi, décalés. 
Tu avais lu : « Fides ex auditu », tu te demandais qui et ce que, alors, tu pourrais croire.
Sans savoir que c’était justement cela la leçon qui t’avait été donnée avec ces oreilles dures : tu es voué à connaître ce que te dit le seul vent de ton cœur – car l’autre il y a beau temps que tu ne l’entends plus – et ce vent-là, s’il y consent, te donnera l’accès à ton prochain.
Enfin, cela te permet la lenteur, cette vertu oubliée : Fernand LEGER disait que « les choses sérieuses commencent à quatre kilomètres à l’heure ».
Et tu te souviens de ce mot d’Henri MICHAUX, conseil ici pour la route des malentendants : « Ne désespérez jamais ; faites infuser davantage ».

Les Chantiers de l'éducation


Elles sont venues en force au rendez-vous improvisé, pour témoigner de leur attachement aux Chantiers d’éducation : Aliénor, Claire, Bénédicte, Emmanuelle, Isabelle, Eva, Bertille et Anne. L’ambiance chaleureuse s’est installée immédiatement, dévoilant un caractère quasi familial de leurs liens, fruit de l’engagement partagé. C’est Bénédicte qui, préparée par son expérience antérieure, avait, il y a 5 ans, introduit les Chantiers dans le Marais. « Quand on éduque les enfants, on est toujours en chantierLe travail des Chantiers favorise une cohérence entre la vie de la foi et l’agir dans l’éducation », explique-t-elle. « La préparation des rencontres nous amène à nous questionner sur les raisons de notre comportement dans l’éducation », souligne Aliénor, responsable d’un groupe et référente à l’AFC*. « On développe l’écoute, on est mieux équipé pour réagir avec patience quand les circonstances, évoquées en groupe, se présentent. Les Chantiers rendent possibles des rencontres de mères de familles, au-delà des secteurs de l’école et de la paroisse. » Les thèmes des rencontres sont des questions ouvertes éclairant un aspect de l’éducation, par exemple « Repas en famille », « Comment favoriser les belles amitiés des enfants ? », « La place donnée à chaque enfant dans la fratrie », « Comment aider les enfants à reconnaître leurs échecs », « Le rapport à l’argent », « Le pardon »… Chaque thème est tout d'abord réfléchi en famille en suivant des « repères ». Le partage mensuel d’expérience en groupe dure environ deux heures. Il s’ouvre par un temps d’intériorité, suivi de trois étapes : « tour de table », « comment faire ?», et « en vue de quoi…? ». Il est convenu de ne jamais interrompre celle qui parle et de prêter l’oreille sans juger. La discussion se conclue par une synthèse et le choix du thème suivant. La responsable partage dans un deuxième temps de la lecture d'approfondissement du sujet et des « repères » du thème à venir. « Je sors de nos réunions à la fois réconfortée et ouverte à d'autres possibilités d'agir », témoigne Anne. Claire précise, que c'est en s’exprimant devant ses amies attentives, qu'elle se met à réfléchir d’une manière nouvelle. « Nos rencontres me font poser un regard positif voire émerveillé sur mes enfants », observe Bénédicte. Emmanuelle se réapproprie l’éducation en y mettant plus de sens au lieu de simplement réagir ou reproduire le modèle de l’éducation qu’elle a reçue elle-même. Isabelle et Bertille aiment le fait d’avoir à aborder pendant la préparation, en couple les aspects très concrets de l’éducation. « L’échange avec mon mari fait ressortir notre complémentarité », souligne Eva. « Mon regard est plus affectif et le sien, plus pratique. Eva relève aussi son ressenti de la bienveillance du groupe. A noter que grâce à un témoignage lors d’une rencontre récente, les mamans ont pris conscience du fait que les parents pouvaient, par le beau et simple geste d’imposition des mains, bénir leurs enfants…
Propos recueillis par Katarina K.



*Les Chantiers d’éducation existent depuis 1990 en tant que service de l’Association de Familles Catholiques (AFC) (http://www.afc-france.org/). Les mères des foyers catholiques, mais aussi les mères appartenant à d’autres confessions voire non croyantes, sont admises, à condition de partager les principes d’éducation chrétiens, ancrés dans une charte. Chacune des plus de 500 équipes en France regroupe entre 5 et 10 foyers. Grâce à l’engagement des familles expatriées, les Chantiers d’éducation ont été également fondés en Allemagne, en Angleterre, aux Pays Bas ou encore en Asie. Chaque année, un thème principal est proposé par l’AFC aux équipes (par exemple « Être et/ou paraître » pour 2016). Une fois par an un retour factuel est donné à l’AFC par les responsables et les animatrices. Une synthèse de tous les retours des plus de 500 groupes donne ainsi naissance à l’édition d’un livret.

Michaël ordonné diacre en vue du sacerdoce à Saint-Denys


Michael, tu as été ordonné diacre le 9 janvier dernier à Saint-Denys, aux côtés de Kinam : est-ce un choix de ta part ou un heureux hasard pour notre paroisse? 
« Sainte-Rosalie, ma paroisse actuelle, étant trop petite, le père Duteurtre m’a demandé de choisir, pour mon ordination, une paroisse à laquelle j’étais attaché, et j’ai choisi Saint-Denys, qui m’a marqué et où j’ai conservé des contacts et quelques liens spirituels. Et puis, c’était une façon de remercier les paroissiens pour tout ce qu’ils apportent aux séminaristes. Beaucoup étaient là que j’ai été heureux de revoir, comme Marie-Hélène, qui est venu m'offrir un petit cadeau, Béatrice et Isabelle, qui ont accepté d’animer les chants, les guides aînées, qui se sont chargées du buffet, et même Jean-Baptiste F., qui pour moi a repris du service en tant que servant d’autel, comme autrefois ! Il y avait aussi une trentaine de personnes de l’Arche : j'en ai été très heureux. C’était important qu’elles puissent être là et qu'elles prennent leur place dans la célébration. Le cruciféraire (le porte-croix) était de l'Arche, ainsi que le porte-navette, et les dix personnes qui ont ouvert la procession des offrandes en apportant des bougies et des fleurs au pied de l'autel. Mes parents étaient là aussi et mes sœurs : je sentais (et Kinam aussi je crois) la ferveur de la prière. Elle nous portait. »

Être ordonné diacre, c’est un basculement par rapport à ton ancienne vie de séminariste ? « Oui, car mon engagement est maintenant définitif. Le célibat, l’obéissance à l’évêque et la lecture quotidienne du bréviaire sont déjà promis à Dieu et à l’Église. C’est surtout intérieurement que ma vie a changé : la question de l’appel ne se pose plus, le choix disparaît parce que la réponse est donnée. C’est fait ! Et puis, on est aussi orienté intérieurement vers la mission que Dieu nous confiera pour l’Église : dimanche, je dirai mon premier prêche dominical à Sainte-Rosalie ! Pendant la messe aussi, le rôle du diacre est différent : il proclame l’Évangile, il est au service de l’autel, proche de la Table eucharistique. En revanche, je n’ai pas reçu de service diaconal particulier. C’est un peu un regret mais objectivement, je n’en ai guère le temps : j’ai mes études de théologie à terminer, mon baccalauréat canonique à passer cette année. Nous devons préparer quinze sujets de théologie, avec résumé et plan détaillé. Trois sujets seront tirés au sort le jour de l'examen, et nous aurons 48h pour les préparer, avant de les exposer oralement, en trois fois 10 mn, devant un jury de trois professeurs du séminaire. Mais j'ai dû auparavant réussir mon oral de morale, passé en janvier devant un jury de quatre professeurs (oui ! clercs ou laïcs, hommes ou femmes : c'est important d'avoir des profs femmes et aussi des étudiantes avec nous, car nous sommes avons souvent des visions complémentaires en théologie), chacun d'eux étant là pour interroger le candidat dans sa propre discipline : morale sexuelle, droit canonique, morale sociale ou fondamentale. C'est le seul examen requis pour l'ordination sacerdotale. La compétence en matière de morale doit être évaluée, en particulier en vue de la confession. »

Le père Maxime nous a dit que vous étiez de vieux amis ? « Oui, nous sommes entrés ensemble à la Maison Saint-Augustin et notre amitié s’est développée. Et puis, on aime bien tous les deux la marche en montagne : j’ai des souvenirs impérissables de deux hivers où nous avons traversé le Jura en raquettes ! »

Un dernier mot ? « Je voulais encore remercier toute la paroisse, tous ceux qui sont venus, tous ceux qui ont prié pour moi. Je voulais remercier aussi le père Tardy, qui a pris du temps pour nous alors qu'il n'en a pas beaucoup... » 
Propos recueillis par Dominique Th.























Des paroissiens de Saint-Denys au secours des réfugiés

Été 2015, le pape François lance un appel en faveur des réfugiés. Il est suivi d’une homélie du père Tardy très mobilisatrice. Sur le parvis, la question « Qu’est-ce qu’on fait, nous ? » devient une évidence.
Une réunion est vite montée à la paroisse pour faire le tour des bonnes volontés : qui peut faire quoi ?… Les propositions sont multiples, tant par les personnes que par les services proposés…
Quel cadre donner à cette action ? Par le biais des connaissances des uns et des autres, divers réseaux sont mobilisés. A ce stade, au-delà d’aides ponctuelles et individuelles (invitation à des repas confectionnés en commun, accompagnement à des RV administratifs, accueil pour un week-end, soutien scolaire…), c’est surtout la « conversation » qui mobilise : au cœur d’un groupe plus large animé par l’Œuvre d’Orient, cinq paroissiens de Saint Denys vont régulièrement au collège Stanislas pour donner des « cours » de conversation à des réfugiés syriens et irakiens.
Françoise raconte : « Ce qui me frappe, c’est leur niveau de français déjà bon pour beaucoup, leur désir d’apprendre et de s’intégrer, le plaisir de raconter leur culture.
On oriente la conversation sur des thèmes utiles, formalités administratives et mots de tous les jours, mais aussi sur nos habitudes culturelles réciproques, les plats traditionnels, les fêtes… Personnellement, j’ai aidé Samer, un Syrien qui donne des conférences sur son pays, à s’entraîner à l’oral. Pendant les vacances scolaires, Stanislas étant fermé, certains ont organisé des visites de Paris en français avec leurs élèves, pour prolonger sur une mode plus concret et convivial la rencontre...
On n’a pas fait tout ce qu’on aurait voulu,  notamment par manque de temps… La question du logement surtout est compliquée, mais deux d’entre nous se sont beaucoup investis pour trouver une maison paroissiale en banlieue pour une famille irakienne. Ils continuent à les soutenir dans les formalités… Notre action est modeste, mais animée d’un désir réel d’accueil, de partage et de solidarité, et elle peut s’enrichir du plaisir de la découverte réciproque. Il faut rester mobilisés, car la question des réfugiés va se poser pendant quelques années encore. Le contact personnel avec eux est le meilleur moyen de faire tomber peurs et préjugés. »
L’accueil des réfugiés n’est pas fini : si vous avez des possibilités, des réseaux… Le point d’entrée sur la paroisse, c’est Françoise C. !

Propos recueillis par Stéphane L.


De bonnes nouvelles d'une famille de réfugiés que quelques paroissiens ont aidés :
Père Roger,
J'ai eu un appel de la famille A... il y a 3 jours qui voulait me prévenir qu'ils avaient déménagé à Cesson (enfin).
Ils sont très contents, bien installés et remercient tout le monde très vivement. Ils demandent maintenant quand nous pouvons venir Diego et moi leur rendre visite autour d'un repas que "madame" préparera. Je leur ai parlé aussi de notre idée de les inviter chez Françoise, avec Thierry et le père Roger, en faisant ensemble la cuisine.
A bientôt pour l'épilogue alors,
Laure


Les échos des conseils

Conseil pastoral :
Le conseil se réunit environ toutes les six à huit semaines. C’est un soir, dans la bibliothèque, autour du père Roger, du père Maxime, du père Siméon, de notre vice présidente Claire, de notre diacre Jean-Marie et de quelques paroissiens. Il commence, bien sûr, par une prière.
L’occasion permet de mesurer la richesse et la diversité des activités de la paroisse : club Saint-Denys, catéchistes, groupe biblique, cercle de prière, chorale, enfants adorateurs, chrétiens@work, et tant d’autres. Le conseil fait aussi le point sur les rendez-vous réguliers, comme le repas de Noël ou Nomades.
Depuis plusieurs mois, la grande question est l’évangélisation. La chose est difficile, le quartier n’est guère réceptif, chacun a ses timidités. Est-ce possible de ne rien faire ? Mais que faire ? D’un conseil à l’autre, la question revient. Les 24 heures pour Dieu de l’Avent ont suscité l’enthousiasme. L’expérience sera renouvelée pour le Carême. En faire plus ? Une démarche de porte à porte a été envisagée. Finalement, le conseil reprend une idée testée dans une paroisse de l’ouest parisien, les cellules régulières de prière et, si elles peuvent essaimer au-delà des participants initiaux, d’évangélisation.
Les idées jaillissent. Ainsi, le dernier conseil a été largement consacré au pèlerinage de Lisieux, en avril, et à la poursuite de la mission de covoiturage.  
Finalement, le conseil, qui avait commencé par une prière, s’achève par la participation à l’adoration du jeudi soir. Car tout cela ne peut être fécond que s’il est porté par la prière de chacun, et de la paroisse tout entière.
Diego C. 

Conseil économique :
Le conseil économique, qui veille sur l’équilibre des charges et des ressources nécessaires à la vie de notre paroisse, a analysé en ce début mars, les comptes définitifs de l’année 2015.
La bonne nouvelle, c’est que nous parvenons toujours, dans ces temps économiquement difficiles, à maintenir l’équilibre des comptes de Saint-Denys, et même avec un léger excédent. La maîtrise des dépenses (297 000 €) permet d’assumer toutes nos charges : la rémunération des prêtres et des laïcs, pour 126 000 €, l’entretien des locaux et fournitures, pour 111 000 €, la participation aux charges du diocèse pour 41 000 €, enfin les actions pastorales pour 19 000 €.
Face à ces dépenses, nos ressources (332 000 €) résultent en quasi-totalité de la générosité des fidèles. Elles reposent principalement sur le Denier de l’Église (150 000 € grâce à un don exceptionnel de fin d’année) mais avec la poursuite d’une tendance préoccupante à la baisse (moins 10) du nombre des donateurs (321).
Philippe Th.
                               

Pèlerinage de Saint-Denys à Lisieux

L’année de la Miséricorde, c’est quoi ? Une année sainte ? Pourquoi sainte Thérèse de Lisieux est une figure de la Miséricorde ? « Des indulgences au 21e siècle » ? Qui est ce nouveau paroissien ? Quel est le plus gros défaut du curé ? Quand est-ce qu’on mange ? La réponse à (presque) toutes vos questions, en vous inscrivant à la journée paroissiale incontournable le samedi 9 avril 2016 – inscription tracts au fond de l’église.
20 € le car et repas à 15€ ou pique-nique.
Père Roger Tardy





 

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